Cours d’agriculture (Rozier)/GRAVELLE, GRAVIER

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 342-343).


GRAVELLE, GRAVIER, Médecine Rurale. Maladie qui s’annonce par des douleurs vives & aiguës dans les reins, les uretères & la vessie ; elle est toujours accompagnée de difficulté d’uriner. Les malades rendent des urines glaireuses, bourbeuses, avec de petits graviers ; quelquefois elles sont rouges, enflammées, & ce n’est qu’avec beaucoup de douleur & d’effort que ces graviers, ramassés dans la vessie, sont entraînés au dehors.

Les vieillards sont fort sujets à cette maladie ; les jeunes gens n’en sont point à l’abri : on l’observe cependant rarement chez eux.

La gravelle diffère de la pierre, en ce que les douleurs sont moins vives & aiguës que dans la pierre. Dans cette dernière maladie, il faut avoir recours à l’opération, au lieu que, dans la gravelle, les malades rendent, avec les urines, la cause de leurs douleurs. On ne peut dissimuler que ceux qui sont sujets de bonne heure à cette maladie, sont ordinairement attaqués de la pierre ; les véritables causes de la gravelle sont des petites pierres, des petits graviers qui se forment dans les reins, & qui doivent leur origine à des glaires & à une matière visqueuse, qui, y séjournant, contractent de l’épaississement & une consistance pierreuse.

Pour pouvoir guérir cette maladie, il faut avoir pour objet, 1°. de calmer les douleurs, les ardeurs d’urine & l’inflammation, s’il y en a ; 2°. de relâcher les parties affectées, pour procurer le repos au malade ; 3°. de faciliter la sortie des petits graviers & des urines, par des moyens convenables. Sous ce point de vue, les tisannes diurétiques & rafraîchissantes, telles que l’infusion des feuilles de pariétaire, de graine de lin, l’eau de guimauve, les demi-bains, seront employés pour calmer les douleurs & ardeurs d’urine. Si ces remèdes ne produisent pas des effets salutaires, on aura recours à la saignée, qu’on réitérera selon le besoin, & le degré d’inflammation. Rien n’est plus propre à relâcher les solides, que les huileux, les semences froides majeures, le sirop de nymphéa & de diacode, les graines de laitue, données sous forme d’émulsion : le petit lait nitré & bien clarifié mérite la préférence sur tous les autres remèdes, sur-tout si le malade peut le supporter.

On ne sauroit assez recommander l’usage du bec de grue sanguin. (Voy. ce mot). La décoction des feuilles de verge d’or, de sanicle, de pyrole, est très bonne & très-propre a dissoudre les glaires & les petites pierres qui embourbent les reins, & à en procurer la sortie par les urines ; le savon peut être regardé comme un remède souverain, & capable de briser & fondre les graviers. On le donne, pour l’ordinaire, à la dose d’un demi-gros, & même d’un gros dissous dans l’eau, ou mêlé avec le miel ordinaire.

L’eau seconde de chaux, si recommandée par With, est un puissant dissolvant de la pierre : mais tous les tempéramens ne la supportent pas ; il faut alors la couper avec le lait bien écrémé ou avec le petit lait ; mais on doit donner la préférence à l’usage des eaux gazeuses, qui sont souveraines dans les maladies des reins, des uretères, de la vessie & de l’urètre, telles que la pierre, la gravelle, &c.

Les eaux de Roujan en Languedoc, de Contrexeville, sont très-efficaces dans la gravelle : elles détachent, & font sortir en fragmens toute matière graveleuse & plâtreuse ; leur emploi a toujours eu de bons succès.

Enfin, les personnes attaquées de la gravelle doivent éviter les alimens trop salés & trop échauffans. Elles se nourriront des végétaux qui procurent une abondance d’urine, en favorisant son excrétion dans les reins ; elles feront usage d’asperges & d’artichauts ; elles mangeront fréquemment à leurs repas de la laitue, de la chicorée, des épinards, des navets, des carottes, des radis. M. AMI.