Cours d’agriculture (Rozier)/COUSSON

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 536).


COUSSON. Dans quelques provinces du royaume, on nomme ainsi une vapeur qui s’élève de terre, & brûle les bourgeons les plus tendres des vignes, quand elles commencent à pousser. Les vignes dont le cep est tenu bas, & celles dont le cep est taillé près de terre, y sont plus sujettes que les vignes élevées de quelques pieds au-dessus de la surface du sol. Ce cousson a lieu, lorsque le vent du nord règne, & que le vent du midi veut entrer. Dans cette circonstance la rosée est très-abondante ; souvent elle se change en gelée blanche ; le ciel est pur & serein ; le soleil se lève, paroît, agit dans toute sa force sur cette rosée qui cherche à s’élever, & qui souvent forme une espèce de vapeur ou de brouillard autour du cep, enfin brûle les jeunes bourgeons & les réduit en poussière.

Il y a deux moyens de prévenir cet inconvénient : ou en tenant le cep beaucoup plus haut ; ou lorsqu’on craint cette fâcheuse catastrophe, de faire des monceaux de paille humide ou de feuilles, & de les placer à l’endroit d’où le vent souffle, d’y mettre le feu au moment du lever du soleil, afin que ses rayons ne puissent traverser la fumée qui environne & couvre la vigne. Le cousson a rarement lieu sur les hauteurs ; il n’est que trop fréquent dans les bas-fonds.