Cours d’agriculture (Rozier)/MEULES À FOIN

La bibliothèque libre.
M.
Marchant (Tome douzièmep. 279).


MEULES À FOIN, (Économie rurale.) Rozier a tracé divers procédés pour construire les meules dans lesquelles doit être conservé le foin, depuis la récolte jusqu’à l’instant où on le donne aux animaux domestiques ; on n’y trouve cependant aucune méthode qui mette ces fourrages également à l’abri de l’humidité des pluies extérieures, et des ravages que pourroit causer intérieurement dans les meules la fermentation des plantes qui auroient gardé une partie de leur eau de végétation, ou auroient été mal séchées. On remplit ce double but, en entassant le foin avec soin dans des meules où l’on puisse introduire à volonté un courant d’air. Voici la meilleure construction connue.

On choisit, pour placer les meules à courant d’air, un terrain sec, uni et voisin du lieu où le foin doit être consommé ; on y trace un cercle supposé de trente pieds de diamètre, on le divise en quatre parties égales par deux lignes qui se croisent dans le centre de la meule à angle droit. À six pouces de chaque côté de ces lignes, on établit, à un pied l’élévation, des pièces de bois ou des pierres, pour former un espace vide qui sert de conduit à l’air : ce conduit a ainsi un pied de vide sur tous les sens ; on le recouvre avec des fagots ou de petites bûches, pour empêcher le foin de le remplir. On laisse encore au centre ou point de réunion des quatre conduits latéraux, une ouverture d’un pied ; on remplit de niveau les quatre espaces qui restent vides entre les conduits, de manière que le tout présente un plan solide sur lequel repose le foin, à l’abri de toute l’humidité du sol.

Sur l’ouverture d’un pied, placée au centre du massif, on pose un cylindre d’osier à claire voie du même diamètre ; son usage est de conduire jusqu’au haut de la meule la cheminée qui fait circuler l’air depuis la base jusqu’au sommet de la meule. Ce cylindre ou panier a six pieds de haut, il est garni de deux anses à sa partie supérieure, afin de pouvoir le relever à mesure que la meule monte. Dans son centre est une croix où se trouve un fil à plomb qui sert à connoître si la meule est perpendiculaire ; une corde attachée au centre donne le moyen de vérifier si la meule est d’une parfaite rondeur.

Jusqu’à environ deux toises de hauteur, on augmente insensiblement la largeur de la meule d’environ six pieds de diamètre, ce qui donne à cette partie une forme conique renversée. À partir de ce point, on la diminue graduellement pendant quatre toises, de manière qu’elle finisse en pointe à une élévation totale de six toises du sol.

La solidité de cette meule dépend beaucoup de l’égalité de la pression que l’on fait éprouver au foin en l’entassant. Il doit être répandu avec soin, et les voitures qui l’apportent doivent le conduire successivement sur tous les points de la circonférence de la meule, où chaque ouvrier reçoit une brassée de foin, et la répand en petite quantité, et également, en faisant le tour de la meule ; il est suivi par d’autres dont le poids et le trépignement tassent suffisamment la meule ; tandis qu’un ouvrier placé au dehors surveille le travail et peigne la meule. Quinze jours après, lorsqu’on juge que la meule a ressué, et qu’il n’y a plus dans son intérieur ni chaleur ni fermentation, on couvre la cheminée avec un chapiteau de paille. Le foin conserve de cette manière tout son parfum et sa qualité nutritive.

(M.)