Correspondance inédite de Hector Berlioz/145

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 337).
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CXLV.

AU MÊME.


Paris, 8 février 1867.

Mon cher Hiller,

Vous êtes le plus excellent camarade que l’on puisse trouver. Je ferai ce que vous me dites : je vais tâcher d’acquérir quelques forces, et, le 23 de ce mois, je partirai pour Cologne, où je serai à l’hôtel Royal le soir. Mais ne me retenez pas DES chambres, comme vous dites, UNE petite chambre me suffira. Si j’étais incapable de me mettre en route, je vous enverrais les parties d’orchestre du duo, et vous en seriez quitte pour conduire le tout. Vous me parlez comme les médecins : « C’est une névralgie ». Ainsi, madame Sand ayant fait remarquer à son jardinier qu’un mur de son jardin s’était écroulé : « Oh ! ce n’est rien, madame, lui répondit-il, c’est la gelée qui en est cause. — Oui, mais il faut le faire rebâtir. — Oh ! ce n’est rien, c’est la gelée. — Je ne dis pas non, mais il est à terre. — Ne vous tourmentez pas, madame, c’est la gelée. »

Tâchez que votre jeune soprano ne me fasse pas le stupide changement sur notation musicale. Il n’y a que les cantatrices pour avoir de pareilles idées.

À bientôt ; je ne puis plus écrire, je vais me recoucher.