Des Fleurs de bonne volonté/La vie qu’elles me font mener

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Des Fleurs de bonne volontéMercure de FranceII. Poésies (p. 207-209).

XXXVII

LA VIE QU’ELLES ME FONT MENER

Pas moi, despotiques Vénus
Offrant sur fond d’or le Lotus
Du Mal, coiffées à la Titus !
Pas moi, Circées
Aux yeux en grand deuil violet comme des pensées !
Pas moi, binious
Des Papesses des blancs Champs-Élysées des fous,
Qui vous relayez de musiques
Par le calvaire de techniques
Des sacrilèges domestiques !

Le mal m’est trop ! tant que l’Amour
S’échange par le temps qui court,
Simple et sans foi comme un bonjour,

Des jamais franches
À celles dont le Sort vient le poing sur la hanche,
Et que s’éteint
La Rosace du Temple, à voir, dans le satin,
Ces sexes livrés à la grosse
Courir, en valsant, vers la Fosse
Commune des Modernes Noces.

Ô Rosace ! leurs charmants yeux
C’est des vains cadrans d’émail bleu
Qui marquent l’heure que l’on veut,
Non des pétales,
De ton Soleil des Basiliques Nuptiales !
Au premier mot,
Peut-être (on est si distinguée à fleur de peau !)
Elles vont tomber en syncope
Avec des regards d’antilope ; —
Mais tout leur être est interlope !

Tu veux pas fleurir fraternel ?
C’est bon, on te prendra tel quel,
Petit mammifère usuel !
Même la blague
Me chaut peu de te passer au doigt une bague.

— Oh ! quel grand deuil,
Pourtant, leur ferait voir leur frère d’un autre œil !
Voir un égal d’amour en l’homme
Et non une bête de somme
Là pour lui remuer des sommes !

Quoi ? vais-je prendre un air géant,
Et faire appeler le Néant ?
Non, non ; ce n’est pas bienséant.
Je me promène
Parmi les sommités des colonies humaines ;
Du bout du doigt
Je feuillette les versions de l’Unique Loi.
Et je vivotte et m’inocule
Les grands airs gris du crépuscule,
Et j’en garrule ! et j’en garrule !