Cours d’agriculture (Rozier)/DOMPTE-VENIN

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 39-40).


DOMPTE-VENIN, ou DOMTE-VENIN, (voyez planche 19 du Tome III, pag. 629) M. Tournefort place cette plante dans la cinquième section de la première classe des fleurs à une seule pièce en forme de cloche, dont le fruit est fait en gaine, & il l’appelle Asclepias flore albo. M. von Linné la nomme Asclepias vince-toxicum, & la classe dans la pentandrie digynie.

Fleur blanche en forme de tube évasé en soucoupe, & divisé en cinq parties égales ; vue en dessous en B, & en dessus en C. Les étamines sont au nombre de cinq, & le pistil est divisé en deux ; il est déposé au fond du calice E, à demi-fermé.

Fruit F, gaîne très-étroite, renflée dans le milieu, composée de deux capsules qui s’ouvrent longitudinalement, & renferment des semences H, couronnées d’une aigrette soyeuse. En G on voit cette capsule ouverte.

Feuilles opposées deux à deux, ovales, lancéolées, barbues à leur base, velues sur les bords & sur les côtés.

Racine A, très-fibreuse, grosse, longue & blanche.

Port. Tiges élevées à la hauteur d’une coudée, pliantes, velues, noueuses ; les fleurs naissent de leurs aisselles, rassemblées en bouquet.

Lieu. Les bois, les haies ; fleurit en juin & juillet ; la plante est vivace.

Propriétés. À qui faut-il en croire sur les vertus attribuées à cette plante. Plusieurs auteurs rugardent sa racine comme un spécifique contre les morsures des bûtes venimeuses, ses feuilles comme diurétiques, emménagogues & vulnéraires. J’aime beaucoup mieux me ranger du parti de ceux qui savent douter, surtout quand l’usage d’une plante peut devenir dangereux. Je dirai donc avec M. Vitet, dans sa pharmacopée de Lyon, que la racine récente a une odeur aromatique, forte ; que la saveur est amère & âcre ; que lorsque cette racine est fraîche, elle fait vomir, produit une douleur plus ou moins vive dans la région épigastrique, un malaise universel, souvent accompagné d’accélération du pouls ; que desséchée elle est moins active, & rarement elle procure le vomissement ; qu’elle est recommandée pour résoudre les glandes situées sous les tégumens, tuméfiées, endurcies, cependant éloignées de l’état cancéreux ; qu’elle évacue par les urines la sérosité qui constitue l’hydropisie par suspension d’une humeur excrétoire ; qu’elle rétablit le flux menstruel, supprimé par l’impression des corps froids ; enfin, qu’elle déterge les ulcères tendans vers la putridité ; l’observation, continue M. Vitet, n’a point levé le doute qui règne sur ses effets dans ces espèces de maladies : plusieurs même regardent cette plante comme un poison, lorsqu’elle est fraîche ; récente, elle est dangereuse ; desséchée, elle exige de grandes précautions.

Usage. La dose ordinaire de la racine, desséchée & pulvérisée est depuis six grains jusqu’à demi-drachme, délayée dans quatre onces d’eau ou incorporée avec un sirop ; en décoction, dans huit onces d’eau, depuis une drachme jusqu’à demi-once.