Correspondance inédite de Hector Berlioz/020

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 111-112).
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XX.

À JOSEPH D’ORTIGUE.


Paris, 15 octobre 1833.

Non, sans doute, je n’ignore pas que tout ce qui me touche te touche ; mais, cher bon ami, tu dois m’excuser de ne t’avoir pas écrit, d’autant plus facilement que je suis encore dans l’impossibilité de me rappeler ton ancienne adresse à Vaugirard ; puis j’ai été, tous ces derniers temps, si préoccupé de mon bonheur, de mes inquiétudes, de mes projets pour elle, si accablé par la révolution immense que tout cela fait dans ma vie, qu’en vérité je ne songeais pas au monde, et tu me pardonneras de t’avoir un instant oublié, ainsi que tous mes autres amis.

Je monte une représentation avec concert pour le 12 du mois prochain à l’Odéon. Ma pauvre Ophélie y reparaîtra dans le quatrième acte d’Hamlet ; madame Dorval jouera Antony ; tu nous annonceras ça[1].

Nous serons à Paris chez moi, rue Neuve-Saint-Marc, nº 1, dès demain. Ainsi, si tu veux venir prendre du thé avec nous le soir dans quelques jours, quand nous serons un peu casés, tu nous feras grand plaisir. Je t’écrirai un mot.

Adieu. Ton sincère et inaltérable ami.

  1. Cette représentation fut désastreuse : madame Dorval eut tout le succès, et l’infortunée Harriett Smithson put se convaincre que le public parisien ne s’intéressait plus à elle.