Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7367

La bibliothèque libre.
7367. — À M. LE MARQUIS ALBERGATI CAPACELLI[1].
Ferney, 21 octobre.

Une tragédie italienne dans le goût français ! Monsieur, c’est le plus grand honneur que l’Italie, la mère des arts, puisse faire à la France, sa fille. Je souhaite passionnément de voir cet ouvrage. Vous pourriez avoir la bonté de me l’envoyer par les voitures de Milan à Lyon, à l’adresse de M. Tahareau, directeur général des postes de Lyon. Mais je vous demande en grâce que le caractère en soit bien lisible. Il faut ménager les yeux d’un vieillard qui est presque aveugle.

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien présenter mes respects à M. Carli et de vouloir bien recevoir les miens. Pardonnez à l’état où je suis si mes lettres sont si courtes et si rares.

Vous allez donc réformer le théâtre italien ; c’est le temps, ou jamais. Le livre intitulé la Riforma d’Italia a beaucoup de réputation en Europe, et fait espérer de très-grands changements.

Permettez-moi de vous embrasser avec amitié et sans cérémonie.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.