Des Fleurs de bonne volonté/Ève, sans trêve
XLVII
ÈVE, SANS TRÊVE
Et la Coiffure, l’Art du Front,
Cheveux massés à la Néron
Sur des yeux qui, du coup, fermentent ;
Tresses, bandeaux, crinière ardente ;
Madone ou caniche ou bacchante ;
Mes frères, décoiffons d’abord ! puis nous verrons.
Ah ! les ensorcelants Protées !
Et suivez-les décolletées
Des épaules ; comme, aussitôt,
Leurs yeux, les plus durs, les plus faux,
Se noient, l’air tendre et comme il faut,
Dans ce halo de chair en harmonies lactées !…
Et ce purgatif : Vierge hier,
Porter aujourd’hui dans sa chair,
Fixe, un Œil mâle, en fécondée !
L’âme doit être débordée !
Oh ! nous n’en avons pas idée !
Leur air reste le même, avenant et désert…
Avenant, Promis et Joconde !
Et par les rues, et dans le monde
Qui saurait dire de ces yeux
Réfléchissant tout ce qu’on veut
Voici les vierges, voici ceux
Où la Foudre finale a bien jeté la sonde.
Ah ! non, laissons, on n’y peut rien.
Suivons-les comme de bons chiens,
Couvrons de baisers leurs visages
Du moment, faisons bon ménage
Avec leurs bleus, leurs noirs mirages,
Cueillons-en, puis chantons : merci c’est bien, fort bien…