De l’égalité des deux sexes/Avertissement

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Antoine Dezallier (p. 260-262).
AVERTISSEMENT.

Les plus fortes Objections qu’on nous peut faire, ſe tirent de l’Authorité des grands hommes, & de l’Ecriture-ſainte. Pour ce qui eſt des premieres, on croit y ſatiſfaire ſuffiſamment, en diſant qu’on ne reconnoiſt point icy d’autre Authorité, que celle de la Raiſon & du bon Sens.

Pour ce qui regarde l’Ecriture, elle n’eſt contraire en aucune façon, au deſſein de cét Ouvrage, ſi l’on prend bien l’un & l’autre. On prétend icy qu’il y a une égalité entiere entre les deux Sexes, conſiderez indépendamment de la Coûtume, qui met ſouvent ceux qui ont plus d’Eſprit & de merite, dans la dépendance des autres. Et l’Ecriture ne dit pas un mot d’Inégalité ; & comme elle n’eſt que pour ſervir de regle aux hommes dans leur conduite, ſelon les idées qu’elle donne de la Juſtice ; elle laiſſe à chacun la liberté de juger comme il peut de l’état naturel & veritable des choſes. Et ſi l’on y prend garde, toutes les Objections qu’on en tire, ne ſont que des Sophiſmes de préjugé, par leſquels tantoſt on entend de toutes les Femmes, des paſſages qui ne conviennent qu’à quelques-unes en particulier ; tantoſt on rejette ſur la nature ce qui ne vient que de l’Education ou de la Coûtume, & ce qu’ont dit les Autheurs Sacrez par rapport aux Uſages de leurs temps.