Cyranette/17

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Éditions du « Petit Écho de la Mode » (11p. 124-134).

VIII

Dans le Midi, Liette n’a pas tenu sa promesse d’écrire à Nise. Mais il ne s’agit plus d’un faux départ, cette fois. Robert et elle se sont mis en route pour de bon et quand reviendront-ils ? Bien téméraire qui prétendrait répondre à cette question par le temps qui court. Elle l’a dit : tout dépend du maréchal Foch et de ses armées. S’il boute le Boche au delà du Rhin et qu’un Dieu de clémence ramène enfin la paix parmi les hommes de bonne volonté, il ne sera sans doute plus besoin de passeport pour se rendre de France en Angleterre et vice versa. Par malheur, on n’en est pas encore là, fin de mai 1918.

Où va-t-on ? Chacun se le demande, Liette comme tout le monde, quoique en toute sérénité. Car si quelqu’un ne « s’en fait pas », c’est bien elle. Et elle a raison. Qu’arriverait-il s’il n’y avait que de ces broyeurs de noir qui, l’oreille tendue au grondement sourd du canon et l’œil hypnotisé par les cartes où des épingles jalonnent l’avance allemande, ne savent plus à quel saint se vouer et doutent de tout, même d’un miracle renouvelé de celui de la première Marne ? On ne mourrait peut-être pas sous la botte ennemie, mais à coup sûr on mourrait d’appréhension. Et ce n’est pas la peine vraiment ! Ne vaut-il pas mieux avoir confiance en un chef comme Foch et en des hommes comme ses poilus ?

Donc Liette se garde bien de se laisser aller au désespoir. Et voici la première lettre que Nise reçoit d’elle, une longue lettre datée de Paris et bâclée à la diable, parce que la vie d’une jeune mariée n’est qu’une fièvre et aussi parce qu’entre sœurs on n’est pas tenu comme entre fiancés de ne pas dire tout ce qui nous passe par la tête.

« Ma chérie,

« Dieu que j’ai eu peur !

« Figure-toi…

« Mais n’anticipons pas, comme disait la sagace Mlle Adélaïde, à la pension. Tu te rappelles, et quelle drôle de bouche elle faisait en articulant cela ?

« Je commence donc par le commencement. Et d’abord un mot de notre voyage. Il s’est bien passé, malgré l’encombrement des gares, la fréquence des arrêts et les formidables retards des trains sur les lignes du P.-L.-M. Dans notre express à nous, il n’y avait pas trop de monde. On ne va guère à Paris en ce moment-ci. On le quitterait plutôt comme tant de paniquards — vilaine engeance que j’abhorre — et comme tant de familles auxquelles je ne saurais reprocher de vouloir mettre leur progéniture à l’abri. Les enfants, Nise, c’est l’espoir de la race, c’est la France de demain. Il ne devrait pas en rester un seul dans la zone où sévissent les grosses berthas et les ignobles gothas. Mais les vieux froussards qui ne songent qu’à se défiler, si j’étais du gouvernement, je les ferais boucler dans les catacombes et les y laisserais au pain et à l’eau jusqu’à la fin des hostilités. De cette façon, ils n’iraient pas démoraliser la province.

« Je t’avais dit notre intention de descendre chez Yvonne Teissier — aujourd’hui Mme Le Bail. À la bonne heure ! Elle est fidèle au poste, elle, au moins, et nous l’avons trouvée qui nous attendait à la gare.

« L’avenue Reille, où elle habite au cinquième étage d’une grande maison de rapport, longe le bas du parc de Montsouris — un joli parc, tu sais, dans le genre du parc de Lemenc — et se coude à angle obtus vers la rue d’Alésia, que prolonge la rue de Tolbiac. L’appartement, bien disposé, clair, spacieux, donne à la fois par devant sur la partie de l’avenue bordée d’acacias qui est exposée à l’est et, par derrière, sur des jardins, de basses constructions d’usines et l’immense quadrilatère de l’asile Sainte-Anne, tout planté de beaux grands marronniers. Nulle part, la vue n’est arrêtée. De l’air, de l’espace. On se croirait presque à Chambéry, si ce n’est qu’il y a plus de toits que de montagnes aux environs, et que ces montagnes, même celle de Sainte-Geneviève, que l’on découvre d’ici, comme on découvre la butte Montmartre, seraient de simples taupinières près du Revard ou du Nivolet.

« Ne t’étonne pas trop, ma chérie, de ces détails topographiques dont l’importance t’apparaîtra dans la suite de mon récit, vraie page d’histoire, s’il te plaît. Une page inédite, même, et qui, je l’espère, ne tombera pas sous l’œil d’Anastasie. Sans quoi, dame, je pourrais passer un mauvais quart d’heure. Ma foi, tant pis. Je suis pour la sincérité, moi. Pas de défaitisme, mais pas de bourrage de crânes non plus. Il faut voir les choses comme elles sont, qu’en penses-tu, Nise ? Or il n’y a pas à se le cacher : l’ennemi est revenu sur la Marne et, à l’heure qu’il est, avec tous ces va-et-vient de troupes, nous ignorons encore si nous pourrons passer le canal.

« On verra bien. Situation critique ne signifie pas partie perdue. Les Américains arrivent en foule. Lloyd George nous envoie aussi du renfort. De leur côté, nos braves poilus ne reculent que pas à pas et… chut ! taisons-nous, méfions-nous, mais sache qu’il se prépare vraiment de grandes choses. Alors pourquoi désespérer ? Je l’ai toujours dit que nous serions vainqueurs à la fin. Je te l’affirme à nouveau. Et pas comme cela, en l’air. Parce que j’ai de sérieux motifs de le penser. Robert est comme moi. Il est persuadé que le temps travaille pour nous, que ça se tassera, que les Allemands ne tarderont pas à être au bout de leur rouleau. Bref, notre mot d’ordre à nous, c’est celui de Pétain : « Courage ! On les aura ! »

« Mais nous voilà loin de l’avenue Reille, hein ? Moins que tu te le figures, ma chérie, car les grosses pièces qui abîment Paris — un obus, pas plus tard qu’il y a trois jours, est encore tombé sur une église dont le nom commence par une M. et finit par un E, comme celui d’une célèbre pécheresse repentie — et les gothas, qui prennent l’habitude de le survoler presque chaque nuit, font que l’on y est un peu comme au front. Cela vous donne un aperçu de la guerre et de ses horreurs et, cette nuit, nous en avons eu plus qu’un aperçu, tu peux m’en croire.

« C’était après dîner. Dans la journée nous avions visité un peu la ville, qui est toute drôle avec ses nombreux abris de bombardement, ses statues déboulonnées ou enfoncées sous des sacs de terre, ses vitres sous bandes et les emplâtres de ses soupiraux. Certains quartiers, presque déserts, ne montrent que boutiques closes et fenêtres garnies de leurs auvents, tandis qu’un peu plus loin les gens continuent de vaquer à leurs affaires comme si de rien n’était. Par exemple, quand vient le soir, toutes les rues ont l’air de coupe-gorge, tant elles sont parcimonieusement éclairées.

« Au lieu de ressortir, nous étions donc restés chez Yvonne, à causer avec elle. La pauvre fille s’ennuie beaucoup de son mari, qui est toujours soldat, et je renonce à te dépeindre sa joie de nous avoir un peu. Et nous allions nous coucher quand, patatras ! Alerte ! Une auto de pompiers débouche à fond de train de la rue de la Glacière et s’engouffre dans la rue de Tolbiac, cornant de la trompe et jouant horriblement de la sirène.

« Moi je m’écrie :

« — Ça y est : Un raid !

« — Ne t’effraie pas, me dit Yvonne. La maison a une cave où, sous ses six étages, il n’y a pas grand’chose à craindre.

« Elle appelle la bonne, une brave Lannionaise, pas très dégourdie, et lente à s’émouvoir comme à se mouvoir.

« — Fermez le compteur, Francine. Puis vous prendrez la lampe Pigeon pour conduire monsieur et madame à la cave.

« — Et toi, Yvonne ? Tu ne descends pas ?

« — Mon Dieu non.

« — Pourquoi, chère madame ? lui demande Robert.

« — Oh ! une idée à moi et comme une superstition. Mon mari se bat, je veux prendre ma part de risques.

« — Mais, madame, riposte Robert, quand votre mari peut se mettre à couvert, il le fait assurément, comme je le faisais moi-même, sans fausse honte.

« — Peut-être, mais, je vous en prie, n’insistez pas.

« — Au moins, lui dis-je, as-tu une Nénette et un Rintintin ?

« — Oui, me répond-elle sans rire et elle nous montre un médaillon contenant deux miniatures : le portrait de son mari et celui de sa mère.

« Cependant, l’alerte se propage rapidement, bouleversant le quartier dont tous les chiens gémissent ou hurlent. Les locataires du sixième dégringolent déjà l’escalier. Et Francine, qui nous a plongés dans les ténèbres en éteignant le gaz, tarde à reparaître avec sa lampe Pigeon qu’elle est allée chercher à la cuisine. Yvonne va l’y relancer. J’en profite pour dire à Robert :

« — Est-ce que nous allons descendre sans elle, darling ?

« Il m’a pris dans ses bras, car je tremblais un peu. Et c’était très doux d’être enlacés ainsi, en pleine obscurité, tandis que la sirène ululait diaboliquement et que l’affolement régnait dans la maison.

« — Vous avez peur, chère âme, murmure-t-il.

« — Pas du tout.

« — Si fait, et il n’est pas bon que vos nerfs soient trop secoués.

« — Oh ! dis-je, je ne suis pas une femmelette. J’ai escaladé deux fois la dent du Nivolet et une fois l’accore du Granier.

« — Ce n’est pas la même chose.

« — Mais Yvonne, darling ?

« Alors, il m’a donné un baiser et je le lui ai rendu avec usure. Même que, venant à rentrer sur ces entrefaites, la lampe Pigeon à la main, Yvonne a dû s’apercevoir de quelque chose, car elle a eu un léger sourire qui signifiait : « Eh bien, ne vous gênez pas, mes petits ! Faites comme chez vous ! »

« Bref, nous sommes restés, malgré les objurgations de notre amie, dont c’était le tour de nous prêcher la prudence. Ce que voyant, Francine a fait comme nous et nous voilà tous les quatre, attendant les événements là-haut, autour d’une lampe Pigeon, derrière les volets hermétiquement, tirés d’une des fenêtres donnant sur l’avenue. L’attente ne dura guère. Tout à coup, boum ! crac ! pan ! et reboum ! boum !

« — Des bombes, Robert ! des bombes !

« — Pas encore, explique Yvonne qui s’y connaît. Mais « ils » arrivent et la défense déclenche son tir de barrage.

« — Si près de chez toi ?

« — Oh ! les forts de Malakoff, de Montrouge et de Bicêtre ne sont pas très loin, et nombre d’autos-canons tirent de Paris même.

« — Quand vous en aurez assez, chère âme, me dit Robert à l’oreille, prévenez-moi.

« — Merci, pas encore.

« Quelques minutes s’écoulent. Le canon fait rage et la maison en tremble, à croire qu’il tire sur nous. Mais malgré ma frousse — car, je peux bien te l’avouer, à toi, j’avais une frousse terrible — voilà-t-il pas qu’une folle envie me prend de mettre le nez à la fenêtre ? Les feux d’artifices, tu sais, ç’a toujours été mon fort et, avant la guerre, à Chambéry, je n’en ratais pas un.

« — Yvonne, dis-je, est-ce qu’on ne pourrait pas entr’ouvrir les volets ! Ça doit être si curieux à contempler, un ciel de bataille !

« — Il y aurait danger à le faire.

« — Pas plus qu’à nous tenir dans ton salon.

« — Si, parce que les batteries contre avions tirent à shrapnells au-dessus de Paris même, et que les éclats retombent un peu partout. La dernière fois, j’en ai ramassé un sur le balcon.

« Mais je n’y tenais plus, et Robert a eu beau s’en mêler et déclarer que c’était parfaitement insensé — perfectly foolish, indeed ! — il a dû mettre les pouces.

« — Soufflons la lampe, alors ! a soupiré Yvonne.

« Aussitôt dit, aussitôt fait. Puis Robert pousse un peu les volets et regarde le premier. Que se passe-t-il ? Pourquoi ne me laisse-t-il pas regarder aussi ? Je suis obligée de le supplier.

« — Laissez-moi voir, darling ! Juste un coup d’œil.

« Il y consent enfin et, enlacés, nous nous penchons sur le balcon, dans l’entrebâillement des volets. Que c’était beau, Nise ! De la fenêtre où nous nous tenions, on commande tout le secteur est de la ville, du nord au sud. Et des fenêtres qui s’ouvrent par derrière et où, après, nous sommes allés voir aussi, c’est l’autre moitié de Paris que l’on embrasse, depuis le Sacré-Cœur jusqu’au clocher de Saint-Pierre de Montrouge. Or, on tirait de partout à la fois et le ciel fourmillait de jolis éclatements qui s’allumaient, palpitaient et s’éteignaient comme des étoiles. Puis, soudain, les projecteurs se démasquèrent. Leurs grandes tentacules rigides, groupées en faisceaux, s’écartaient et se rapprochaient brusquement pour fouiller la nue, qui était d’un gris assez foncé et pommelée de petits nuages blancs.

« — Liette, je vous en prie, assez ! me disait ce pauvre Robert. Vous êtes une désobéissante petite femme.

« — Oh ! non, darling, mais laissez-moi regarder encore un peu !

« Une vraie féerie, ce spectacle, ma chérie, et je ne pouvais m’en rassasier. Des fusées s’élevaient, bleues, jaunes, vertes ou rouges. Et puis il y eut des étoiles filantes et des espèces de chenilles volantes, tout comme chez Ruggieri. Des signaux d’avions, m’expliquait Robert. Les escadrilles de la défense évoluaient au-dessus de nous, les gothas aussi probablement et les torpilles allaient pleuvoir.

« — Rentrez, Liette ! il faut tirer les volets ! On entend des moteurs.

« — Oui, tout de suite. Plus qu’un petit coup d’œil, le dernier.

« Je parlais encore, quand un fracas épouvantable me coupe le souffle. Robert m’arrache de la fenêtre, la referme et me tient dans ses bras.

« — Ils nous bombardent, darling ! Ils nous bombardent !

« — Oui, mon âme, mais ne criez pas, ce n’est rien.

« N’empêche que la torpille était tombée tout près de chez nous, rue de Tolbiac, sur une maison qu’elle détruisit aux trois quarts, comme je m’en suis rendu compte ce matin. Certainement, à vol d’oiseau, la distance n’excède pas cinq cents mètres. Dans le jour, quand tout est rentré en ordre, et que l’on se transporte à pied d’un point à l’autre, ça fait l’effet d’être assez loin, cinq cents mètres. Mais la nuit, avec la vitesse des avions et la puissance de ces engins-là, on a l’impression de tout recevoir sur la tête, quand ils éclatent dans le voisinage.

« — Juliette, tu vas te rendre malade à vouloir rester en haut, m’a dit gravement Yvonne. Il faut descendre, ma petite.

« — Pas sans toi !

« — Tu y tiens ! Allons, soit, pour te faire plaisir !

« Et nous sommes descendus tous, moi dans les bras de Robert, trop secouée pour pouvoir mettre un pied devant l’autre sans rouler du haut en bas des marches. Yvonne, qui a un cran vraiment étonnant, ouvrait la marche avec la lampe Pigeon, rallumée en hâte, et Francine formait l’arrière-garde, ce qui était assez dans son rôle.

« Les torpilles, pendant ce temps, succédaient aux torpilles. Crac ! crac ! crac ! Et chaque fois, croyant notre dernière heure venue, je serrais le cou de Robert, à l’étrangler. Enfin, nous arrivons au rez-de-chaussée. Et comme il y avait une accalmie, avant de nous enfoncer dans la cave, j’ai prié mon cher porteur de se débarrasser de son fardeau.

« — Ça va mieux, darling, laissez-moi marcher. Il ne faut pas que les troglodytes d’en bas se moquent de votre petite femme.

« Et je suis descendue sur mes jambes, toute seule, bravement, en riant de ma frayeur.

« — Il n’y a pas de quoi rire, allez ! m’a même dit la concierge, qui était en train de prophétiser les pires calamités à quelques-uns de ses locataires, groupés autour d’elle, dans un caveau à charbon.

« — Ah ! vraiment ? ai-je répondu. Mais qu’y faire si c’est plus fort que moi ?

« — Pensez aux victimes ! a grommelé une vieille dame en peignoir et mantille.

« — Y en a-t-il beaucoup ? me suis-je enquis innocemment.

« Mais un vieux monsieur en bonnet de loutre et robe de chambre — son époux, je crois — m’a rembarrée de belle façon :

« — N’y en aurait-t-il qu’une, madame, cela devrait vous suffire.

« Robert m’a empêchée de continuer la discussion qui menaçait de s’aigrir et Yvonne a tout arrangé en expliquant au monsieur que j’étais une jeune lady peu au courant des raids, bien que mon mari, ici présent, eût fait campagne jusqu’en 1917 et rapporté de la guerre, en sus d’une grave blessure, trois ou quatre citations et la Victoria Cross.

« Aussitôt, changement à vue. Le vieux monsieur a serré énergiquement la main de Robert, la vieille dame est devenue on ne peut plus aimable avec moi et la concierge m’a déniché un tonnelet sur lequel j’ai pu m’asseoir. Au fond, vois-tu, nous étions entre braves gens et je me suis richement amusée, car c’étaient des types, tu sais. Une autre dame, très liante et empressée — la voisine du dessous d’Yvonne — avait amené son petit chien, un amour de King’s Charles, laid à ravir, hargneux de même et répondant au nom distingué de Pépé. Deux antiques demoiselles, les sœurs Plumet, bien déplumées d’ailleurs dans leur toilette de nuit, étaient accompagnées de leur chat Kiki, de leur serin Fifi et de leur poisson rouge Coco. Citons encore un gros bonhomme rondouillard et grasseyant, très ferré sur la question des points de chute ; une jeune femme distinguée qui se tient très bien à la cave ; une autre jeune femme moins distinguée et qui s’y tient très mal ; un vieillard soupçonneux qui ne lâche pas son sac de cuir bourré, dit-on, de bijoux et d’argent ; et l’as de l’équipe, un beau petit jeune homme pâle et mince, en pantoufle et redingue, réformé no2, je crois, pour faiblesse de constitution, mais orateur de première force, très informé des dessous de la guerre et qui, par des arguments saisissants, réussit à raffermir les courages que les sombres prédictions de la concierge et la longueur inusitée de l’alerte avaient quelque peu ébranlés. Et quand la berloque a sonné, vers deux heures du matin, j’ai presque regretté que ce raid n’eût pas duré une heure de plus, car le digne jeune homme était en train de nous révéler des secrets militaires et politiques dont je ne te dis que ça. Mais il fallait bien faire comme Yvonne, Francine, Pépé, Kiki, les demoiselles Plumet, la lampe Pigeon, etc., et nous sommes remontés, Robert et moi.

« Voilà, ma chérie ! Juge si je commence bien et si l’on a tort d’assurer que les voyages forment la jeunesse.

« Mille et mille baisers à père et mère, avec notre plus affectueux souvenir pour vous trois et aussi pour M. le curé.

« Ta sœur qui t’aime,
« Juliette Wellstone. »

P.-S. — J’espère que cette copieuse tartine apaisera un peu ta fringale de nouvelles, grande gourmande, et que tu ne me reprocheras plus ma paresse pour écrire. »