Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AFFECTION
AFFECTION. s. f. Ce mot vient du latin affectio, & a des significations différentes dans la morale & dans la Physique. On s’en sert dans la morale pour exprimer l’inclination & le désir. En Physique, il signifie les différentes qualités qui surviennent à un corps, & dont il est affecté, c’est-à-dire, revêtu, couvert.
Affection. Mouvement, sentiment de l’ame qui nous fait vouloir du bien à quelqu’un, & qui se dit de l’amour, de la tendresse, de l’amitié. Amor, studium, benevolentia. L’affection des hommes a coutume de changer avec la fortune. Ce pere a une ardente affection pour ses enfans. Affection paternelle. Affection maternelle, avoir de l’affection pour quelqu’un. Il faut pourtant remarquer sur ce mot, pris dans le sens de bienveillance & d’amitié, qu’il n’y a que les Grands qui s’en puissent servir à l’égard de leurs inférieurs. Ce Prince témoigne une affection toute singulière aux personnes qui s’attachent à lui, & qui le servent fidèlement. Alexandre prenoit le mérite en affection. Ablanc. Il y a des Auteurs qui prétendent qu’on s’en peut servir d’égal à égal ; mais il faut que ce soit avec ménagement, & lorsque l’on est dans une grande familiarité.
Affection, signifie aussi une inclination qui nous porte à une chose plutôt qu’à une autre. Propensio, proclivitas. Cet homme a mis toute son affection à l’étude. Loin d’ici cette dévotion vaine & frivole, qui laisse vivre au-dedans les désirs, & les affections du siècle. Flech.
Affection, signifie encore l’ardeur, le zèle que l’on sent pour le service de quelqu’un. Studium. Et alors les inférieurs s’en peuvent fort bien servir à l’égard des supérieurs. Vous direz aux belles Princesses, auprès de qui vous êtes, que j’ai une affection sans pareille pour leur service. Voit. On se fait honneur de faire comprendre à des personnes supérieures l’extrême affection qui nous attache à elles. Il est d’un honnête homme de se porter avec affection à tout ce qui regarde son devoir. Ch. de Mer.
Affection. s. f. Terme de Théologie mystique. L’oraison consiste plus dans les affections, que dans la connoissance, c’est-à-dire, dans les actes de la volonté, que dans ceux de l’entendement. On l’oppose quelquefois à méditation, parce que celle-ci consiste dans les actes de l’esprit, & dans la considération de l’objet que l’on médite, & les affections regardent la volonté, & les élancemens de l’ame vers Dieu. En ce sens ce mot se dit le plus souvent au pluriel.
Affection, se dit aussi chez les Philosophes, des qualités des choses, & des divers changemens qui leur arrivent. Affectio. On a trouvé l’art d’observer, par le Thermomètre, toutes les différentes affections de l’air. Roh.
☞ On distingue les affections en affections du corps & en affections de l’ame. Les affections du corps sont certaines modifications qui sont occasionnées par le mouvement, en vertu duquel un corps est disposé de telle ou telle manière.
☞ Les affections de l’ame, sont ce qu’on appelle plus ordinairement passion.
☞ Affection, se peut prendre en général pour l’impression que les êtres qui sont ou au-dedans de nous, ou hors de nous, exercent sur notre ame. Mais ce mot se prend plus communément pour le sentiment agréable ou désagréable que les objets occasionnent en nous.
☞ Affection, se disoit autrefois en Géométrie, dans le même sens que propriété. Cette courbe a telle affection, c’est-à-dire, telle propriété.
☞ Affection, en termes de Médecine, signifie une impression fâcheuse dans toute l’habitude du corps, ou dans quelqu’une de ses parties. Affection mélancolique. Affection hystérique. Acad. Fr.
☞ Affection hypocondriaque. Maladie des Hypocondres, qui cause divers accidens fâcheux. Voyez Hypocondriaque.