Dictionaire général et curieux/Index Part 2

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Pierre Guillimin (2p. 1).

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ACHER. Il n’est point d’homme si bien partagé de la Nature qui n’aye quelques défauts, il n’en est point de si difficile à supporter que celuy d’un convié assis auprès de vous à table, qui mange goulument & avec une avidité si brutale, qu’il fait un cliquetis de ses machoires, outre que cela est extremement indecent & contraire à la belle education ; il est encore extremement prejudiciable à la santé, parce que la viande bien machée est à demy digerée : Qui benè mandit, cibum concoquis, & ad facilem mutationem disponit. Ioan. de Alim. infirm.

L’ancienne Rome avoit des hommes qui enseignoient à macher, de mesme qu’à marcher de bonne grace, & nous voyons dans la vie de Diogene que ce Philosophe ayant rencontré un jeune-homme qui mangeoit avec avidité, il donna un soufflet à son Precepteur, qui ne le reprenoit pas de cette faute. Diog. Laërc. livr. 6. de la Vie des Philosophes.

Il y a des Nations qui se couvrent pour prendre leurs repas, ils trouvent qu’il est mal-aisé de macher sans faire quelque contenance desagreable, il y a mesme des esprits tournez d’une telle façon, qui ne peuvent souffrir de voir manger, ny qu’on les voyent dans cette posture, & dans l’Empire Turc, il y a des hommes & en grand nombre, qui pour exceller les autres ne mangent jamais qu’en particulier, & sans estre vûs de personne. Estats & Empires.

MACHINES. Les Poetes disent que Dedalus a esté l’inventeur de toutes sortes de machines de son temps, il faisoit marcher des grandes figures, auxquelles il avoir donné des yeux mouvens, ce qui étonnait extremement les peuples ; c’est pourquoy un Poëte disoit :

Nunc vellem ingenium Dedale docte tuum.

Gens inventeurs de diverses machines étonnantes. Voyez Adresse. V. Inventions.

Brutus ayant esté employé par les Lyriens pour attaquer une ville, il en forma le siege, ne pouvant venir à bout de son dessein, il se retira ayant trouvé les machines que les Lyriens envoyoient pour démolir les murailles de la ville qui avoit esté assiegée, il leur écrivit, Vostra machina post bellum adducta sunt.

Nostre incomparable Monarque a esté un second Dedale, qui par ses soins & par ses immenses dépenses a trouvé diverses sortes de machines & d’artifices qui étonnent les peuples, ceux d’Alger en sçavent des nouvelles. V. Mathematiciens.

MADAME. C’est uxer, on ne donne ce titre qu’à celle qui peut concevoir, l. Mela 14. §. i. de Aliment. & Cibar, legas. Voyez Femme.

Le Jurisconsulte appelle du nom de Madame une femme : Sanctissima Domina, scio te de amicia meis curaturam ne quid hic desit, verunt amen & Marco dari octingenta velo. Sævol. in l. Tisia, ss. de Ann. legas.

Le nom de Madame est un nom de dignité & d’honneur, de mesme que le nom de Monsieur, &


cependant les plus petites Bourgeoises se font appeler Madame ; Elles veulent toutes cette qualité, on commence par les domestiques de la amison à se faire donner ce titre, les parents ensuite l’authorisent, & par un malheur extreme, de cette peste, il s’en fait une contagion parmy le public.

On lit dans les titres anciens du Comté de Rhodes & d’Armagnac, que les Dames de ces lieux-là ne prenoient que le nom de Na, & pour dire Madame Eminarde, Na Eminarda, c’estoit le diminutif de Domina.

Les Turcs & les Arabes pour dire Monsieur, disent Scaletech, & pour dire Madame, ils disent Schilton.

MAGIE. Saint Hierôme dit, que le nom de Mage, signifioit autrefois un Philosophe chez les Perses, chez les Grecs, & chez les Latins, & que les Theologiens l’ont ainsi determiné écrivant sur le Chapitre de S. Matthieu, Cum ergo natus esset Jesus in Bethlehem Juda in diebus Herodia Regis, ecce Magi ab Oriente venerunt Hierosolymam, cap. i. vers. i.

Apulée dit, que la Magie est la science qui nous apprend le culte du vray Dieu. Magi vocabantur interpretes divinorum & cultores. In Apol.

Pic de la Mirande adjoilre que ce nom dt Mt~gi’ ’lignifie un Maiftre excellent, un divin Propherc• unvrayadorateurde JESus-CHRIST. DcPra:not. lib:~. cap.t .

Dans fon origine_ la Magie faifoit des chofes fur~ prenantes & admirables par l’application des c:ho- fes naturelles feulcmenr,du dépuis on a mis le De- mon de la partie à la faveur dLiquclles Magiciens ont fàit des chofcs bien exrraordinaiœs & mé" chantes.

Mezeray ertla vje· de Louys X 1. dit, qu’En- guerrand de Matigny ayant ellé conflirné prifonnier par ordre: de ce MoParque, la femme de c:e Malto• tier n’oublia rien pout faire envollter le Roy , c’dt à dire , le faire mourit avec des lmfge~ de cire, comme certains miferablc:s vouloient faire an Pa- pe Urbain VI 11’.· .cette ·fàçon d~ mort eft expli- quée pa~ un POëre que cet Hiftorien rapporte.

Devoves absentes, simulacbraque certa singit.

Minuqus Felix dit’~es Magiciens ne font rien dans leut profcllion fa(ls le fecours &: affiftan- ce du -Demen 1 ~dq•id tmi’lltuli IMdHnt , p.,. D"· monesfat:iiiTJt•

Tercullie_n 4i’c •· que cc:s fortes de gens font les fmges dela .Divinité , .& les larrons de la divina• rion. .Aim~tl.WtiD’ tli’llinitAtmJ· • thim foranrw /)jvi-... r111ÙOTJI7n,,:X,eur.inœntiort ne~butte qu’à faire dt1 ina1·~ ~fon• .pat.fO:trilegcs,ou auuancnr.

Saint:PaJh!tlant eJ.El’hetë,tic,bt~ler les livres de&c"’ag~cils dpllt ce païs-là e{Qit ~trememcnt . · · infct., & J:’lufieurs furent· tonvenis & baptifez. ~El. x9• vrr[.,,.

Jean Fernel dit avoir vû uQ Magicien qui par la force de fes p;uolcs.f.iifdlt voir dans un grand mi .. roir u~ gtand nombre de (pcdres 1ul obciltfoient aUlt ordres q~’illeur donnc.it, li&.1. ~ .dbditis Rer. ÇI1Ufi1.