Dictionnaire apologétique de la foi catholique/Sacrement

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Dictionnaire apologétique de la foi catholique
Texte établi par Adhémar d’AlèsG. Beauchesne (Tome 4 – de « Persécutions » à « Zoroastre »p. 537-545).

SACREMENT. — Nous indiquerons, dans cet article, les principes à l’aide desquels on peut répondre aux objections modernes relatives aux diverses questions de la théologie sacramentaire :
I. Définition du sacrement. —
II. Composition du rite sacramentel.
III. Efficacité des sacrements.
IV. Caractère sacramentel.
V. Nombre des sacrements.
VI. Leur institution divine. —
VII. Intention du ministre et celle du sujet des sacrements.

Mais, pour procéder avec plus de clarté, il convient d’exposer tout d’abord, dans une vue d’ensemble, soit las objections de nos adversaires, suit le développement historique de la doctrine de l’Eglise.

I re PARTIE. — VUE D’ENSEMBLE

Le développement des dogmes sacramentaires a été particulièrement tardif. On chercherait vainement, dans les écrivains ecclésiastiques antérieurs au moyen-âge, une doctrine précise sur le concept de sacrement, sur leur nombre, sur les éléments qui les composent, sur le rapport qui rattache le rite à la grâce, sur le caractère sacramentel, sur l’intention requise dans le ministre et dans le sujet. Il faut arriver jusqu’au xii* et au xm* siècles, pour avoir sur toutes ces questions une théologie cohérente et complète.

Proûtant de cet état de ehoses, les protestants du xvie siècle et aujourd’hui encore les protestants libéraux et les adversaires du catholicisme décla1063

SACREMENT

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rent triomphalement que la doctrine de 1 Eglise sur les sacrements est d’origine purement humaine, et que plusieurs de nos rites sacramentels sont des usages païens christianisés. Jésus, auteur d’une religion purement spirituelle, du culte « en esprit et en vérité », n’aurait, parait-i ! , institué aucun sacrement. Le christianisme primitif, poursuit-on, resta tidèle à l’esprit de son fondateur, et ne connut d’autre culte que le culte intérieur et spirituel. Mais, au moment où la religion chrétienne entra en contact avec le monde païen, elle sentit le besoin d’un culte extérieur, et tout naturellement elle s’appropria, en les démarquant, les rites des mystères grecs usités autour d’elle. Le christianisme aurait fatalement couru le risque de rester sans prise sur les peuples helléniques, sans cette adaptation à leurs tendances cultuelles et à leur amour pour les rites magiques et mystérieux. Quanta l’enseignement de l’Eglise sur les sacrements, il serait le résultat de théories tout arliûcielles, créées parS. Augustin pour des besoins de controverse ou pour justilier les usages sacramentels chrétiens, et amplifiées par les scolasliques dans le but de construire un système philosophicoreligieux avec l’aristotélisme envahisseur. Ainsi, l’institution sacramentelle de la religion chrétienne et la doctrine qui l’explique seraient totalement étrangères à la pensée du Christ ; elles représenteraient une altération de l’essence du christianisme, une superfétation sacrilège dont il faut se débarrasser, si l’on veut avoir le christianisme authentique. — Cf. A.Harnack, Lekrbuch der Dogmenges chichte*, t. I, pp. 225-238, 433 ; t. 111, 545-554, elc ; L’essence du christianisme, trad. fr., Paris, 1907, pp. 33 1-332. Aug. Sabatibr, Esquisse d’une philosophie de la religion d’après la psychologie et l’histoire, Paris, 1897, pp. 208 ss., 23a ss. — Les religions d’autorité et la religion de l’esprit 3, Paris 1904, pp. 151 ss.

Avant de répondre en détail à ces objections spécieuses, opposées à la doctrine catholique, réprouvées par Pie X en de nombreuses propositions du Décret Lamentabili (3 juillet 1905), exposons rapidement, en descendant le cours de l’histoire et de la littérature ecclésiastiques, le développement de la doctrine sacramentaire. Cet exposé succinct nous montrera que ce développement a pour point de départie » principes sacramentels-posés par le Christ et par les Apôtres, et non les influences païennes ; que la pensée chrétienne, pour arriver à une intelligence plus compréhensive et plus nette du dogme, à bien pu s’aider des systèmes philosophiques, mais qu’elle ne leur a ri « n emprunté d’essentiel ; et qu’enfin le terme final de ce développement sacramentaire, c’est-à-dire les définitions du concile de Trente, est dans le prolongement direct de la pensée de l’Eglise primitive.

Ce développement historique de la théologie sacramentaire se divise assez n.'ttement en quatre périodes — des origines à S. Augustin, — de S. Augustin au xu" siècle, — du xn c siècle au Concile de Trente, — et du Concile de Trente à nos jours.

Dans les quatre premiers siècles, l’Eglise vit de ses sacrements et ne pense guère à en faire l’analyse ; sa pratique sacramentelle a précédé l’expression dogmatique. Bienavantque lesauteurschréliens songeassent à étudier leurs rites religieux, l’Eglise déterminait, par sa pratique et conformément aux intentions du Christ, les usages sacramentels, et posait ainsi les fondements des spéculations de l’avenir. Non- voyons toutes les réalités sacramentelles dans l’Eglise primitive. Dès les premiers jours, le Baptême était administré, ainsi que son complément, le rite col lateur du Saint-Esprit (Act., viii, 16, 17 ; xix, 5-6), et l’Eucharistie était célébrée dans les

assemblés chrétiennes (1 Cor., xi, 17-32). La nécessité de pourvoir au gouvernement des Eglises et d’assurer la célébration du culte chrétien amena les Apôtres à conférer, par l’imposition des mains, aux anciens des communautés chrétiennes les pouvoirs que Jésus leur avait confiés pour assurer la vie de l'Église (Ad., xiii, 3 ; I Tint, , iv, 14 ; II Tim., i, 6 ; Act., vi, 6). Conformément à la recommandation du Sauveur (Marc., vi, 13), les chrétiens malades étaient guéris par les onctions d’huile et obtenaient par elles la rémission de leurs péshés (Jacques, v, 14-15). Pour rendre aux fidèles pécheurs la grâce de leur Baptême, l'Église fit usage du pouvoir de remettre les fautes poslbaptismales, qu’elle tenait du Christ (Cf. Malt., xvi, 19 ; xviii, 18 ; Joan., xx, 22. a3). Le mariage chrétien, rétabli par Jésus dans sa perfection primitive, a été dès l’origine considéré par l'Église comme une institution très sainte, impliquant un symbolisme fort élevé (Marc, x, 2-1 3 ; Ephes., v, 32). Son efficacité sacramentelle a été enseignée par la Tradition catholique.

Toutes les réalités sacramentelles se trouvent donc dans l'Église primitive, où elles sont rattachées au Christ et aux Apôtres. On ne voit pas comment les influences païennes auraient pu s’exercer pour introduire formellement dans l'Église, et en dehorsd’une disposition expresse du Christ, un rite sacré. Mais cette question sera étudiée plus longuement dans la suite. Cependant, les réalités sacramentelles, si elles ont toutes existé dès l’origine, n’ont pas toutes attiré dans la même mesure l’attention des auteurs chrétiens primitifs. L’Eglise a vécu ses sacrements bien avant d’en faire la théorie. Voir article Initiation

CHRÉTIENNE.

Les Pères apostoliques ne parlent que du Baptême et de l’Eucharistie. Les écrits de Tkhtullibn mentionnent en plus la Confirmation (De Iiaptismo, 7), le rite pénitentiel(/Je Pænit., 7-12 ; De Pudicitia, 1, 18, 21), et aussi le mariage chrétien (Liber ad Uxorem). S. Cypribn parle à plusieurs reprises de l’Ordination (Episl., 1, 1 ; xxxviii, 2 ; lxvi, i ; lxvii, 5). (éd. Hartel). — Mais les rites de l’initiation chrétienne (Baptême, Confirmation et Eucharistie), dès avant le 111e siècle, tiennent une place prépondérante et presque exclusive dans la pensée des auteurs. C’est à leur sujet que commencent les premières spéculations sacramerilaires. Les Pères grecs, à partir d’Origène, s’inspirant du symbolisme baptismal exposé par S. Paul (Rom., vi, 4-i')> et s’aidant de la théorie platonicienne désigne, considèrent l’abldlion comme le signede la purification del'àme. (Origènk, In Joan., vi, 17 ; P. G., XIV, 257 ; — S. Basile, De Spiritu S., 35 ; P. G..XXX1I, 128ss ; — S. Grégoire de Naz., Oratio xl, 8 ; P. G., XXXVI, 368 ; — S. CyrillB Dr 3ÛB., Cat. mjrstag., 11, 4, 6, 7. /'. G., XXXIX). L’onction chrismale qui suit le baptême est aussi le symbole de l’action sanctificatrice de l’Esprit-Saint (S. Cyrille dk Jkr., Cul. myst., iii, i-3). Ainsi apparaissent les premières ébauches de la définition du sacrement signe ou symbole efficace. — L’usage de bénir la matière sensible des sacrements (eau, huile) amena les auteurs grecs et latins de cette période à expliquer l’efficacité sacramentelle par la présence de l’Esprit-Saint ou d’une vertu divine dans la substance matérielle bénite. Le rite sacramentel du baptême se composaitainsi de trois éléments : l’eau, la bénédiction ou consécration de l’eau, et l’invocation de la Trinité (S. Amiiroisb, De mrsteriis, yo ; Cf. S. CvPBi ii, Epist., lxx, 1, 2, édit. Hartel ; S. Basii.h, De Spiritu.S'., 66 ; S. Grsg. dr Nysse, lu baptismum Christi ; P. G.jXLVl, 581). Mais il n’existe pas encore de théorie sur la composition des sacrements, on se contente de décrire les usages existants. Parmi ces l « 6 :

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usages, celui de ne pas réitérer le baptême, la continuation et l’ordination, lorsqu’ils avaient été conférés dans l’Eglise catholique, implique la doctrine du caractère, doctrine qui est déjà insinuée par l’emploi, courant dès le second siècle, du terme sphragis (sceau) pour désigner le baptême et la continuation. La controverse baptismale enfin (Voir art. Baptême dbs hérétiques) provoque les décisions du pape BTTBNira (a56), et du concile d’Arles (3 1 4), qui déclarent la valeur du baptême indépendante de la foi du ministre.

Le travail de déduction du dogme de la pratique sacramentelle de l’Eglise est spécialement en progrès, dans la deuxième période, avec S. Augustin. Le saint Doeteur fut amené, dans ses controverses avec les Donatistes, à préciser le rôle du ministre et celui des dispositions du sujet dans l’eflicacité des sacrements, et à mettre en lumière la théologie du caractère. Sa doctrine est constamment proposée comme une explication de la pratique de l’Eglise.

La doctrine donatiste sur le ministre des sacrements est conditionnée par une conception puritaine de l’Eglise, qui se rattache au Montanisme et au Novalianisme : l’Eglise véritable ne se compose que de justes, elle n’admet pas le mélange des bons et des méchants, car les pécheurs sont exclus de son sein (Cf. Saint Augustin, Brevic.coll. 3 a dies, io ; Donatistarum litleræ ; P. L. f XLIII.834). Mais pour les besoins de leur cause — ils voulaient déposer l’évê que de Carthage, Cécilien, sous prétexte qu’il avait été ordonne par un traditsur des Livres saints, Félix évoque d’Aptonge, — les Donatistes spécialisèrent la question à la sainteté de la hiérarchie ecclésiastique : seuls les ministres saints feraient partie de cette hiérarchie. Les traditeurs et ceux qui, comme les évêques catholiques, font cause commune avec eux, cessent de lui appartenir. L’existence de la hiérarehiedépend ainsi totalement de la dignité morale des ministres de l’Eglise. En conséquence, les évoques notoirement indignes ne sont plus de vrais évêques, ils ont perdu le pouvoir d’administrer les sacrements (Voir les citations des écrits donatistes faites par S. Augustin Contra Litt. Petit., II, io, 12, 14, ai, 4°, 4a. 92 ; Contra Epist. Parmen., II, 28, 3a, etc). A cette conception erronée de la hiérarchie de l’Eglise, les Donatistes ajoutèrent la thèse des rebaptisants. Un ministre indigne est incapable de purifier le pécheur par le baptême. Et d’ailleurs en dehors de l’Eglise, comme l’enseignait S. Cyprien, le baptême ne peut être valable, puisque ni dans le schisme, ni dans l’hérésie, la rémission des péchés et la régénération ne sont possibles (Cf. S. Aug. Contr. Litt. Petit., II, vi, 13 ; De bapt. contra Donal., I, XYii, 26 etc.). En résumé, les Donatistes enseignaient : i°) qu’un ministre hérétique ou indigne a perdu les pouvoirs de son ordination et qu’il est par là-même incapable de conférer les sacrements d’une manière valable ; et 2) que le baptême reçu dans l’hérésie ou le schisme est nul, puisque seule l’Eglise véritable peut remettre les péchés et donner la grâce.

S. Augustin réfute la première partie du système donaliste en démontrant, par la doctrine du caractère, la permanence, dans le ministre indigne, des pouvoirs de son ordination. Ces pouvoirs sont inadmissibles, tout comme le baptême qui a été conféré validement. Or les Donatistes eux-mêmes admettent que ni l’hérésie, ni l’indignité ne font perdre le baptêmeàceux qui l’ont valablement reçu, puisqu’ils ne rebaptisent pas les apostats qui se convertissent. Pourquoi le ministre indigne perdrait-il les pouvoirs de son ordination plutôt que son baptême ?

« Xulla ostenditur causa cur ille qui ipsum

baptismum amittere non potest.jus dandi (sacramentum ordinationis) pol^st amittere. Utrumque enim sacramentum est. etquadam consecralione utrumque homini dutur : illud cum baptizatur ; istud cum ordinatur ; ideoqne in Catholica utrumque non licet iterari. » (Contr. epist. Parmen., II, 28). Les pouvoirs de l’ordination adhèrent aussi fortement à l’âme que la marque militaire au corps. Le ministre ne peut pas plus les perdre par son hérésie ou son indignité que le soldat déserteur ne peut effacer le « character hnpera loris » imprimé sur sa chair (Sermo ad Cæsar. eccl. pleb., a). S. Augustin est ainsi amené à mettre en lumière le caraclère sacerdotal, et il fait remarquer avec insistance que sa doctrine n’est qu’une explication de la pratique ecclésiastique de la non-réitération du sacrement de l’ordre. Les évêques ordonnés dans l’hérésie ou le schisme, dit-il, et qui se convertissent à l’Eglise catholique, ne sont pas réordonnés. Les évêques convertis ne sont pas toujours appelés à remplir, dans l’Eglise, les fonctions de leur ordre, mais lorsqu’on juge bon de recourir à leur ministère, ils ne sont pas ordonnés de nouveau. Réitère-t-on le « characler » indélébile du soldat déserteur, lorsque celui-ci revient au camp ? (Contr. Epist. Parmen., 11, 28.39). Le ministre du sacrement, par son caractère inamissible, reste toujours, quelle que soit son indignité, le représentant du Christ et de l’Eglise. L’acte par lequel il confère le sacrement est un acte même du Christ agissant par son Eglise. En quoi, dès lors, l’hérésie ou l’indignité du ministre pourraient-elles nuire à la valeur du sacrement ? (Cf. In Joan., Tract, v, 15, 18 -.Contra litt. Petit., III, 65-67).

C’est aussi à l’aide da la doctrine du caractère que S. Augustin explique aux Donatistes comment le baptême, conféré dansl’hérésie on le schisme, peut être valable sans produire la rémission des péchés. Un tel baptême confère le caractère, et par là-même il est valide et ne doit pas être réitéré : « Cliristiani baptismi sacramentum… etiam apudhæreticos valet et sufficit, ad consecrationem, quamvis ad vitæ aeternae participationem non sufliciat ; quæ consecratio reum quidem facit hæreticum extra Domini gregem habentem dominicum characterem, corrigendum tamen admonet sana doctrina, non iterum similiter consecrandum » (Epist., xcviii, 5). Mais ce baptême, reçu dans l’hérésie, ne remet pas les péchés, parce que le sujet, par son hérésie, « met obstacle à la réception des effets salutaires du sacrement » (Ibid., 10), et aussi parce qu’en dehors de l’Eglise catholique, comme l’enseignait S. Cyprien, les péchés ne peuvent être remis, ni la grâce donnée (Cf. De bapt. contr. Donat., IV, 1, a4 ; III, 21-a3). Le sacrement produira tous sesefî’ets, « revivra » comme diront plus tard les scolastiques, lorsque l’hérétique ou le schismatique se convertirontet entreront dans l’unité catholique : « In communionibus ab Ecclesia separatis passe homines baptizari, ubi Christi baptismus eadem sacramenti celebratione datur et sumitur ; qui tamen tune prosit ad remissionem peccatorum, cum quis reconciliatus unitati, sacrile gio dissensionis exuitur quo ejus peccata lenebantur, et dimitti non sinebantur » (Debapt. cont. Donat., I, 18). S. Augustin, ici comme plus haut, base sa doctrine sur la pratique de l’Eglise. Celle-ci considère comme validement baptisé, et donc comme incapable de l’être de nouveau, l’hérétique ouïe schismatique converti, bien qu’à ses yeux il n’ait pas obtenu la rémission de ses péchés ni la grâce. Cet usage ecclésiastique ne peut s’expliquer que par la distinction entre la grâce et le caraclère ; le dogme sacramentaire est toujours déduit de la pratique de l’Eglise.

Les controverses donatistes ont amené S. Augus me :

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Un à proclamer que l’etlicacite des sacrements est indépendante de la sainteté du ministre et à expliquer que le baptême peut être valide sans être fructueux. Ce n’est pas tout. Saidant des travaux de ses devanciers, il a encore ébauché une définition technique du sacrement : Sacramentum, id est sacrum signum ( De civit. Dei, X, v) ; et a entrevu la composition binaire du rite sacramentel : accedit verbum ad elementum et fit sacramentum (In Joan., Tr., Lxxx, 3).Son inlassable curiosité lui a fait soupçonner la doctrine de la nécessité de l’intention dans le ministre et dans le sujet (De bapt. cont. Donat., VII, 101), doctrine qui a toujours été implicitement comprise dans ce sentiment, aussi ancien que l’Eglise, que le ministre du sacrement est le représentant du Christ.

La doctrine augustinienne fut oubliée par plusieurs dans le haut moye.n-àge (ix% x etxi c siècles). L’ignorance causée par les révolutions sociales d’une civilisation ea voie de formation, la nécessité de réformer un clergé incontinent et simoniaque portèrent les auteurs ecclésiastiques et les pasteurs de l’Eglise, pour la plupart, à subordonner l’ellicacité de sacrements à la dignité du ministre. De là, les si nombreuses réordinations des simoniaques (Voir art. Ordinations). Mais, au xue siècle, une étude plus calme et plus sérieuse fit retrouver, cette fois pour ne plus être perdue, la doctrine aug-ustinienne, et une troisième période, la jiius brillante de toutes, de spéculations sacramentaires commença. Le mouvement fut donné par l’école de Saint-Viclor dans la personne de Hugues, par l’école abélardienne dans la personne d’ABBLARD lui-même et de Roland Bandinelu, plus lard pape sous le nomd’ALEXANDRB III. Ilest continué par Pierre Lo-bard, et achevé par les grands théologiens du xiii c siècle, Pierre dk Poitibrs, Guillaume J’Auxbrhb, Alexandre nu Halics, S. Bonaventure, Albbrt lb Grand et S. Thomas. Pierre Lombard formule la délinition complète du sacrement et dresse la liste définitive des sept rites auxquels, selon l’enseignement traditionnel, ce nom convient. Les théologiens du xme siècle s’efforcent d’établir les convenances de ce nombre. Pierre de Poitiers distingue l’opus operantis de l’opus operatum que l’on considère comme une cause de la grâce. De là, le problème tant discuté au xm « siècle, de la causalité des sacrements. Trois principaux systèmes furent imaginés pour le résoudre : celui de la causalité occasionnelle (école franciscaine), celui de la causalité instrumentale dispositive (Alexandre de Ilalès), et celui de la causalité instrumentale efficiente (S. Thomas). On spécule aussi sur la nature du caractère, sur l’intention du ministre et du sujet et sur le mode de l’institution divine des sacrements. Mais, surtout, on applique l’hylémorphisme aristotélicien aux deux éléments, matériel et verbal, du rite sacramentel.

Les théologiens du xm* siècle, pour construire leur système théologique sur les sacrements, se sont beaucoup servis de la philosophie aristotélicienne, surtout du concept de cause et de la théorie hvlémorphique. Mais la philosophie n’a été pour eux qu’un moyen de préciser la doctrine traditionnelle. Elle a bien pu entrer dans l’édifice théologique et faire corps avec lui, elle ne s’est cependant jamais identifiée avec le dogme révélé. Ce qui le prouve, ce sont tout d’abord les définitions du Concile de Trente, qui n’pnt consacré aucune thèse philosophique du moyen-âge, c’est ensuite la contre-épreuve que, dans les temps modernes, une étude approfondie et critique de l’histoire a fait subir auxeonstructions spéculatives du xui* siècle.

Avec la Réforme, s’ouvre une quatrième période pour l’histoire de la théologie des sacrements. L’hé résie protestante prétenditrejeter, comme illégitime, tout le progrès dogmatique opéré au moyen-âge. Elle ne vitpas, ouellenevoulut pas voir, que l’Eglise apostolique, dont elle admettait l’origine divine, contient toutes les réalités sacramentelles, et que l’Eglise du moyen-âge n’avait fait qu’étudier plus attenti » vement les divers aspects de ces réalités. Rejeter, comme illégitime, ce travail de précision et d’éclaircissement du dogme, c’était renier tout le passé religieux du christianisme. Aussi l’Eglise, qui ne peut pas désavouer sa pratique sacramentelle séculaire, a-t-elle condamné, à Trente, les prétentions protestantes. Elle a défini le nombre et l’institution divine des sacrements, leur efficacité ex opère opsrato, la réalité du caractère que trois d’entre eux produisent et la nécessité, dans le ministre, de l’intention de faire ce que fait l’Eglise (Sess., vii, De Sacr. in gen., can. i-13). C’est la doctrine traditionnelle, celle qui était impliquée dans la pratique, qui a été consacrée ; et non les systèmes théologiques, plus ou moins hâtifs et risqués, du xme siècle. Ceux-ci ont été soumis à l’épreuve de la critique, et à plusieurs cette épreuve a été funeste.

Certains théologiens du moyen- âge, exagérant la théorie hylémorphique du sacrement, enseignaient l’invariabilité absolue des matières et des formes des sacrements, et, par voie de conséquence, l’institution par le Christ même de ces matières et de ces formes telles qu’elles existaient au xme siècle. Or les vastes recherches historiques, occasionnées par la Réforme au xvne et au xvin’siècles, et inaugurées par les Jkan Morin, les Dom Martknb, les Assemani et les autres, mirent au point ces thèses trop tranchantes. Elles obligèrent les théologiens, vraiment désireux de conformer leurs théories aux faits, à préciser l’action du Christ, dans l’institution des sacrements : cette action visant proprement pour certains sacrements la détermination de l’effet spirituel, le choix du rite précis a pu être laissé â l’Eglise.

Les variations plus ou moins profondes des matières et des formes sacramentelles, attestées par l’histoire, se trouvent ainsi justifiées. De nos jours, la critique historique a posé de nouveau, et avec plus de précision que jamais, le problème des origines de nos sacrements.

D’après cerapideexposé synthétique, nous pouvons conclure : i°) que nos sacrements ne sont pas des importations étrangères au pur Evangile ; a°) que nos dogmes sacramentaires, issus de la pratique de l’Eglise par un développement légitime et en vertu d’un principe spécifiquement chrétien, ne sont pas des théories tout humaines. Les objections, que l’on oppose à ces deux conclusions, vont être examinées didactiquement et plus en détail, en parcourant successivement les diverses questions de la théologie sacramenlaire.

II’Partie. — Hkpone aux objections

I. La définition du sacrement. — Le sacrement se définit : un symbole ou signe efficace de la grâce. Or, d’après le témoignage de l’histoire, cette définition a été obtenue par la juxtaposition de deux concepts philosophiques : le concept de signe, de symbole, emprunté par Origène et par S. Augustin à la philosophie platonicienne ; et celui de cause, introduit dans la définition par Pikrrb Lombard, et provenant de la philosophie aristotélicienne. C’est, en effet, P. Lombard qui a complété la formule augustinienne (le sacrement est un signe de la grâce) par l’addition de l’élément spécifique de la définition : le sacrement est, à la fois un signe et une cause de la grâce. Cette définition n’a donc aucune valeur 1069

SACREMENT

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dogmatique ; elle est le produit pur et simple d’une systématisation philosophique.

Rép. — L’élaboration complète du concept de sacrement a été une œuvre de longue haleine, puisqu’on ne la trouve terminée qu’au xii° siècle. Il est très vrai aussi que les écrivains ecclésiastiques se sont inspirés delà philosophie pour créer la formule de définition. Mais cette formule n’est pas pour cela dépourvue de valeur dogmatique. Elle est une expression exacte de la réalité sacramentelle. De tout temps, en effet, le symbolisme des rites chrétiens a été entrevu. S. Paul a considéré l’ablution baptismale comme le symbole de la mort et de la résurrection dans le Christ (Hom., vi, 4-)- H a vii, dans le pain eucharistique, le symbole de 1 unité de l’Eglise, corps mystique du Sauveur (I i o.. x, 17). et, dans le mariage, l’image symbolique de l’union de Jésus avec son Eglise (Ephes., v, 22-a3). Ce symbolisme des rites chétiens se présentait d’ailleurs tout naturellement à l’esprit. De tout temps aussi, l’enseignement de l’Eglise a présenté le rite sanctiQcateur comme le symbole des e.Tets qu’il produisait réellement. Le concept philosophique de signe a servi à préciser le symbolisme traditionnel, il ne l’a pas créé. L’idée de cause, d’eflicacité, a été. de même employée pour analyser la valeur sanctificatrice que, dès l’origine, les chrétiens ontattrilméeàleurs rites. L’introduction de cette idée dans la déûnition n’a pas créé la doctrine de l’efficacité sacramentelle — celle-ci a existéde tout temps — ; mais elle a permis d’exprimer, parune formule brève et concise, toute la vertu religieuse du sacrement Si la définition du sacrement est le produit d une systématisation philosophique, elle n’est donc pas cependant sans valeur dogmatique, puisqu elleexprime des réalités aussi anciennes rjie le christianisme, en s’appuyant sur l’analyse exacte de ces réalités.

II. La composition du rite sacramentel. — La théorie aristotélicienne de la matière et de la forme, l’histoire l’atteste, a été introduite dans la théologie au xnr siècle. Depuis lors, le sacrement a été considéré par les théologienset par l’Eglise(Z>écre< trméniens et Concile de Trente, Sess. xiv, cap. 2, 3, can. /|)commeessentiellement composé de matière et de forme. Cette conception philosophique du sacrement a même profondément modifié l’idée que l’on se faisait, avant le xnie siècle, des éléments constitutifs du rile sacramentel. Nous sommes bien en présence, ici, delà consécration, faite par l’Eglise, d’une théorie philosophique érigée en dogme de foi.

Hé p. — Remarquons, tout d’abord, que l’Eglise n’a jauiaisdéfinique le rite sacramentel se composât de mitière et de forme. Le Décret aux Arméniens l’affirme, il est vrai, mais cette instruction donnée à une Eglise orientale ne présente pas les caractères lommenl ex cathedra. Le conciledeïrente, bien qu’il se soit conformé à l’usage des écoles, en usant, pour ses définitions, desexpressions matière et forme, n’a cependant pas déclaré, dans un décret irréformable, que les sacrements, à l’instar des corps physiques, fassent composés de matière et de forme. La foi du catholique n’est donc pas liée à la théorie hyl’inorphiquedu sacrement ; mais les documents de foi supposent que le rite sacramentel consiste dans un geste accompagné d’une formule. Cette remarque fait disparaître l’objection exposée plus haut.

Qu’on ne dise donc plus que la théorie de la matière et de la forme fait partie intégrante du dogme ! (Cf. K. Lrrov, Dogme et critique, p. 11).

D’ailleurs, personne ne doit trouver mauvais que la théologie catholique continue à appeler matière et

forme les deux éléments du rite sacramentel. Les analogies que l’on découvre entre l’hylémorphisme aristotélicien et la constitution traditionnelle du sacrement, justifient pleinement cette terminologie au regard de la raison. D’après la pratique séculaire de l’Eglise, le rile sacramentel se compose d’un élément indéterminé par lui-même (l’ablution, l’onction), qui correspondu la matière aristotélicienne ; et d’un élément déterminantfla formule), qui donne au premier tout son sens, et qui joue, dans la confection du sacrement, le même rôle que la forme dans la constitution des corps physiques. Dès lors, à quoi bon rejeter une terminologie commode et consacrée par un long usage.

Quant aux modifications que l’application de la théorie de la matière et de la forme fit subir à l’idée desacrement, au xin" siècle, elles sont incontestables ; mais elles n’ont rien d’illégitime. Elles portèrentsur deux points.

a) Sous l’inflence de l’hylémorphisme sacramentaire, on ajouta aux prières anciennes de certains sacrements des formules plusexpressives et plus capables de jouer le rôle de forme (par ex. la formule : Accipe Spiritum Sancttim ; ,.de l’ordination du diacre). De plus, on substitua des formules indicatives aux formules déprécatives en usage avant le xine siècle. La formule d’absoluiion, qui était généralement déprécative avant le moyen âge, fut changée en une formule indicative. — Mais de telles variations des éléments constitutifs du rite sacramentel se trouvent à toutes les époques de l’histoire des sacrements (Cf. D. Chardon, Histoire des sacrements). L’Eglise a le devoir de se conformer à l’institution du Christ ; mais, dans les limites de cetteinstitulion.elle a reçu le pouvoir d’adapter les rites aux besoins actuelsdes fidèles ; et la grâce du Christ est avec elle, pour qu’elle ne s’égare pas dans l’interprétation qu’elle donne à cette institution. De ce pouvoiret de cette grâce, l’Eglise a usé au moyen âge, comme au cours de tous les siècles.

b) Sous l’influence de l’hylémorphisme sacramentaire toujours, quelques théologiens se firent une idée trop rigide du sacrement. Ils enseignèrent l’invariabilité absolue des matières et des formes, et crurent que les sacrements se composent d’éléments aussi invariables que ceux des corps physiques.— Cette conception du sacrement est assurément trop absolue. Car, l’histoire l’atteste, les matières et les formes de tous les sacrements, y compris la forme du baptême (Cf. Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, art. Baptême, fasc. XIII, col. 336 n.), ont subi-certaines variations accidentelles. L’introduction de la théorie de la matière et de la forme dans la théologie des sacrements n’a donc pas été sans quelque inconvénient. Elle a pu donner naissance à des systèmes caducs. Mais 1 Eglise n’a jamais consacré ces systèmes, que l’étude plus critique de l’histoire fait abandonner.

A l’occasion des controverses touchant l’administration de la Sainte Eucharistie sous une ou sous deux espèces, le Concile de Trente a, dans un décret dogmatique, affirmé le pouvoir que l’Eglise a toujours revendiqué de trancher avec autorité les débats relatifs à l’administration des sacrements à elle confiés par le Christ ; pouvoir qui doit respecter la subslancede l’institution, mais s’étend aux questions accidentelles. Sess. xxi, iG iul. 1062. c. 2, (D. B., 93 1 [809]) : Déclarât hanc polestal m perpétua in Ecclesia fuisse, ut in Sacramentonnn dispensatione, sttlva itlorum suhstnntia, ea staluerct vel mutarrt quæ suscipieiiliuni utilitat 1 seuipsorum Smcramentorum venerationi pro muni, temporuin et locorum pariétale magis expedire iudicaret. — Ce décret invite 1071

SACREMENT

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à distinguer de l’institution du Christ, qui, par nature, est immuable, la détermination précise de la matière et de la forme, qui, sans détriment de la substance du rite, peut s’adapter aux temps et aux lieux. L’institution du Christ est un acte personnel et immédiat du Seigneur, à qui seul il appartient de lier la grâce divine à un rite sensible permanent. La détermination de la matière et de la forme in ultima specie a pu être abandonnée à l’Eglise, agissant à la fois comme interprète infaillible du Christ, pour marquer les bornes de son institution, et comme mandataire fidèle de sa volonté pour régler les modalités du rite, dans les limites de cette institution. Voir à ce propos, les précisions déjà données à l’article Ordination, III, 11 43- 11 58 ; de plus, A. d’Alès, Salva illorum suhstantia, dans Ephemcrides Theologicæ Lovanienses, t. I. (1934), p. 497-504.

III. L’efficacité ex opère opéra to — Les protestants raillent volontiers le mode d’opération des sacrements. — i° La doctrine catholique de l’efficacité sacramentelle objective, disent-ils, est une altération du christianisme ancien, due au moyen-âge qui a inventéla thèse de l’opui operatian.

— a Elle est, de plus, une doctrine immorale, qui porte le fidèle à ne compter, pour faire son salut, que sur la réception des sacrements, qui agissent mécaniquement etmagiquememt, sans semettre en peine de pratiquer la vertu ; — 3° Enfin, cette doctrine a été empruntée par l’Église au paganisme. L’efficacité, attribuée par les catholiques à leurs sacrements, est magique et superstitieuse, comme celle que les païens attribuaient à leurs rites (Cf. A. Sabatibr, Esquisse d’une philosophie delà religion, p. 339 ; A. Harnack, Dogmengetchichte*, t. I, pp. aa5-238).

Iiép. — i*ll est très vrai que la formule opus operatum date du début du xm c siècle. Mais la doctrine qu’elle exprime est aussi ancienne que l’Église. L’histoire du dogme de l’efficacité montre que la tradition chrétienne a toujours placé la valeur sanctificatrice du sacrement dans le rite lui-même, et non dans les dispositionsmoralesduministreou du sujet, celles-ci n’étant qu’une condition de la réception fructueuse. Le moyen-âge n’a fait que créer une formule expressive et commode, quoique un peu barbare, pour exprimer cet enseignement de toute la tradition catholique. Des juges non suspects le trouvent déjà chez saint Augustin. Voir Harnack, D. G.*, t. III, p. 209.231.

2. — Cette doctrine de l’efficacité objective des Sacrements n’est immorale que pour ceux qui la dénaturent. Rien, en effet, n’est plus contraire à la vérité que de faire de cette doctrine une cause de relâchement et de démoralisation pour les fidèles. L’efi’reacité intrinsèque du sacrement ne dispense pas le moins du monde le chrétien adulte de coopérer activement à l’œuvre de son salut. Celui-ci doit se repentir sincèrement de ses fautes, s’il veut en obtenir la rémission par le baptême et la pénitence. Quand il s’approche des sacrements des vivants, la mesure de grâce, qu’il en reçoit, est proportionnée à la perfection de sa ferveur et de sa préparation. Les sacrements ne sont donc pas des rites magiques qui agiraient, à la manière des baguettes de fées, sans aucune coopération ni préparation, de la part du sujet. Ils ne sauvent pas seuls, ils ne sauvent que les chrétiens qui travaillent sérieusement à l’œuvre de leur salut. — Les sacrements, il est vrai, sanctifient et sauvent les enfants, sans exiger (feux aucune coopération. Mais, n’est-il pas conforme à l’équité de Providence ^que l’enfant récupère, sans la coopération de ta volonté, la grâce dont l’a privé la faute

héréditaire qu’il n’a pas personnellement commise ?


3°. — Que la doctrine de l’efficacité n’ait pas été prise au paganisme, c’est ce que prouvent et son origine évangélique et les différences profondes qui la distinguent du mode d’opération attribué aux rites païens. — L’histoire de l’efficacité sacramentelle montre très clairement que cette doctrine s’est développée d’après un principe spécifiquement chrétien et qui se trouve dans les écrits apostoliques. — De plus, cette doctrine est originale, absolument propre au catholicisme, et bien différente de la conception que les païens avaient de l’efficacité de leurs rites. Ceux-ci opéraient magiquement, c’est-à-dire, ils n’exigeaient dp la part de ceux qui y participaient aucune coopération morale, aucune véritable conversion ducœur, tandisque les sacrements chrétiens ne donnent le salut qu’à ceux qui ont désavoué par une sérieuse pénitence leurs désordres passés et qui sont vraiment « morts au péché ». Les païens cherchaient parfois la purification morale dans la participation à leurs mystères. Mais ils pensaient l’obtenir mécaniquement, sans regretter et sans expier leurs fautes passées. Le paganisme n’a donc pu inspirer aux auteurs chrétiens l’idée catholique de l’efficacité sacramentelle, qui accorde un rôle nécessaire au repentir et à la rénovation totale de la vie morale de l’homme. Au surplus, le sacrement chrétien, à l’encontre des pratiques païennes, n’est pas un rite mécanique, mais un geste d’âme, unecommunication de vie. Le ministre qui le confère et le fidèle qui le reçoit doivent avoir l’intention de se conformer aux intentions du Christ, qui continue à sanctifier les hommes par les sacrements. L’acte sacramentel est, en réalité, un acte de Jésus, agissant par son Église et représenté par le ministre. Le sacrement est donc un acte, vivant, c’est l’acte du Sauveur continuant par son Église à sanctifier les hommes, comme il le faisait pendant sa vie mortelle. Le sacrement est ainsi proprement un gestede Jésus, lié par sa volonté expresse à l’accomplissement du rite sacramentel par le ministre agissant en son nom. Rien ne répond moins au concept d’une opération magique, dont le propre est d’exercer sur la divinité une contrainte pour la plier au vouloir de l’homme.

IV. Le caractère sacramentel. — La doctrine du caractère, d’après M. Harnack (op. cit„ t. III 4, pp. 553-554), a été imaginée arbitrairement par S. Augustin, pour des besoins de controverse. L’évêque d’Hippone, dans ses discussions avec les Donatistes, avait élaboré un système sacramentel presque contradictoire. D’une part, il reconnaissait que le baptême, conféré dans l’hérésie ou le schisme, ne remet pas les péchés et ne donne pas le salut. D’autre part, cependant, il admettait la validité d’un tel baptême. La doctrine du caractère fut inventée dans le but de résoudre cette sortede contradiction.

lié p. — S. Augustin fut, en effet, amené à parler explicitement du caractère, par la nécessité d’expliquer comment le baptême peut être valide sans produire la grâce. Mais sa doctrine n’est pas une invention pure et simple. Elle n’est qu’une explication de la pratique officielle de l’Église quant i la nonréitération du baptême. L’Église, bien avant saint Augustin, considérait comme valide le baptême administré par un hérétique ou un schismatique et reçu par un sujet mal disposé. Si un tel baptême est valide, c’est donc qu’il a produit quelque chose. Et, comme ce baptême n’a pas conféré la grâce, il n’a pu produire qu’un effet distinct de la grâce, qui est le caractère. S. Augustin n’a donc fait qu’interpréter 1073

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la pratique de l’Église, qu’extraire de cette pratique les explications dogmatiques qui y étaient comprises (Cf. Contra Epist. Parmen.AX, 29 ; Epist., clxxii, 13 ; c.lxxxv, a3 etc.).

De même, lorsque S. Augustin expose la doctrine du caractère de l’ordination, il n’a pas d’autre prétention que celle de justifier l’usage traditionnel de la non-réitération du sacrement de l’ordre (Cf. Contra Epist. Parme ::., II, tS, 2g ; Dehapt. contr. Donat., I, 9 ; Sermo ad Cnesar. eccl. pleb., 2, etc.).

Ajoutons que les nombreuses réitérations soit du baptême des hérétiques, soit des ordinations faites par les hérétiques dans la période patristique, et par les simoniaques aux xi* et xue siècles, ne vont pas contre la doctrine du caractère. Car, l’histoire l’atteste, si le baptême et l’ordination — il faut en dire autant de la confirmation — étaient réitérés, c’est parce qu’on les croyait invalides, et quand on les croyait valides on ne les réitérait pas. Les cas de rebaptisation et de réordination intéressent beaucoup plus la doctrine de l’efficacité que celle du caractère. Voir, ( i-dessus, art. Ordination, col. 11D81162.

V. Le nombre des sacrements. — La doctrine du septénaire sacramentel a été inventée, au xii’siècle, par Pierre Lombard. Celui-ci l’a proposée comme une théorie qui lui était particulière, et l’Eglise entière ne tarda pas à l’adopter (A Harnack, Dogmengeschichie, t. III’p. 54 r >).

Rép. — La liste exacte et définitive des sacrements se trouve, en effet, pour la première fois, au xu* siècle, dans le IVe livre des Sentences de P. Lombard et quelques écrits contemporains. On n’a pas le droit d’en conclure que le dogme du nombre des sacrements a été purement et simplement inventé par le Maître des Sentences. Le dogme est composé de deux éléments : les réalités surnaturelles et l’expression intellectuelle de ces réalités. Le premier élément est aussi ancien que le christianisme, l’autre ne remonte pas nécessairement aux origines ; il est parfois de date récente et il a pour auteur un écrivain ecclésiastique. Celui qui trouve la formule dogmatique ne peut, sans exagération manifeste, être considéré comme le créateur du dogme, puisqu’il ne fait qu’exprimer, plus clairement que ses devanciers, des réalités anciennes. — V. J. De Ghbllinck, f.e mo’^ement théologique du xn c siècle, Paris, 1 91 4.

Ces considérations montrentcomment P. Lombard n’est pas le créateur du septénaire sacramentel. Les sept sacrements viennent du Christ, l’Église les possède dès l’origine. Mais le discernement exact et le classement synthétique des réalités sacramentelles apparaissent tardivement dans l’histoire. Car, pour compter les rites sacramentels, il fallait avoir une définition exacte et complète dusacrement, et celle-ci n’a été formulée qu’au xn c siècle. P. Lombard a trouvé l’expression dogmatique, mais il n’a rien changé auxréalitéssacramentellesexistantes. — Ce qui prouve péremptoirement que le dogme du nombre septénaire est une expression très fidèle des réalités sacramentelles léguées par le Christ à la religion chrétienne, c’est l’accord qui se fit, à son sujet, entre les deux Eglises grecque et latine. Grecs et Latins possédaient tous les sacrements. Quand il fut question de les compter, au concile de Florence, le nombre sept fut accepté sans difficulté. L’aceord s’est opéré entre les deux Eglises sans heurt, car il n’a consisté, départ et d’autre, qu’à adapter la théorie théologique à la pratique sacramentelle séculaire.

VI. L’institution divine des sacrements. — Au sujet de l’origine des sacrements, le protestantisme

libéral affirme : i" que les rites chrétiens sont des institutions opposées à la vraie conception de la religion ; 2 qu’ils n’ont pas le Christ pour auteur, Jésus ayant prêché la religion de l’esprit, le culte purement spirituel ; 3° enfin, qu’ils ont été empruntés par l’Église au paganisme. Examinons successivement ces assertions tendancieuses.

1 » — D’après la plupart des protestants libéraux et des rationalistes, la religion ne comprend pas deux éléments, un élément subjectif (culte intérieur), qui consiste dans les dispositions intimes de l’âme à l’égard de Dieu, et un élément objectif (culte extérieur), constitué par la soumission à une autorité doctrinale et par les pratiques cultuelles. Les libéraux rejettent totalement cet élément objectif. La religion, pour eux, consiste exclusivement dans le sentiment religieux. Elle est chose essentiellement subjective et individuelle. Tout ce qui est extérieur à l’âme, comme le dogme, qui esl imposé du dehors par une autorité, et les sacrements, doit être rejeté. En un mot, la vraie religion est celle qui ne connaît d’autre culte que « le culte en esprit et en vérité » (Cf. A.Sabatier, Esquisse d’une philosophie de la religion, p. III 4, p. 3-63).

Rép. — Cette conception de la religion dérive du subjectivisme kantien. Kant ayant ruiné les fondements intellectuels de la foi, il ne fut plus possible aux esprits imbus de sa philosophie de garder aucune croyance dogmatique. Force leur fut donc, s’ils ne voulaient pas être athées, de placer l’essentiel de la religion dans le sentiment religieux, qui est un fait et qu’aucune critique ne saurait détruire. Aussi Schlbibrmacher définit-il la religion : le sens intime du contact avec Dieu (Cf. Georges Goyau, L’Allemagne religieuse, I. Le protestantisme, p. 98) et A. Sabatier : le sentiment de la dépendance de notre moi à l’égard de la puissance mystérieuse qui fait évoluer l’univers (op. cit., p. 19-20). L’origine toute première de cette théorie de la religion doit être cherchée dans le principe même de la Réforme. La doctrine luthérienne de l’inspiration privée, qui exclut l’autorité de l’Eglise, et de la justification par la foi seule, devait aboutir inévitablement à l’idée toute subjective et toute individualiste d’une religion sans dogme et sans culte.

Aussi bien n’est-ce pas une réfutation complète des doctrines de la religion de l’esprit, que l’on veut faire ici. Le but de cet article exige simplement que l’on indique les principes par lesquels on peut démontrer la nécessité d’un culte extérieur, de rites sacrés, dans toute religion. Les voici :

a) Le témoignage de l’histoire des religions. — Dans toutes les religions connues, anciennes ou actuelles, l’histoire l’atteste, on constate l’existence de rites sacrés, par lesquels les hommes ont cru communiquer avec la divinité (Cf. db Brooub, Problèmes et conclusions de l’histoire des religions. — 3" édit., Paris, 1897 ; Pinard delà Boullayb, /.’étude comparée des Religions, 2 vol., Paris 1923- iQ25).Or un fait si universel ne peut s’expliquer d’une manière satisfaisante qu’en reconnaissant qu’il dérive d’un besoin de la nature humaine. L’homme, être à la fois spirituel et corporel, ne peut communiquer avec autrui qu’à l’aidede signes. Tout naturellement, lorqu’il veut communiquer avec Dieu, il se sert de rites. La religion chrétienne, qui possède des sacrements, est donc en harmonie avec l’histoire des religions et arec la nature de l’homme, avantage que n’a pas la prétendue religion de l’esprit. — Et qu’en ne dise pas que l’évolution de l’humanité conduira celle-ci à un stade de civilisation tel que tout culte extérieurdeviendra inutile, et que les partisans de la religion spirituelle sont déjà arrivés à ce degré 1075

SACIŒMEXT

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de perfectionnement libérateur. Car l’évolution ne peut pas supprimer lu nature sensible de l’homme, et les défenseurs du culte purement spirituel commettent souvent, dans la pratique, d’étranges inconséquences avec leurs principes.

b) Les exigences de la psychologie religieuse de l’homme. — Le grand désir et le grand besoin de l’âme religieuse, c’est d’avoir l’assurance qu’elle est en paix avec la divinité et dans la voie du salut. Ce désir tourmente les pécheurs, les mourants et souvent même les incrédules. Il ne peut être satisfait que par des signes, des témoignages divinsattestant que Dieu a fait miséricorde. Les sacrements sont précisément ces témoignages, puis qu’il a plu au Christ Je lier la grâce divine à ces rites. Une religion sans rites sacrés méconnaît les besoins les plus essentiels de l’âme religieuse. Ils l’ont bien compris, les ritualistes anglais, lorsqu’ils ont abandonné la froide religion anglicane pour revenir aux pratiques cultuelles de l’Eglise romaine (Cf. P. Thurbau-Dangin, La Renaissance catholique en Angleterre, t. I et II).

c) Le caractère essentiellement social de la religion.

— Une religion requiert essentiellement une associalion, un groupement d’hommes ayant une idée commune de la divinité. Une religion individualiste est chose inouïe dans l’histoire, et même impossible. Car l’homme est fait pour vivre en société. Si toute religion es l essentiellement sociale, il est nécessaire qu’elle ail des signes extérieurs par lesquels on reconnaisse ses adhérents. Cette raison est particulièrement valable pour la religion chrétienne, instituée par Jésus sous forme de société. Les sacrements sontdes signes de ralliement pour les chrétiens (Cf. F. Bbunktiêrb

« La religion comme sociologie » dans Sur

les chemins de la croyance t. I, p. p. 187 ss. ; « La fâcheuse équivoque » dans Questions actuelles, p. p. a83 ss., Paris, 1907).

2° — De fait, historiquement parlant, ajoutent les protestants libéraux, le Christ a institué une religion sans culte extérieur, sans sacrement. L’essence du christianisme, l’œuvre authentique de Jésus, d’après M. Harnack, L’essence du christianisme, tr.fr., Paris IO -°7> PP- 83 ss., consiste uniquement dans la révélation de la pat rnité de Dieu. Le dogme et les sacrements catholiques sont étrangers au christianisme tel que l’a voulu son fondateur ; ils sont des altérations de l’œuvre que Jésus est venu accomplir. A. Sabatibb professe une doctrine analogue (Esquisse. , liv. II, chap. a).

liép. — Il faut accorder au protestantisme libéral que l’histoire seule du Nouveau Testament, abstration faite du développement traditionnel, est incapable de démontrer que Jésusa institué tuuslet sacrements chrétiens. Mais il suffit, pour ébranler la thèse protestante, que nous démontrions hisloriquementl’institulion par le Sauveur d’au moins un sacrement. Or les textes les plus formels et les plus solides nous apprennentque Jésus a institué, la veille de sa mort, le rite eucharistique. Rejeter ce fait, c’est se mettre en opposition avec l’histoire la plus incontestable. Aussi bien, les protestants, qui refusent de l’admettre, imaginent les systèmes les plus invraisemblables pour expliquer, en dehors de toute intervention du Christ, l’origine de rEttch « riatie. Si donc Jésus a institué au moins un sacrement, il est insensé de dire que, historiquement parlant, le christianisme authentique est une religionpurement spirituelle. — Et d’ailleurs, Jésus était si peu l’ennemi du culte extérieur, qu’il l’a pratiqué pendant sa vie mortelle. Il a recule baptême de Jean Baptiste. Il a participé au service religieux des synagogues (Marc, vi, a ; Luc,

« v, 16 ss.) Il a célébré la pâque juive (Marc, xiv, la

ss.) Comment peut-on prêter au Sauveur les élucubrations des rationalistes modernes sur la religion de l’esprit ?

3° — Enfin, puisqueles sacrements chrétiens n’ont pas le Christ pour auteur, ils ne peuvent venir que du paganisme. C’est un axiome pour le protestantisme libéral (Harnack et A. Sabatihr op. cit.), et pour la plupart des incrédules (Cf. Rksan Origines du Christianisme, t. VI, pp. 15/| ss.), que les rites chrétiens ont une origine païenne. On prétend le démontrer par les ressemblances qui existent entre plusieurs de nos sacrements et certains rites desmystères de Mithra, et aussi par ce fait que l’Église a adopté, en les christianisant, divers usages païens, des fêtes païennes, par exemple.

Ilép. — On ne peut discuter, ici, en détail cette thèse rationalis’e, dont la forme la plus récente a été examinée à l’article Mysti’irbs. Il suffit d’indiquer les principes généraux qui en démontrent la fausseté.

Tout d’abord, personne n’a pu prouver l’origine païenne des rites chrétiens. Ce qui a été dit, à ce sujet, est purement hypothétique et repose sur des vraisemblances plus que contestables. L’histoire montre que nos sacrements sont nos d’un principe spécifiquement chrétien et qui remonte au Christ. Elle atteste aussi que les écrivains ecclésiastiques de tous les siècles ont revendiqué sans cesse cette origine chrétienne en faveurdenos sacrements (P. Pourrat. La théologie sacramentaii e, chap. vi). A cette affirmation ininterrompue de l’Eglise, on oppose une hypothèse tendancieuse, inspirée par le désir de combattre le catholicisme.

Les ressemblances, qui existent entre certains rites païens etplusieurs sacrements, sont loin de prouver la thèse protestante, a) Car ces ressemblances ne doivent pas être exagérées. Les rites d’initiation de la religion mithriaque, s’ils offrent des ressemblances avecles sacrementsde l’initiation chrétienne, en diffèrent profondément par certainscôlés. Qu’importe que les mithriastesaientété initiés parun bain de purification ; qu’ils aient été signés au front ; qu’ils aient participé aune oblation de pain et d’eau ? Ces rites n’avaient pas pour eux, tant s’en faut, le sens des rites chrétiens dont on les a rapprochés. — b) Ces ressemblances ne s’expliquent pas nécessairement par un emprunt du christianisme au culte de Mithra. D’autres explicationssontaussi vraisemblables, pour ne rien dire de plus. Pourquoi, par exemple, le mithriacisme n’aurait-il rien pris au christianisme ? Précisément, S. Justin (l Apol., 66) et Tkrtulme* (De præsc, ho ; De corona, 15) l’accusent d’avoir plagié, dans ses mystères, les rites de l’initiation chrétienne.

« N’imite-t-il pas (le diable) dans les mystères

des idoles la chose de la foi divine ? Lui aussi baptise ceux qui croient en lui, ses fidèles… Et si je me souviens encore de Mithra, il marque là au front ses soldats. Il célèbre l’oblationdu pain. » (Tbhtuix., De jiræsc, /|o). Les auteurs chrétiens du 11e et du iue siècles étaient probablement mieux renseignés que les protestants libéraux modernes (Cf. L. Duchesnb, Histoire ancienne de r Eglise, t. I, chap. xxvii). — c) Enfin, ces ressemblances peuvent aussi s’expliquer par le fait que le sentiment religieux tend à s’exprimer conformément à la nature de l’homme. Il y a une conformité naturelle entre tel sentiment religieux, le désir de la purification par exemple, et tel rite qui en est l’expression, le bain. Notre Seigneur, en instituant les sacrements, a choisi des rites déjà existants pour la plupart, et naturellement aptes à symboliser leurs effets, et auxquels il a voulu communiquer une vertu divine. Les autres religions, ayant des besoins analogues à ceux du christianisme, ont 107 ;

SAINT-OFFICE

1078

aussi institué des rites ressemblants (Cf., dans ce Dictionnaire art : Mitiira (Religion i>e) ; E. Jacquier, art. Mvstkres. Don Cabrol, Le paganisme dans la liturgie. Revue pra'.ique d' Apologétique, t. III, pp. 307 ss., 278 ss.)

Ouant à la chrislianisation de certains usages païens, de certaines dîtes idolatriques, on ne peut s’en réclamer en faveur de l’origine païenne des særements. Car des faits de ce genre ne se constatent guère avant le ive siècle. Lorsqif après la pacification religieuse de Constantin le paganisme eut été vaincu, l’Eglise n’hésita pas à adopter, en les christianisant, divers usages païens. Ainsi la célébration, au 26 décembre, de la fête du Sol Invictu » lit pince à notre fête de Noël. L’Eglise était impuissante à supprimer brusquement les réjouissances populaires plus ou moins imprégnées de paganisme. Elle crut parfois plus sage de les maintenir en en changeant le caractère. Mais, au n c et au m 1 ' siècles, époque de développement sacramentaire, les conditions de lutle sanglante dans lesquelles se trouvait le christianisme vis-à-vis du paganisme, et l’esprit qui animait les pasteurs de l’Eglise, rendent des faits de ce genre tout à fait impossibles. L'étude des documents des ite et m* siècles nous manifestent, de la part des chrétiens, une telle horreur et une telle aversion pour le paganisme, qu’il est presque inconcevable q le l’Eglise ait pu lui emprunter alors quoi que ce soit.

Les thèses protestantes, si arbitraires et si tendancieuses, ne tarderont pas à être abandonnées. Déjà, M. Salomon Rfinach renonce à croire que le christianisme ait imité les rites mithriaques. Les chrétiens et les mithriastes auraient adopté des rites populaires antérieurs (Cultes, Mythes et Religims, t. II, p. 227). Les armes dont se servent les ennemis du catholicisme finissent par s’user, il faut les changer souvent.

VII L’intention du ministre et celle du sujet des sacrements. — On trouvera, dans les traités théologiques, les réponses aux objections que l’on oppose à la thèse de la nécessité de l’intention intérieure. Nous ne nous occupons ici que des objections modernes, et il n’y en a pas de spéciales, relativement à l’intention.

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1'. Pourrai.