Cours d’agriculture (Rozier)/CONVULSION, MALADIES CONVULSIVES

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 475-477).


CONVULSION, MALADIES CONVULSIVES. On donne le nom, de convulsion, à tous les mouvemens qui s’exécutent sans l’ordre de la volonté.

On distingue des convulsions de plusieurs espèces.

On donne le nom de spasmes ou d’érétismes, aux mouvemens qui s’exercent dans les nerfs & dans les vaisseaux, & le nom de convulsions, proprement dites, à tous les mouvemens irréguliers qui s’exercent, sans la participation de la volonté, dans les muscles destinés, par la nature, à faire mouvoir les différentes parties du corps.

Les convulsions sont générales ou partielles : générales, elles attaquent toutes les parties du corps, comme dans cette maladie convulsive, connue sous les noms différens, de mal d’hercule, mal de St. Jean, haut-mal, mal caduc, épilepsie : partielles, elles ne se font sentir que dans quelques parties isolées du corps.

Les causes qui peuvent faire naître les maladies convulsives, sont en grand nombre : en général, les maladies convulsives dépendent de l’obstruction du cerveau ; ces causes peuvent être physiques ou morales.

Les causes physiques sont la mauvaise conformation du cerveau, les maladies héréditaires, toutes les maladies qui peuvent se déplacer & aller se fixer dans le cerveau.

Les causes morales, sont les passions excessives, les mouvemens imprévus de joie & de terreur, les chagrins profonds, les méditations abstraites.

L’histoire ancienne & moderne fourmille d’exemples funestes, qui ont dû le jour à la violence des passions. Diagoras, voyant son fils vainqueur aux jeux olympiques, mourut de joie. Une dame romaine expira subitement de douleur, en apprenant la mort de son fils, tué à la bataille de Cannes : on a vu des personnes expirer, en peu de minutes, de joie & de colère.

On a attribué tons ces effets subits & effrayans, à la suspension de la circulation d’un fluide éthéré, que l’on dit couler dans les nerfs, & donner la sensibilité & le mouvement à toutes les parties de la machine humaine ; mais tout ingénieuse que soit cette hypothèse, il s’en faut de beaucoup que l’existence de ce fluide éthéré, magnétique ou phosphorique, soit prouvée.

Il est seulement constant, d’après l’observation, que, quelle que soit la cause qui comprime, qui dessèche, qui relâche, qui irrite ou qui détruit les nerfs dans leur principe, qui est le cerveau, ou dans leur marche ; il est constant, disons-nous, que les maladies convulsives sont les produits de ces différens agens. Il est encore prouvé que la foiblesse générale du corps ou de quelques organes, quelle qu’en soit la source, détermine l’apparition des maladies convulsives : les gens des villes y sont plus sujets que les gens de la campagne ; affoiblis dès le sein de leur mère, l’éducation molle & efféminée qu’ils reçoivent, & les différens vices de la société, auxquels ils sacrifient, ne font qu’ajouter à la foiblesse de leur constitution, & les disposent à toutes les maladies des nerfs : les gens de la campagne, plus robustes, à la suite d’une éducation rustique, ont des organes vigoureux, & bravent impunément, en général, les maladies nerveuses.

Les maladies convulsives sont toujours des maladies graves, tant par elles-mêmes, que par les suites qu’elles traînent après elles. Dans les violens mouvemens des convulsions, le resserrement des parties s’oppose à la libre circulation du sang & de la lymphe : ces fluides sont arrêtés, ils croupissent & s’altèrent, & il n’est pas rare de voir l’inflammation & la gangrène, être les produits des convulsions. C’est aussi d’après ces effets qu’on éprouve, à la suite des convulsions, des douleurs & des lassitudes dans les membres, jusqu’au moment pu la circulation a repris son cours ordinaire.

Lorsque ces maladies viennent de naissance, ou sont compliquées avec d’autres maladies, il n’y a point d’espoir de guérison ; lorsqu’elles sont accidentelles, c’est-à-dire, quand elles sont le produit des autres maladies, on peut espérer de les détruire, en combattant la cause qui leur a donné le jour.

Ces maladies sont toujours effrayantes, & ne sont pas toujours mortelles : si le malade est jeune & bien organisé, on les guérit aisément.

Dans les maladies quelconques, les convulsions qui ne durent qu’un ou deux jours, sont souvent salutaires, & annoncent des crises heureuses ; mais au-delà de ce terme, elles annoncent la mort. Les convulsions sont souvent salutaires dans la paralysie universelle : après des hémorragies ou pertes quelconques, considérables, le hoquet & les convulsions sont toujours des signes fâcheux. Les vieillards attaqués de convulsions sont menacés d’apoplexie, de paralysie ou d’asthme convulsif : toutes les évacuations supprimées qui reparoissent dans les convulsions, en annoncent une terminaison heureuse : une dent cariée entretient quelquefois des convulsions.

Nous ne donnons point ici de traitement général sur les convulsions, & sur les maladies convulsives, parce que ce traitement doit être en raison des causes & des espèces de maladies convulsives. (Voyez Danse de st. gui, Épilepsie, Mal de mer, ou Mal hystérique ou Vapeurs, Possessions, Tétanos, & convulsions des enfans, à l’article Enfant.) M. B.