Description de la Chine (La Haye)/De la religion des Chinois

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Scheuerlee (3p. 1-2).



DESCRIPTION
DE LA CHINE
ET
DE LA TARTARIE CHINOISE.





De la religion des Chinois.


Il y a trois principales sectes dans l’empire de la Chine. 1o La secte des lettrés, qui suit la doctrine des anciens livres, et qui regarde Confucius comme son maître. 2o La secte des disciples de Lao kiun, qui n’est qu’un tissu d’extravagances et d’impiétés. 3o La secte des idolâtres, qui adorent une divinité nommée Fo, ou Foë, dont le culte fut transporté des Indes à la Chine environ trente-deux ans après la mort de Jésus-Christ.

La première de ces sectes est la seule qui fasse profession d’une étude réglée, pour s’avancer aux degrés et aux dignités de l’empire par la voie du mérite, de l’esprit, et des connaissances propres à la conduite des mœurs, et au gouvernement de l’État.

La seconde a dégénéré en une espèce de magie et d’enchantement. Les disciples de cette secte promettent le secret de faire l’or, et de se rendre immortel.

La troisième, n’est qu’un amas de fables et de superstitions venues des Indes à la Chine, et entretenues par les bonzes, qui trompent les peuples sous les apparences d’une fausse piété. Ils ont introduit la créance de la métempsycose, ou transmigration des âmes d’un corps à un autre, et ils la promettent plus ou moins avantageuse, à proportion qu’on sera plus ou moins libéral à leur égard.

Pour donner quelque connaissance de ces différentes sectes, je suivrai l’ordre des temps auxquels elles ont pris naissance ; et je marquerai successivement leur état dans l’esprit des peuples.

Du reste je ne rapporterai rien, qui ne soit tiré de l'histoire chinoise, ou que je n’aye puisé dans les Mémoires de personnes également éclairées et sincères, qui ont passé la plus grande partie de leur vie dans l’empire de la Chine, et qui se sont rendus habiles dans la langue et dans les sciences de cette nation.

Je n’en parlerai même qu’en historien, qui expose amplement les faits ; et je me donnerai bien de garde d’entrer dans ces discussions, qui ont donné matière à tant de volumes, et qui ont causé des divisions, dont les suites n’ont été que trop funestes à la propagation de la foi dans ce vaste empire.