Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/COLIBRI

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 679).
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COLIBRI, oiseau des Îles de l’Amérique. Il n’est guère plus gros qu’une mouche. Son plumage est beau, & représente l’arc-en-ciel, tant ses couleurs sont variées. Son bec est noir & poli comme l’ébène, & ses yeux brillent comme le diamant. Selon la description des voyageurs, c’est un chef-d’œuvre de la nature. Ceux qu’on a apportés en France, quoiqu’ils soient forts petits, sont beaucoup plus grands que nos mouches ; du reste, ils ont le bec & les plumes comme disent les voyageurs.

Le colibri est un oiseau d’Amérique qui peut passer pour un petit miracle de la nature pour sa beauté, pour sa façon de vivre, & pour sa petitesse. Son cou & ses aîles représentent l’arc-en-ciel. Il a un rouge si vif sur le cou, qu’on le prendroit pour un rubis. Le ventre & le dessous des aîles sont jaunes comme de l’or ; les cuisses vertes comme une émeraude ; les piés & le bec noirs & polis comme l’ébène ; les deux yeux comme des diamants en ovale & de couleur d’acier bruni ; la tête verte, avec un mêlange d’or d’un éclat surprenant. Les mâles ont une petite hupe sur la tête qui rassemblent toutes les couleurs qui brillent dans le reste du corps. Ces oiseaux volent si brusquement, qu’on les entend toujours plutôt qu’on ne les voit. Ils ne vivent, dit-on, que de la rosée & du suc des fleurs, qu’ils tirent avec leur petite langue, qui est plus longue que leur bec. Spectacle de la nature.

Lorsque le colibri est plumé, il n’est guère plus gros qu’une noisette : je parle du mâle ; car la femelle est encore plus petite. Il ne paroît quelque chose, que quand il est couvert de plumes. Le P. Labat. On prétend qu’il y en a de cinq ou six espèce qui ne différent entr’elles que par la grosseur, & le coloris de leurs plumes. J’ai vu quatre colibris des Indes, deux mâles & deux femelles, d’espèces différentes, perchés sur des branches d’arbrisseaux, & peint sur du papier par M. Aubriet, habile Peintre du Roi, qui avoit accompagné M. de Tournefort dans son voyage du Levant : mais ils ne ressemblent, ni pour la petitesse, ni pour les couleurs, à ceux dont on vient de voir la description. Id. Le P. Labat confond le colibri avec l’oiseau-mouche. Et l’Auteur du spectacle de la Nature, qui paroît aussi les avoir confondus dans le premier tome, les distingue dans le troisième, en disant que c’est de l’oiseau-mouche, & non du colibri, qu’on peut faire des pendans d’oreilles ; & en s’écriant ; Quelle diminution de taille depuis l’autruche jusqu’au colibri ! Quels changemens de becs depuis celui du toucan, jusqu’à celui de l’oiseau-mouche, plut petit encore que le colibri.

☞ On le dit figurément d’un homme de petite taille, qui a la frivolité en partage. Ce petit homme que vous voyez, est un vrai colibri.