Croquis honnêtes/35

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Gangloff (p. 120-121).

Le vieux Savant.

Il est aujourd’hui de bon ton, parmi nous, de se moquer des « vieux » mais surtout des vieux savants.

On se les figure avec une face parcheminée, des regards éteints, une physionomie ravagée. Et les « jeunes » passent en riant devant ces ruines.

Eh bien ! je me persuade, moi, que ce sont les jeunes qui sont vieux, et (mille pardons !) que ce sont les vieux qui sont véritablement jeunes.

Ces adolescents, ces éphèbes de vingt, ans, qu’ont-ils fait, et que veulent-ils faire ? Où va leur ambition ! À quels sommets aspirent-ils ?

Ce qu’ils souhaitent, je m’en vais vous le dire « Cinquante ou cent bonnes mille livres de rentes, une belle dot, et d’être députés… si on le désire. »

Ce vieux savant ridé, lui, a fait son devoir. Il aime la vérité, il lui a voué sa vie. C’est à lui que l’on doit cette belle découverte sur les ruines de Babylone qui confirme si lumineusement l’inspiration de la Bible.

Ce vieux savant ridé a élevé mille intelligences, il a sauvé mille âmes. Je le trouve jeune.