Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ABLATIF

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 28).
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ABLATIF. s. m. Terme de Grammaire. Sixième cas de la déclinaison du nom & du participe, qui exprime un rapport de séparation, de division, ou de privation. Ablativus casus, auferendi casus. On l’appelle ablatif absolu, quand il est sans régime. On l’a nommé autrefois ablatif égaré. On dit populairement ablativo tout en un tas ; c’est-à-dire, tout ensemble, avec confusion. Le mot d’ablatif Latin a été fait ab auferendo. Priscien l’appelle aussi comparatif, parce qu’il ne sert pas moins à comparer qu’à ôter, parmi les Latins. Les Grammairiens prétendent que les Grecs n’ont point d’ablatif. L’ablatif est opposé au datif, parce qu’on se sert de l’ablatif pour exprimer l’action par laquelle on ôte, comme on se sert du datif pour exprimer l’action par laquelle on donne. Il n’y a pas en François de marque fixe & certaine dans la Grammaire qui distingue l’ablatif de tous les autres cas : & nous disons qu’un mot est à l’ablatif par analogie avec la langue Latine. Ainsi dans ces deux phrases, La grandeur de la ville, & je viens de la ville, nous disons que de la ville dans la première est au génitif, & dans la seconde à l’ablatif ; parce que cela seroit ainsi en Latin, si les deux phrases étoient exprimées en cette langue.