Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BASSESSE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 786).
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☞ BASSESSE. s. f. Ce mot ne se dit point au propre. On ne dit point la bassesse d’un siége, d’une maison. Dans le figuré ce mot est relatif à l’état où l’on est, ou à la manière de penser. La bassesse d’état, ignobilitas, vilitas se trouve dans le peu de naissance, de mérite, de fortune & de condition. La nature a placé des êtres dans l’élévation, & d’autres dans la bassesse. Il faut tâcher de se retirer de la bassesse ; l’on n’en vient pas à bout sans peine. Il n’y a que la vertu la plus pure qui puisse faire goûter à une ame noble la bassesse de l’état. Ils ne cessoient de ravaler ce Prince à cause de sa bassesse & de sa pauvreté. Vaug. Il lui reprocha la bassesse de sa condition. J’ai trop de sincérité pour nier la bassesse de ma naissance. Scar. Voyez encore Abjection.

Bassesse, se prend encore pour lâcheté ; pour tout ce que l’on fait de bas, de lâche & d’indigne d’une ame noble, d’une personne d’honneur, pour parvenir à quelque but. Ignavia, dedecus. On peut quelquefois s’abaisser sans bassesse. S. Evr. Vous ne voyez que bassesses dans ses actions, dans sa conduite. Quelquefois pour un servile attachement à sa famille, un cœur noble est entraîné dans les bassesses, & dans les importunités des âmes intéressées. P. Gail. Un favori qui a de l’élévation, se trouve souvent confus & déconcerté par les bassesses & la flatterie de ceux qui s’attachent à lui. La Bruy.

Mais enfin l’indigence amenant la bassesse,
Le Parnasse oublia sa première noblesse. Boil.

Bassesse, se prend aussi pour tout ce qui est opposé à grandeur, à élévation. Bassesse de courage. Bassesse d’ame. Abjectio animi. Le vers se sent toujours des bassesses d’un cœur. Boil.

Bassesse, se dit encore du langage, & signifie, qui n’a nulle beauté, nulle noblesse ; manière de s’exprimer basse & rampante, populaire, triviale. Stylus demissus, humilis oratio. Quoi que vous écriviez, évitez la bassesse. Boil.