Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7516

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 296-297).
7516. — À M. ***.
Dans la chambre du malade, à sept, heures du matin, 27 mars.

Monsieur, mon père ne vous écrit pas, parce qu’il est à son dixième accès de lièvre. Il vous prie de faire passer ce paquet à M. La combe.

Voici une épître à M. de Saint-Lambert[1] qui est correcte. Vous êtes prié de corriger[2] ce vers dans celle À l’auteur du nouveau livre des Trois Imposteurs, que j’eus l’honneur de vous adresser le 14 :

Ils pourront pardonner au pincé La Blétrie ;


mettez :

Ils pourront pardonner à ce dur La Blétrie.

P. S. Dans ma chambre.

Voici encore un huitain[3] qui n’est pas nouveau ; je l’ajoute en cachette :

Un pédant dont je tais le nom, etc.

Quand vous saurez le secret dont je vous ai dit un mot, vous ferez l’application de cet autre huitain à Arzame ; il est nouveau :

Ô toi dont les attraits embellissent la scène,
Toi que l’Amour jaloux dispute à Melpomène,
Séduisante Dubois[4], réponds à nos désirs.
C’est assez sommeiller dans le sein des plaisirs.
Ose enfin te placer au rang de tes modèles ;
La Gloire te sourit, et te promet des ailes.
Ose, et, prenant ton vol vers l’immortalité,
Fixe par le talent l’éclair de la beauté.

Mon père vous embrasse tendrement ; on ne le croit pas en danger, sa fièvre diminuant chaque jour.

On eut hier les douze premières médailles. Prix en argent, pesant 4 onces, 36 fr. ; en cuivre, 6 fr. 12 sous, chaque médaille.

  1. Voyez tome X, page 105.
  2. Cette correction a été faite ; voyez tome X page 405.
  3. C’est celui qui est dans la lettre 7294.
  4. Cette actrice devait jouer le rôle d’Arzame dans la tragédie des Guèbres.