Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7330

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 114-115).
7330. — À MADAME DE SAINT-JULIEN[1].
Ferney, 12 septembre.

Daignez-vous, madame, vous souvenir de ce vieux solitaire qui prenait la liberté de vous appeler son papillon philosophe ? Vous souvenez-vous encore que vous lui parlâtes d’un musicien que vous protégiez beaucoup, et dont vous disiez des choses merveilleuses ? Continuez-vous à le protéger, et fait-il toujours de bonne musique ? Faites-moi la grâce, madame, de répondre à cette question. Faites-moi encore une autre grâce, c’est de me garder le plus profond secret : le joli papillon pourrait bien le laisser échapper, mais la philosophe le gardera.

J’ignore, madame, ce que vous faites et où vous êtes, si vous tirez des perdrix ou si vous faites mieux. Avez-vous un fusil à la main ou une flèche de l’Amour ? Quelque train de vie que vous ayez pris, je m’intéresserai toujours à vous avec le plus sincère respect et l’attachement que vous inspirez à quiconque a eu le bonheur de vous connaître.

Le malade V.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.