Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CHEVALIER

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 519-521).

CHEVALIER. s. m. Le premier degré d’honneur de l’ancienne milice, qu’on donnoit avec certaines cérémonies à ceux qui avoient fait quelque exploit signalé qui les distinguoit des autres gens de guerre. Eques. Ainsi on appelle Chevaliers, les gens issus de la haute & ancienne noblesse, ou qui ont été faits Chevaliers par les Princes. On faisoit bien des cérémonies pour la création d’un Chevalier. La principale étoit le soufflet, & un coup d’épée sur l’épaule. Ensuite on lui ceignoit le baudrier & l’épée dorée, & on l’ornoit de tous les habillemens militaires ; après quoi, étant armé Chevalier, il étoit mené en pompe à l’Eglise. Il falloit être Chevalier pour armer un Chevalier. Il y avoit des Chevaliers de robbe, aussi bien que d’épée ; il y en avoit même d’Ecclésiastiques. On trouve encore dans les Coutumes, qu’il étoit dû un certain droit par les vassaux à leur Seigneur, quand son fils aîné étoit fait Chevalier. On l’appelle aide cheval. Ce droit ne se paye plus que quand le Seigneur est fait Chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit. Le Roi anoblissoit un roturier, en le faisant Chevalier : ce pouvoir étoit attaché à la personne du Roi : car ceux qui étoient faits Chevaliers par tout autre que le Roi, n’étoient point anoblis par le seul honneur d’être Chevaliers. Il paroît même qu’il n’étoit pas permis à d’autres de faire des roturiers Chevaliers. Deux Arrêts du Parlement de Paris, donnés en 1280 & 1281, condamnent Guy Comtes de Flandre, & Robert Comte de Nevers son fils, à une amende envers le Roi, pour avoir fait Chavaliers des gens qui n’étoient pas Gentilshommes. Les Coutumes de Paris & d’Orléans portent que si quelqu’un étoit convaincu d’avoir surpris le titre de Chevalier, on le déclaroit indigne de noblesse, & l’on brisoit ses éperons sur un fumier. Cette qualité de Chevalier s’avilit par le nombre, & par la facilité que l’on apportoit à faire des Chevaliers. Monstrelet rapporte que Charles VI en fit 500 en un seul jour. On chercha donc quelques marques de distinction pour relever le titre de Chevalier. Le Roi, au lieu de l’accolade, leur donnoit un colier d’or, &c. Ces vieilles coutumes sont abolies. Voyez l’Ordonnance & la manière de faire de nouveaux Chevaliers, qui est écrite par Du Cange sur le mot miles. Le Chevalier Bayard fut surnommé le Chevalier sans peur & sans reproche. Cette qualité est au dessus de la qualité d’Ecuyer, ou de simple Gentilhomme, & est encore prise à présent par ceux qui possèdent les premières charges & dignités, tant d’épée que de robbe. Un Duc, un Comte, un Maréchal de France, prennent le titre de Chevaliers. Le Chancelier, le premier Président tout de même. Boutilier écrit qu’au seul Chevalier appartient de porter harnois doré en tous états, & habits, tant à cheval qu’à pié. En vieux françois on disoit Chal, pour dire, Chevalier, d’où est venu le mot de Sénéchal, quasi fenex Eques ; pour dire, vieux Chevalier.

Armer quelqu’un Chevalier, pour le faire Chevalier. Incontinent après la réduction de Ceuta, le Roi de Portugal Jean I, fit consacrer la grande Mosquée, que l’on dédia avec beaucoup de solennité à l’Apôtre S. Jacques. Le lendemain de cette cérémonie il y alla entendre la Messe, à l’issue de laquelle il arma Chevaliers les Princes ses fils, aussi-bien que plusieurs autres Seigneurs, qui tous s’étoient glorieusement signalés dans cette conquête. Le Quien de la Neuv.

La plus haute dignité où l’homme de guerre put aspirer, étoit celle de Chevalier. Il n’y avoit que les Chevaliers que l’on traitât de Messire & de Monseigneur ; & on ne traite encore aujourd’hui le Parlement de Nosseigneurs, qu’en mémoire des Chevaliers qui le composoient autrefois. Il n’y avoit que les femmes des Chevaliers qui se fissent appelle Madame. La dignité de Chevalier étoit si grande, que le Roi s’en faisoit honneur ; les Chevaliers mangeoient à sa table, avantage que n’avoient point ses fils, ses freres, ses neveux, qu’ils n’eussent été faits chevaliers. On ne faisoit point de Chevalier, qu’il ne fût noble de pere & de mere ; le moins c’étoit de trois races. On n’en faisoit aucun qui n’eût servi avec éclat, & qui ne fût en réputation d’homme incapable de commettre un crime ou une lâcheté. Il se faisoit des Chevaliers en temps de paix & en temps de guerre. A la guerre, sans grande façon, le Roi ou le Général, en faisoit avant le combat, & plus ordinairement après. Pour lors, toute la forme étoit de leur donner sur une épaule deux ou trois coups d’épée, en leur disant à haute voix : Je te fais Chevalier, au nom du Pere, & du Fils & du saint Esprit. Lorsque pendant la paix, à l’occasion d’un mariage ou de quelque autre solennité, il se faisoit une promotion, c’étoit avec plus de pompe & bien des formalités. Le Novice, je veux dire, le Gentilhomme qui devoit être fait Chevalier, passoit la nuit d’auparavant à prier Dieu dans une Eglise. Son habit, en ce premier jour, étoit une soutane brune, toute unie & sans ornement. Le lendemain, il communioit, puis il alloit au bain, où il quittoit la robbe brune, qui étoit l’habit d’Ecuyer ; celui de Chevalier étoit d’une forme particulière & d’une étoffe bien plus riche. Après s’être baigné, le Novice se mettoit au lit, afin d’y recevoir les visites de cérémonie. Quand elles étoient finies, venoit deux ou trois Seigneurs qui lui aidoient à s’habiller. Sa chemise étoit brodée d’or par le col & par les poignets. On lui mettoit sur sa chemise une manière de camisole faite de petits anneaux de fer joints ensemble, en forme de mailles. Par dessus cette jacque de maille, autrement appelée haubert, il avoit un pourpoint de buffle, sur ce buffle, un cotte d’armes, & sur le tout, un grand manteau taillé comme est aujourd’hui celui du Roi & des Pairs. Le Novice en cet équipage, qui étoit fort embarrassant, faisoit serment à genoux, de n’épargner ni vie ni biens, à défendre la Religion, à faire la guerre aux Infidèles, à protéger les orphelins, les veuves, les indéfendus. C’étoit là le but principal de l’ancienne Chevalerie. Le serment prêté, les Seigneurs les plus qualifiés lui chaussoient des éperons dorés ; d’autres lui présentoient le ceinturon, où pendoit une longue épée dans un fourreau couvert de toile, & semé de croisettes d’or. Il falloit que cette longue épée fût bénite par un Prélat, & qu’elle eût posé sur l’Autel pendant un temps considérable. Le nouveau Chevalier, si c’étoit un Prince ou un Roi, alloit la prendre sur l’Autel. Quelquefois c’étoit un Evêque qui la lui mettoit au côté ; plus ordinairement le Souverains qui faisoit la cérémonie, mettoit lui-même au Novice l’épée & le ceinturon ; puis après l’avoir embrassé, il lui donnoit sur les épaules deux ou trois coups de plat d’épée, Cette cérémonie, la plus grande qui fût alors, se faisoit au son des trompettes, des hautbois & autres instrumens, & étoit suivie de festins, de ballets & de mascarades. Il y avoit des grands & des petits Chevaliers. Les grands s’appeloient Bannerets ; les petits, Bacheliers. Le Gendre.

Chevalier Romain, étoit le second degré de Noblesse parmi les Romains, qui suivoit celui des Sénateurs. Eques Romanus. Dans le temps de la fondation de Rome, toute la milice de Romulus consistoit en trois mille hommes d’infanterie, & trois cens hommes de cheval. Or ces trois Centuries d’hommes à cheval sont la première origine des Chevaliers Romains. C’étoit le second Ordre qui suivoit le Sénat. Manuce & Sigonius ont cru que Romulus, outre l’Ordre Equestre, & ces Chevaliers qui marchoient après les Sénateurs, avoit institué une Chevalerie militaire opposée à l’infanterie. Mais les Auteurs ne font aucune mention d’une Chevalerie distincte pour la guerre, & d’aucun autre Ordre de Chevaliers du temps de Romulus, que des trois Centuries qui ont été la source & le fondement de l’Ordre Equestre. Ils avoient un cheval entretenu aux dépens du public ; mais ils quittoient le cheval public quand ils montoient au rang des Sénateurs. Ils déposoient les marques & les prérogatives de Chevaliers, quand ils étoient élevés à une dignité plus honorable. Ils ne retenoient que l’anneau d’or. Il falloit avoir un certain revenu prescrit pour être Chevalier, afin que la pauvreté n’en avilit point le rang : & si l’on n’avoit pas le revenu marqué, equestris census, l’on étoit effacé du rôle des Chevaliers par le Censeur, & l’on descendoit à l’ordre Plébéien. On a supputé qu’il étoit fixé à dix mille écus de revenu. L’Ordre des Chevaliers s’accrût si fort, qu’il balança depuis la puissance du Sénat & du peuple. Ils négligèrent les fonctions de la guerre, & s’occupèrent dans Rome à des emplois civils : ensorte que Pline a observé, que de son temps, les Chevaliers n’avoient plus de cheval entretenu du Trésor public. Grævus. D’autres soutiennent que l’Ordre des Chevaliers distinct du peuple, ne commença que du temps des Gracques. Alors on leur accorda le privilege, que les Juges ne pouvoient être pris que de leur Corps, & de leur Ordre. Depuis on leur donna entrée au Sénat. Du moins, sans qu’il fût nécessaire d’être descendu de ces anciens Chevaliers, il suffisoit d’avoir le revenu fixé, pour être mis par le Censuer sur le rôle des Chevaliers. Loyseau. Ovide étoit Chevalier Romain. Cicéron étoit Chevalier. Les Patriciens, c’est-à-dire, les descendans des premiers Sénateurs établis par Romulus, & les Chevaliers, c’est-à-dire, les descendans de ces trois Centuries, pouvoient seuls parvenir à la dignité de Sénateurs ; mais après l’expulsion des Rois, les familles Plébéiennes furent aussi admises au Sénat. Id.

Chevalier, est aussi celui qui est reçu dans quelque Ordre Militaire seulement, ou Militaire & Religieux tout ensemble, institué par quelque Roi ou quelque Prince, avec certaines régles & marques d’honneur. On ne reçoit dans les Ordres des Chevaliers, que ceux qui ont fait des preuves d’ancienne Noblesse. Chevalie des Ordres du Roi, est celui qui est Chevalier des Ordres du S. Esprit & de S. Michel. Eques Spiritus Sancti & Sancti Michaëlis. L’ordre des Chevaliers de S. Michel fut érigé par Louis XI, le premier d’Août 1469, à cause que S. Michel étoit Protecteur de la France : il fixa le nombre des Chevaliers à 37. L’ordre du S. Esprit a été institué par Henri III en 1588. L’ordre de S. Michel seul ne donne aucune prérogative, ni aucune préséance. On appelle Cordon bleu, celui qui est Chevalier de l’Ordre du S. Esprit, parce que la marque de cet Ordre est une croix du S. Esprit attachés à un cordon bleu mis en écharpe, & une autre croix en broderie sur le manteau, & sur le juste-au-corps. Le Roi Jean en 1351, avoit établi l’Ordre de l’Etoile, ou de la Vierge Marie : il s’avilit bien tôt. On ne le donne qu’aux Chevaliers du Guet. Il y a des Chevaliers qui sont aussi Moines ou Religieux, & qui font des vœux : comme les Chevaliers de Malte, de S. Lazare, Eques Melitensis, Eques sancti Lazari, de S. Jean de Jérusalem, de l’Ordre Teutonique, &c. Ragueau fait mention des Chevaliers de Loix, après Froissard, des Chevaliers de la Cornette ou d’armes, & des Chevaliers des Bains, qu’on baignoit avant leur réception ; ces Chevaliers n’ont pas fait beaucoup de bruit dans l’Histoire.

Chevalier de l’Ordre. Dans les Ecrivains du dernier siècle, signifie Chevalier de l’Ordre du S. Esprit. Chevaliers des Ordres du Roi, signifie, que celui dont on parle est Chevalier des Ordres que le Roi confère, & dont il est Grand Maître. Chevaliers des trois Ordres du Roi, s’entend des Chevaliers des Ordres de S. Michel, du S. Esprit & de S. Louis.

Chevalier de S. Louis. Eques Sancti Ludovici. L’Ordre de S. Louis est un Ordre Militaire nouvellement institué par Louis XIV en 1693. La valeur & les services rendus dans les armées, sont les seuls titres pour y être admis. Le Roi est le Chef & le Grand Maître de l’Ordre. Les Grand-Croix au nombre de huit, & les 24 Commandeurs, portent un large ruban rouge en écharpe, d’où pend une croix d’or cantonnée de fleurs de lys d’or, chargée d’un côté de l’image de S. Louis, & de l’autre, d’une épée flamboyante, dont la pointe est passée dans une couronne de lauriers avec ces mots. Præmium virtutis bellicæ, c’est-à-dire, Récompense du mérite acquis à la guerre. Les simples Chevaliers portent seulement la croix attachée sur l’estomac avec un petit ruban de couleur de feu.

Chevalier d’Age, à l’égard de l’Ordre de Malte, est celui qui se présente au Chapitre du Grand Prieuré, pour être reçu suivant les status de l’Ordre. Qui cum ætate requisita ad Melitensem ordinem accedit ; & Chevalier de Minorité, est celui qui est reçu à l’âge de deux, de trois, ou de six ans, en vertu d’un Bref du Pape. Qui ante requisitam æratem obtento à Pontifice summo diplomate ad Melitensem ordinem accedit.

Chevalier de Justice. On appelle ainsi dans l’Ordre de Malte & dans d’autres Ordres Militaires, les Chevaliers qui sont obligés de faire les preuves de noblesse, à la différence des Frères servans, qui ne les font pas.

Chevalier, est aussi celui qui donne la main à la Reine pour marcher ; & on l’appelle son Chevalier d’honneur, Ductor honorarius. On le dit aussi de Madame la Dauphine & de Madame.

Chevalier, est aussi celui qui commande les Archers qui font la garde de nuit à Paris. Vigilum Præfectus. On l’appelle le Chevalier du Guet. On le trouve nommé Miles Gueti dès l’an 1254, dans une Ordonnance de S. Louis. Il est établi à Paris par le Roi, & porte le collier de l’Ordre de l’Etoile. On appelle sa femme la Chevalière du Guet. Quelques-uns croient que le Chevalier du Guet a tiré ce nom de l’abandon que Charles V lui fit de l’Ordre de l’Etoile, & que c’est là ce qui lui a donné le titre de Chevalerie : mais M. de la Mare, Tr. de la Pol. L. I, T. XIII, c. 2, prétend que non, parce que l’Ordre de l’Etoile ne fut institué par le Roi Jean que l’an 1351, & que le Commandant du Guet portoit le titre de Chevalier, long temps auparavant ; ce qu’il prouve, parce qu’il étoit appellé, comme nous avons dit, Miles Gueti, & que, selon M. de la Roque, dans son Traité de la Noblesse, on appelle en françois Chevalier celui qui étoit nommé par les Latins miles : il ajoute que ce titre vient de plus loin, & que selon toutes les apparences, il tire son origine de l’usage des Romains, qui ne confioient ce poste qu’à un homme de qualité, toujours choisi de l’Ordre des Chevaliers.

Le Chevalier du guet est, outre cela, obligé de prêter main forte à l’exécution des ordres & mandemens des Magistrats.

Chevalier errant, est un prétendu Ordre de Chevaliers, dont il est fait mention dans tous les anciens Romans. Eques errabundus. C’étoient des braves qui couroient le monde pour chercher des aventures, redresser les torts, & faire des prouesses & des actions insignes de valeur. Dom Quichotte étoit devenu fou pour avoir voulu imiter les Chevaliers errans. Le Chevalier du Soleil, ceux d’Amadis, &c. Cette valeur & cette bravoure romanesque des anciens Chevaliers, étoient autrefois la chimère des Espagnols. L’amour étoit le motif ordinaire de leurs exploits. Il n’y avoit point de Chevalier qui ne se choisit une Maîtresse, dont il vouloit mériter l’estime par quelque action héroïque. Le Duc d’Albe lui-même, tout grave & tout sévère qu’il étoit, avoit dévoué la conquête du Portugal à une jeune beauté, auprès de qui il prétendoit que ses exploits guerriers lui tiendroient lieu de jeunesse.

Chevalier de la Table-Ronde. Voyez Table.

Chevalier ès Loix. C’étoit autrefois un titre honorable qui ne s’accordoit qu’aux Chanceliers & aux premiers Présidens du Parlement de Paris : cependant Charles IX l’accorda à un premier Président de Normandie.

On appelle burlesquement, Chevalier de l’industrie, un escroc, un filou, un parasite qui n’a point de bien, & qui ne subsiste que par son adresse aux dépens des autres. Fur, latro, parasitus. L’aventurier Buscon de Quévédo est le premier qui a été appelé Chevalier de l’industrie. Regnier parle d’un autre Chevalier burlesque :

L’un étoit de suivans de Madame Lappée,
Et l’autre Chevalier de la petite Epée.

Chevalier de l’Arquebuse. C’est celui qui est reçu dans la Compagnie de ceux qui tirent réglement, & à certains jours, au jeu de l’arquebuse. Eques sclopetarius.

Chevalier de la coupe, se dit, dans le style comique & burlesque, de celui qui aime l’honnête débauche de vin. Potator liberalis.

Reçois-nous dans l’heureuse troupe
Des francs Chevaliers de la Coupe. S. Amant.

Chevalier du lièvre. Nom donné par définition à quelques Gentilshommes campagnards. Voyez Lièvre.

Chevalier, pièce du jeu des échecs. On dit cavalier. Voyez ce mot.

Chevalier. Oiseau aquatique un peu plus gros qu’un pigeon. Il a le bec long, & les jambes si hautes, qu’il est comme à cheval, & c’est pour cela qu’on l’appelle Chevalier. Il y a de deux sortes d’oiseaux Chevaliers. Celui qu’on appelle Chevalier rouge, & l’autre Chevalier noir. Le Chevalier rouge, equus rufus, est de la grosseurs d’un pigeon. Son bec & ses jambes sont longues, & de couleur rouge, le dessus du bec est noirâtre. Sa tête, son cou, ses aîles & sa queue sont de couleur cendrée ; il a le ventre blanc. Ses plumes sont noires à la racine. Il a deux taches noires aux côtés des tempes, qui servent d’ombre aux sourcils, sur lesquels il y en a une blanche. Il a les piés fendus comme la pie de mer. Cet oiseau court très-légèrement, il fréquente les prairies & le bord des rivières & des étangs. Il se met à l’eau jusques aux cuisses. Sa chair est très-délicate, & ne sent pas la sauvagine. Il y a quantité de ces oiseaux en basse Normandie.

Le Chevalier noir, equus niger, dès sa naissance, a les jambes & le bec noir, à l’exception du dessus, qui est rougeâtre. Belon dit que si l’on ne considère point la tête, les jambes & les aîles du Chevalier noir, on trouvera qu’en tout le reste, il ressemble beaucoup au pigeon ramier, qui est entre cendré & noir. Il fait ses petits au mois d’Avril, & Belon dit qu’en ce temps-là il a beaucoup de ressemblance par le champ de son pennage au râle ; mais on n’en voit pas beaucoup en autre saison qu’en hiver. Il fréquente aussi les lieux marécageux, & vit comme le rouge. On croit que ces deux Chevaliers pouroient bien être le mâle & la femelle de la même espèce.

On a appelé Chevaliers les louis d’or de 25 au marc, dont la fabrication fut ordonnée en 1718. Ce nom leur est venu de la croix de Chevalier, qui étoit au revers.