Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BUIS

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 107).

☞ BUIS. s. m. On disoit autrefois bouis ; & ce mot s’est conservé dans quelques phrases proverbiales. On s’en sert encore pour exprimer un instrument de Cordonnier. Voyez Bouis.

Buis, (le) Buxum ou buxus, est un arbre de moyenne grandeur, & qui est toujours couvert de feuilles. Sa racine est ligneuse, noueuse, fort dure & bien veinée ; c’est pourquoi on la recherche pour les ouvrages du tour. Elle donne quelques jets de différentes grosseur & hauteur suivant leur âge, branchus & couverts d’une écorce raboteuse, blanchâtre & très-amère. Le bois en est très-dur, sans moëlle, d’une couleur tirant sur le jaune & fort pesant. Ses branches sont garnies de feuilles opposées près-à-près, portées par des queues assez courtes ; elles sont vertes, oblongues, séches, fermes, d’une odeur & d’un goût assez désagréables. De leurs aisselles naissent des bouquets de fleurs, dont les unes sont stériles & les autres fertiles ; les stériles sont composées de trois à quatre étamines à sommets jaunes qui naissent des échancrures d’une rosette coupée en quatre quartiers, & soutenues par un calice à trois ou quatre petites feuilles d’un jaune tirant sur le vert. Les fleurs fertiles n’ont point d’étamines & poussent de leur centre un fruit qui ressemble en quelque manière à une marmite renversée, verdâtre, gros comme une petite noisette, & divisé en trois loges, dans chacune desquelles il y a une capsule cartilagineuse, qui par sa contraction pousse ordinairement avec violence ses semences noirâtres & luisantes. Les feuilles du buis sont quelquefois panachées de jaune ou de blanc.

Il y a une espèce de buis qui ne s’éleve jamais plus haut d’un pied ou deux : ses feuilles sont plus arrondies que celles du grand buis : comme on se sert de cette espèce pour les bordures des parterres, on l’a nommé ’buis à parterre. Le buis ordinaire s’éleve dans les jardins, & on le taille en pyramide ou en boule. ☞ On en fait aussi des palissades, des allées, des labyrinthes. Le buis se trouve communément aux environs de Lyon, du côté de Genève, de Nantua, de S. Claude, & au pied des montagnes du Dauphiné. On a cru que le bois de buis & sa rapure étoient aussi bons que le gayac pour les tisanes dessiccatives. On recommande l’huile de buis pour les maux de dents. On dit couleur de buis, d’une couleur jaune qui approche de celle du bois de buis.

Ce mot buis vient du latin buxus, d’où s’est fait d’abord bux, ensuite buix, & enfin buis, ou bouis, en prononçant l’u en ou. De bouis, ou buis, se sont formé les noms de Boucey, Bussy, Poussy, Poissy, Poussey, Possey, la Bussiére, Busserole, Bouquesolle, Boussigny. Buxetum. Buxiacum, Buxaria, Buxariola, Buxaliola, Buxiviacum. Huet. Le P. Pezron prétend que buis vient de beus & box mots celtiques. Voyez Bouis.

Chez les Anciens, le buis étoit consacré à Cibèle, parce qu’on en faisoit des flûtes, comme on en fait encore. Stace, L. IX, de sa Thebaïde, p. 479, semble aussi à Pitiscus marquer qu’il étoit consacré à Bacchus ; mais il se trompe. Cum Bacchica mugit Buxus, signifie seulement les flûtes, dont on jouoit aux fêtes de Bacchus, & buxus est pris là pour flûtes, comme la matière ordinaire dont on les faisoit, & non pour un arbre consacré à Bacchus. Vossius, De Idol. L. V, C. 48, dit que le buis étoit aussi consacré à Cérès chez les Romains.

☞ Le jour des Rameaux, on porte à l’Eglise, en guise de palmes, des branches de buis bénis.

BUIS. s. m. Contrée de France dans le Dauphiné, appelée communément le Bailliage de Buis, ou les Baronnies. Bruxiensis, tractus, ou ager, Baroniæ. Voyez Baronnies.

Le Buis, Buxium, petite ville qui est un des principaux lieux du Buis, & lui donne son nom.