Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÂTELEUR

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 796).
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BÂTELEUR, EUSE. s. m. & f. Charlatan, danseur de corde, bouffon. Histrio, minus, ludio, ludius. Il se dit de toute autre sorte de gens qui amassent le peuple pour le divertir, en faisant des sauts, des danses & des tours de passe-passe. Les Bâteleurs & Comédiens ne pouvoient être enrôlés dans les armées romaines. Vigen.

On te siffle par-tout, on connoît tes finesses ;
On se moque de tes souplesses ;
On rit de ton style trompeur,
Et de ton air de Bâteleur.

☞ On dit d’un homme qui s’amuse à faire de petits tours de souplesse, qu’il fait le Bâteleur.

Un de nos Ecrivains a appelé les Romans, des Bâteleurs en papier. Outre que ces sortes de pensées sont basses, & un peu burlesques, elles tiennent fort de l’énigme. Bouh.

Ce mot, selon Saumaise, vient de balator, qui signifie, celui qui en public fait plusieurs tours surprenans avec les armes. Guyet le dérive de bastel, qui a été dit de bastum, pour un échafaud de bois ; comme qui diroit, qui monte sur le théâtre. D’autres le dérivent de baste, vieux mot gaulois, fignifiant tromperie. Nicot le dérive du grec βαλλόλογος, qui signifie hableur, qui dit des choses vaines & frivoles. On le peut faire venir de balatro.