Correspondance inédite de Hector Berlioz/082

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 237).
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LXXXII.

AU MÊME.


Paris, 9 septembre 1856.

Mon cher Morel,

Le navire sur lequel doit partir Louis est-il arrivé ? je ne reçois point de nouvelles à cet égard.

Comment allez-vous ? Voilà bientôt votre Conservatoire qui va vous retomber sur les bras. Votre opéra est-il avancé ? Je travaille exclusivement au mien, sans en parler seulement à Alphonse Royer, qui est, comme furent tous les autres directeurs de l’Opéra, un Hottentot en musique. Il me regarde comme un grand symphoniste qui ne peut et ne doit faire que des symphonies et qui ne sait pas écrire pour les voix. Il n’a entendu ni Faust ni l’Enfance du Christ ; il ne connaît rien à toutes ces questions, et c’est néanmoins une opinion arrêtée chez lui. Il l’a dit dernièrement à un de mes amis. J’en étais d’ailleurs parfaitement sûr d’avance ; je connaissais ses idées sur la musique. Mais je n’en continue pas moins ma partition avec un vague espoir d’arriver plus tard par le haut de l’édifice, c’est-à-dire par la volonté de l’empereur.

En attendant, je vous avouerai que le poème, que j’ai lu à diverses personnes, a un grandissime succès. Je crois que vous aussi vous trouveriez cela beau.