Cours d’agriculture (Rozier)/GENTIANE

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 275-276).


GENTIANE. M. Tournefort la place dans la troisième section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, en forme de cloche, dont le pistil se change en un fruit sec à une seule loge, & il l’appelle gentiana major lutta ; M. von-Linné la nomme gentiana lutta, & la classe dans la pentendrie digynie.

Fleur, en forme de cloche, à cinq découpures, imitant les rayons d’une roue, & dont le calice est une espèce de spate. (Voyez ce mot).

Fruit membraneux, ovale, pointu, à une seule loge remplie de semences plates, rondes & comme feuilletées.

Feuilles ; elles naissent des racines, elles sont hérissées par la tige, elles sont unies, luisantes, d’un vert pâle, marquées de cinq nervures qui partent de la base & vont aboutir aux extrémités.

Racine grosse, charnue, spongieuse, traçante ; le tronc principal est perpendiculaire.

Port. Les tiges s’élèvent à la hauteur de deux coudées ; elles sont simples, lisses ; les fleurs sont rangées tout autour, & comme par anneaux & par étages : ces fleurs sont jaunes.

Lieu. Les montagnes très-élevées ; la plante est vivace & fleurit en juillet, en août.

Propriétés. La racine a une odeur aromatique très-légère, une saveur très-amère, médiocrement âcre, & légèrement nauséabonde. Elle échauffe & altère médiocrement, cause quelquefois des nausées, très-rarement des coliques & le vomissement ; elle excite légèrement le cours des urines, constipe, ranime avec promptitude les forces vitales & musculaires. Elle est indiquée dans les maladies séreuses, & principalement dans celles qui dépendent des humeurs séreuses… Elle favorise quelquefois l’effet du quinquina dans les fièvres intermittentes… Utile dans les maladies entretenues par les vers ascarides, lombricaux, & cucurbitins, lorsqu’il n’y a point de disposition à l’inflammation.. ; dans l’ictère essentiel où l’on ne craint pas d’irriter & d’échauffer… dans les pâles couleurs… ; la suppression du flux menstruel… ; dans l’obstruction récente du foie & de la rate, exempte de spasme & sans disposition à l’inflammation… ; dans l’asthme humide… On s’en sert extérieurement, quelquefois avec succès, pour les ulcères sanieux & putrides… L’extrait de gentiane est trop irritant ; il vaut mieux préférer l’usage de la racine en infusion ou en substance.

On donne la racine pulvérisée & tamisée depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, incorporée avec un sirop ou délayée dans cinq onces d’eau ; réduite en petits morceaux, depuis une drachme jusqu’à demi-once, en macération au bain-marie, dans six onces d’eau. C’est une excellente plante médicinale, dont les effets sont bien constatés ; il est fâcheux qu’elle n’aime pas à être transportée de son pays natal dans la plaine, où elle végète fort mal, si elle ne meurt promptement. On la prescrit depuis une once jusqu’à deux, pour les animaux, & les maréchaux unissent sa poudre au miel pour appliquer sur les ulcères.