Correspondance inédite de Hector Berlioz/132

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 315-316).
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CXXXII.

À MADAME MASSART.


Ce soir, 1865[1].

notation musicale

Chère madame,

Autant il est tombé de flocons de neige aujourd’hui, autant de genres de douleurs me torturent ce soir ; et le moindre de mes maux n’est pas le regret que j’éprouve de ne pas vous aller entendre.

Je reste couché ; je me figure la sonate et le ton de fa mineur, et votre inspiration,.. Ah ! pour cela, non ! Je n’ai pas assez d’imaginative pour me le figurer ; mais, enfin, je me figure que vous êtes une virtuose comme il y en a 87 à Paris, 187 en France et 2,187 en Europe, sans compter ceux et celles d’Amérique, d’Australie et de Tasmanie. Alors, je m’estime trop heureux de dormir. Fi ! fi !

Vous ne me croyez pas ; vous dites : c’est un farceur ; il pourrait très bien se lever ; je ne crois pas à sa maladie.

Attendez un peu et je vous inviterai à mon enterrement ; et, si vous n’y venez pas, je vous en voudrai à la mort.

À vous quand même !

Accentuez bien le

notation musicale

Adieu, chère madame ; je suis tout à fait gai. Oh ! si je pouvais mourir cette nuit, seulement pour vous prouver que vous me calomniez !

  1. Cette lettre, si peu datée, est du 22 mars.