Cours d’agriculture (Rozier)/DÉFONCER

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 631-632).


DÉFONCER. Ce mot a plusieurs acceptions. Relativement à l’économie, on dit défoncer un tonneau, une barrique, &c. lorsqu’on enlève les douves qui servent de fond, & on ne doit jamais faire relier un tonneau, pour y mettre du vin, sans le faire défoncer & râtisser dans l’intérieur, afin d’enlever la lie & le tartre attachés contre ses parois, & sur-tout afin de s’assurer, de ses propres yeux, que le vaisseau est propre & net. Sur cet article, ne vous en rapportez qu’à vous-même, si vous ne voulez pas être trompé.

En terme de jardinage, on dit défoncer, lorsque l’on creuse, jusqu’à deux ou trois pieds de profondeur, le terrein, soit pour placer du fumier dans le fond, soit pour remplir le vide avec de la terre nouvelle, soit enfin pour que cette masse de terre soit bien remuée & bien mêlée, & que la partie du dessous se trouve dessus.

En terme d’agriculture on dit, défoncer un terrein pour y planter une vigne, & même c’est le seul moyen, si on veut qu’elle travaille promptement & dure long-temps : alors on ouvre une tranchée de la profondeur qu’on croit devoir lui donner, (ordinairement de deux pieds) & on en transporte la terre à l’autre extrémité de la pièce à défoncer. Les ouvriers, en avançant toujours, comblent la tranchée qu’ils laissent derrière eux, en ouvrent de nouvelles, jusqu’à ce qu’ils soient arrivés au terme. Comme il s’y trouve nécessairement un vide, la terre transportée sert à le remplir.

On dit encore défoncer une prairie, défoncer une luzernière, parce qu’effectivement il faut que l’instrument aille jusqu’à une certaine profondeur, afin de couper les racines, & ramener sur la superficie la couche de terre inférieure. On défonce de plusieurs manières, ou avec une forte charrue, ou avec la bêche, (voyez ces mots) ou avec la pioche. Au mot Outils d’agriculture, on fera connoître cette dernière & ses différentes variétés.

La bêche & la pioche sont, à tous égards, préférables à la charrue ; mais l’opération est coûteuse : chacun doit consulter ses facultés.