Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Apocalyspe

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 1 – de « Agnosticisme » à « Fin du monde »p. 84-89).

APOCALYPSE'. — I Origine. — II. Composition. 111. Interprétation générale.

Trois groupes de problèmes sollicitent, relativement à l’Apocalypse, l’attention de l’apologète. Ils ont trait à l’origine de ce livre, à sa composition, à son interprétation générale.

I. — Origine de l’Apocalypse. — La discussion porte sur l’auteur et sur la date.

A. Auteur. Jean l’apôtre ou Jean le presbytre ? Malgré l’existence d’opinions divergentes, comme celle de Joli. Weiss, qui propose un clirétien inconnu écrivant sous Domitien (Die Offenharung des Johannes, 1904), telle semble bien être de plus en plus la nécessaire alternative. Mais tandis que l’Eglise catholique, sans cependant l’imposer à la foi, témoigne fortement en faveur de Jean l’apôtre, les critiques non catholiques se prononcent, en grand nombre, pour le presbytre. Leur accord est assez marqué et la difficulté du problème assez réelle pour qu’un savant anglais, qui ne donne pas du tout dans les excès de la critique radicale, H. B. Swete, s’en soit montré récemment impressionné. Tout en inclinant à maintenir Tattribution traditionnelle à Jean, lils de Zébédée, il avoue sa perplexité et qu’il faudrait peu de chose pour le gagner à la cause du presbytre (The Apocalypse of S. John, 1906). Essayons de saisir, dans leurs éléments essentiels du moins, les raisons qui ont persuadé ces critiques et demandons-en l'énoncé à W. BoussET dont le commentaire : Die Offenharung Johannis, 6* éd., 1906, jouit d’une estime méritée.

La provenance asiate ou éphésienne de l’Apocalypse est, pour Bousset, hors de discussion, ainsi que sa composition par un Jean d’Ephèse. La difficulté gît tout entière dans l’identitîcation de ce personnage. Le texte célèbre de Papias cité par Eusèbe {Hist. Ecclés., III, 89) mentionne, en effet, deux Jean. Le premier est qualilîé d’apôtre et c’est le fils de Zébédée ; le second reçoit le titre de presbytre et de disciple du Seigneur. Lequel des deux est ce Jean d’Ephèse auquel la tradition attribue l’Apocalypse ? En réponse à cette question, Bousset s’attache à établir, par ordre, les propositions suivantes, i* Les plus anciens écrivains ecclésiastiques ne connaissent, en fait de personnage important ayant vécu à Ephèse dans la seconde moitié du premier siècle, qu’un seul Jean. Denys d’Alexandrie (-|- 26/1) est le premier qui en mentionne clairement deux. Mais, ce faisant, il ne se réclame d’aucune tradition précise, et se contente d’alléguer que, de son temps, d’après les dires de ceux qui ont Aisité Ephèse, l’on montre en cette ville deux tombeaux (, uvv : y.Kra) au nom de Jean. L’argument est peu concluant. 2" Cet unique Jean d’Ephèse n’est pas l’apôtre mais le presbjtre. Divers indices rendent très vraisemblable que Jean l’apôtre, comme son frère Jacques, a souffert le martjre en Palestine, de la main des Juifs ou par leur fait, antériem-ement à 70. C’est d’abord un texte de Papias, que nous ont conservé l’auteur d’un Epitome (vii’VIII* siècle) de l’Histoire Chrétienne de Philippe de SiDE {'- 430)et le chroniqiu’ur Georges Hamartolos (ix* siècle). C’est ensuite le texte de Marc, x, 3g, qui a tout l’air d'être, au moins sous sa forme actuelle, une prophétie ex e<.-enfu. Le Jean qui vivait à Ephèse Acrs la iin du premier siècle n’est donc pas le lils de Zél)édce. En second lieu, il est remarquable que les écrivains du second siècle (sauf Justin) ne donnent jamais à leur Jean d’Ephèse le titre d’apôtre mais, avec insistance, celui de disciple. Cela s’explique si ("est-du presbytre qu’ils Aculcnt parler. Enfin, d’après la tradition, ce Jean d’Ephèse a composé le lY* Evan ;  : ile. Or l’auteur de cet Evangile ne peut être le fils

de Zébédée. Le témoin de la vie de Jésus que nous y entendons est un Hiérosolymitain et nullement un Galiléen. Ce témoin est le « disciple bien-aimé ». Mais le disciple bien-aimé, identique à cet « autre disciple » qui introduit Pierre dans l’atrium de Caïphe et dont on nous dit qu’il était en relations (/vwTTo ;) avec le grand prêtre (Jo., xviii, 15), qui possède à Jérusalem une maison où il reçoit la mère de Jésus (ibid., xix, 27), s’affirme encore comme Hiérosolymitain et paraît appartenir à un tout autre monde que Jean, le pêcheur de Galilée. Ainsi donc, au témoignage même du IV' Evangile, Jean d’Ephèse n’est pas l’apôtre Jean ; ce ne peut être cque le presbytre. 3° De tout ceci il résulte que le presbytre Jean est précisément le « disciple bien-aimé » un Hiérosolymitain, peut-être de race sacerdotale et en tout cas de condition élevée.

Voici maintenant sur cette série de raisonnements quelques brèAes remarques. Beaucoup de savants catholiques, quoique par des considérations différentes, seraient assez disposés à admettre la première affirmation de Bousset. Plusieurs, comme tout récemment Lepin (L’Origine du quatrième évangile, 1907), ne reconnaissent pas dans le texte de Papias deux Jean, l’apôtre et le presbjtre, mais un seul, réunissant ces deux titres. Ladeuze, tout en admettant que Papias fait mention de deux Jean, ne voit aucune raison de considérer le presbytre comme un personnage éphésien, ou même asiate (L’origine du quatrième évangile, Rev. Bibl., octobre 1907). De fait, si vraiment il n’y avait eu qu’un Jean d’Ephèse, on s’expliquerait beaucoup mieux le peu de soin cjue prennent les écrivains du second siècle de préciser l’identité du Jean auquel ils attribuent le IV' Evangile et l’Apocalypse. Où Bousset se trompe, c’est quand il prétend que s’il n’y a eu qu’un seul Jean d’Ephèse, ce Jean est sûrement le presbytre. Les preuves qu’il allègue en faveur du martyre de Jean l’apôtre en Palestine et avant 70 ont bien peu de valeur. Si l’on considère d’une part les attaches romaines du second Evangile, et l’existence d’avitre part d’une tradition romaine relative à la mort naturelle de Jean l’apôtre dans un âge avancé, il devient impossible, ne fût-ce que de ce chef, d’admettre l’explication qu’il donne de Marc, x, 89. Le prétendu texte de Papias cité par l’abréAiateur de Philippe de Side et, peut-être, par Georges le Pécheur, semble bien avoir été ignoré d’Eusèbe qui, s’il l’avait connu, n’eût point manqué d’en tirer argument contre l’autorité de l’Apocalypse. C’est enfin un véritable paradoxe d’avancer que les écrivains du second siècle, Irénée, Polycrate, etc., quand ils parlent de Jean d’Ephèse veulent désigner non l’apôtre, fils de Zébédée, mais un autre Jean, disciple du Seigneur, le presbytre. De cela non plus Eusèbe ne s’est pas douté. Bousset lui-même paraît d’ailleurs avoir conscience de ce que cette hypothèse offre d’invraisemblable, et il est obligé d’en venir à l’explication habituelle d’une confusion. Il le faut bien d’ailleurs pour Justin qui est formel (Dialogue, 81). Mais cette confusion, si Jean l’apôtre n’a jamais vécu à Ephèse, est singulière. Enfin, comme l’a noté Saxday, c’est à l’identification du presbytre Jean avec le « disciple bien-aimé >> que l’attribution des écrits johanniques à ce personnage est redcvable de ce qu’elle peut « ivoir, à première vue, de séduisant. Seulement cette identification se heurte à d’insurmontables diftîcultés. Les synoptiques semblent bien exclure la présence à la Cène de tout disciple en dehors des Douze. D’autre part, ce disciple mystérieux, associé si intimement à Pierre dans les deux circonstances rapportées plus haut et encore Jean, xx, 1-18, puis xxi, 1 5-23 (en Galilée), il est bien difficile que ce ne soit pas celui-là que le IVe Evangile, i, 3 ; et ss., la lettre de S. Paul aux Galates, ii, 9, et les Actes des Apôtres, iii, viii, nous montrent en des rapports si étroits et si caractéristiques avec le même Pierre, Jean, fils de Zébédée. Jean l’apôtre ou Jean le presbytre, disions-nous en commençant. Et puisque ce n’est pas le presbytre, c’est donc l’apôtre qui a composé l’Apocalypse. Je ne puis songer à en faire maintenant la preuve d’une manière positive. Au point de vue des témoignages, le problème de l’auteur de l’Apocalypse se confond avec celui de l’auteur du IVe Evangile. L’opposition des Aloges, qui pour Ladeuze se réduisent à Caius de Rome, et celle de Denys d’Alexandrie, sont trop manifestement inspirées, la première par des préoccupations de polémique anti-montaniste, la seconde par le souci d’enlever au millénarisme renaissant son principal point d’appui, pour que l’historien puisse y attacher beaucoup d’importance. Bousset le reconnaît sans peine. Le jugement défavorable porté sur l’Apocalypse par plusieurs Pères Grecs de la fin du iiie siècle et du commencement du ive s’explique en partie par la réaction anti-millénariste et en partie par l’autorité de Denys. Quant à l’Église syriaque, elle a pris, comme d’habitude, son mot d’ordre à Antioche. Au point de vue des critères internes, l’attribution de l’Apocalypse à Jean l’apôtre se présente dans des conditions plutôt favorables. Les tendances et les habitudes d’esprit qu’elle révèle chez son auteur n’étonnent pas chez le Jean de la lettre aux Galates et des Actes, dont les attaches juives sont encore si marquées. La seule difficulté sérieuse est celle qui naît de l’attribution au même auteur d’ouvrages aussi différents que l’Apocalypse et le IVe Evangile. Encore faut-il remarquer qu’on a longtemps exagéré ces différences et méconnu les points de ressemblance. La terminologie, l’usage commun de certains symboles, le rôle capital attribué à l’Esprit, la foi ardente et l’enthousiasme chrétien rapprochent étonnamment l’Apocalypse et le IVe Evangile et leur donnent un air de famille très marqué. La diversité profonde des matières traitées et des genres littéraires rend les différences intelligibles et ajoute beaucoup à ce que les ressemblances ont en elles-mêmes de frappant. Si, malgré tout, la difficullé d’une origine identique pour l’Apocalypse et le IVe Evangile subsiste jusqu’à un certain point, ce n’est pas à propos du premier de ces ouvrages mais plutôt à propos du second qu’elle doit être examinée.

B. Date. Trois dates ont été proposées par les Pères pour la composition de l’Apocalypse : la fin du règne de Domitien, la persécution de Néron, le règne de Claude. Cette dernière opinion a pour patron S. Epiphane. La seconde a été suggérée par un texte de Tertullien où l’exil de Jean à Patmos semble être rattaché à la persécution de Néron. La première se réclame de l’autorité de S. Irénée qui paraît, dans le cas, digne d’une particulière confiance. Le sentiment de l’évêque de Lyon est devenu celui du plus grand nombre des Pères et commentateurs des âges suivants.

L’étude des indications que l’Apocalypse elle-même peut fournir sur ce point a conduit les critiques contemporains à des conclusions divergentes. Plusieurs, en particulier parmi ceux qui se préoccupent de maintenir l’unité littéraire absolue du livre, ont été amenés à placer sa composition avant 70, sous Néron C. A. Scott, qui pourtant n’est point influencé par ce souci, vient d’écrire, à propos du commentaire de Swete, un chaleureux plaidodoyer en faveur de la date susdite (The Expositor, janvier 1907). Les lettres aux sept Églises, remarque-t-il, ne supposent pas que les communautés asiates aient déjà fait l’expérience de la persécution sanglante. La partie centrale de l’Apocalypse iv-xxii, 5, spécialement xi, 1-11, xii, xiii, xvii et probablement xviii, suggère une date antérieure à 70, tandis que rien n’y exige d’être reporté tout à la fin du premier siècle. La vivacité de l’attente eschatologique, qui caractérise l’introduction et l’épilogue de l’Apocalypse, invite à rapprocher ce livre de la deuxième lettre de S. Paul aux Thessaloniciens plutôt que du IVe Evangile. Cependant la grande majorité des savants catholiques et les plus autorisés parmi les critiques non catholiques trouvent dans l’Apocalypse même la confirmation de l’opinion d’Irénée. Bousset, qui est de cet avis ainsi que J. Weiss et B. Swete, insiste surtout sur ce que le conflit entrevu et annoncé par l’Apocalypse n’est plus du tout entre le Judaïsme et le Christianisme mais entre la jeune Église chrétienne, dégagée de toute attache avec le Judaïsme, et l’empire romain. Tout nous invite donc à placer la publication de l’Apocalypse aux environs de 95.

II. Composition de l’Apocalypse. — L’examen du problème littéraire, du problème des sources de l’Apocalypse, va nous introduire plus avant dans les difficultés que soulève ce livre. Ici comme partout, l’apologiste doit avoir devant les yeux deux règles essentielles : ne jamais nier de faits manifestes, ni même, sans raisons proportionnées, de faits généralement reconnus ; n’admettre aucune hypothèse explicative de ces faits qui ne soit clairement conciliable avec les principes supérieurs dont le respect s’impose au croyant. Ces principes supérieurs, c’est, dans le cas de l’Apocalypse, l’assertion de l’auteur inspiré, affirmant qu’il a puisé les éléments et l’ordre de son livre dans des visions surnaturelles. Voyons d’abord les faits.

A. Faits suggérant que l’Apocalypse est une œuvre composite. Voici la liste de ceux qui sont le plus communément admis et que l’on tient pour les plus significatifs. Le lecteur devrait, pour leur complète intelligence, se reporter au texte même de l’Apocalypse, par exemple dans la traduction qu’en a donnée Calmes (Epitres Catholiques, Apocalypse, Bloud, 1905). 1° Le ch. vii se compose de deux morceaux à la fois parallèles et d’esprit différent, 1-8 ; 9-17. De plus, le premier de ces morceaux, d’une part n’est point amené par les développements du ch. vi ; d’autre part, ni les quatre vents enchaînés, ni les 144.000 Israélites marqués du sceau dont il nous parle ne jouent dans la suite du drame aucun rôle. 2° La section x, 1-xi, 13 interrompt d’une manière surprenante la série des sept trompettes et plus spécialement encore la suite des trois « malheurs ». 3° Le ch. xii qui, dans sa première partie, paraît vouloir décrire la carrière historique de Jésus, est singulièrement imprécis et d’un symbolisme étrange. On s’expliquerait difficilement qu’un chrétien, même dans une apocalypse, ait créé de toutes pièces un pareil tableau. 4° Le ch. xiv, 1 et ss. nous fournit du chiffre, évidemment traditionnel, de 144.000 une explication peu en harmonie avec celle que nous avons déjà rencontrée au ch. vii, 1-8. 5° La section xiv, 14-20 décrit une scène de jugement qui semblerait devoir clore le drame. En réalité la crise continue à se développer dans les chapitres suivants à peu près comme si rien n’était. 6° Le ch. xvii rapproché du ch. xiii est une énigme. De plus ce ch. xvii considéré en lui-même paraît renfermer deux conceptions différentes de la ligue des rois. On ne sait trop si c’est contre Rome ou contre l’Agneau qu’elle se forme. Le texte est obscur, hésitant. 7° Les ch. xii et xiii semblent mener les événements à la catastrophe définitive. En réalité le dénouement ne se produit 155

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qu’au cil. XIX, 1 1 et ss. Les cli. xvii et xviii ralentissent, d’une manière étrange, l’action, d’abord rapide, du drame. 8'^ La description de la Jérusalem céleste est peu cohérente. (Cf. xxi, 2 et xxi, 9 ; xxi, 2^ qui cadre mal avec la situation et spécialement avec XX, 15.) 9" Dans l’ensemble, l’Apocalypse demande ime date tardive, la fln du premier siècle ; au contraire, le ch. XI, i-14, qui semble exiger l’existence du temple, doit être antérieur à 70. 10° Le particularisme juif le plus accusé (cf. vii, 1-8 ; xx, 7-9 ; xxi, 24 et ss.) côtoie dans l’Apocalypse un universalisme chrétien des plus décidés et même des tendances anti-juives. 11° A ce dualisme de tendances et de points de vue se rattachent certaines conceptions ditficiles à harmoniser, par exemple : l’attente de la préservation du temple, xi, i-3 et la description de la Jérusalem céleste où il n’y a plus de temple xxi, 22 et ss. ; le rôle de l’archange Michel à côté de celui du Christ, etc. 12° Enfin l’on croit apercevoir dans le texte de l’Apocalypse les traces d’un travail rédactionnel opéré sur des documents préexistants. Il arrive souvent que ces particularités se trouvent réunies dans la même section.

B. Faits attestant l’unité littéraire de V Apocalypse. En voici un aperçu très sommaire. 1° L’Apocalypse révèle un plan général arrêté et très étudié. Les péripéties du drame se groupent en trois séries, celle des sceaux, celle des trompettes, et celle des coupes. Chaque série comporte sept épisodes distribués selon la formule 4 + 3. Le dernier épisode de chaque série amène avec Ijeaucoup d’art le premier de la série sviivante. 2° Semés un peu partout à travers l’Apocalypse, on relève des symboles, des formules, qui s’appellent les unes les autres, se rejoignent et contribuent à relier fortement toutes les parties de l’ouvrage. 3" Certaines conceptions générales, un même esprit dominent et imprègnent tout le livre, y compris les ch. i-iii. 4*^ Enfin l’Apocalypse trahit une très réelle unité de style.

Je crois que, dans l’ensemble, ces obserA’ations, celles de la première catégorie et celles de la seconde, sont fondées, encore que beaucoup de critiques aient tendance à exagérer les phénomènes d’hétérogénéité. Le problème du mode de composition de l’Apocalypse est donc liosé par les faits eux-mêmes. Car vouloir les réduire par voie d’exégèse, ainsi que plusieurs, et tout récemment H. B. Swete, l’entreprennent encore, paraît une entreprise impossible. Qu’on lise, par exemple, l’explication que Swete donne du ch. XII. La forme même du récit demeure totalement en dehors de ses prises. De même en est-il pour beaucoup d’autres cas. Il semble donc indispensable de recourir, pour expliquer toutes ces particularités de forme et de fond qvie l’exégèse seule est impuissante à éclaircir, à une hypothèse touchant la manière dont l’Apocalypse a été composée, touchant les sources de l’Apocalypse. Cette hypothèse doit évidemment se tenir entre les limites que déterminent les deux séries opposées de faits indiquées plus haut. Aussi les théories qui ne tiennent pas suffisamment compte des indices d’homogénéité apparaissent-elles de plus en plus comme caduques. C’est le cas de la théorie rédactionnelle (Ueberarbeitungstlteorie) qui voit dans l’Apocalypse trois rédactions ou développements successifs d’une apocalypse primitive (Visciier, VôlTER, EuiJEs, etc.). C’est le cas aussi de la théorie des soui’ces, d’après laquelle l’Apocalypse serait le résultat de la fusion d’apocalypses diverses (Weyland, Spitta, J. Weiss, etc.). En revanche, la théorie des fragments, proposée par Yeizsakckek et reprise en particulier par Bousset, a le mérite de respecter les données diverses du problème et de ce chef elle est

digne de considération. En voici la formule très générale : '< Nous ne posons ni un écrit fondamental progressivement développé, ni un rédacteur assemblant mécaniquement des documents, mais un auteur, lequel cependant, en bon nombre d’endroits, ne crée pas de toutes pièces ses matériaux, mais utilise des fragments (écrits) et des traditions apocalyptiques plus anciens. » (Bousset.) Si l’on veut se rendre compte, dans le détail, du nombre et de l’importance des morceaux écrits utilisés, d’après cette théorie, par l’auteur de l’Apocalypse, il suffira de feuilleter le commentaire de Calmes.

Traditions apocalyptiques ou mieux tradition apocalyptique. C’est à l’existence et à l’histoire de cette tradition, bien plutôt qu'à la considération de soui’ces littéraires immédiates, (]uc Gunkel fait appel pour rendre raison des faits rapportés plus haut et de la composition de l’Apocalypse. (Schôpfung und Chaos in Urzeit und Endzeit, 1896.) Il y a longtemps qu’on avait été frappé de tout ce que ce livre possède en commun avec l’eschatologie des Projjhètes et avec les apocalypses juives, en fait de symboles et de conceptions. Gunkel estime que ce fonds commun est beaucoup plus considérable et beaucoup plus rigoureusement fixé qu’on ne le pense généralement. L’Apocalypse de Jean est, dans une large mesure, une édition nouvelle, chrétienne, de l’eschatologie juive traditionnelle. De là viennent les phénomènes signalés : conceptions disparates, application d’un matériel symbolique ancien à signifier des idées nouvelles, etc. La fixité des éléments traditionnels où puise l’auteur de l’Apocalypse suffît à expliquer tout cela sans qu’il soit nécessaire de recoiu-ir, du moins dans bon nombre de cas, à l’hypothèse de sources écrites.

Gunkel, et c’est là l’originalité de sa théorie, va plus loin. La tradition apocalypticjue juive ne suffit point à rendre raison de l’Apocalypse, poiu* ce motif qu’elle ne trouve pas en soi-même son explication. Si l’on doit maintenir qu’elle a pris corps en terre palestinienne, il s’en faut qu’elle puisse être considérée comme une création juive. Bon nombre des symboles qui lui sont familiers et plusieurs de ses conceptions essentielles appartiennent à ce fonds d’idées qui constituait le patrimoine commun des peuples de l’Asie antérieure et dont la patrie historique est la Babylonie. L’eschatologie judéo-chrétienne est fondée sur ce principe, clairement exprimé dans l’Epitre de Barnabe, vi, 13 : « I^oJ Trstôj tv. ï'^/v.-zv. w ; rà np&Tc.)>. Or la manière dont elle conçoit les origines est étroitement apparentée, et bien plus encore que les récits de la Genèse, aux conceptions que nous trouvons exprimées dans les épopées et poèmes mythiques de la Babylonie.

Bousset a accueilli ces suggestions, non toutefois sans réserve et tout en maintenant comme explication directe des particularités littéraires et réelles de l’Apocalypse sa théorie des fragments écrits. Personnellement, il attribue une part d’action, dans l'élaboration de l’eschatologie juive, au dualisme éranien.

Quelle position j^rendre dans ces problèmes compliqués et parmi ces solutions diverses ? 1° Il me semble que l’apologiste catholique fera bien de ne point écarter d’une manière absolue l’hypothèse de l’utilisation par l’auteur de l’Apocalypse de fragments écrits. En revanche je ne vois pas qu’il ait lieu d’accorder beaucoup à ce point de vue purement littéraire. 2° L’influence de la tradition apocalyptique juive, dans la composition de l’Apocalypse de S. Jean, a été sans doute beaucoup plus considérable, et c’est par cette influence que les caractéristiques de cet ouvrage me paraissent devoir être surtout expliquées. 3 » Si la religion babylonienne a foiu’iii quelque chose

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à l’eschatologie juive, et il sérail en somme peu prudent de le nier, c’est exclusivement, selon la remarque de Bousset, n sa forme extérieure », ses cadres généraux et son imagerie. 4" Quant à l’influence éranienne, à laquelle Bousset, après d’autres, attribue une action beaucoup plus profonde sur l’eschatologie juive et chrétienne, son existence même se heiu-te à une difliculté préalable, qui est fort loin d'être éclaircie, celle de l’ancienneté de l’Avesta et du Zoroastrisme luimême. (Cf. Lagrange, La religion des Perses, la Réforme de Zoroastre et le Judaïsme, igo^.) En résumé deux éléments d’inégale importance ont joué un rôle, à côté de l’activité personnelle de l’auteur et de l’action divine, dans la composition de l’Apocalypse et expliquent les particularités de ce livre : pour une part moindre, des fragments écrits, et pour une part beaucoup plus considérable, la tradition apocalyptique juive.

C’est là du moins ce que les faits semblent suggérer. Mais nous ne pouvons admettre d’une manière ferme cette hypothèse avant d’avoir reconnu, de façon positive, qu’elle est conciliable avec les assertions de l’auteur relatives à l’origine révélée de l’Apocalypse. L’est-elle ? Là encore il est intéressant d’entendre d’abord Bousset. Il écrit : « Tout (dans l’Apocalypse) est-il liction littéraire, ou bien l’auteur est-il vraiment persuadé qu’il a eu ces visions et ces révélations ?… Beaucoup de choses dans le livre, à la vérité, ne sont que fiction litttéraire, procédé d’apocalyptique… Toutefois nous ne devons pas accuser l’auteur de donner comme Aérité qui lui aiu’ait été révélée ses inventions personnelles. Il rapporte une tradition très sainte, d’antiques et mystérieux symboles du temps des ancêtres ; il l’explique et en fait l’application. Il n’a nullement conscience que ce soient là des inventions personnelles. Toute la fiction littéraire consiste en ce que l’auteur donne comme vision personnelle la tradition qu’il s’aj^proprie… ¥A cependant d’autre part, pour ce qui est de l’auteur de notre Apocalypse, je crois qu’il a eu lui-même des visions et qu’il- nous les communique. J’ai peine à me persuader que, par exemple, les premiers chapitres de l’Apocalypse n’ont pas leur origine dans une vision. Je tiens qu’il n’est pas psychologiquement impossible que le voyant ait joint à ce qu’il avait lui-même vu et expérimenté le fonds traditionnel d"oracles consacrés, qu’il ait jeté ses propres expériences dans les formes que lui livrait la tradition, bien plus qu’il les ait vues dans la forme même fixée par la tradition. » Ces considérations, on ne peut le nier, trahissent un respect sincère pour l’auteur de l’Apocalypse, le souci de conserver un sens Arai à ses déclarations et surtout de le justifier lui-même de les avoir faites. Tout en craignant que le mot de visions, d’expériences n’aient pas j)Our Bousset et pour nous un sens idcnti((ue, il sendjle qu’il y a quelque chose à retenir dans ses suggestions.

Mais il nous faut examiner le problème pour notre propre compte cl du point de vue catholique ; les explications de Bousset ne sauraient nous sullire. Remarquons tout d’al)ord que ce n’est i)as par rapport à l’inspiration elle-mêuie de l’Apocalypse que la dilliculté se jiose. C’est une chose unanimement recojiniu' et fondée sur la délinition même de cette action divine, que l’inspiration ne détermine rien ni quant AU mode de composition du livre inspiré ni quant à la manière dont l’auteur s’est procuré les idées qu’il exprimera au nom et sous la sanction de Dieu. La question à résoudre est exclusivement celle-ci : Se peut-il que dans la composition de rvpocalyi)se l’auteur inspiré dépende à la fois de visions surnaturelles, de révélations proprement dites et de la tradition apocalyptique ? Se peut-il que cette dépen dance de la tradition soit allée, dans certains cas, jusqu'à l’utilisation de fragments écrits préexistants ? Il me sendile qu’il suflîl, pour que cette possibilité apparaisse manifeste, de poser la question sous cette autre forme : Y a-t-il quelque difficulté à admettre que Dieu lui-même ait composé les scènes Araiment « Aues » jiar le prophète à l’aide d'éléments consacrés par la tradition apocalyptique judéo-chrétienne. Ces éléments, symboles et cadres généraux, déjà familiers au Aoyant et à ses futurs lecteurs n'étaient-ils pas au contraire tout indiqués comme moyens d’expression des enseignements nouvcaux que Dieu Aoulait communiquer ? Et s’il existait déjà des rédactions écrites connues, populaires peut-être, de A isions semblables à telle ou telle de celles dont S. Jean avait été lui-même favorisé, Dieu, toujours dans le but d’atteindre plus efficacement les esprits et les cœurs, ne pouvait-il lui inspirer de les introduire dans son œuvre en les adaptant à leur nouvcau contexte ? On ne Aoit en tout cela nulle difficulté, mais plutôt l’application d’une loi certaine du gouvcrnement divin qui, même dans l’ordre surnaturel, met son action en harmonie avcc le sujet humain sur ou au bénéfice de qui elle s’exerce. Le Aoyant, utilisant jjoiu* rendre quelques-unes de ses Aisions, des documents antérieurs décrivant des scènes semblables et déjà populaires, nous offrirait un cas analogue à celui du Prophète qui dans la trame d’un oracle tout à fait personnel introduit des phrases entières empruntées aux œuvres d’un Prophète plus ancien. Son procédé rappellerait, de façon plus précise encore, celui de l’historien qui, pour raconter des faits dont il a été témoin, se sert de récits déjà existants, à raison de leur autorité ou de leurs qualités intrinsèques.

111. Interprétation générale de l’Apocalypse. — Je n’ai point dessein d’exposer les explications divcrses qui ont été données de l’Apocalypse dans le passé et qui toutes comptent encore aujourd’hui des partisans. Devant le désaccord persistant des exégètes, tant catholiques que protestants, je me bornerai à signaler les positions principales qui, conciliables aA-ec la doctrine de l’Eglise, me paraissent susceptibles d'être défendues avce avantage dans l'état présent de la science. Leur simple exposé les justifiera dans la mesure où elles peuvcnt l'être.

A. Trois méthodes semblent dcvoir concourir à l’explication de l’Apocalypse. Ce sont les méthodes dites : de critique littéraire, d’histoire delà tradition apocalyptique, d’histoire des éAénements contemporains. Cela Acut dire qu’il convient de chercher des lumières, pour l’intelligence de l’Apocalypse, dans la considération des procédés de composition dont l’auteur a usé ; dans l'étude de la tradition apocaljpti<iue à laquelle appartiennent, en bon nombre de cas, les symboles, tableaux et conceptions que nous trouA’ons en cet ouvrage ; enfin dans la connaissance de l'état du monde romain dans la seconde moitié du premier siècle après J.-('. L’Apocalj’pse, en eirel, contient des allusions nombreuses aux éAénements contemporains. Il Aa sans dire que ces trois méthodes doivent être appliquées avec discernement et sous le contrôle supérieur des principes théologiques.

Les deux premières nu’thodes conduisent à poser cette règle essentielle (]u'()nt adoptée, depuis longtcmjis déjà, les commentateurs catholiques les plus éclairés et les plus judicieux : En principe, l’interjirètc de l’Apocalypse ne s’attachera pas au détail des descriptions et des symboles mais uniquement à leurs éléments essentiels. Le sens de ces éléments essentiels eux-mêmes est à déterminer en fonction de l’idée générale du livre.

B. Il faut mettre au-dessus de toute discussion le caractère prophétique de l’Apocalypse prise dans son ensemble. Le dessein de l’auteur n’est pas de composer, en style apocalyptique, le tableau d’événements passés, ni même de la situation présente de l’Église chrétienne. Il fait, dans l’ensemble, œuvre de prophète et annonce l’avenir. Ce point est de plus en plus généralement admis.

C. En revanche, il est difficile de ne pas reconnaître dans l’Apocalypse ce qu’on peut appeler un écrit d’actualité. L’auteur lui-même le destine à être lu dans les assemblées des communautés asiates. C’est le souci d’affermir ces églises dans la foi et de leur donner courage en vue de luttes prochaines qui manifestement inspire et anime son livre. De là vient le caractère si particulier de l’Apocalypse. Elle est d’un bout à l’autre une vibrante profession de foi et d’amour du Christ. Elle est plus encore l’affirmation d’une inébranlable confiance dans le triomphe du Christ et des siens. Elle est, par-dessus tout, quelque chose de plus spécial encore, de plus pratique et de plus actuel, un appel pressant, relevé de menaces et de promesses, à la fidélité quoiqu’il arrive, un hymne au martyre. À la chrétienté anxieuse elle jette comme mot d’ordre, avec un accent superbe, la grande et héroïque parole : « Heureux les morts qui vont mourir dans le Seigneur », xiv, 13. Et c’est là la beauté singulière de l’Apocalypse et l’endroit par où, malgré ses obscurités, elle nous émeut toujours.

D. Cette crise prochaine, ce décisif conflit que l’auteur de l’Apocalypse a en vue et qui fait l’objet de ces ch. vi-xix qui sont la partie essentielle de son livre, il les conçoit connue devant se produire entre le christianisme et l’empire romain. À n’en pouvoir douter, Babylone c’est Rome, et la Rome historique. Plus précisément ce conflit éclatera sur le terrain des prétentions de Rome et de César au culte divin, à l’adoration. Sous cet aspect, Rome apparaît au voyant comme l’instrument même de Satan et son incarnation pour ainsi dire. Elle revêt aux yeux de Jean quelques-uns, à tout le moins, des traits de l’Antéchrist. Aussi décrit-il les diverses péripéties de la crise imminente à l’aide des symboles et des tableaux popularisés parmi les chrétiens par l’eschatologie juive, accrédités par la prédication même de Jésus. Mais il ne faut pas se laisser égarer par tout cet appareil extérieur. En réalité la crise annoncée est conçue, par le prophète lui-même, comme une crise historique et non point eschatologique au sens strict. C’est sans doute ce que Calmes entend quand il écrit : « Tout en étant eschatologique, l’Apocalypse, du moins dans les chapitres qui font le tourment des commentateurs, et en particulier pour ce qui concerne la description du monstre polycéphale, est un écrit d’actualité ; on peut dire que le livre consiste dans l’application de traditions eschatologiques aux circonstances historiques, — actuelles ou imminentes. » (L’Apocalypse devant la Tradition et devant la Critique, 3e éd. 1907.) Du moins est-ce ainsi que, personnellement, je voudrais l’entendre.

E. De ce conflit, dont la durée n’est pas précisée et qui prendra fin par l’anéantissement de la Rome idolâtre, sortira un monde nouveau, le monde chrétien. Il est décrit sous les traits traditionnels, et ici essentiellement symboliques, d’un règne terrestre du Messie et des siens, du Christ Jésus et des chrétiens. L’interprétation connue sous le nom de « millénarisme » est en contradiction avec le ton si nettement idéaliste, avec le caractère « spirituel » de l’Apocalypse. Cet avènement du Christ dont parle le prophète, qui est, ne l’oublions pas, l’auteur même du IVe Evangile, est un avènement mystique et son règne un règne spirituel. Personnellement, je souscrirais volontiers à cette conclusion de Corluy : « Le règne millénaire est à peu près également aussi difficile à expliquer dans tous les systèmes. La meilleure manière de l’entendre est peut-être d’y voir l’annonce de la paix dont jouit l’Église après les persécutions et les grandes hérésies, surtout à partir de Charlemagne. » Diction. de la Bible, a. h. v.

F. L’annonce du règne millénaire clôt la première série des oracles de l’Apocalypse ch. vi-xix. Ce règne lui-même sert de fond à ce que l’on peut appeler le premier plan de la vision du prophète. Comme la crise dont il constitue le dénouement, il appartient au « siècle présent » et non point au « siècle futur » ; au cosmos que nous connaissons et non point à l’univers nouveau qui n’apparaît que plus tard, xx, 1. Par delà ce premier plan, un autre se découvre, proprement eschatologique celui-là. Il n’appartient plus, dans son terme du moins, ni au siècle présent, ni à ce monde-ci. À peine esquissé par l’auteur de l’Apocalypse, il comporte comme le précédent des luttes, brèves semble-t-il, un triomphe et un règne glorieux, d’éternelle durée et de caractère transcendant. Le voyant est moins renseigné sur ces événements de la fin que sur ceux de la crise historique, et l’on sent que c’est cette dernière qui constitue l’objet principal de son livre, sur elle que se concentre l’intérêt pratique, à elle que se rapporte sa mission de prophète. Ici encore et par contraste se découvre ce caractère d’actualité que nous avons déjà remarqué dans l’Apocalypse. Relativement à la date à laquelle se produiront les événements décrits aux chap. xx, 7, xxii, 5, il est impossible de rien dire et tout porte à croire que l’auteur n’en sait pas plus long que nous. Les 1000 ans qu’il assigne au règne messianique sont un chiffre relatif et symbolique, désignant une période, un « âge » dans l’histoire du monde, et il n’y a rien à en tirer.

Je terminerai cette esquisse par une remarque qui me paraît de nature à jeter un certain jour sur la conception générale que nous avons cru découvrir dans l’Apocalypse. Il me semble y reconnaître une survivance et une transformation chrétienne de cette double espérance juive, l’espérance messianique nationale et l’espérance transcendante-individuelle, dont Vaganay signalait naguère la combinaison dans le IVe livre d’Esdras(Le Problème eschatologique dans le IVe Livre d’Esdras, 1906)et que Lagrange a reconnues dans Daniel (Rev. Bibl. loco citato). Ainsi s’explique que, tandis que le personnage du Christ domine la série d’oracles qui se ferme sur la perspective du règne millénaire, c’est Dieu lui-même qui entre en scène avec la seconde série.

Bibliographie. — Outre les commentaires les plus récents de l’Apocalypse : Tiefenthal, Die Apocalypse des h. Johannes erklärt, Paderborn 1892 ; Fillion, La Sainte Bible, t. viii, Paris 1904 ; Calmes, Epîtres Catholiques, Apocalypse, Paris 1905 ; Bousset, Die Offenbarung Joannis, 6e éd., Gœttingue 1906 ; Swete, The Apocalypse of St. John, Londres 1906 ; je citerai, parmi les études spéciales : J. Weiss, Die Offenbarung des Johannes, Gœttingue 1904 ; Calmes, L’Apocalypse devant la tradition et devant la critique, 3e éd., Paris 1907 ; Gunkel, Schöpfung und Chaos in Urzeit und Endzeit, Gœttingue 1895 ; Lagrange, La Religion des Perses, la Réforme de Zoroastre et le Judaïsme, Paris 1904.
A. Lemonnyhu, O. P.
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APOCRYPHES

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