Cours d’agriculture (Rozier)/AIGUILLON

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Hôtel Serpente (Tome premierp. 291-292).
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AIGUILLON, Botanique. On nomme ainsi les pointes ou les piquans dont quelques feuilles sont hérissées, ou qui sont placés sur les tiges & sur les branches de certaines plantes. On pourroit, au premier coup d’œil, confondre l’épine avec l’aiguillon ; cependant il se rencontre une différence essentielle entre ces deux productions. L’épiderme, ou la substance corticale, forme l’aiguillon, & l’épine naît de la propre substance ligneuse. L’aiguillon est seulement attaché sur l’écorce, & n’adhère nullement à la substance propre de la plante, du tronc, de la tige : en enlevant l’écorce on enlève l’aiguillon. Pour s’en convaincre, qu’on fasse bouillir une branche d’églantier, de rosier ; l’écorce se détachera facilement ; les aiguillons suivront l’écorce : il n’en reste pas la moindre impression sur le corps ligneux. La comparaison que M. Duhamel établit entre les ongles de l’homme, qui ne paroissent être qu’une continuation de la peau, avec l’aiguillon des plantes, formé de la substance corticale, est très-ingénieuse. ( Voyez Épine)

Les aiguillons n’ont pas toujours la même forme ; les uns sont droits, sans aucune courbure, les autres sont courbés la pointe en haut, & quelques-uns la pointe vers la racine. La même plante offre souvent des aiguillons dans ces différentes directions, comme une branche de rosier. Le rosier, la ronce, le groseillier, l’épine-vinette, le faux acacia, le brout de la châtaigne, les feuilles, &c. sont armés d’aiguillons. Quelle est la destination de ces singulières productions ? M. Malpighi les regarde comme un laboratoire propre à la préparation de la séve ; M. Duhamel semble leur refuser cet avantage, & ne les considère que comme des armes défensives dont la nature a revêtu certaines plantes, pour les mettre à couvert des attaques des animaux ; mais il nous semble que les aiguillons comme les épines doivent avoir un rapport plus direct à l’économie végétale ; peut-être sont-ils de vrais vaisseaux secrétoires. M. M.


AIGUILLON aux Bœufs. Morceau de bois armé d’une petite pointe de fer à son extrémité supérieure avec laquelle on pique & aiguillonne les bœufs, lorsqu’ils tirent la charrue. Cette baguette, grosse d’un pouce environ par le bas, & dont la grosseur diminue en proportion qu’elle approche de la pointe, est communément de six à dix pieds de longueur, suivant la charrue dont on se sert pour labourer. Si elle étoit aussi grosse dans le haut que dans le bas, elle pèseroit trop à la main du laboureur, & le fatigueroit. Les bœufs ont besoin d’être aiguillonnés de tems à autre pour les rappeller au travail & soutenir leur marche, sans quoi ils la ralentiroient presque au point de ne plus aller.