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Cours d’agriculture (Rozier)/ORGEOLET

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Hôtel Serpente (Tome septièmep. 325-326).


ORGEOLET, Médecine rurale. Petit bouton de la grosseur d’un grain d’orge, renitent, pointu, éminent, rouge, chaud, douloureux, & Véritablement phlegmoneux, qui se fixe sur les bords des paupières, tout auprès des racines des cils.

L’orgelet, dans son principe, se laisse bien appercevoir, mais il ne se fait guère sentir. Ce n’est que quand il a acquis une certaine grosseur, qu’il excite de la rongeur, de la tension, & de la douleur dans la partie où il établit son siège.

Pour l’ordinaire, il ne tarde pas long-temps à blanchir & à venir en suppuration ; mais cette suppuration ne fournit guère plus de deux gouttes de pus, encore même on en accélère la sortie en pressant doucement le bouton, & dès que le pus est sorti, le bouton se flétrit, & le mal est guéri.

C’est dans les glandes sébacées des paupières qu’Astruc place le siége de l’orgeolet. « Il est visible, ajoute ce célèbre médecin, que l’orgeolet doit se former toutes les fois que l’humeur sébacée qui en découle, est obligée de croupir dans quelqu’un de ces vaisseaux, & à plus forte raison si elle croupit dans plusieurs à la fois ; que cette humeur doit croupir dans ces vaisseaux toutes les fois que leur extrémité est bouchée ou fort rétrécie, & par conséquent incapable de la laisser sortir avec la liberté ordinaire, d’où il est aisé de conclure que tout ce qui peut boucher, étrangler ou rétrécir l’extrémité, soit d’un, soit de plusieurs canaux sébacés, doit produire un orgeolet plus ou moins grand. Or, on peut compter une infinité de causes qui produisent ces effets, telles que l’inflammation des bords des paupières, les différens corps étrangers qui peuvent affecter les yeux, les différentes substances âcres qui les irritent, les intempéries de l’air. Les personnes qui ont eu des ulcères aux paupières, ou qui les ont très-délicates, sont très sujettes à cette maladie : le moindre vent, un froid assez piquant la détermine ; mais la cause la plus ordinaire est l’épaississement général de la lymphe.

L’orgeolet se termine ordinairement au bout de quinze jours ou de trois semaines au plus tard par la sortie d’une goutte de pus ; mais il dure plus longtemps lorsque le pus épaissi s’y durcit : on ne peut pas dire qu’il sort toujours sans danger.

Dès qu’on s’aperçoit qu’on est atteint de ce bouton, on doit le laver souvent avec une simple infusion de racine de guimauve & de graine de lin. On n’emploie point d’autre remède tant que l’inflammation se soutient ; quand elle diminue, on applique sur l’orgeolet, pour aider la fonte de la matière qui le produit, un emplâtre de diachylon gommé, & s’il tarde trop à s’ouvrir, on y fera, à la pointe, une incision presque superficielle avec la lancette, afin de s’opposer à l’épaississement du pus & à sa stagnation qui pourroient causer un petit squirrhe difficile & long à se résoudre, mais qui céderoit à la fin à l’application des emplâtres de vigo cum mercurio, ou de diabotanum.

Enfin tout le traitement se borne aux secours & aux remèdes extérieurs. M. AMI.