Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux/Chapitre XXII

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Dharmasindhu, ou Océan des rites religieux
Texte établi par Musée Guimet, Ernest Leroux (Tome 7p. 230-238).

CHAPITRE XXII
DESCRIPTION DU TEMPS POUR LES SACRIFICES

Le « Culte du Bois et du Feu »[1] doit être célébré à la fin, et les sacrifices au commencement des demi-mois. Il faut bien prendre garde qu’ici le mot « upavâsa » signifie le « Culte du Bois et du Feu. » Le temps du sacrifice est celui qui s’étend de la quatrième partie du dernier jour du demi-mois à la troisième partie du premier jour du demi-mois suivant, et les savants recommandent le matin pour cet acte. Le sacrifice ne doit pas être célébré dans la quatrième partie de la première Tithi.

Si, à la fois, la quinzième Tithi et la première qui suit sont des Tithis complètes, il ne se présente aucune difficulté ; car on a à la quinzième Tithi le temps prescrit pour la célébration du « Culte du Bois et du Feu » et à la première le temps voulu pour le sacrifice.

Si la quinzième est une Tithi empiétée, il faut d’abord compter les ghatikas dont la Tithi suivante est augmentée ou diminuée, en prendre la moitié, et alors, s’il y a eu décroissance, soustraire la moitié de la décroissance de la quinzième Tithi ; mais s’il y a eu croissance, il faut ajouter la moitié de cet accroissement à la quinzième Tithi. La conjonction des deux Tithis étant ainsi établie, on peut alors déterminer le temps du « Culte du Bois et du Feu » et celui du sacrifice.

Quand il n’y a ai décroissance, ni augmentation, la conjonction des deux Tithis est claire (car alors c’est) le moment précis où elles se rencontrent. Cette conjonction est de quatre espèces : la conjonction de l’avant-midi, la conjonction de midi, la conjonction de l’après-midi et la conjonction nocturne. Si ou divise lejour en deux parties, la première moitié est la matinée, et la seconde moitié la soirée. La conjonction de la matinée et de l’après-midi composée d’une muhûrta égalant deux ghatikas, s’appelle « Tournant Midi, » on suivant Kaustublia « Virant autour. » Cependant maintenant l’usage constant des savants est de ne considérer comme conjonction de midi que la minute même où les deux Tithis se rencontrent et non deux ghatikas.

Si la conjonction de la quinzième Tithi avec la première Tithi suivante, déterminée par la règle ci-dessus d’ajouter ou de retrancher la moitié de l’accroissement ou du décroissement, se trouve dans la matinée, ou à midi, le « Culte du Bois et du Feu » doit alors être célébré le joui’ qui précède celui de la conjonction et le sacrifice le jour de la conjonction ; mais si la conjonction arrive dans la soirée ou dans la nuit, le « Culte du Bois et du Feu » doit avoir lieu le jour de la conjonction et le sacrifice doit être offert le jour suivant. Les exemples qui suivent feront comprendre le cas :

1° La quinzième Tithi a 17 ghatikas, la première Tithi suivante a 11 ghatikas ; la diminution est donc (5 ghatikas, et la moitié est 3 ghatikas : ces trois ghatikas étant retranchées des 17 ghatikas de la quinzième Tithi, elles lui laissent 14 ghatikas, et c’est à ce moment que la conjonction est considérée comme devant se produire. Ceci constitue une conjonction de matinée, du moins si la longueur du joui- est do, 30 ghatikas ; ou une conjonction de midi si la longueur du jour est 28 ghatikas. Dans ce cas le sacrifice doit avoir lieu le jour de la conjonction et le « Culte du Bois et du Feu « doit être célébré le jour précédent ;

2° La quinzième Tithi a 14 ghatikas, la première Tithi suivante a 19 ghatikas. Il y a ici un accroissement de 5 ghatikas, la moitié est deux et demi, qui, ajoutés à la quinzième Tithi l’amène à seize et demi ghatikas, moment où l’on suppose que la conjonction a lieu. Ceci fait une conjonction de soirée, et dans ce cas le « Culte du Bois et du Feu » doit être célébré le jour delà conjonction et le sacrifice le jour suivant.

AUTRE DESCRIPTION À L'USAGE DU VULGAIRE

Additionnez les ghaṭikas de la quinzième qui restent après le lever du soleil avec les ghaṭikas de la première Tithi qui suit, et alors, si leur somme est moindre que la longueur du jour, cela fait une conjonction de Matinée ; si leur somme est égale à la longueur du jour, cela fait une conjonction de Midi, et si elle est supérieure à la durée du jour, cela fait une conjonction de Soirée. C'est ainsi que, maintenant, on détermine généralement cette conjonction en comptant les ghaṭikas de la quinzième et celles de la première Tithi restant après le lever du soleil et en comparant leur augmentation ou diminution.

Suivant le Kaustubha et autres traités, les ghaṭikas de la quinzième qui se présentent avant son lever de soleil sur le jour de la quatorzième, doivent être comptées avec les ghaṭikas qui suivent son lever de soleil ; de même aussi les ghaṭikas de la première Tithi suivante qui se présentent sur le jour de la quinzième doivent être comptées avec celles qui se présentent pendant son jour propre, et alors on doit comparer l'augmentation ou la diminution de la première Tithi à l'augmentation ou à la diminution du la quinzième. Les exemples suivants feront comprendre cette idée :

1° La quatorzième Tithi s'étend jusqu'à 22 ghaṭikas après le lever du soleil, la quinzième jusqu'à 17 ghaṭikas après le lever du soleil (du jour suivant) ayant ainsi 38 ghaṭikas sur le jour de la quatorzième et 17 ghaṭikas sur son propre jour, lesquelles additionnées ensemble font 55. D'un autre côté, la première Tithi qui suit ayant 43 ghaṭikas sur le jour de la quinzième et 11 ghaṭikas sur son jour propre, a en tout 54 ghaṭikas. Il y a donc une diminution de 1 ghaṭika de la première Tithi si on la compare à la quinzième ; la moitié de cette diminution est 1/2 ghaṭika, laquelle 1/2 ghaṭika déduite des ghaṭikas de la quinzième qui restent après le lever du soleil, lui laisse 16 ghaṭikas 1/2, faisant ainsi une conjonction de l'après-midi. Mais si on suivait la première règle, on aurait dans ce cas une conjonction de Matinée.

2° La quatorzième a 14 ghaṭikas qui restent (après le lever du soleil) ; la quinzième a 17 ghaṭikas après le lever du soleil ; elle a donc 30 ghaṭikas sur le jour de la quatorzième, plus 17 sur le sien propre, ce qui fait en tout 53 ghatikas. D’un autre côté, la première Tithi qui suit a 43 ghatikas sur le jour de la quinzième et 11 ghatikas sur le sien propre faisant ensemble 54 ghatikas. Ici, en appliquant la règle qui a été suivie pour l’exemple précédent où nous avons trouvé une diminution, nous trouvons une augmentation de 1 ghatika, dont la moitié est 1/2 ghatika ; laquelle 1/2 ghatika ajoutée aux 17 ghatikas de la quinzième Tithi, la porte à 17 ghatikas 12 faisant ainsi une conjonction de l’après-midi.

Il est donc bien évident que ces deux méthodes d’établir les conjonctions sont opposées l’une à l’autre, puisque leur diminution, augmentation, etc., sont calculées différemment. Suivant la dernière règle (du Kaustubba, etc.), la diminution ou augmentation ne dépasse jamais deux ghatikas. La forme du pluriel qui se trouve (au lieu de la forme duelle qui s’applique aux ghatikas) dans le texte suivant : « Les ghatikas desquels le jour suivant est augmenté ou diminué » est une erreur, comme ou peut le voir dans le Purushārtha Ćintāmani.


RÈGLES SPÉCIALES RELATIVES À LA PLEINE LUNE

Quand la conjonction se présente après la Matinée, c’est-à dire quand elle commence à la treizième ghatika du jour et avant le milieu du jour (ou la seizième ghatika) et qu’il y a pendant ces deux ghatikas une durée suffisante de la Date de la pleine lune pour l’accomplissement du « culte du Bois et du Feu », on doit alors célébrer ce rite le jour de la conjonction et pendant le temps de la Date de la pleine lune, et le sacrifice doit suivre sans interruption. Quelques auteurs prétendent cependant que la célébration des deux rites à la même Date de la pleine lune est fautive.

Quand il s’agit de la Date de la nouvelle lune, les deux rites doivent être accomplis à deux époques différentes et jamais dans un même jour.

Si, à une Date de pleine lune ou de nouvelle lune, la conjonction se présente dans l’après-midi, alors le sacrifice peut, sans aucun risque, être célébré pendant cette quatrième partie du jour (c’est-à-dire l’après-midi). Mais s’il y a à la Date de la nouvelle lune une conjonction de l’après-midi et que la première Tithi qui suit soit empiétée par la seconde Tithi de plus de 3 muhūrtas, de telle sorte que la lune soit visible ce jour, alors, puisqu’il est interdit de sacrifier quand la lune est visible, les personnes qui suivent l’école de Baudhâyana et autres doivent célébrer le sacrifice à la Date de la nouvelle lune et le « Culte du Bois et du Feu » à la quatorzième Tithi. Cependant si la seconde Tithi empiète sur la première de 7 ghatikas seulement (c’est-à-dire moins de muhūrtas), les sectateurs (des règles ritualistes de l’ancien sage et auteur) Baudhâyana et autres peuvent célébrer le sacrifice à la première Tithi quand même alors la lune est un peu visible.

Comme la visibilité de la lune ne constitue pas de prohibition pour les Āpastambis (voir note 148) et pour les Ashavalāyanas (voir note 143), ils peuvent célébrer le sacrifice à la première Tithi.

Quand un sacrifice est célébré au jour de la conjonction, il doit se terminer dans la première Tithi et non dans la quinzième (c’est-à —dire le jour de la conjonction) ; s’il est terminé pendant la quinzième, il est sans valeur et doit être célébré de nouveau.

Telles sont les règles pour le sacrifice du riz cuit au Feu domestique Sinarta (voir notes 30 et 145).

Quelques auteurs, cependant, disent que le sacrifice du riz cuit au Feu domestique Smarta peut être terminé pendant la première Tithi. Ainsi donc il n’y a pas réellement de règle stricte. Après avoir célébré le sacrifice du riz cuit, pendant la matinée, on ne doit accomplir li’rite du repas à un brahmane qu’après la conjonction. Jayanta dit que le sacrifice du riz cuit doit être célébré au matin le plus rapproché delà conjonction.

C’est ainsi que (différents) auteurs donnent des règles différentes.

En ce qui concerne le sacrifice aux trois Feux domestiques Shrauta (voir notes 30 et 145), on ne doit accomplir, pendant la première Tithi, que le rite du repas aux Brahmanes ; tous les autres rites doivent être célébrés pendant le jour qui précède, car, suivant la Purushārtha Cintāmani, la première Tithi est impropre pour eux.

Les disciples de Kātyāyana[2] doivent également, en ce qui concerne la Date de la pleine lune, suivre la règle générale donnée ci-dessus, car le Nirnayasindhu et beaucoup d’autres auteurs s’accordent à dire que la pleine lune ne doit faire aucune différence pour eux. Cependant certains autres auteurs prétendent que les Kātyāyanas, en cas de conjonction matinale de la Date de la pleine lune, doivent célébrer « le Culte du Bois et du Feu » pendant le jour de la conjonction et célébrer le sacrifice le jour suivant.


RÈGLES SPÉCIALES POUR LES DISCIPLES DE KĀTYĀYANA AU SUJET DE LA DATE DE LA NOUVELLE LUNE

Que le jour de la Date de la nouvelle lune soit divisé en trois parties, la matinée étant la première, le milieu du jour la seconde, et l’après-midi la troisième. Alors si la conjonction arrive pendant la nuit, les Kātyāyanas, comme les autres sectes, doivent faire l’offrande des boules de riz aux mânes des ancêtres et le « Culte du Bois et du Feu » pendant le jour de la conjonction (c’est-à-dire le jour de la quinzième Tithi) et accomplir le sacrifice pendant le jour qui suit (c’est-à-dire pendant la première Tithi) lors même que la lune serait alors visible. Tout le monde est d’accord sur ce point.

Si la conjonction se présente dans la matinée ou dans la seconde partie du jour appelée midi, alors le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande des boules de riz aux ancêtres décédés doivent être accomplis pendant le jour qui précède la conjonction et le sacrifice pendant le jour de la conjonction.

Quand, pendant la quatorzième Tithi, la troisième partie du jour appelée après-midi est occupée entièrement par la Date de la nouvelle lune, il ne peut y avoir d’hésitation, l’offrande des boules de riz aux ancêtres décédés doit être faite pendant cette soirée de la quatorzième qui est complètement envahie par la Date de la nouvelle lune. Quelques autres auteurs disent que lorsque la Date de la nouvelle lune ne fait que toucher seulement cette soirée (de la quatorzième Tithi) l’offrande du riz cuit aux ancêtres décédés doit être faite pendant le jour de la nouvelle lune et non pendant la quatorzième Tithi. Cependant quelques autres disent, au contraire, qu’elle doit être faite à la fin de la quatorzième Tithi, puisqu’alors la lune est très pâle.

Il y a quatre sortes de conjonctions de l’après-midi :

1° Quand la Date de la nouvelle lune est incluse dans l’après-midi du jour de la conjonction. Exemple : la quatorzième a 29 ghaṭikas, la Date de la nouvelle lune, 30, la première Tithi suivante, 29, et la durée du jour est de 30 ghaṭikas. Dans ce cas, le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux ancêtres décèdes doivent être accomplis pendant le jour de la conjonction et le sacrifice pendant le jour qui suit.

2° Lorsque la Date de la nouvelle lune est incluse dans la soirée du jour qui précède celui de la conjonction. Exemple : la quatorzième a 20 ghaṭikas, la Date de la nouvelle lune, 22, la première Tithi qui suit a 24 ghaṭikas, et la durée du jour est de 30. Dans ce cas, suivant le Kaustubha, comme la première Tithi renferme le jour qui suit celui de la conjonction (c’est-à-dire la quinzième Tithi), une matinée entière de 6 ghaṭikas et trois parties entières de la première Tithi, et qu’il y a ainsi le temps nécessaire pour le sacrifice, alors le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux ancêtres décédés doivent avoir lieu pendant le jour delà conjonction et le sacrifice pendant le jour delà première Tithi. Cependant d’autres auteurs, s’appuyant sur le texte : « Quand l’après-midi de la première Tithi comprend 6 ghaṭikas de la seconde Tithi, alors, comme la lune est devenue visible et que, par conséquent, le sacrifice ne peut plus être fait, le « Culte du Bois et du Feu » doit être célébré pendant la quatorzième Tithi, » prétendent que le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux ancêtres décédés doivent avoir lieu pendant la quatorzième et le sacrifice pendant le jour de la conjonction. Voici un autre exemple pour expliquer ce cas : la quatorzième a 18 ghaṭikas, la Date de la nouvelle lune, 18, la première Tithi qui suit a 19 ghaṭikas et la durée du jour est de 27 ; maintenant, comme la Tithi renferme le matin, mais pas les trois parties du jour (nécessaires pour un sacrifice), les disciples de Kâtyâyana (voir note 148) doivent, suivant tous les auteurs, accomplir le sacrifice pendant le jour de la conjonction (c’est-à-dire la quinzième) et le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux ancêtres décédés pendant le jour précédent à la quatorzième Tithi.

3° Quand la Date de la nouvelle lune remplit presque l’après-midi des deux jours également ou inégalement. Exemple : la quatorzième a 25 ghaṭikas, la Date de la nouvelle lune, 25, la première Tithi qui suit, 24, et la durée du jour est de 30. Dans ce cas, les deux soirées renferment également (la Date de la nouvelle lune) ; nous avons vu tout à l’heure que, relativement à ce cas, il y avait deux opinions, soit : celle du Kaustubha et celle des autres auteurs.

Autre exemple de ce cas : La quatorzième a 25 ghatikas, la Date de la nouvelle lune 20, la première Tithi qui suit 17, et la durée du jour est de 27. Ici aussi la soirée des deux jours renferme presque d’une manière égale la Date de la nouvelle lune. Tout le monde est d’accord que, dans ce cas, les Kâtvâyanas doivent célébrer le sacrifice pendant le jour de la conjonction (c’est-à-dire pendant la quinzième) et le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux ancêtres décédés pendant le jour qui précède.

Voici un exemple dans lequel les deux soirées renferment presque la Date de la nouvelle lune, mais pas également : La quatorzième a 25 ghatikas, la Date de la nouvelle kuio 23, la première Tithi 23 et la durée du jour est de 30. Dans ce cas aussi il y a deux opinions différentes émises par les auteurs cités dans le cas précédent.

Autre exemple explicatif de ce cas : La quatorzième a 25 ghatikas, la Date de la nouvelle lune 22, la première Tithi 18 et la durée du jour est de 30, Ici aussi les deux soirées renferment presque la Date de la nouvelle lune, mais inégalement, et dans ce cas tout le monde est d’accord que les Kâtyâyanas (voir note 146) doivent faire le sacrifice le jour de la conjonction et le « Culte du Bois et du Feu », ainsi que l’offrande aux mânes des ancêtres pendant le jour précédent de la quatorzième Tithi.

Dernier exemple de ce cas : La quatorzième a 25 ghatikas, la Date de la nouvelle lune 27, la première Tithi qui suit 29 et la durée du jour est de 30. Ici le « Culte du Bois et du Feu » et le sacrifice (sic ! au lieu de sacrifice il devrait y avoir « l’offrande aux mânes des ancêtres ») doivent être accomplis le jour de la conjonction et le sacrifice pendant la première Tithi.

4° Quand la soirée du jour de la conjonction renferme presque la Date de la nouvelle lune : La quatorzième a 31 ghatikas, la Date de la nouvelle lune a 26 ghatikas, la première Tithi qui suit a 23 ghatikas, et la durée du jour est de 30 ; ou encore, la quatorzième a 28 ghatikas, la Date de la nouvelle lune 2t, la première Tithi qui suit 17, et la durée du jour est 27 ; dans ces deux cas « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux mânes des ancêtres doivent avoir lieu pendant le jour de la conjonction, et le sacrifice pendant le jour suivant, celui de la première Tithi.

Ainsi même pour les Kâtyâyanas (voir note 146) le fait que la lune soit visible n’implique pas toujours une prohibition ; dans certains cas la prohibition persiste et les rites sacrificatoires, etc., doivent être accomplis pendant le jour qui précède, tandis que, dans d’autres cas, ces rites peuvent être célébrés même pendant le jour où la lune est visible. Il en est de même en ce qui regarde l’offrande quotidienne de boules de riz aux mânes des ancêtres. Quant au rite du repas offert aux brahmanes en l’honneur des mânes des ancêtres pendant la Date de la nouvelle lune, il recevra une description générale dans la suite de cet ouvrage.


RÈGLE POUR LES SĀMA-VÉDISTES AU SUJET DU SACRIFICE

En ce qui concerne la Date de la pleine lune ils doivent suivre la règle générale exposée ci-dessus. Relativement à la Date de la nouvelle lune, s’il y a une conjonction nocturne, ils doivent faire le sacrifice pendant le jour de la première Tithi qui suit, même si la lune est visible ; s’il y a une conjonction de l’après-midi, que la première Tithi comprenne une Matinée de 6 ghaṭikas, et s’étende sur les trois premières parties du jour, donnant ainsi le temps nécessaire pour le sacrifice, celui-ci doit se faire pendant la première Tithi, même si la lune était visible, et le « Culte du Bois et du Feu » et l’offrande aux mânes des ancêtres doivent être accomplis pendant le jour de la conjonction, (c’est-à-dire la quinzième Tithi). S’il n’y a pas assez de temps pendant la première Tithi, le sacrifice doit se faire pendant le jour de la conjonction, et le « Culte du Bois et du Feu » ainsi que l’offrande aux ancêtres pendant le jour qui précède, c’est-à-dire celui de la quatorzième Tithi. Ainsi les Sāma-Védistes, comme les Kātāyanas (voir note 146), doivent autant que possible observer la prohibition de la visibilité de la lune. Ceci est la règle pour les Sāma-Védistes.

Tel est le vingt deuxième chapitre, description du temps des rites sacrificatoires (des quinzièmes Tithis).


  1. Le mot que je traduis ainsi est « Anvâdhânam ». Ce rite consiste à prendre, le jour qui précède le sacrifice, des branches combustibles, les adorer avec incantations, les jeter soit dans les trois feux domestiques sacrificatoires si on suit le rituel appelé Révélation, soit dans l’unique feu domestique, si on suit le rituel de Tradition (voir note 30) et enfin à méditer sur le Feu et l’adorer.
  2. Kātyāyana est un ancien sage, auteur des Sūtras védiques du Yajur, de Traités sur le rituel et la grammaire. Ses descendants ont adopté dans la vie ordinaire ses règles sur le rituel et les ont observées jusqu’à nos jours. De leur ancêtre ils ont pris le nom de Kātyāyanas. Quelques auteurs sont d’avis que tous ceux qui observent les règles ritualistes de Kātyāyana sont des Kātyāyanas.