Cours d’agriculture (Rozier)/CULTIVATEUR

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 556-557).


CULTIVATEUR. Ce mot a deux acceptions. Par la première on désigne l’homme qui cultive lui-même ses champs ou ceux d’autrui ; par la seconde, celui qui fait travailler sous ses yeux, ses propres champs ou ceux qu’il a affermés. Cette seconde acception a encore un second sens, en ce que le mot cultivateur, désigne un homme instruit, qui fait travailler non par routine, mais d’après des principes fondés sur l’expérience & sur l’observation : le nombre de ceux-ci est plus rare que celui des prétendus cultivateurs dans leur cabinet, qui tracent aveuglément des règles sur une science qu’ils ignorent, & qui font des mémoires, en copiant par-ci par-là, des lambeaux pris souvent dans des livres, dont les auteurs sont aussi peu instruits qu’eux. Ces écrivains se persuadent que la méthode de tels villages, de tels petits cantons, doit réussir dans tout le royaume, comme si l’ardeur du soleil de la Provence, & la siccité de son climat avoient quelque rapport avec l’air humide & vaporeux de la Flandre françoise, & avec son atmosphère très-tempéré. La médecine, la chirurgie, &c. tous les arts enfin ont leurs charlatans ; mais je doute qu’ils soient plus nombreux, que ceux de l’agriculture. Que de choses doit savoir un cultivateur ! & je ne pense pas qu’il y ait une science plus étendue que celle de l’agriculture : aussi je répète encore une fois avec Columelle : « Lorsque je considère cet art dans le grand, & lorsque je l’envisage, formant un corps d’une très-vaste étendue, & ensuite descendant dans toutes les parties qui composent sa totalité, je crains de voir la fin de mes jours, avant d’en avoir pu acquérir la connoissance entière ».


Cultivateur. Nom donné à une espèce de charrue par M. de Châteauvieux. (Voyez le mot Charrue)