Cours d’agriculture (Rozier)/HUILES À BRÛLER

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HUILES À BRÛLER. (Dépuration des) La dépuration des huiles à brûler n’est autre chose que leur clarification ; c’est sur-tout depuis qu’on a introduit dans l’économie domestique l’usage des lampes à la Quinquet, d’Argan, de Lange, etc., qu’on s’est occupé des moyens de purifier les huiles à brûler, afin de les rendre plus propres à la combustion.

Il existe plusieurs procédés pour opérer la dépuration des huiles, mais tous ne sont pas également bons, et ceux qui font le commerce des huiles épurées tiennent secrets leurs moyens de dépuration.

Cependant, comme l’art d’épurer les huiles ne doit pas être étranger à ceux qui s’occupent immédiatement de leur extraction, nous allons leur indiquer les procédés que nous regardons comme les plus économiques et en même temps lest plus simples : il résultera de cette connoissance qu’elle les mettra à même de se procurer les bénéfices que font après eux ceux qui se sont emparé de cette branche d’industrie.

Procédé pour la dépuration des huiles par l’acide sulfurique. Le procédé que nous allons indiquer diffère peu de celui qu’a publié M. Thénard.

À cent parties d’huile de colza, nous ajoutons une partie d’acide sulfurique, étendu dans six fois son poids d’eau ; nous agitons ensuite fortement le mélange, et, dès qu’il est exactement fait, nous le laissons en repos jusqu’à ce que l’huile se soit éclaircie ; lorsqu’elle est parfaitement claire, la dépuration est faite : il y a au fond du vase une liqueur acide et un peu colorée ; on sépare l’huile d’avec le dépôt, et, pour s’assurer que l’huile ne retient plus d’acide, on y ajoute quelques onces de craie en poudre, on agite et on laisse de nouveau reposer l’huile.

Le rôle qu’a joué ici l’acide sulfurique, quoique étendu d’eau, a été de priver l’huile de toute son humidité, et de lui enlever une substance mucoso-extracive, dont la présence dans l’huile diminue l’énergie de la combustion, charbonne la mèche et produit beaucoup de fumée ; c’est donc de la soustraction de ces principes étrangers aux huiles que dépend la qualité qu’elles doivent avoir pour bien éclairer.

Autre procédé. Le procédé que nous allons indiquer nous appartient ; quelques propriétaires, qui ont déjà eu occasion de le suivre, en ont obtenu beaucoup de sucrés.

On ajoute à cent parties d’huile de colza, dix parties d’eau, dans laquelle ou aura délavé une partie de farine ; on agite bien le mélange, ensuite on le fait chauffer jusqu’à ce que l’eau ajoutée soit évaporée, ou plutôt jusqu’à ce que l’huile cesse d’avoir de l’homogénéité avec les substances qu’elle tenoit en suspension : alors, dans cet état, elle est dépurée ; au bout de vingt-quatre heures elle est fort claire, et elle ne diffère pas en qualité de celle qui a été préparée avec l’acide sulfurique.

Dans la pratique de ce procédé, on observera de chauffer graduellement, et de ne pas élever la température au dessus de 80 degrés du thermomètre de Réaumur. Cette chaleur est suffisante pour opérer la coction de la farine et de la substance mucoso-extractive que contient l’huile ; une plus forte chaleur coloreroit l’huile, ce qui lui ôteroit le coup d’œil favorable à la vente.

J’ai été conduit à ce procédé par une observation que tout le monde a pu être à même de faire : on sait qu’une sauce blanche, lorsqu’elle est trop cuite, se sépare en deux parties ; l’une est épaisse et occupe le fond du vase, l’autre est claire et surnage le dépôt : la première substance est la partie caseuse du beurre, qui s’est réunie à la farine qu’on a ajoutée à la sauce, et que la coction a séparée de l’huile ; la seconde substance est le beurre dépourvu de tous principes étrangers : dans cet état, il peut être appelé beurre dépuré.

C’est à cette simple observation que je dois l’idée que j’ai eue de dépurer les huiles avec la farine et l’eau. (Curaudau.)