Cours d’agriculture (Rozier)/GAYAC

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 254-255).
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GAYAC. Arbre de Virginie, de la Jamaïque ; il est inutile de le décrire, puis que nous ne pouvons le cultiver en Europe. Le bois de Gayac est d’une couleur grise, tirant sur le noir, il a une odeur aromatique & douce, une saveur âcre, piquante, un peu amère ; l’écorce du bois est grise en dehors, blanchâtre intérieurement, inodore, d’une saveur amère & nauséabonde. Il découle de cet arbre un suc vulgairement nommé, résine de gayac, lorsqu’il est devenu concret par l’exsiccation ; cette résine est friable, extérieurement brune, intérieurement rousse, d’une odeur aromatique douce, d’une saveur âcre, soluble dans l’esprit de vin & les jaunes d’œufs.

Les propriétés de toutes les parties de cet arbre ont singulièrement été vantées, & l’expérience a prouvé qu’il falloit beaucoup rabattre de leur prétendue efficacité. À réduire les choses à leur vrai point, le bois seul est vraiment & décidément utile.

Le bois rapé, en macération au bain-marie, dans une livre d’eau, depuis deux drachmes jusqu’à une once, augmente jusqu’à la sueur la transpiration insensible, pour peu qu’on y dispose les tégumens du malade par le repos, la chaleur de l’atmosphère & les vêtemens ; c’est un sudorifique des meilleurs & des plus forts que l’on connoisse. Souvent il dissipe seul les symptômes vénériens & opiniâtres, qui ont résisté à la sage administration du mercure, principalement si on le fait prendre après le traitement, à une dose relative aux forces, à l’âge, au tempérament du malade, à l’intensité, & à l’espèce de symptôme vénérien ; il échauffe, il altère, il constipe, diminue la quantité des urines, fatigue ceux dont l’estomac est foible & irritable, & ne convient point aux sujets disposés à cracher le sang ; le bois de gayac est en général indiqué dans les espèces de maladies par suppression de la transpiration insensible, sans inflammation, ni disposition vers cet état, dans l’asthme pituiteux, la rage, les écrouelles, la dartre vénérienne, & la dartre miliaire.

On vante beaucoup le bois de gayac rapé, à la dose de quatre onces, dans deux livres d’esprit de vin, macéré au bain-marie pendant 24 heures, & la liqueur ensuite filtrée, pour raffermir les gencives & appaiser les douleurs de dents. Il paroît dit M. Vitet, dans son excellente Pharmacopée de Lyon, que ses bons effets dépendent plus de l’esprit de vin que des substances extraites du bois.