De la Génération et de la Corruption/Livre I/Chapitre VII

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CHAPITRE VII.

Théorie de l’action et de la passion ; opinions des philosophes ; Démocrite est celui qui a le mieux compris ce sujet ; cause de l’erreur des philosophes. Le semblable ne peut éprouver aucune action de la part de son semblable ; rapport nécessaire de l’agent et du patient ; leur identité et leur différence. Conciliation des deux opinions opposées, dans une distinction verbale, qu’on ne fait pas toujours. Analogie du mouvement avec les deux phénomènes de l’action et de la passion ; le premier moteur peut être immobile ; le premier agent peut également être impassible. Fin de la théorie de l’action et de la passion.


§ 1.[1] A la suite de ce qui précède, nous allons expliquer ce qu’on doit entendre par agir et souffrir. Nous avons reçu des philosophes antérieurs à nous des théories assez divergentes entr’elles sur ce sujet. Cependant ils conviennent assez unanimement que le semblable ne peut rien souffrir du semblable, parce que l’un n’est pas plus actif ni passif que l’autre ; et que les semblables ont toutes leurs qualités absolument identiques. Puis, on ajoute que ce sont naturellement les corps dissemblables et les corps différents qui ont action et passion réciproques les uns sur les autres. Par exemple, quand un feu moindre est éteint par un feu plus grand, nos philosophes prétendent que le feu qui est moindre souffre en effet par suite de l’opposition des contraires, beaucoup étant le contraire de peu.

§ 2.[2] Démocrite est le seul, à part de tous les autres, qui ait avancé en ceci une opinion particulière. Il soutient que ce qui agit et ce qui souffre est au fond identique et semblable, parce qu’il n’accorde pas que des choses différentes et tout autres puissent souffrir quoi que ce soit les unes des autres ; et si certaines choses, tout en étant différentes entr’elles, ont les unes sur les autres quelqu’action réciproque, ce phénomène, selon lui, se passe en elles non pas en tant qu’elles sont différentes, mais en tant qu’elles ont au contraire un point quelconque de ressemblance et d’identité.

§ 3.[3] Telles sont donc les opinions émises avant nous. Mais les philosophes qui les soutiennent peuvent sembler se contredire entre’ eux ; et, la cause de leurs dissentiments à cet égard, c’est que dans une question où il fallait considérer l’ensemble du sujet, ils n’en ont considéré, les uns et les autres, qu’une seule partie.

§ 4.[4] Il est bien vrai que ce qui est tout à fait semblable et ne diffère absolument d’aucune façon que ce soit, ne peut absolument rien souffrir, ni rien éprouver de la part de son semblable. Pourquoi l’un des deux objets, en effet, agirait-il plutôt que l’autre ? S’il est possible que la chose souffre en quelque manière de son semblable, alors elle pourra se faire souffrir aussi elle-même. Or, ceci étant admis, il en résulterait que rien au monde ne serait impérissable, ni immobile, si l’on suppose que le semblable, en tant que semblable, peut agir, puisqu’alors tout être quelconque pourra se donner le mouvement à lui-même, et le donner tout aussi bien à l’être qui est tout à fait différent, et qui n’a rien du tout d’identique. En effet, la blancheur ne peut subir aucune action de la part d’une ligne, ni une ligne rien éprouver de la part de la blancheur, si ce n’est peut-être par accident et indirectement : dans le cas, par exemple, où la ligne serait par hasard blanche ou noire ; car les choses ne peuvent pas modifier spontanément leur nature, quand elles ne sont pas contraires entr’elles, ou qu’elles ne viennent pas de contraires.

§ 5.[5] Mais comme agir et souffrir ne sont pas naturellement la propriété de la première chose venue et prise au hasard, et qu’ils ne se produisent que dans les choses qui sont contraires entr’elles, ou qui ont entr’elles une certaine contrariété, il en résulte nécessairement que l’agent et le patient doivent être semblables et identiques, au moins par leur genre, et qu’ils sont dissemblables et contraires par leur espèce. Ainsi, la nature veut que le corps subisse l’action du corps, que la saveur subisse l’action de la saveur, la couleur de la couleur ; en un mot, qu’un objet homogène puisse souffrir une action de la part de l’objet homogène. La cause en est que tous les contraires sont dans le même genre, et que les contraires agissent et souffrent les uns de la part des autres. Donc il faut nécessairement qu’en un sens, l’agent et le patient soient pareils ; et en même temps, il faut aussi qu’ils soient dissemblables et différents entr’eux.

§ 6.[6] Puis donc que l’agent et le patient sont les mêmes et semblables en genre et dissemblables en espèce, et que ce sont là les rapports des contraires, il s’ensuit évidemment que les contraires et les intermédiaires agissent et souffrent réciproquement, les uns à l’égard des autres. C’est en eux absolument que se passent la destruction et la production des choses. Aussi, est il tout simple que le feu échauffe et que le froid refroidisse ; en un mot, qu’une chose qui agit assimilé à elle la chose qui souffre son action ; puisque ce qui agit et ce qui souffre sont des contraires, et que la production est précisément le passage de la chose à son contraire. Il en résulte que nécessairement ce qui souffre se change en ce qui agit ; et c’est seulement ainsi qu’il y aura production aboutissant au contraire.

§ 7.[7] Voilà ce qui explique très bien comment, sans dire expressément les mêmes choses, nos philosophes peuvent cependant, des deux parts, arriver à découvrir la nature et la vérité. Ainsi, tantôt nous disons que c’est le sujet même qui souffre, quand, par exemple, nous disons que telle personne se guérit, qu’elle s’échauffe, qu’elle se refroidit, et qu’elle éprouve telles autres affections du même genre ; et tantôt aussi, nous disons que c’est le froid qui devient chaud, ou que c’est la maladie qui devient la santé ; et des deux parts, l’expression est vraie.

§ 8.[8] Il en est de même aussi en ce qui concerne l’agent ; et nous disons.parfois que c’est telle personne qui échauffe telle chose, et parfois aussi que c’est la chaleur qui échauffe ; car tantôt c’est la matière qui souffre l’action ; et tantôt aussi, c’est le contraire qui souffre. Ainsi, c’est en regardant les choses sous ce point de vue que les uns ont prétendu que l’être qui agit et celui qui souffre doivent avoir quelque chose d’identique ; et que les autres, regardant d’un côté différent, ont prétendu que c’était tout le contraire.

§ 9.[9] Mais le raisonnement qu’on peut faire, pour expliquer ce que c’est qu’agir et souffrir, est le même que celui par lequel on explique ce que c’est que mouvoir et être mu. Ainsi, l’expression de moteur se prend aussi en deux sens. D’abord, la chose où se trouve le principe du mouvement semble être le moteur, puisque le principe est la première des causes ; et c’est, en second lieu, le dernier terme relativement à l’objet qui est mu, et à la production de la chose.

§10.[10] La même observation s’applique à l’agent ; et c’est ainsi que nous disons également, et que c’est le médecin qui guérit, ou que c’est le vin qu’il ordonne au malade. Rien n’empêche donc que le premier moteur, dans le mouvement qu’il donne, ne reste lui-même immobile ; parfois même il y a nécessité qu’il le soit ; mais le dernier terme doit toujours, pour mouvoir, être d’abord mu lui-même.

§ 11.[11] Dans l’action aussi, le premier terme n’est pas affecté, et il est impassible ; mais il faut que le dernier terme, pour pouvoir agir, souffre aussi lui-même quelqu’action préalablement. Toutes les choses qui n’ont pas la même matière agissent sans souffrir elles-mêmes et en restant impassibles : par exemple, l’art de la médecine ; car tout en faisant la santé, elle n’éprouve aucune action de la part du corps qu’elle guérit. Mais la nourriture, en faisant la santé, souffre et éprouve elle-même aussi quelque affection ; car ou elle est échauffée, ou elle est refroidie, ou elle éprouve telle affection différente, en même temps qu’elle agit. C’est que d’une part, la médecine est ici, en quelque sorte, comme le principe, tandis que, d’autre part, la nourriture est le dernier terme, qui touche l’organe auquel elle s’applique. Ainsi donc, toutes les choses actives qui n’ont pas leur forme dans la matière restent impassibles ; et toutes celles qui ont leur forme dans la matière peuvent souffrir quelqu’action. Nous disons aussi que la matière indifféremment est la même, pour un quelconque des deux termes opposés, et nous la considérons comme étant pour eux leur genre commun. Mais ce qui peut devenir chaud doit nécessairement s’échauffer, quand l’objet qui échauffe est présent et tout proche de lui. Aussi voilà pourquoi, parmi les choses qui agissent, les unes, comme je viens de le dire, sont impassibles, et que les autres, au contraire, peuvent souffrir, et comment il en est pour les agents tout de même que pour le mouvement. Là, en effet, le moteur primitif est immobile ; et, ici, parmi les agents, c’est le premier acteur qui est impassible, et à l’abri de toute souffrance.

§ 12.[12] Mais si l’agent est cause, tout aussi bien que le moteur, d’où vient que le principe du mouvement, le but en vue duquel se fait tout le reste, n’exerce pas lui-même d’action ? Par exemple, la santé n’est pas un agent, et l’on ne pourrait l’appeler ainsi que par pure métaphore. Dès que l’agent existe, il s’ensuit que le patient qui souffre l’action devient quelque chose ; mais quand les qualités sont tout acquises et présentes, le sujet n’a plus à devenir ; il est déjà tout ce qu’il doit être. Les formes et les fins des choses sont, on peut dire, des qualités et des habitudes, tandis que c’est la matière qui, en tant que matière, est toute passive. Ainsi donc, le feu a sa chaleur dans la matière ; et si la chaleur était quelque chose de séparable de la matière du feu, elle ne pourrait rien éprouver ni souffrir. Mais il est impossible, sans doute, que la chaleur soit séparée du feu qui échauffe ; et s’il y a des choses qui soient séparées de cette manière, ce que nous venons de dire ne serait vrai que pour celles-là.

§ 13.[13] En résumé, nous nous bornons aux considérations précédentes pour expliquer ce que c’est qu’agir et souffrir, pour faire voir à quelles choses l’un et l’autre appartiennent, par quel moyen et comment l’action et la passion se produisent.

  1. Ch. VII, § 1. Par agir et souffrir, Je n’ai pu trouver dans notre langue d’expressions qui rendissent plus clairement les mots du texte. On pourrait traduire aussi : « Être actif et passif. » Agir et souffrir sont les deux dernières des dix Catégories ; voir les Catégories, ch. 4, §§ 1 et de ma traduction. — Reçu des philosophes antérieurs à nous, Philopon remarque qu’Aristote reste fidèle à sa méthode habituelle d’exposer les théories précédentes, avant d’exposer la sienne propre. — Que le semblable ne peut rien souffrir du semblable, c’est là un de ces axiomes comme on en trouve un assez grand nombre dans la philosophie, qui ne reposent pas sur des observations assez complètes, et qui sont des conclusions prématurées et purement logiques. — Les corps dissemblables et les corps différents, cette tautologie est dans le texte. — Action et passion, ou bien : « qui sont actifs et passifs. » - Quand un feu moindre, il semble qu’il n’y a pas ici une véritable différence ; en tant que feux, le feu moindre est tout à fait pareil au feu plus fort ; seulement, l’un est absorbé par l’autre. Mais il ne faut pas exiger grande exactitude de la science de ce temps. — Beaucoup étant le contraire de peu, ceci est vrai ; mais il ne s’ensuit pas qu’un petit feu soit le contraire d’un grand feu ; ce qui devrait être cependant pour qui l’exemple fût juste et vraiment applicable.
  2. § 2. Démocrite est le seul, Aristote parait, dans tous ses ouvrages, faire le plus grand cas de Démocrite et de ses théories. Ici il lui donne raison, au moins en partie, contre tous les philosophes antérieurs. — Une opinion particulière, le mot du texte n’a pas un sens aussi bien déterminé ; et peut-être signifie-t-il seulement que Démocrite a émis une opinion exacte à certains égards, qui est en opposition avec les précédentes théories. — De ressemblance et d’identité, il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  3. § 3. Telles sont donc les opinions, on peut trouver que cet exposé des opinions antérieures est un peu concis ; mais nous devons, à cet égard, nous en rapporter à l’exactitude d’Aristote, qui n’a jamais cherché à rabaisser ses prédécesseurs, malgré l’accusation que Bacon a portée contre lui. — L’ensemble du sujet, le texte n’est pas aussi précis. D’ailleurs, l’idée qu’exprime Aristote est profondément juste ; et cela revient à dire qu’en général ces systèmes sont encore plutôt incomplets qu’erronés.
  4. § 4. Rien souffrir ni rien éprouver, il n’y a qu’un seul mot dans le texte ; mais comme il y a deux négations, j’ai voulu en rendre la force par ces deux verbes, quoique le sens en soit à peu près le même. — De la part de son semblable, c’est-à-dire, de ce qui est absolument et identiquement semblable à lui. — L’un des deux objets, j’ai ajouté les trois derniers mots. — Agirait-il, ou souffrirait-il. — Elle pourra se faire souffrir, c’est-à-dire, supporter quelqu’action qu’elle produirait elle-même sur elle-même. Cette théorie peut sembler bien subtile. — Ceci étant admis, en d’autres termes, si l’on suppose que le semblable puisse agir sur le semblable, et une chose agir directement sur elle-même. — Impérissable ni immobile, et Aristote a toujours soutenu qu’il y a des choses impérissables dans le monde, et que tout au moins le premier moteur est immobile. — Pourra se donner le mouvement, le texte n’est pas aussi précis ; et l’on pourrait traduire encore…. : « A lui-même, et ce qui est tout à fait différent et n’a rien d’identique avec lui, pourra se le donner également. » L’autre sens m’a paru, grammaticalement, préférable. — En effet, la liaison des idées ne semble pas très claire. — La blancheur, les exemples ne paraissent pas très bien choisis. — De la part d’une ligne, ou plutôt d’une surface, comme l’explique Philopon. — Par accident et indirectement, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — La ligne, ou la surface. — Spontanément, peut-être vaudrait-il autant de traduire : « mutuellement. »
  5. § 5. De la première chose venue, et prise au hasard, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Une certaine contrariété, le texte n’est pas tout à fait aussi formel. — Par leur genre… par leur espèce, cette distinction servira un peu plus bas à concilier les opinions opposées des philosophes antérieurs. — Subisse l’action, ou en d’autres termes, identiques à ceux du texte : « Souffre du corps. » Cette expression est d’ailleurs bien vague ; et il eût été bon de la préciser davantage. — Homogène, ou du même genre ; voir plus haut, ch. 6, § 10. — Donc il faut nécessairement, répétition de ce qui vient d’être dit un peu plus haut, à peu près dans les mêmes termes.
  6. § 6. Puis donc que l’agent et le patient, autre répétition, qui contribue d’ailleurs à éclaircir la pensée plus encore qu’elle ne l’allonge. — Les rapports des contraires, voir les Catégories, ch. 11, § 6, page 122 de ma traduction. — Absolument, ou « en général.  » - Que le feu échauffe, l’expression est peut-être bien générale, et il aurait fallu un complément : par exemple… échauffe « le corps sur lequel il agit.  » -Le froid refroidisse, cette tautologie est également dans le texte. — Assimile à elle, ici encore l’expression est bien peu précise, quoique l’idée d’ailleurs soit très juste. — Le passage de la chose à son contraire, le texte est très concis ; et j’ai dû le développer. — Ce qui souffre se change en ce qui agit, c’est peut-être trop dire ; et la chose en s’échauffant, par exemple, ne se change pas en feu. — Aboutissant au contraire, le texte se sert d’une expression qui implique une sorte de mouvement ; et c’est ce que j’ai tâché de rendre dans ma traduction.
  7. § 7. Nos philosophes, le texte est un peu moins précis. — La nature et la vérité, il n’y a qu’un seul mot dans l’original. — Que c’est le sujet, c’est-à-dire, l’être qui a la qualité destinée à changer en la qualité contraire. — C’est le froid, c’est-à-dire la qualité elle-même. La distinction n’est, peut-être, pas assez marquée dans le texte ; et comme c’est sur cette distinction que repose tout le raisonnement, il aurait fallu la rendre plus apparente. Philopon a très bien éclairci tout ce passage, bien qu’un peu longuement. — Le froid qui devient chaud, cette expression a quelque chose de singulier dans le texte, aussi bien que dans ma traduction. — Des deux parts l’expression est vraie, c’est-à-dire, soit qu’on s’adresse au sujet, soit qu’on s’adresse à la qualité même qui change.
  8. § 8. Il en est de même, c’est-à-dire qu’on peut faire la même distinction pour l’agent et le patient, qui sont identiques en genre, et qui diffèrent seulement en espèce. — Telle personne qui échauffe telle chose, le texte n’est pas aussi développé. — C’est la chaleur qui échauffe, d’une part c’est le sujet, et d’autre part c’est la qualité ; ou comme le texte le dit un peu plus bas, d’une part la matière, et d’autre part le contraire. — Sous ce point de vue, c’est à-dire, sous le point de vue de le matière, commune tout à la fois à l’agent et au patient. — D’un côté différent, c’est-à-dire, aux qualités contraires qui se changent l’une dans l’autre. — C’était tout le contraire, voir plus haut la fin du § 3, où Aristote reproche à chacune des deux théories de n’avoir considéré qu’une partie du sujet, qui était à traiter dans son ensemble.
  9. § 9. Le raisonnement qu’on peut faire, la phrase est un peu embarrassée dans ma traduction, comme elle l’est dans le texte. Mais la pensée est claire. Agir et souffrir s’expliquent comme s’expliquent aussi mouvoir et être mû. — L’expression de Moteur se prend aussi en deux sens, selon qu’il s’agit du moteur premier, du moteur initial, ou bien du moteur subordonné, qui peut être le dernier et le plus proche par rapport au mobile, à l’objet mû. — La chose, j’ai pris cette expression, qui est aussi vague que celle du texte. — Semble être le moteur ou bien : « semble mouvoir. » - Le principe est la première des causes, c’est par la définition des deux mots de Principe et de Cause que commence le Ve livre de la Métaphysique. — Le dernier terme, c’est-à-dire le moteur secondaire, qui est le plus rapproché du mobile. — De la chose, j’ai ajouté ces derniers mots. On pourrait mettre aussi : « du phénomène. »
  10. § 10. La même observation, le texte est plus vague. En d’autres termes : « Le mot d’agent peut se prendre en un double sens, tout aussi bien que celui du moteur. » - Qu’il ordonne au malade, j’ai ajouté ces mots, qui m’ont paru indispensables pour compléter la pensée. Le médecin est le premier moteur, la première cause de la guérison ; le vin qu’il a prescrit au malade est le moteur secondaire, et la cause subordonnée de la santé rétablie. — Dans de mouvement qu’il donne, il y a ici une variante sans importance, qu’ont adoptée quelques éditeurs, et qui me vaut pas celle que j’ai conservées - Le dernier terme, ou encore : « Le dernier moteur. » - Il y a nécessité, voir toute la théorie du premier moteur immobile dans la Physique, livre VIII, ch. 6, 7 et 15 de ma traduction.
  11. § 11. Dans l’action aussi, comme dans le mouvement. — Le premier terme, l’expression du texte est tout à fait indéterminée. On pourrait traduire également : « La première cause. » - N’est pas affecté et il est impassible, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Pour pouvoir agir, j’ai ajouté ces mots. — Préalablement, même remarque. — Qui n’ont pas la même matière, que les choses sur lesquelles elles agissent. — Elle n’éprouve aucune action, le texte dit simplement : « Elle n’éprouve rien. » - Souffre et éprouve, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Quelqu’affection, l’expression du texte est tout à fait indéterminée. — Échauffée… refroidie, dans le phénomène de la digestion, par lequel l’organisme se l’assimile. — Comme le principe, et en quelque sorte le moteur premier et initial. — Est le dernier terme, ici encore le texte n’est pas aussi formel. — Qui n’ont pas leur forme dans la matière, c’est-à-dire, qui n’ont pas la même matière que le patient sur lequel elles agissent. Cette formule est familière à Aristote, et elle ne peut faire ici de doute, d’après le commentaire de Philopon ; le contexte justifie l’explication du commentateur. — Peuvent souffrir quelqu’action, en même temps qu’elles en exercent une sur la chose soumise à leur influence. — Des deux termes opposés, en d’autres termes : « Pour l’agent et pour le patient.  » — Leur genre commun, j’ai ajouté ce dernier mot ; voir plus haut, § 5. — L’objet qui échauffe, l’expression du texte est tout à fait indéterminée. — Comme je viens de le dire, au commencement du § précédent. — Le moteur primitif, c’est-à-dire l cause, quelle qu’elle soit, qui, la première, détermine le mouvement. Je crois qu’il faut réserver l’expression de Premier moteur pour le principe du mouvement universel. Il ne s’agit ici que d’un mouvement particulier, auquel concourent plusieurs moteurs subordonnés les uns aux autres. — Ici, j’ai ajouté ce mot, pour que l’opposition fût plus marquée. — Impassible et à l’abri de toute souffrance, il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  12. § 12. Le but en vue duquel se fait tout le reste, ou simplement : « Le pourquoi, » comme dit le texte. — La santé n’est pas un agent, parce qu’elle est le but que poursuivent le médecin et le malade. Le médecin est le premier moteur, et les remèdes qu’il ordonne agissent en sous-ordre pour atteindre le but, qui est la guérison et la santé. — Le patient qui souffre l’action, le texte n’est pas aussi formel. — Devient quelque chose, c’est-à-dire, acquiert une qualité nouvelle que l’action exercée sur lui doit lui procurer. — Tout acquises et présentes, il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Tout ce qu’il doit être, j’ai ajouté ces mots pour compléter la pensée. — Les formes, ou « les espèces. » Les formes des choses sont leur nature propre et définitive. — Des qualités et des habitudes, le texte a un seul mot. Les qualités et les habitudes étant choses acquises et permanentes, elles n’ont point à changer. La chose est ce qu’elle est ; elle n’a plus à devenir une autre chose, en acquérant une nouvelle et différente qualité. — Est toute passive, attendu que c’est la matière qui reçoit successivement tous les contraires, qui se remplacent en elle tour à tour. — A sa chaleur dans la matière, l’expression est un peu obscure, malgré les développements qui précèdent. — De la nature du feu, j’ai ajouté ces mots, pour compléter la pensée. — Éprouver ni souffrir, il n’y a qu’un mot dans le texte. — Du feu qui échauffe, j’ai ajouté ces mots. -Ce que nous venons de dire, en d’autres termes : « Ces choses seraient tout à fait impassibles, et ne pourraient être soumises à l’action de quoi que ce soit. » Voir toute cette théorie de la substance et de la forme, dans la Physique, livre 1, ch. 8, page 473 et suivantes de ma traduction.
  13. § 13. En résumé, le texte n’est pas aussi formel ; mais ce § est bien en effet le résumé de tout ce qui précède. — Par quel moyen et comment, cette partie spéciale de la question sera traitée également dans le chapitre qui va suivre, et même d’une manière toute spéciale, et plus développée qu’ici.