Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BOUSE, ou BOUZE

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
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BOUSE, ou BOUZE, s. f. Fiente des bœufs & des vaches. Stercus. On s’en sert contre les piqûres de mouches à miel, & pour résoudre les apostèmes.

Le P. Thomassin dérive le mot bouse de l’hébreu bouts, qui veut dire cœnum, lutum, limus, boue, limon ; mais le mot bouts, avant que de s’établir en France sous le nom de bouse, a passé en Saxe, en Angleterre, & dans les Pays-Bas ; & c’est de ces quartiers-là qu’il nous vient immédiatement ; car le même P. Thomassin dit que cœnum, lutum, boue, s’appelle en saxon Wase, en anglois oose, & Woose, en flamand Wase, d’où, sans doute, est venu le mot françois, vase, quand il signifie la boue qui est au fond d’un étang, d’un fosse. M. Huet dit que ce mot vient de βουστασία qui veut dire la même chose selon Eustathius. Fimus, bubulus.

Dans l’Inde on se sert de bouzes de vaches, comme on se sert en plusieurs endroits de tourbes au lieu de bois pour faire du feu. Cette coutume est fort ancienne dans l’Asie. Tite-live, Liv. XLVIII. chap. 18. dit que dans un pays d’Asie appelé Azyla, parce qu’il n’y avoit point de bois, on brûloit des bouzes, ou de la fient de bœuf.

En Anjou on dit, bouse & bouser, pour marquer excrementa hominum, & cacare.

Salnove, dans le Dictionnaire des Chasseurs, qu’il a mis à la fin de sa Vénerie Royale, dit Bouzées de vaches, comme on peut le voir ici au mot Bousard, mais l’usage est de dire bouze.

Bouse, en termes de Blâson, se dit d’une espèce de chanteplure qui sert à puiser l’eau en Angleterre, dont quelques Seigneurs Anglois ont chargé l’écu de leurs armes.