Correspondance inédite de Hector Berlioz/028

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 136-137).
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XXVIII.

À M. GRIEPENKERL[1].


Paris, janvier, 1845.

Mon cher Griepenkerl,

Il y a bien longtemps que je n’ai de vos nouvelles ; j’ignore même si vous avez reçu la partition du Carnaval romain et les deux volumes que je vous ai envoyés par l’entremise du libraire Brockhaus ; que fait-on dans votre chère ville de Brunswick ? Avez-vous toujours des querelles avec les savants de Leipzig ? Combien je suis sensible à tous les procédés de généreuse sympathie que vous me donnez ! Ne me laissez pas ainsi un an sans m’écrire. Depuis que j’ai reçu votre dernière lettre, j’ai entrepris une grande affaire musicale ; une salle de concerts avec cinq cents exécutants dans le cirque équestre des Champs-Élysées. C’est la plus grande et la plus belle salle de Paris ; mais elle est située à peu près hors de la ville, et s’il y a de la boue, la recette peut s’en ressentir cruellement. De sorte qu’à chaque concert, ce sont des inquiétudes nouvelles ; car les frais sont immenses (6,000 francs). Je donne le quatrième dans quelques jours. J’aurais bien du plaisir ou plutôt du bonheur à vous voir ici, pendant ces affreuses répétitions surtout, qui me font suer sang et eau. J’ai beaucoup plus de peine en effet avec ces concerts qu’avec tous ceux qui les ont précédés ; voici pourquoi : les meilleurs artistes de mon orchestre ordinaire font partie de celui du Conservatoire ; or, cette Société célèbre les empêche, pendant toute la saison des concerts, de prendre part (à mes concerts, à moi)…

  1. Collection de madame Vieweg, de Brunswick.