De l’Homme/Section 8/Chapitre 6

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SECTION VIII
Œuvres complètes d’Helvétius, De l’HommeP. Didottome 10 (p. 234-235).
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CHAPITRE VI.

De l’ennui.

L’ennui est une maladie de l’ame. Quel en est le principe ? L’absence de sensations assez vives pour nous occuper[1].

Une médiocre fortune nous nécessite-t-elle au travail ? en a-t-on contracté l’habitude ? poursuit-on la gloire dans la carriere des arts et des sciences ? on n’est point exposé à l’ennui. Il n’attaque communément que le riche oisif.



  1. Des sensations foibles ne nous arrachent point à l’ennui. Dans ce nombre je place les sensations habituelles. Je m’éveille à l’aube du jour ; je suis frappé par les rayons réfléchis de tous les objets qui m’environnent ; je le suis par le chant du coq, par le murmure des eaux, par le bêlement des troupeaux : et je m’ennuie. Pourquoi ? C’est que des sensations trop habituelles ne font plus sur moi d’impressions fortes.