Cours d’agriculture (Rozier)/MUGUET

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Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 731-732).


MUGUET ou LIS DES VALLÉES. Tournefort le place dans la seconde section de la première classe des herbes à fleur en grelot, dont le pistil devient un fruit mou & assez petit, & il l’appelle lilium convallium album. Von Linné le nomme convallaria majalis, & le classe dans l’hexandrie monogynie.

Fleur. En forme de cloche, d’une seule pièce, découpée sur ses bords, à quatre ou cinq segmens recourbés.

Fruit. Sphérique, mou, rouge, rempli de pulpe & de semences dures, entassées les unes sur les autres.

Feuilles. Pour l’ordinaire au nombre de deux, grandes, ovales, partant des racines & embrassant la tige par leur base.

Racine. Horizontale, charnue, noueuse, traçante.

Port. La tige est nue, elle s’élève à un demi pied, porte plusieurs fleurs disposées en grappes, & rangées d’un seul côté.

Lieu. Dans les bois du centre du royaume, la plante est vivace par sa racine & fleurit au printemps.

Propriétés. Les fleurs ont une odeur pénétrante très-agréable, leur saveur est amère ; elles sont atténuantes, antispasmodiques, & tiennent le premier rang entre les céphaliques ; les fleurs seules sont en usage en médecine.

Usage. L’huile par macération des fleurs offre un parfum agréable ; elle relâche la portion des tégumens sur lesquels elle est appliquée : les fleurs sèchées, pulvérisées, tamisées & inspirées par le nez, déterminent l’évacuation des humeurs séreuses qui remplissent la membrane pituitaire. Sous cette forme elles sont indiquées dans le larmoiement par abondance d’humeurs séreuses, par des humeurs pituiteuses, dans le catarrhe humide, l’enchifrénement, lorsqu’il n’existe pas de dispositions inflammatoires.

Il n’est aucun propriétaire habitant la campagne, qui ne doive avoir chez soi une petite provision de bonne eau-de-vie, dans laquelle on fait infuser les fleurs du muguet. Si l’eau de-vie marchande est trop foible ou trop affoiblie par l’eau, il faut se servir d’esprit-de-vin. On remplit une ou deux bouteilles de pinte, avec des fleurs de muguet, sans les presser ; on ajoute par-dessus autant de bonne eau-de-vie ou d’esprit-de vin que chaque bouteille peut en contenir ; enfin on les bouche exactement ; on les laisse ainsi macérer pendant quelques mois dans un endroit naturellement chaud. Au bout de ce temps, on passa la liqueur à travers un papier gris ; on retire les fleurs, on exprime, à l’aide d’un linge, le fluide qu’elles ont retenu, afin de la passer par le papier gris, & tout le produit en liqueur est mêlé ensemble, & renfermé dans des bouteilles bien bouchées. Voici les usages auxquels on peut employer cette liqueur, dont je répond de l’efficacité après une expérience de trente années.

Dans les indigestions, dans les dérangemens d’estomac par foiblesse, on en prend une cuillerée à bouche. Cet élixir bien simple réussit singulièrement dans les coliques, lors de la suppression du flux menstruel, dans les défaillances, les syncopes, à la dose indiquée ci-dessus ; dans les premiers momens de l’apoplexie séreuse on double la dose.

Cet élixir, inspiré par le nez lorsqu’une abondance d’humeurs séreuses se jette sur les yeux, fait beaucoup éternuer, & détourne cette humeur. C’est ainsi que j’ai rendu la vue à un dessinateur, après avoir, pendant quinze jours de suite, inspiré chaque matin un peu d’élixir.

Muguet des Bois, ou Hépatique étoilée. (Voyez Planche XXIII, page 672.) Tourneforf nomme cette plante aparine latifolia, humïlior, montana ; & Von Linné la désigne sous le nom de asperula odorata, & la place dans la triandrie monogynie.

Fleurs. Pédunculées, terminales, blanches & composées d’un tube divisé en quatre parties B.

Fruit. Sec & un peu velu E & F, surmonté d’un pistil D.

Feuilles. Ovales, lancéolées, un peu ciliées sur leur bord, au nombre de huit par verticilles ; les supérieures sont plus grandes que les inférieures. C fait voir le calice.

Racine A. Branchue, chevelue & vivace.

Port. Tiges hautes de six à sept pouces, simples, lisses, feuillées & légèrement anguleuses.

Lieu. Les bois & les lieux couverts..

Propriétés. L’herbe verte & à demi formée, a une odeur agréable ; elle est regardée comme tonique, vulnéraire, &c légèrement éménagogue.