Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7310

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 93-94).
7310. — À M. HENNIN.
À Ferney, 15 auguste.

À propos, monsieur, on dit que vous avez été dîner au château d’Annemasse. Est-ce que vous voulez l’acheter ? Vous me feriez plaisir. Mais n’auriez-vous pas vu là un M. de Foncet, un président, qui prétend arranger l’hoirie, et peut-être acheter la terre en payant les créanciers ? S’il y a quelque chose sur le tapis, soyez assez bon pour m’en faire confidence. Je suis facile en affaires ; et d’ordinaire, quand on me rend les trois quarts et même la moitié de l’argent que j’ai prêté, je crois avoir fait un excellent marché.

On dit que celui du roi de Pologne n’est pas si bon que les miens. S’il jouissait en paix de la moitié de son royaume, je ne le croirais pas encore aussi heureux que moi, à moins qu’il ne digère, chose à laquelle j’ai renoncé.

Aimez toujours un peu le solitaire de Ferney ; vous ne l’aimerez pas longtemps.