Description du département de l’Oise/L’Eglantier

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P. Didot l’ainé (1p. 270-273).

LÉGLANTIER.


Le canton de Léglantier produit de mauvais vins en très petite quantité : on y voit quelques arbres fruitiers ; les principales denrées qu’on y recueille sont le froment, le seigle, et l’orge. On y cultive depuis quelques années la camomille : il seroit à souhaiter que cette culture s’augmentât.

Point de forêts dans les environs, mais quatre ou cinq cents arpents de bois, dont on évalue le produit à 9 ou 10,000 liv. : la plus giande quantité de ces bois est placée dans les environs de Saint-Martin.

La petite riviere d’Arronde prend sa source au-dessous de Léglantier ; sa direction est de l’ouest à l’est : elle passe à Wacquemoulin, à Moyenne-ville, canton de la Neuville-le-Roi, à Neufvy, à Gournay-sur-Arronde, et va toujours croissant se perdre dans l’Oise.

Sur les hauteurs de la commune de Pronleroy il est une fontaine, près de laquelle on a découvert il y a quelques années un lit de houille ; elle produit beaucoup de cendres et de vitriol.

Une carriere dans la commune de Léglantier fournit une pierre très difficile à travailler. Les habitants se procurent du sable à Saint-Martin- aux-Bois, à Cressonsacq ; et de la chaux à Plon-leroy, et à Maignelay.

S’il meurt quelqu’un dans le canton de Léglantier, on s’empresse de jeter l’eau qui peut se trouver dans la seille, parceque, dit-on, l’ame du défunt est venue s’y laver et s’y purifier avant de paraître devant Dieu.

Il est certains travaux qui ne se font jamais le vendredi ; les habitants de ce canton sont persuadés que si dans ce jour ils faisoient la lessive ou cuisoient leur pain, ils éprouveroient de grands malheurs.

Le commun des hommes ne vit guere que jusqu’à soixante ans.

Angivillers est au milieu d’une plaine : les terres en sont assez bonnes ; il faut en excepter quelques terres argilleuses, mais en petite quantité. Les habitants sont batteurs en grange, conducteurs de chevaux, journaliers. Les femmes filent du chanvre et du lin.

Douze puits dans cette commune ont environ trois cents pieds de profondeur.

Un ravin passe au milieu du village, et lui faisoit tort autrefois.

Moutiers est dans un fond entouré de montagnes.

On y compte sept à huit tisserands.

Les vignes y sont totalement abandonnées.

On n’y voit point de mendiants : les enfants même y travaillent.

Le pays est fiévreux. Les femmes filent du chanvre et de la laine pour Tricot.

Le château de Moutiers est bâti au milieu des eaux, environné d’une belle prairie, coupée d’avenues d’ormes, de peupliers, de frênes, qui s’étendent à perte de vue.

C’est un séjour très agréable pendant l’été, mais très mal-sain l’hiver.

Mennesvillers est situé sur un terrain plat, gras, argilleux ; il produit très peu de cidres, qui sont consommé dans le pays, et quelques vins rouges.

Les habitants exercent le métier de couvreurs en chaume, de tisserands, de batteurs en grange. Les femmes filent de la laine et du chanvre.

Wacquemoulin est situé sur une côte. La riviere d’Arronde coule au bas de ce village. Même genre d’industrie qu’à Mennesvillers.

Saint-Martin-au-Bois, en plaine, au bas d’une petite colline, est entouré des montagnes de Veau-mont.

Veaumont est au milieu de très beaux bois de haute futaie appartenant au Prytannée français.

L’abbaye de S.-Martin-aux-Bois, desservie par des génovéfains, jouissoit de 18,000 liv. de rente. On ne sait pas l’époque de sa fondation : son premier abbé fut élu en 1080.

Même industrie à Veaumont qu’à Wacquemoulin, ainsi qu’à Montgerin, sur lequel il est inutile que je m’étende. On y remarque cependant des sources sur la montagne, et quelques prairies assez bonnes.