Dans la terre promise/08

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Journal Le Soleil (p. 87-100).

Comment il est bon, des fois, de faire flèche de tout bois.


« Cependant, que de choses nous manquaient encore qu’il faudrait conquérir à la force du poignet ! Ma pauvre femme, à l’étroit dans notre cabane, demandait très justement un agrandissement du logis, et moi de mon côté je voulais 20 nouveaux acres de cassage, or je m’avais toujours que deux chevaux de travail, alors qu’il m’en aurait fallu quatre pour le faire ce cassage (car il ne fallait plus compter sur l’aide de personne, chacun maintenant dans le quartier cassant le plus qu’il pouvait par émulation). Grave sujet de méditation !

« Je ne pouvais m’en tirer que par un « bargain », mais avec qui ? et comment ?

« Une circonstance fortuite me fournit, en ce temps-là, la solution de l’énigme.

« J’ai dit que j’avais une jolie pouliche ; en effet, elle était si bien cambrée et tellement ronde de formes qu’elle attirait tous les regards. Un jour que je passais en wagon, sur la route de Domrémy, elle caracolant au côté de sa mère, un Canadien amateur de chevaux et beaucoup plus maquignon que cultivateur m’arrête et me dit, mi-plaisant, mi-sérieux.

— C’est pour trouver une occasion de la vendre, répondis-je tout à hasard.

— La vendre ? Batèche ! vous n’en tireriez pas gros d’argent à c’t’heure !

— Non, mais à six mois elle sera grande et forte, vu que sa mère est bonne laitière !…

— Ah vous la vendriez en ce temps-là !… (Et il la regardait avec complaisance).

— Dame ! si je trouvais un amateur sérieux… qui s’y connaisse !…

— Et combien m’en demanderiez-vous, si par hasard j’étais cet amateur-là ?

— À vous ? Pas un sou ; tenez je vous la donnerais pour rien !

— Voyons ! que dites-vous là ? je ne comprends pas votre plaisanterie !…

— Ce n’est pas une plaisanterie expliquai-je, c’est un bargain. Vous avez chez vous quantité de chevaux qui ne font rien, prêtez-m’en deux pendant une vingtaine de jours, histoire de casser un peu de terrain : puis, comme vous êtes bon ouvrier dans le bois, venez en personne m’aider pendant 2 ou 3 jours à rafistoler ma demeure, et la pouliche sera votre !

« Mon Canadien en était resté d’abord abasourdi de la proposition mais l’instinct maquignon ne tarda pas à lui rendre le sens ; il objecta

— Oui, mais c’est qu’elle peut mourir d’ici six mois votre pouliche !

— Qu’à cela ne tienne, répliquai-je, si ce malheur arrivait, je vous donnerais — et cela par contrat — un bœuf de deux ans. Allons ! cela va-t-il ?

— Soit, mais nous passerons le papier que vous dites, hein ?

— Au jour et à l’heure que vous voudrez, mon brave !

« Et voilà comment il m’était tombé du ciel deux chevaux pour le cassage que j’avais en vue. Maintenant il s’agissait de les utiliser sans retard.

« Mais mon Gagnon (son nom rimait avec maquignon) ne m’avait pas donné la fine fleur de sa « cavalerie » ; une de ces deux rosses, un certain Barney, quoique solidement bâti, était bien ce qu’on pouvait trouver de plus lambin dans l’espèce chevaline, recourant d’instinct avec la parfaite rouerie des bêtes vicieuses, à cette fameuse « force d’inertie » tant pratiquée au Régiment par les « carottiers ». Pour le faire marcher de conserve avec les trois autres, il fallait constamment lui montrer le fouet, or j’avais déjà la charrue à tenir, sans parler des guides passées autour de mon cou : de plus, ce fouet toujours brandi excitait ses compagnons à courir, alors qu’il importait d’aller posément.

« Ah certes, je regrettais de ne pas avoir avec moi ce bon B… mon Anglais de l’année précédente ou tout au moins ses tranquilles et sûrs chevaux qui, tirant d’ensemble avec les miens, rendaient ainsi la traction irrésistible. Mais à la guerre comme à la guerre, et tant que soufflerait sur moi le vent de la pauvreté, j’avais résolu de tenir. On est fort lorsqu’on s’appuie sur une décision bien arrêtée ; malgré tous les tiraillements de mon attelage disparate, je finis par venir à bout de la tâche, toutefois, elle m’avait pris largement les vingt jours prévus.

« Mais j’avais 20 acres de plus pour l’année suivante. Ô bonheur !

« Il me restait juste le temps de couper les foins avant la récolte. Je m’y mis immédiatement. En été il importe de ne pas perdre de temps ici.

« Je me rappelle particulièrement les foins de cette année-là parce que depuis jamais je n’ai vu pareille succession de jours de pluie et d’orages. Il n’y avait réellement pas moyen de faire quelque chose ; de plus à ce régime, le blé au lieu de tendre à mûrir reverdissait, sans parler des fréquentes menaces de grêle.

« Pour ce dernier fléau, il était en vérité peu à craindre, comme je m’en suis aperçu à la longue, vu que cette portion de territoire assez élevé ne se trouve pas sur le passage des nuages électriques lesquels, généralement, suivent les « coulées » environnantes, à savoir : la vallée du Jumping Lake au Nord et celle du Crooked Lake au Sud. Ici, nous n’avons encore été grêlés qu’une fois en un quart de siècle, mais les fermes placées dans les zones en question peuvent compter l’être en moyenne une année sur quatre. De là pour leurs propriétaires la nécessité de prendre une assurance contre la grêle : cependant, comme cela coûte des piastres, la plupart préfèrent courir la chance comme on dit.

« Au reste, si le paysan devait s’assurer contre tous les risques que court sa culture, il ne lui resterait absolument rien à manger. Comme je vous le disais tout à l’heure, c’est bien l’homme obligé par état de s’en remettre à une Providence, étant constamment à la merci des éléments ; voyez vous-mêmes !

« Sans parler des fléaux particuliers aux cantons du Sud, sur la frontière américaine, comme par exemple les vents dévastateurs des semis, les sauterelles, la rouille noire et surtout le terrible chardon russe dont la propagation a rendu stériles des milliers de fermes jadis prospères, combien d’autres menaces pour nos pauvres champs malgré l’aide que la science peut apporter aux fermiers.

« Supposons que vous semiez très tôt afin d’être sûr de la maturation du blé, vous risquez de voir la semence compromise par une gelée adventice de printemps.

« Maintenant, si ledit printemps est très sec, les vers gris vont de suite s’attaquer aux semis : j’en ai vu détruire entièrement de grands champs d’avoine.

« Si au contraire il est humide, la semence, malgré toutes les préparations chimiques préventives, peut contracter partiellement le charbon, d’où une réduction à craindre dans la récolte.

« Mais mettons que tout ait bien marché pendant les premiers mois ; les alternatives de chaleur et de pluie ont été éminemment favorables ; quelques jours à la pluie et lesdites fleurs coulent : résultat, une perte des deux tiers de la plantureuse récolte en expectative.

« Ou bien, après que la floraison a eu normalement lieu, le soleil chauffe trop fort, donnant la brûlure aux épis qui se sèchent sans fructifier. Comme il peut aussi occasionner la rouille (rouge) en dardant ses rayons immédiatement après des pluies battantes, et cette rouille, sans être aussi nocive que la noire, laquelle pourrit des champs entiers aux États-Unis, affecte cependant le rendement d’une façon notable certaines années.

« Viennent alors les orages et leurs rafales qui, couchant le blé déjà lourd produisent cette désastreuse verse tant redoutée des moissonneurs.

« Et la grêle, le piétin, la mouche à soie, les mauvaises herbes etc… mais passons !

« Fin août, le fermier coupe enfin ce qui lui est resté après tant d’assauts : mais loin de ressentir quelque paix, c’est là surtout qu’il tremble dans la crainte des gelées nocturnes qui, en quelques heures, peuvent annihiler ou presque, ses espoirs de l’année ! Avec quelle anxiété il se dirige chaque matin vers l’abreuvoir, redoutant d’y trouver de la glace et le soir, il observe le ciel souhaitant de le voir se couvrir mais pas trop, car la pluie empêcherait sa moissonneuse de fonctionner. (Ainsi le malheureux éprouve de l’inquiétude même dans les souhaits qu’il formule !)

« Et une fois son blé coupé, sera-t-il enfin tranquille ? Oh ! que nenni !

« D’abord, jusqu’au cinquième jour le grain en gerbes peut encore être affecté par une forte gelée ; ensuite, c’est la pluie qui va le menacer jusqu’au battage.

« Mais même dans la « grainerie » ce grain si coûteux est susceptible de donner des inquiétudes à son propriétaire ! S’il a été battu avant d’être entièrement sec, il chauffera et moisira, n’étant plus bon qu’à donner aux cochons (s’ils en veulent toutefois).

« Somme toute, je pense que c’est encore l’élevage qui donne le profit le plus sûr avec le moins de soucis dans ce pays ; cependant, par suite de la spéculation sur les terres, il est devenu déjà plus couteux, en attendant que les chemins de fer nous importent quelques-unes des épizooties qui sévissent aux États-Unis : le Progrès ayant aussi ses inconvénients.

« Et cependant, au fond, une telle existence a ses charmes : c’est la lutte pour la vie dans ce qu’elle a de plus noble, puisqu’elle est dirigée contre les forces de la Nature et non contre ses semblables selon l’anarchique formule darwinienne. Une fois accoutumé, on s’y passionne littéralement, quels que soient les aléas. Et puis, pour être juste, nous avons aussi, il y a deux ans, rien que par des saisons favorables, ainsi le blé, j’ai pu réaliser 6 000 dollars et mes voisins peut-être davantage.

« Mais l’année dont je vous parlais, nous n’en étions pas encore là à Spring Lake : le pays étant peu défriché, le sol restait humide et le blé ne murissait pas en 90 jours comme aujourd’hui. L’automne continuant à être pluvieux, la consternation devint générale.

« Pour moi, j’avais sauvé mon foin comme j’avais pu, comptant d’ailleurs sur la paille du battage pour compléter la ration des bêtes, mais quoique mon blé eût assez bien mûri, sur un terrain en pente s’égouttant facilement, je n’en partageais pas moins l’inquiétude des voisins : cette année-là n’ayant pas fait gros jardinage, ne devais-je pas tabler comme eux sur le grain ?

« En attendant, je commençais par le faire couper, ce grain : chose qui me fut facile vu que personne ne moissonnait encore ou presque ; pour 15 dollars, j’en vis la farce, puis, l’ayant mis en « quintaux », je songeai à aller quérir le sieur Gagnon, car décidément nous étions de moins en moins à l’aise dans notre cahute.

« Nous autres hommes, toujours dehors, nous ne pouvons nous rendre compte du morne ennui qui prend une femme enfermée dans un piètre logis, et nous ignorons que les petites satisfactions intérieures sont la vie de la femme. La mienne dans son constant dévouement pour moi, m’avait toujours caché ce qu’elle avait à souffrir du fait de notre mauvaise installation, mais la vérité finissait par m’apparaître : Elle jadis si enjouée, ne riait plus que rarement, et dans sa joue amaigrie, d’où les fossettes avaient disparu, un pli de misère s’était creusé qui ne laissait pas de m’inquiéter : il fallait en finir avec cette vie-là !

« J’allai donc prévenir Gagnon de venir au plus tôt, ce qu’il me promit de faire le lendemain sans faute.

« Mais avec ces joyeux Canadiens on n’est jamais sûr de rien tant ils trouvent d’occasions de s’amuser à droite ou à gauche. C’est ce que fit mon Gagnon, qui ne parut chez moi que le surlendemain. Je peux ajouter que ces heureux Canadiens n’ont pas seulement pour eux la gaieté, la joie de vivre, mais encore une activité au travail absolument remarquable. Personne ne peut leur être comparé pour le maniement de la hache et les ouvrages en bois : celui-ci, qui tenait de race, nous bâtit notre demeure avec une célérité parfaite.

« Pendant que je l’avais sous la main, j’en profitai pour lui faire finir une petite grainerie déjà ébauchée ; les soucis et retards que m’avait occasionnés son négatif et incoercible Barney, méritaient bien une petite compensation !

« Disons pour terminer que Gagnon n’eut pas à regretter son marché avec moi ; il reçut vers le 15 novembre une bête superbe valant certainement le double de ce qu’il m’avait fourni.

« Notre annexe finie, et les pluies ayant cessé, j’entrepris avec ma femme la mise en meulons du blé. À l’époque, vu la rareté des batteuses et surtout leur faible capacité, on ne laissait pas comme aujourd’hui les gerbes dans le champ jusqu’au moment du battage où on les charrie directement à la machine, le risque eût été trop grand : — mais c’était là un travail nouveau pour des Parisiens, je vous en réponds !

« Pour dire vrai, peu de fermiers dans l’Ouest savent faire une meule parfaite, et je n’en ai guère connu dont les « meulons » fussent absolument étanches ; à plus forte raison les nôtres si ridicules d’aspect malgré ce qu’ils nous avaient coûté de temps et de peines. Décidément, il fallait encore s’en remettre à la Providence du soin de sauver mon pauvre grain en lui épargnant la pluie !

« Heureusement, le vent d’Ouest s’était levé, amenant la sécheresse (en Europe c’est celui d’Est), or, quand il souffle c’est pour longtemps. Jugeant mes meulons à point, j’eus l’idée d’aller relancer un batteur qui habitait à {{|unité|20|milles}} de là.

« Ah ! mes amis si vous aviez vu l’accueil que me fit ce satrape !… Pensez donc ! un minuscule fermier ayant seulement 20 acres en culture, oser se permettre d’aborder un batteur ! me répondit dédaigneusement qu’il n’allait pas se déranger pour si peu : cependant, si le hasard de sa tournée le conduisait dans mon voisinage, il verrait à m’accorder la faveur demandée.

« Bien forcé d’ailleurs : la loi canadienne (qu’elle soit bénie !) imposant à tout batteur patenté de fournir son aide aux fermiers, gros ou petits, placés sur sa route, mon bourru ne me faisait pas là une grande grâce.

« Au reste, ce ne fut pas lui qui vint à Spring Lake cette année-là, mais un brave Canadien-anglais, lequel ayant connu personnellement la pauvreté, était secourable au petit monde — un nommé Johnson. — Il mit la plus grande obligeance à faire mon battage, sans regarder au mince profit ; et aussi beaucoup de patience — mon personnel étant un peu insuffisant. Il ne fut pas cependant en perte avec moi, vu que mon blé rendit beaucoup (400 minots) ainsi que l’avoine (300 minots) ce modeste battage dans sa moyenne le paya mieux que bien d’autres de cette année désastreuse.

« Sitôt le battage fini, ma femme courut de suite à l’emplacement de la machine pour ramasser les criplures. C’est le premier soin des petits fermiers de gratter ce supplément de récolte que leurs ménagères forcées d’économiser sur tout les malheureuses — réservent précieusement pour la volaille, laquelle sans cela risquerait fort de pâtir ; car vous comprenez qu’ils ne vont pas les laisser donner du bon blé à leurs poules, malgré qu’au fond cela activerait la ponte. « Les poules pondent par le bec » dit le proverbe.

« Pour moi, j’avais suivi la batteuse, afin de rendre à mes voisins l’aide reçue ; j’en eus pour une semaine à me libérer. La plupart de ces pauvres diables avaient eu leur blé gelé, lequel faisait pitié ayant perdu énormément en poids et surtout en valeur commerciale ; il est vrai que leurs terres étaient plus humides que la mienne.

« Une fois libre, j’allai conduire une première charge de blé à la station la plus proche, c’était alors Birch-Hill, située à 18 milles de chez nous ; je mis 50 minots bien mesurés dans mon wagon, et me voilà parti un matin de bonne heure.

« Mon grain n’ayant pas gelé, était doré, bien « sonnant » et très lourd ; mes chevaux en avaient leur charge dans cette route non encore bien abattue, venant d’être ouverte, et cependant malgré les apparences favorables j’étais inquiet sur le succès de la vente : les employés d’élévateurs pour la plupart — je conviens qu’on rencontrait d’honnêtes exceptions — ayant déjà pris l’habitude de prélever sur les fermiers, hors d’état de vérifier leurs balances une dîme abominable.

« Surtout, quand les dits fermiers ne parlaient guère anglais, aucun c’était mon cas ; aussi le premier elevatorman auquel je m’adressai trouva modestement 47 minots dans ma charge au lieu de 50.

« Furieux, je refusai de la lui vendre, et sortis avec majesté de son antre pour aller à l’élévateur voisin.

« Mais ces ruffians s’entendaient comme larrons en foire. Je n’avais pas le dos tourné, que mon gaillard téléphonait à son compère de l’autre élévateur, lequel, la bouche en cœur celui-là était plus aimable — voulut bien me reconnaitre 47 minots et demi.

« Que faire ? Il fallait bien accepter. Il me paya sur la base de 60 sous le minot. Ainsi en fut-il des sept autres charges que je conduisis cet automne-là.

« Depuis, heureusement, le gouvernement a imaginé de faire vérifier les balances d’élévateurs par des inspecteurs à lui : mais on fraude quand même, surtout sur la qualité du blé ; certaines compagnies le payant aux fermiers comme étant de 4e classe quand il est de 3e ou même de 2e et ce, contrairement à la loi.

« On peut dire que la question de vente du grain est restée aiguë dans les trois provinces de l’Ouest et que tant que ce chancre n’aura pas été extirpé, leur développement s’en ressentira.

« Lorsque j’eu vendu mon blé, nous fîmes le bilan de l’année, afin de voir ce qu’elle nous avait valu, et ce qui nous restait en main, sans parler du troupeau passablement augmenté et des 20 acres de cassage en supplément. Nous trouvâmes que la vente du blé, du beurre, des bœufs, œufs et légumes, etc., avaient produit environ 500 dollars.

Comme dépenses faites ou à faire il y avait :

Achat
d’un semoir
100 dollars
at
crible
25 do
at
herse à disques
40 do
at
un harnais
15 do
at
planche
50 do
at
battage
40 do
at
service étalon
10 do
at
6 cochons de lait
12 do

Soit 300 dollars. Il nous restait donc 200 piastres. C’était peu, mais bien à nous, toutes dépenses étant prévues (à l’époque les impôts étaient minimes et se payaient en travail). Désormais, nous pouvions envisager l’avenir avec sécurité. Je me permettrai de dire ici que les prix cités plus haut ont doublé depuis : 200 pour cent pour la machinerie ; 300 pour cent pour la planche ; par contre, le grain n’a augmenté que des deux tiers (160 p. c.)

« L’année suivante nous rapporta un bien meilleur rendement. Le blé, quoique rouillé, rapporta au-dessus de 800 minots lesquels, vu la hausse momentanée des cours, me donnèrent 500 dollars auxquels s’ajoutèrent les produits du beurre (7 vaches) des bœufs, cochons, œufs, etc. ; soit en tout 900 piastres, dont il y eut à déduire l’achat d’une moissonneuse (150), d’une petite charrue à 2 socs (40), autres frais, 30 dollars.

« De plus, j’avais 10 nouveaux acres de cassage sous le soleil.

« Seulement, cette année-là m’avait valu un notable surcroît de travail, notamment dans le dressage de notre premier poulain, lequel manqua de me tuer en s’emballant avec les deux gris sur la herse à disques. Mais je finis par le dompter, comme d’ailleurs ensuite toutes ses sœurs — car il faut vous dire que je ne garde que des juments afin d’avoir le bénéfice des poulains en plus du travail.