Description d’un parler irlandais de Kerry/4-3

La bibliothèque libre.
Quatrième partie, chapitre III. Les prépositions et leur flexion personnelle.


CHAPITRE III
LES PRÉPOSITIONS ET LEUR FLEXION PERSONNELLE

§ 104. La flexion casuelle du nom, ne comportant qu’un petit nombre de cas sans valeur concrète, est complétée par les prépositions. Il en va de même de celle des pronoms personnels, qui se combinent avec les prépositions pour donner les « pronoms prépositionnels ».

On peut distinguer deux types de prépositions : des proclitiques monosyllabiques qui gouvernent pour la plupart le datif (mais cf. § 125 sq. et 131), sont susceptibles d’affecter l’initiale de leur régime et se combinent avec les pronoms personnels; d’autre part, des prépositions accentuées polysyllabiques, où un élément nominal reste reonnaissable, qui gouvernent le génitif, ne se combinent pas avec les pronoms personnels, mais insèrent lorsqu’il y a lieu un adjectif possessif. C’est ainsi que ə (i) « dans » fait unəm (ionnam) « en moi », tandis que ə lɑ:hərʹ (i láthair) « en présence de » fait əm lɑ:hərʹ (im làthair) « en ma présence ». Le sentiment de l’origine nominale est maintenu ici d’autant plus nettement que le substantif composant est encore en usage, dans l’expression lɑ:hərʹ tʹi: (láthair tighe) « emplacement de maison ». Entre ces deux types il est des cas intermédiaires : prépositions gouvernant le génitif mais dont le caractère nominal est ou complètement ou partiellement effacé ; locutions composées terminées par une préposition simple, se construisant et se fléchissant comme celle-ci.

On distinguera ici les prépositions « simples », comportant une flexion personnelle, et les prépositions « composées », qui insèrent l’adjectif possessif.

A. Prépositions simples.

§ 105. L’action de la préposition sur son régime ne se fait sentir que si celui-ci la suit immédiatement, sans intercalation d’un autre proclitique (possessif, nom de nombre, etc.). On observe dans le parler de nombreux flottements quant aux mutations initiales après prépositions, la tendance actuelle étant de considérer l’aspiration comme la marque de la rection prépositionnelle, et de l’étendre en conséquence (seul un petit nombre de prépositions échappe à cette tendance).

əⁿ (i), goⁿ (go) « avec » nasalisent.

do‛ (do), dʹe‛ (de), fʹe:‛ (fé), gan‛ (gan), ədʹir‛ (idir), mar‛ (mar), o:‛ (ó), o‛ (o), tʹrʹi:‛ (trí), um‛ (um) aspirent.

er (ar), go (go) « jusqu’à », o:s, as (ós), hɑr (thar) hésitent entre la forme radicale et la forme aspirée du régime.

eg (ag), ɑs (as), χʷinʹ (chun), fɑrə (fara), lʹe (le), rimʹ (roim) sont sans action sur l’initiale du régime ; voir §§ 109 et 118.

La préposition gɑn n’aspire pas le nom verbal suivant, er l’aspire parfois.

La préposition lʹe nasalise dans certaines locutions le nom verbal suivant (cf. § 118).

Les prépositions terminées par une voyelle insèrent ‑n- devant les adjectifs possessifs de la troisième personne.

Pour le détail, voir sous chaque préposition.

Le pronom régime de la proposition infinitive ne se combine pas avec la préposition qui l’introduit, en vertu du principe de l’autonomie de la phrase infinitive ; quant au substantif régime, on observe des flottements dans l’usage (cf. § 249).

Prépositions gouvernant le datif.

§ 106. eg (ag), er (ar), ɑs (as), dʹe (de), do (do), fɑrə (fara), fʹe: (fé), go (go) « jusqu’à », go (go) « avec », ə (i), lʹe: (le), o: (ó) « hors de », o (o) « vers », o:s, əs (ós), rimʹ (roim), hɑr (thar), tʹrʹi: ou tʹrʹi:d (tré, tríd), um (um) ; go dʹi: (go dtí) gouverne fréquemment le datif, § 130.

Après fʹe: (fé), go (go) « jusqu’à », o: (ó), on a des traces d’un régime au cas direct.

§ 107. eg, egə devant consonne (ag) « à ».

Devant l’article pluriel, et aussi devant certains nominaux : egəs : egəs gɑχ e:nʹə (ag gach aoinne) « à chacun » ; avec les pronoms possessifs commençant par une voyelle : egənə (ag na), etc.

Avec le relatif: ǥɑ: ; avec les pronoms infixés : Sg. 1. ǥom (ag mo); 2. ǥət (ag do) ; 3. ǥɑ: (ghá) ou ɑ: ; plur. 1. ǥɑ:r (ag ár); 3. ǥɑ: ou ɑ: (dhá), formes qui peuvent être rattachées à la flexion de do, d’où l’emploi de dɑ: (dá), et de ǥɑ: indifféremment.

Flexion personnelle: Sg. 1. əgɑm (agam); 2. əgɑt (agat) ; 3. masc. iˈgʹe (aige), fém. iˈkʹi (aici) ; plur. 1. əgʷinʹ (againn) ; 2. əgʷivʹ (agaibh); 3. əku (acu). Il y a tendance à faire passer le ‑g- à la spirante dans toutes ces formes : əǥɑm, əǥɑt, etc.

eg exprime l’appartenance, la possession de fait (par opposition à lʹe:, § 154); le partitif, seulement lorsque le régime est un pronom : dinʹ əku (duine acu) « l’un d’entre eux » ; l’auteur d’une action, la cause d’un état (§ 206); devant un nom verbal, le développement de l’action vue activement (aspect cursif, § 201).

§ 108. er (ar) « sur ». L’initiale du régime est souvent (mais non régulièrement), aspirée, parfois même lorsque ce régime est un nom verbal.

Flexion personnelle: Sg. 1. orəm (orm) ; 2. ort (ort) ; 3. masc. erʹ (air), fém. erʹhə (uirthi) ; plur. 1. orənʹ (orainn); 2. orəvʹ (oraibh); 3. orhə (ortha).

Au propre : « sur » avec ou sans mouvement : er χnɑ:v do ǥromə (ar chnámh do dhroma) « sur l’os de ton dos, tout de ton long » ; er bo:rd liŋʹgʹə (ar bord luinge) « à bord » (locution toute faite, sans aspiration), à côté de er vo:rd nə liŋʹgʹə (ar bhórd na luinge) « à bord du navire » ; bʹrʹeh er sgo:rnəgʹ (breith ar scornaigh) « saisir à la gorge ». Temporellement er mαdʹənʹ (ar maidin) « au matin ». Au figuré er désigne la personne au détriment de qui se fait une action, s’opposant en cela à do qui introduit la personne au bénéfice de qui se fait une action buelʹəχ bʹrʹo:tʹ orəm e: (buaileadh breóidhte orm é) « il tomba malade, à mon grand dam ». Devant le nom verbal er exprime l’aspect cursif, vu passivement (§ 201).

§ 109. ɑs, es (as) « hors de ».

Fl. pers. sg. 1. ɑsəm (asam) ; 2. ɑsət (asat) ; 3. masc. ɑs (as), fém. αʃtʹə (aiste) ; plur. 1. ɑsənʹ (asainn); 2. ɑsəvʹ (asaibh) ; 3. ɑstə (asta).

ɑs exprime, de façon générale, l’éloignement en sortant d’un lieu par opposition à o: (ó) qui exprime l’éloignement d’auprès d’un lieu. Il arrive cependant que ɑs et o: soient employés concurremment et indifféremment. Temporellement : ɑs sə əmɑχ (as so amach) « à partir de maintenant ». Plus ou moins confondu avec la préposition suivante, et parfois susceptible d’aspirer comme elle : cf. B. O. II, 200, 15 : as sheómra « hors d’une chambre ».

§ 110. o:s, ɑs (ós) « au-dessus de ». La forme o:s ne se trouve que dans les expressions o:s ɑ:rd (ós árd) « tout haut », o:s i:ʃəl (ós íseal) « tout bas ». En dehors de cela on a la forme ɑs, confondue avec la préposition précédente, mais susceptible d’aspirer, dans les composés : əs χo:rʹ, əs ku:nʹ (§ 133).

§ 111. dʹe ou je (de) « de, en parlant de ». Fl. pers. Sg. 1. dʹi:m (díom) ; 2. dʹi:t (díot) ; 3. masc., dʹe (de), fém. dʹi (di) ; plur. 1. dʹi:nʹ (dinn) ; 2. dʹi:vʹ (díbh) ; 3. dʹi:v (díobh) ; souvent aspirés. A peu près supplanté dans le parler par do : χue ʃe dom (chuaidh sé dom) « cela m’a échappé, je n’ai pu y réussir », tɑ:mʹ bʷè:χ dœtʹ ou dʹi:t (táim baodhach duil ou díot) « je te suis reconnaissant » ; nʹi vuerʹəs grʹeimʹ dʹe ou do (ni bhfuaireas greim de ou do) « je n’en ai pas eu une miette ».

§ 112. do et ǥo (do) « a, pour », et aussi « de, en partant » (voir § précédent). Aspire l’initiale suivante.

Avec l’article: Sg. don (don) ; pl. dosnə (dosna). Avec les possessifs commençant par une voyelle : donə (do n‑a), etc. mais avec le pronom infixe (devant le nom verbal) dɑ: (dá). Avec le relatif : dɑ: (dá).

Flex. pers. sg. 1. dom (dom), emphatique do:sə (domh-sa) ; 2. dœtʹ (duit) ; 3. masc. do (dó), fém. dʹi (dí) ; pl. 1. du:nʹ (dúinn) ; 2. dʹi:vʹ (díbh) ; 3. do:vʹ (dóibh).

L’initiale de ces formes est assez généralement aspirée : ǥom, ǥœtʹ, ǥo, etc.

Cette préposition, exprimant d’une façon très générale la destination ou l’intérêt, a de nombreux sens dérivés ou idiomatiques, auxquels viennent encore s’ajouter tous les sens de dʹe. Pour do s’opposant à er cf. § 108 ; do s’oppose par ailleurs à lʹe: en tant que do exprime l’intérêt objectif, tandis que lʹe: exprime l’intérêt subjectif : χ kumə gœtʹ ɑgʹs nɑχ kumə lʹαt (nach cuma dhuit agus nach cuma leat) « cela ne te concerne pas et tu t’en moques ». Au sens partitif (en place de dʹe) là où le régime n’est pas un pronom : kʷid dosnə di:nʹə (cuid dosna daoine) « une partie des gens ».

Pour l’emploi dans la proposition infinitive, voir § 245.

§ 113. fɑrə (fara) « en sus de ».

Flex. pers. sg. 1. fɑrəm (faram) ; 2. fɑrət (farat) ; 3. masc. fαrʹəʃ (fairis), fém. fαrʹe:hə (fairéithe) ; pl. 1. fɑrənʹ (farainn) ; 2. fɑrəvʹ (faraibh) ; 3. fɑro: (faró) ou fɑ:rstə (fársta).

§ 114 fʹe:, fʹe (fé) « sous » et « sur l’étendue de » aspire l’initiale suivante.

Avec l’article plur. fʹesnə (fésna) ; avec les possessifs commençant par une voyelle : fʹe:nə (fé n‑a), etc. Flex. pers. sg. 1. fu:m (fúm) ; 2. fu:t (fút) ; 3 masc. fʹe: (fé), fém. fu:hʹə (fúithi) ; plur. 1. fu:nʹ (fúinn) ; 2. fu:vʹ (fúibh) ; 3. fu:hə (fútha).

fʹe: χrʹe: (fé chré) « sous terre » ; smʹi:αr ə χœr fʹe:mʹ vro:gə (sméar do chur fém bhróga) mettre du cirage sur mes chaussures » ; fɑ:g fu:m e (fág fúm e) « repose-t-en sur moi ». Avec le cas direct : fʹe: vαdʹən (fé mhaidean) « au matin ».

§ 115. go (go) « jusqu’à » ; préfixe un h- à une initiale vocalique ; aspire parfois une initiale consonantique. N’a pas de flexion personnelle : là où le régime serait un pronom, on emploie dans le même sens χun (chun), q. v. Ne se combine pas avec l’article : là où le régime est précédé de l’article on a go dʹi: (§ 130).

o: hrɑ:gʹ go knok (ó thráigh go cnoc) « du rivage à la montagne » ; go jαt ə χαʃlʹɑ:nʹ (go gheata an chaisleáin) « jusqu’à la grille du château ». Trace du cas direct : go mαdʹən (go maidean) « jusqu’au matin ».

§ 116. goⁿ ou gəⁿ (go) « avec », nasalise. Ne se rencontre que dans quelques formules : go lʹeh (go leith) « et demi » ; lɑ: go ni:hə (la go n‑oidhche) « un jour et une nuit ».

§ 117. əⁿ (i) « dans », avec ou sans mouvement. Nasalise.

Avec l’article singulier : sən, (insan) ; avec l’article pluriel snə (insna) ; devant χ on rencontre la forme əns ; avec les possessifs commençant par une voyelle : ənə (i n‑a), ənɑ:r (i n‑ár), etc. Flex. pers. ; sg. 1. unəm (ionnam) ; 2. unət (ionnat) ; 3. masc. ɑun (ann), fém. i:nʹtʹə (innti) ; plur. 1. unənʹ (ionnainn) ; 2. unəvʹ (ionnaibh) ; 3. u:ntə (ionnta).

ə bɑul e:gʹənʹtʹ (i bpoll éigint) « dans un trou quelconque » ; on précise s’il y a ou non mouvement à l’aide des adverbes əʃtʹαχ et əʃtʹigʹ (cf. § 91).

ə sert à introduire le déterminatif circonstanciel qui tient lieu d’attribut à la phrase à verbe d’existence (voir § 154).

§ 118. lʹe, lʹe: (le) « avec », exemples sporadiques d’aspiration ; toujours lʹə çe:lʹə (le chéile) « ensemble ».

Avec l’article sg. : lʹeʃən (leis an) ; pl. lʹeʃnə (lesna), avec les possessifs commençant par une voyelle : lʹenə (le n‑a), etc. Flex. pers. : sg. 1. lʹum (liom) ; 2. αt (leat) ; 3 masc. lʹeʃ (leis), fém. lʹe:hə (léi) ; pl. 1. lʹi:nʹ, lʹinʹ (linn) ; 2. lʹi:vʹ, lʹivʹ (libh) ; 3. lʹo:hə (leo). Exprime l’accompagnement, la manière : lʹe: fʹerʹəgʹ (le feirg) « avec colère » ; temporellement : lʹe: lʹi:nʹ nə huerʹə ʃinʹ (le lion na h‑uaire sin) « à cette époque-là », lʹe: mʹi: (lé mí) « depuis un mois ». Pour lʹe: s’opposant à do, voir § 112 ; s’opposant à eg, § 154. Devant un substantif verbal, exprime la destination : go mαh lʹe: nʹihə (go maith le n‑ithe) « bon à manger », avec nasalisation, mais lʹe: hi:nʹʃənʹtʹ (le h‑innsint) « à dire ».

§ 119. o:, o (ó) « hors de, provenant de ». Aspirant.

Avec l’article pluriel : o:snə (ósna). Avec les possessifs commençant par une voyelle : o:nə (ó n‑a), etc. Pers. : Sg. 1. uəm (uam) ou uemʹ (uaim) ; 2. uetʹ (uait) ; 3. masc. uegʹ (uaidh), fém. uehə (uaithe) ; plur. 1. uenʹ (uainn) ; 2. uevʹ (uaibh) ; 3. uəhə (uatha). Après voyelle on entend dans toutes ces formes un v initial : kɑ tɑ: vuetʹ (cad tá uait) « Qu’est-ce que tu veux ? »

Avec mouvement : fɑ:g ən ɑ:tʹ uəmʹ (fág an áit uaim) « va-t’en loin de moi » ; sans mouvement : ə vɑd uemʹ (i bhfad uaim) « loin de moi ». Se construit avec deux régimes simplement juxtaposés, au sens de « de… à » : o vəlɑχ tɑlev (ó mhullach talamh) « du sommet au sol, de la tête au pied » ; o hu:ʃ dʹerʹə (ó thúis deireadh) « du commencement à la fin ». Avec le cas direct o: vαdʹən (ó mhaidean) « depuis le matin ».

§ 120. o (o) « à, vers ». Seulement dans quelques formules, avec une valeur locale : dœl on iˈlɑ:n (dul o’n Oileán) « aller dans l’Ile » ; hɑnəm on riəχ (th’ánam on riach) « ton âme au diable ».

§ 121. rimʹ, rimʹə (roim) « avant, devant ».

rimʹə nə (roime n‑a) « devant son ».

Flex. Pers. : Sg. 1. ru:m (romham) ; 2. ru:t (romhat) ; 3. masc. rimʹəʃ (roimis) ; fém. ri:mʹpʹə (roimpe) ; Plur. 1. ru:nʹ (romhainn) ; 2. ru:vʹ (romhaibh) : 3. ru:mpə (rompa).

nʹi hɑgən kʹiəl rimʹ i:ʃ (ni thagann ciall roim aois) « la raison ne vient pas avant l’âge (prov.) ».

§ 122. hɑr (thar) « par delà, au delà, en passant devant » ; au figuré « à propos de ».

Flex. Pers. : Sg. 1. hɑrəm (tharm) ; 2. hɑrət (thart) ; 3. masc. hαrʹəʃ (thairis), fém. hαrʹe:hə (thairéithe) ; Plur. 1. hɑrənʹ (tharainn) ; 2. hɑrəvʹ (tharaibh) ; 3. hɑ:rstə (tharrsta) ho:rsə (thórsa) ou hɑro: (tharó).

hɑr kʹαrt (thar ceart) « plus que de raison » ; trɑ:χt hαrʹe:hə (trácht tharéithe) « parler d’elle ».

§ 123. tʹrʹi: ou tʹrʹi:dʹ (tré, trid) « à travers », « par », aspirant.

Avec les possessifs commençant par une voyelle : tʹrʹi:nə (tré-n‑a) etc.

Flex. Pers. : Sg. 1. tʹrʹi:m (tríom) ; 2. tʹrʹi:t (tríot) ; 3. tʹrʹi:dʹ (tríd), fém. tʹrʹi:hə (tríthi) ; Plur. 1. tʹrʹi:nʹ (trinn) ; 2. tʹrʹi:vʹ (tribh) ; 3. tʹrʹi:hə (triotha).

tʹrʹi: mo χnɑ: (trí mo chnamha) « à travers mes os » ; tʹrʹi.dʹ ə vʹinʹo:gʹ (tríd an bhfuinneóig) « à travers la fenêtre » ; tʹrʹi: vʹrʹi: nə vokəl so (trí bhrígh na bhfocal so) « par la vertu de ces paroles ».

§ 124. um (um) « autour de », « environ ». Aspirant.

Flex. Pers. : Sg. 1. uməm (umam) ; 2. umət (umat) ; 3. masc. imʹə (uime), fém. i:mʹpʹə (uimpe) ; Plur. 1. umənʹ (umainn) ; 2. uməvʹ (umaibh) ; 3. u:mpə (umpa).

um χɑ:ʃgʹ (um Cháisc) « vers Pâques » ; um hrɑ:nho:nə (um thráthnóna) « vers le soir » ; do vuelʹ mo:rɑ:n di:nʹ imʹə (do bhuail mórán daoine uime) « il rencontra beaucoup de gens », dans la langue des contes : ailleurs on aura lʹeʃ (§ 118).

Prépositions gouvernant le cas régime.

§ 125. Ces prépositions, sauf ədʹirʹ, ne comportent pas de flexion personnelle ; gɑn (gan), ʃαχəs (seachas), mɑr (mar) gouvernent exclusivement le cas régime ; ədʹirʹ (idîr) prend un pronom régime singulier au cas direct, mais comporte une flexion personnelle au pluriel ; go dʹi: (go dti) ne prend pas de pronom régime ; c’est χʷinʹ (chun) que l’on a lorsque le régime est un pronom. Les sujets âgés conservent dans certaines expressions des traces de cas direct après o:, go, fʹe: (voir §§ 114, 115 et 119).

§ 126. gɑn (gan) « sans » ; aspire, sauf lorsqu’il fait fonction de négation du substantif verbal (§ 244) ; gɑn vαhəs (gan mhaitheas) « sans valeur » ; gɑn e: « sans lui ».

§ 127. mɑr (mar) « comme » ; aspirant ; mɑr vʹαn tʹi: (mar bhean tighe) « comme maîtresse de maison » ; mɑr ə gʹi:αd uerʹ (mar an gcéad uair) « pour (être) la première fois » ; mɑr iəd (mar iad) « comme eux ».

§ 128. ʃαχəs, soχəs (seachas) « en comparaison de », « à l’exception de ». ʃαχəs i: (seachas i) « en comparaison d’elle » ou « sans la compter » ; ʃαχəs ə çe:lʹəgʹ (seachas a chéiligh) « l’un par rapport à l’autre, si on les compare ensemble ».

§ 129. ədʹirʹ (idir) parfois dʹirʹ « entre » ; aspirant ; exprime une alternative entre deux termes ; lorsqu’il y a plusieurs termes, c’est əmʹαsg (i measc) que l’on a en ce sens (§ 133).

Flex. Pers., au pluriel seulement : 1. αdərənʹ (eadrainn) ; 2. αdərəvʹ (eadraibh) ; 3. αtorhə (eatorra).

αdərənʹ fʹe:nʹ (eadrainn fein) « (soit dit) entre nous », mais ədʹirʹ i: fʹe:nʹ ɑgəs e: fʹe:nʹ (idir í féin agus é féin) « entre elle et lui » ; vʹi: kʷinʹi:ləχə ədʹirʹ vɑk ri: is iˈnʹiːn ri: (bhi coingheallacha idir mhac rí is inghean rí) « il y avait fiançailles entre un prince et une princesse ». tɑ: dʹifʹərʹ ədʹirʹ vʷi:nʹtʹərʹ nə he:rʹən ʃαχəs iədsən (tá deifir idir mhuinntir na h‑Eireann seachas iadsan) « il y a une différence entre les Irlandais et ces gens-là ».

§ 130. go dʹi: (go dti) « à (avec mouvement) jusqu’à », ne prend comme régime que les démonstratifs ou les substantifs précédés de l’article ou d’un possessif (voir §§ 115 et 125) : devant les possessifs commençant par une voyelle go dʹi: nə (go dtí n‑a) « vers son », etc. go dʹi: n dαŋʹgʹən (go dtí an Daingean) « à Dingle », mais go pɑ:rəs (go Páras) « à Paris » ; go dʹi: ʃo (go dtí seo) « jusqu’ici ». Il y a tendance à mettre le régime au datif, comme après go : go dʹi:n iˈlʹɑ:n (go dtí an Oileán) « à l’Ile », à côté de go dʹi: n tiˈlʹɑ:n (go dtí an t‑Oileán), avec l’article au cas direct (voir § 99) ; B.O. II, 203 : go dtí an mnaoi uasail « jusqu’à la demoiselle ».

Préposition gouvernant le génitif.

§ 131. χʷinʹ (chun) « vers », sans action sur l’initiale, est la seule proposition simple gouvernant le génitif.

Flex. Pers. : Sg. 1. χu:m (chugham) ; 2. χu:t (chughat) ; 3. masc., χʷigʹə (chuige), χu:hʹə (chúichi) ; Plur. 1. χu:nʹ (chughainn); 2. χu:vʹ (chughaibh) ; 3. χu:χə ou χu:hə (chúcha).

e dœl χʷinʹ ə χnik, χʷinʹ nə trɑ: (chun an chnuic, chun na trágha) « allant vers la colline, vers la grève ». Devant le substantif verbal, exprime l’intention (voir § 202).

B. Prépositions composées.

§ 132. Les prépositions composées du type préposition + substantif gouvernent le génitif, ne possèdent pas de flexion personnelle, mais insèrent l’adjectif possessif. Les prépositions du type substantif + préposition, ou préposition + substantif + préposition se construisent comme les prépositions qui les terminent : mar jαul ort (mar gheall ort) « à ton sujet », etc.

Le nombre des prépositions composées ne se laisse pas exactement déterminer, du fait que le départ n’est pas toujours possible entre celles-ci et les locutions encore analysables. La liste ci-dessous ne prétend donc pas à être exhaustive.

§ 133. Se construisent avec le génitif ou avec l’adjectif possessif : ə dè:v (i dtaobh) « au sujet de », ə mʹαsg (i measc) « parmi » ; ə vokərʹ (i bhfocair) « en compagnie de » : ə gʷinʹə (i gcoinne) « contre, à la rencontre de » ; ə lɑ:hərʹ (i láthair) « en présence de, par devant » ; ə vʹiənəʃə (i bhfiadhnaise) « en présence de (avec valeur d’attestation) » ; əs ko:rʹ (as cómhair), ou əs χo:rʹ « en face de » ; ə go:rʹ (i gcómhair) ou fʹe: χo:rʹ « en vue de » ; ə nʹiegʹ (i ndiaidh) « à la suite de » ; er tʹi: (ar tí) « à la poursuite de » ; əs kʹu:n ou əs çu:n (os ciunn) « au-dessus de » ; ə nɑigʹ (i n‑aghaidh) « pour, en vue de » ; fʹe: je:nʹ (fé dhéin) « vers » ; də ǥri:mʹ (do dhruim) « derrière, par delà » ; er son ou er hon (ar son) « pour l’amour de » ; dʹinʹo:nʹ (d’aimhdheoin) « malgré ».

də ǥri:mʹ ə χli: (do dhruim an chlaidhe) « par delà la haie » ; əs χo:rʹ ə tè:lʹ (as chomhair an tsaoghail) « en présence du monde entier, publiquement » ; ə lɑ:hərʹ nə ku:rtʹə (i láthair na cúirte) « par devant la cour » ; ə go:rʹ ən i:αstə (i gcómhair an fhéasta) « en vue du festin ».

ə nə hè:v (i n‑a thaobh) « à son sujet » ; dom iˈnʹo:nʹ (dom aimhdheóin) « malgré moi » ; tɑ:dʹ er do hi: (táid ar do thí) « ils te traquent, te guettent (au figuré) ».

§ 134. Ne prennent que des régimes substantifs : tʹrʹe:ʃ (tar éis) « après » ; ə rih (i rith), er fʹαg (ar feadh) « durant » ; er fuedʹ (ar fuaid) « sur l’étendue de » ; ə gʹαun (i gceann) « après, au bout de » ; er fuedʹ ə tʹi: (ar fuaid an tighe) « par toute la maison » ; er αg mo hè:lʹ (ar fheadh mo shaoghail) « durant toute ma vie ».

D’autres prépositions composées se font suivre, lorsque le régime est un pronom personnel, d’une préposition simple, à laquelle elles empruntent sa flexion ; ainsi de tʹi:mʹpʹəl, muərtʹi:mʹpʹəl (timpeall, mórtimpeall), ou tʹi:mpəl, muərtʹi:mpəl « autour de » ; koʃ (cois) « près de » ; tʹrʹαsnə (treasna) « en travers de » ; aussi dʹrʹe:rʹ (do réir) « d’après » : muərtʹi:mʹpʹəl nə ku:rtʹə (mórtimpeall na cúirte) « tout autour de la cour », en face de tʹi:mʹpʹəl orəm (timpeall orm) « autour de moi, sur moi (en parlant, par exemple, d’un manteau) », mais dans un sens différent əm hi:mʹpʹəl (im’ thîmpeall) « alentour de moi » ; dʹrʹe:rʹ nə ʃαχtənʹə (do réir na seachtmhaine) « par semaine, à la semaine », mais dʹrʹe:rʹ lʹumsə (do réir liom-sa) « d’après moi » ; tʹrʹαsnə vo:hərʹ (treasna an bhóthair) « en travers du chemin », mais tʹrʹαsn orəm (treasna orm) litt. « par mon travers », « à ma rencontre », er mo hrʹαsnə (ar mo threasna) étant plutôt de la langue des contes.

lʹe hαʃ (le h‑ais) « à côté », est d’ordinaire prononcé αhəʃ, ce qui trahit la perte du sentiment de la composition, le substantif αʃ (ais) « côté » ne s’employant plus isolément. D’où, lorsque le régime est un pronom, une double construction : avec maintien du sentiment de la composition : Sg. 1. lʹemαʃ (le m‑ais) « à mon côté » ; 2. lʹetαʃ (le t’ais), etc. ; avec perte de ce sentiment : Sg. 1. αhəʃ lʹum (le h‑aîs liom) « à côté de moi » ; 2. αhəʃ lʹαt (le h‑ais leat) « à côté de toi », etc.