Cours d’agriculture (Rozier)/COQ DE BRUYERE

La bibliothèque libre.
Marchant (Tome onzièmep. 434-439).


COQ (le grand) DE BRUYERE. (Tetrao urogallus Lin. Grand tétras de l’Histoire naturelle de Buffon. Oiseau du genre des tétras, dans l’ordre des gallinacées. (Voyez, l’article de la Caille, les caractères des gallinacées.)

Caractère du genre. Le bec conique, courbé et un peu voûté ; une tache nue et chargée de papilles au dessus des yeux ; les pieds garnis de plumes.

La dénomination de tétras, que Guénau de Montbeillard a donnée à cet oiseau dans l’Histoire naturelle de Buffon, afin qu’on ne fût pas tenté de le regarder comme un coq sauvage, est formée du nom tetrao, son plus ancien nom latin, qu’il conserve encore en Esclavonie, où il s’appelle tétrez.

Au premier aspect, le grand coq de bruyère paroît tout noir ; mais en le regardant de près, on reconnoît qu’il a la tête et le cou cendrés et traversés par de petites lignes noirâtres, des raies à près semblables sur le croupion, du vert lustré sur le devant du cou, quelques taches blanches au ventre, une seule à chaque épaule, et une barre de la même couleur sur les ailes et la queue ; le bec est d’un gris sale, la plaque une qui surmonte les yeux, d’un rouge vif, et l’iris de l’œil de couleur noisette : tel est le mâle de cette espèce, aussi grand que le paon, mais plus gros dans toutes ses parties. Son poids ordinaire est de dix à douze livres. La femelle, plus petite que le mâle, a des teintes plus pâles et tirant sur l’orangé ; ces teintes l’ont fait distinguer en Lorraine par le nom de rousses jeunes mâles s’y appellent grianots.

Presque toutes es plumes du coq de bruyère sortent deux à deux du même tuyau, comme celles du coq de basse cour ; il relève les plumes de sa tête en aigrette, et celles de sa queue en éventail, de la même manière que le paon et le dindon.

Les fruits et les sommités des pins et des sapins, les glands, les baies de myrtille, de genièvre, etc., font la nourriture habituelle des coqs de bruyère ; ils la recherchent matin et soir dans les taillis, et pendant le jour ils se retirent dans l’épaisseur des forêts. Ils entrent en amour au commencement du printemps ; à cette époque ils se tiennent presque toujours perchés, au lieu qu’ils sont le plus souvent à terre dans les autres temps de l’année. Le mâle appelle les femelles par des cris répétés et retentissons ; transporté d’amour ou plutôt de convulsions amoureuses, il s’agite et prend toutes sortes de postures extraordinaires. Chaque femelle fécondée pond sur la terre nue ou à peine couverte de mousse, de huit à seize œufs blancs et marquetés de jaune ; elle les couve seule, et les petits ne la quittent point durant leur première année.

On a tenté en vain d’élever de très jeunes coqs de bruyère, soit en faisant éclore les œufs sous une poule, soit en confiant à cette mère d’emprunt une famille naissante. Malgré tous ses soins et ceux que l’on peut y joindre, les petits coqs de bruyère périssent bientôt ; tant cette espèce solitaire et sauvage redoute la contrainte et la captivité !

Les aigles et les autres grands oiseaux de proie, tyrans sanguinaires des montagnes boisées qu’habitent les coqs de bruyère, font un grand carnage parmi ces paisibles oiseaux, et contribuent plus que les chasseurs à rendre peu nombreuse cette espèce d’ailleurs si féconde.

Le coq de bruyère passe pour un gibier délicat. Il est recherché pour les tables où règne un certain luxe ; cependant sa chair est sujette à contracter un goût que tout le monde n’aime pas, lorsque l’oiseau a eu occasion de manger en abondance des baies de genièvre. Le sapin, dont il dévore les bourgeons et les sommités, lui communique aussi ordinairement une saveur un peu résineuse ; cette saveur est sur-tout propre aux vieux oiseaux de cette espèce.

Ces oiseaux ne se plaisent que dans les régions froides ; les montagnes couvertes de pins et sapins sont leur domicile favori, et lorsqu’ils se rencontrent dans les climats tempérés, c’est que des sites montueux leur offrent des asiles conformes à leurs goûts et à leurs besoins. En France, on les trouve le long des Pyrénées ; dans les montagnes de l’Auvergne ; aux cantons de la Noriche, de l’ermitage, de la Catelude, dans les bois de Menet, du Mont-d’Or et de la Magdeleine dans le Dauphiné ; dans les forêts montagneuses des Ardennes et des Vosges, tant alsaciennes que lorraines.

Chasse du grand Coq de bruyère. Comme cet oiseau est très-défiant, et aussi sauvage que les lieux qu’il habite, il est difficile de le chasser, excepté dans la saison des amours, où l’instinct qui le domine alors occupe tellement toutes ses autres facultés, qu’il en suspend en quelque sorte l’exercice. Il semble avoir perdu le sentiment des dangers et la crainte même de la mort, et il se laisse approcher et tirer par les chasseurs, sans que rien puisse dissiper l’enchantement extatique dont il paroit enivré. Le chant fréquent et très-remarquable par lequel le mâle exprime ses désirs et appelle les femelles, sert alors à guider le chasseur et lui indique en même temps le moment précis de l’approcher. Ceux qui se font une occupation de cette chasse ont l’usage, pour la faire avec succès, d’aller coucher sur les lieux mêmes, dans des huttes qu’ils se construisent avec des branches de sapin. Ou se met aux aguets deux heures avant le coucher du soleil ; sitôt qu’on a entendu la voix d’un coq de bruyère, on se dirige vers l’arbre où on le juge perché ; on avance à mesure qu’il se livre à son chant, mais avec la précaution de s’arrêter à l’instant même qu’il le cesse. Cette précaution est tellement de rigueur, que les chasseurs expérimentés recommandent de rester en la même position où l’on se trouve à la fin du chant du tétras, eut-on même un pied en l’air. Avec ce soin, on parvient infailliblement à approcher son gibier à bonne portée ; cette chasse peut se renouveler le matin, dès l’aurore, jusqu’après le soleil levé

Il est une autre chasse nocturne qui se fait à l’aide du feu. Sa saison propre est l’automne ; elle se prolonge jusque dans l’hiver, lorsqu’il n’y a pas trop de neige. Il faut, comme dans la précédente, aller passer la nuit au bois dans la partie la plus fréquentée des coqs de bruyère ; une heure avant le coucher du soleil, un ou plusieurs chasseurs montent sur les arbres les plus élevés, d’où ils observent les mouvemens des coqs et les arbres où ils s’arrêtent pour percher et passer la nuit. Après ces remarques faites, les chasseurs se réunissent et se munissent, s’ils ne l’ont fait d’avance, de brandons que l’on tire des débris d’une vieille souche de pin bien résineuse ; on les dispose sur une espèce de plateau ou de bassin que l’on fait faire quelquefois de fer-blanc pour cet usage ; souvent aussi l’on se contente pour cela d’une levure d’environ un pied de diamètre, que l’on enlève avec la hache sur le tronc d’un arbre, et à laquelle on donne une forme un peu creuse. Quelques heures après le coucher des coqs de bruyère, on allume ces brandons, et un homme, portant sur sa tête le plateau sur lequel ils sont rangés, chemine vers les arbres désignés par les observateurs comme la retraite des oiseaux ; le tireur caché derrière le porte-feu s’avance avec lui, et, à la clarté des brandons, choisit et tue les coqs d’autant plus aisément qu’ils préfèrent pour percher pendant la nuit, les pins et les hêtres plutôt que les sapins beaucoup plus élevés, et où ils seroient hors de portée. Le succès de cette chasse dépend d’une grande connoissance des lieux et des habitudes des coqs de bruyère : lorsqu’on en découvre plusieurs sur le même arbre, on peut espérer de les tirer, en commençant par les plus bas perchés ; car si l’on tuoit d’abord un des plus élevés, il feroit partir les autres en tombant parmi eux. On ne doit point tenter cette expédition par le clair de lune, ni revenir avant quinze jours ou trois semaines dans le même quartier de la forêt ; il faut laisser aux oiseaux à peu près cet espace de temps pour se rassurer contre l’apparition du feu.

On chasse quelquefois les jeunes coqs de bruyère avec un chien de plaine, dans les mois de septembre et d’octobre. Dans cette saison, ils fréquentent les taillis de la moyenne région des montagnes, où ils cherchent des fruits sauvages et différentes baies propres à leur nourriture, ce qu’ils font de grand matin et le soir à l’entrée de la nuit. Hors ces heures, ils se cantonnent dans les endroits les plus fourrés du bois, où il est malaisé de pénétrer et plus malaisé encore de les tirer.

En hiver, lorsque la terre est couverte de neige, on tend des pièges pour prendre des coqs de bruyère vivans. Les plus usités sont des quatre de chiffres qui supportent de larges pierres creusées en gouttière. (S.)

COQ (le petit) DE BRUYERE. (Tetrao tetrix Lin. Petit tétras ou coq de bruyère à queue fourchue de l’Histoire Naturelle de Buffon.) Cet oiseau, plus petit que le précédent, ne surpasse guères le faisan en grosseur ; son plumage noir réflète du violet et du vert ; il porte, comme le grand coq de bruyère, une tache blanche aux épaules et une bandelette également blanche sur les ailes : sa gorge est aussi de cette couleur. Il a, du reste, les plumes des jambes et des pieds variées de noir et de blanc, une peau nue et d’un rouge vif, qui forme un croissant au dessus de l’œil, les pieds noirs et la queue très-fourchue. Des traits noirs et déliés traversent le fond roussâtre du plumage de la femelle, dont la taille est plus petite et la queue moins fourchue que celle du mâle ; un gris blanchâtre teint sa gorge et le dessous de son corps ; les plus grandes plumes de ses ailes sont brunes, et les moyennes blanches.

Ces oiseaux, habitans des forêts en montagnes, se nourrissent de glands, de faines, de bourgeons de bouleau et de chatons de coudrier, de baies de bruyère et de différentes espèces de grains. C’est à la fin de l’hiver qu’ils ressentent les feux de l’amour, et que les mâles, après s’être battus entr’eux pour la possession de plusieurs femelles, avec une fureur inconcevable, font devancer leurs jouissances par des clameurs aussi retentissantes et des mouvemens presqu’aussi bisarres que le grand coq de bruyère. Les femelles ne mettent pas plus d’apprêts à leur ponte que celles de la grande espèce ; mais cette ponte, moins nombreuse, ne se compose que de six à huit œufs d’un blanc jaunâtre, mouchetés de couleur de rouille. Au bout de cinq à six semaines, les petits sont en état de suivre leur mère soit au vol, soit sur les arbres ; ce n’est qu’à leur première mue que les jeunes mâles prennent les couleurs qui les distinguent : jusque là ils ne diffèrent point des femelles par le plumage. On leur donne, dans quelques parties des Alpes, le nom de grianots, que dans d’autres contrées l’on applique aussi aux grands coqs de bruyère lorsqu’ils sont jeunes.

Le petit coq de bruyère est susceptible de domesticité, et l’on peut le regarder comme une conquête à faire pour notre économie rurale. Ce gallinacée, beaucoup moins ennemi de la société que la grande espèce, très-facile à nourrir, puisqu’il préfère à tout les fruits sauvages, offriroit à la consommation une denrée avantageuse ; plusieurs essais faits en France n’ont pas à la vérité réussi ; mais en Suède on est venu à bout de l’élever en servitude, et on l’y voit s’y reproduire et y multiplier. Il n’a fallu pour cela d’autres apprêts que d’enfermer des coqs de bruyère dans une espèce de cabane de cinquante pieds, large de seize, couverte en planches, en y ménageant d’espace en espace des jours où l’on tend des filets.

La première condition à observer pour tenter de nouveau l’éducation de ces oiseaux en France, seroit de ne s’en occuper que dans les cantons montueux et froids, et dont la température convient à cette espèce. Dans les premiers jours de leur naissance, ou nourrit les petits coqs de lait, de gruau, et sur-tout d’œufs de fourmis ; on leur donne ensuite des plantes vertes et toutes sortes de baies. Il faut lier en bottes les plantes qu’on leur présente, et les fixer, en les arrêtant d’une extrémité sous une pierre ou quelque chose de lourd, pour que l’oiseau ne s’épouvante pas lui-même par le mouvement qu’il communique à ce faisceau de verdure, s’il a la facilité de le secouer. Les plantes dont le petit coq de bruyère est friand sont les feuilles et fleurs de la renouée, les feuilles de la mille-feuille, les feuilles, fleurs et tiges de pissenlit, les feuilles et fleurs de la vesce, de la gesse, de l’ers, le trèfle et le laiteron ; plus ces plantes sont tendres, plus il en est avide ; en hiver, il mange les baies du genièvre, les boutons de bouleau, les chatons du coudrier : le saule, la ronce, le cormier, le peuplier, lui abandonnent aussi une nourriture bonne et facile. Pour dernière remarque, il est bon d’observer qu’il faut, lorsqu’on élève ces oiseaux, leur couper une aile pour prévenir leur tentative de fuite que leur inspire quelquefois le retour de l’instinct inné de la liberté.

Chasse du petit coq de Bruyère. Cette espèce, bien plus nombreuse que la précédente, offre aussi une chasse plus abondante ; mais en même temps le moins de rareté de ce gibier lui ôte de son prix, quoiqu’à tout prendre ce soit un très-bon manger.

Comme le petit coq de bruyère se livre à ses amours avec autant de fureur que le grand, il fournit par-là lui-même au chasseur les moyens de le tirer ou même de le prendre vivant. Plus attaché que la grande espèce aux régions froides du Nord, c’est dans la Pologne, la Courlande, la Moscovie, la Norwège, etc. qu’on le chasse avec fruit ; c’est là aussi que cette chasse offre des méthodes plus savantes, des procédés particuliers et qui peuvent servir de modèle aux habitans des régions de la France où se rencontre ce gibier.

Lorsque la saison des amours est arrivée, c’est-à-dire au mois d’avril, ou approche aisément, comme je viens de le dire, les petits coqs de bruyère ; mais cependant voici une ruse décrite dans les Actes de Breslaw, qui leur rend plus inévitable encore le danger né pour eux de la seule force de l’instinct qui les domine alors. On se procure un oiseau de cette espèce, empaillé, ou bien on en fabrique un artificiel avec de l’étoffe et autres matières convenables ; on donne à ce simulacre le plus de ressemblance possible pour les formes et les couleurs. Cette moquette s’appelle balvane ; fichée au bout d’un bâton, on l’attache sur les branches de bouleau, arbre dont les petits coqs de bruyère aiment le séjour, et dont ils mandent les boutons et les feuilles : on observe que quand il l’ait du vent on peut tourner contre sa direction les têtes de ces balvanes, si l’air est calme, il faut les diriger en regard les unes vers les autres. Ces moquettes ainsi disposées dans un lieu choisi par les petits coqs pour le théâtre de leurs folies amoureuses, et balancées ou par l’air ou par des fils que tirent les chasseurs cachés dans des huttes, attirent autour d’elles des compagnies entières de ces oiseaux. Ce spectacle les anime et leur fait commencer une mêlée où d’abord ils semblent jouer, mais qui bientôt finit par un combat si acharné, qu’on peut les prendre à la main et sans les tirer. Ceux qui sont ainsi pris s’apprivoisent aisément et en assez peu de temps ; et, l’année suivante, on les fait servir de moquettes vivantes ou appelants.

Cette chasse se pratique tous les jours, le matin avant le lever du soleil, et le soir depuis environ trois heures après midi jusqu’à l’entrée de la nuit.

Après la saison des amours, les petits coqs de bruyère ne se rassemblent plus par instinct, et il faut employer d’autres ruses pour les amener sous le fusil du chasseur. Pour cela, on se réunit en assez grand nombre, et plusieurs personnes à cheval, se développant en cercle dans une partie de bois, poussent vers le centre les oiseaux que leur marche et le bruit de leurs fouets font lever. Ce centre est occupé par le tireur ou les tireurs cachés dans leur hutte de feuillages. Il est plus convenable pour le succès, que cet endroit soit une clairière plutôt qu’un fort trop épais, et que quelques arbres isolés présentent aux coqs le repos qu’ils cherchent, et la facilité de se brancher. Lorsque la vue et les oscillations des balvanes mises en mouvement les ont engagés à s’arrêter au même endroit, on ne doit pas trop se hâter de lâcher le coup de fusil ; il faut au contraire les laisser se livrer à leurs premiers mouvemens, et ne tirer que lorsqu’ils se sont mis à manger.

Les heures de cette chasse sont depuis le lever du soleil jusqu’à dix heures, et l’après-midi, depuis une jusqu’à quatre.

En automne, par un temps calme et couvert, on peut chasser toute la journée. Mais le mauvais temps, ainsi que les grands froids, dispersent ces oiseaux. Avant les neiges, et lorsque les arbres privés de sève ne leur présentent plus de nourriture, ils se rabattent volontiers sur les champs qui ont porté de l’avoine, du seigle ou du sarrasin. On peut y élever une hutte recouverte de paille, et placer des moquettes ou balvanes ; on est encore, par ce moyen, récompensé de ses soins par d’assez bonnes chasses. Dans le nord de la Russie, ou emploie pour les prendre, pendant l’hiver, un piège dont les voyageurs attester l’étonnante efficacité.

Au milieu des forêts de bouleaux peu fourrées et fréquentées par les petits coqs de bruyère, les chasseurs disposent çà et là, et à une médiocre hauteur, des perches horizontales, soutenues d’un bout par les branches mêmes des arbres, et de l’autre par un bâton fourchu planté en terre. Le long de la perche horizontale, on attache des épis des grains aimés des coqs. Cette première disposition sert à attirer les oiseaux et à leur inspirer de la sécurité. Non loin de cette perche, on construit, avec des gaulis ou longues branches de bouleau, une espèce de cage ou de panier conique qu’on peut comparer à une nasse, et dont l’ouverture est tournée en haut, la pointe reposant sur le sol. Au dessus de cette nasse est fixée sur des montans une roue verticale : du moyeu au centre partent, comme rayons, de longues baguettes dont l’extrémité, dépassant la circonférence, présente la forme d’une roue armée de dents. Tout cet appareil est recouvert de paille et d’épis, excepté l’extrémité excédante des baguettes ci-dessus. Les petits coqs de bruyère, attirés par les grains, volent à cette roue : la partie excédante des baguettes ou rayons se présente naturellement à eux pour s’y poser ; c’est aussi ce qu’ils font ; et leur poids faisant tourner la roue, ils descendent et tombent par l’ouverture de la nasse jusqu’au fond qui se rétrécit en pointe, et où ils s’embarrassent en très-grand nombre les uns sur les autres, sans pouvoir se relever. On assure qu’on trouve quelquefois ces sortes d’entonnoirs à moitié remplis de prisonniers.

Les chasseurs de profession font aussi la chasse de ce gibier avec des oiseaux de vol ; cela se pratique dans l’arrière-saison. On leur tend encore des filets et des lacets. Il y a un appeau dont on se sert contre les jeunes oiseaux de cette espèce ; cet appeau n’est autre chose qu’une sorte de sifflet formé avec l’os de l’aile d’autour, bouché de cire et percé de trous propres à lui faire rendre un son imitatif du piaulement d’un petit coq de bruyère. Quand une mère, suivie d’une couvée, entend ce son, elle approche, le prenant pour le cri d’un de ses petits, et livre ainsi toute sa progéniture aux pièges ou au fusil du chasseur. (S.)