Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7332

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7332. — À M. RICHARD,
négociant à murcie.
À Ferney, 13 septembre.

Je vous dois, monsieur, une réponse depuis deux mois. Je suis de ceux que leurs mauvaises affaires empêchent de payer leurs dettes à l’échéance. La vieillesse et les maladies qui m’accablent sont mon excuse auprès de mes créanciers. Il n’y en a point, monsieur, que j’aime mieux payer que vous.

Il y a des ouvrages bien meilleurs que les miens, qui pourront contribuer à donner au génie espagnol la liberté qui lui a manqué jusqu’à présent. Le ministre à qui toute l’Europe, excepté Rome, applaudit, favorise cette précieuse liberté, et encouragera les beaux-arts, après avoir fait naître les arts nécessaires.

Je vous félicite, monsieur, de vivre dans le plus beau pays de la nature, où ceux qui se contentaient de penser commencent à oser parler, et où l’Inquisition cesse un peu d’écraser la nature humaine.