Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONTRITION

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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 878).
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CONTRITION. s. f. terme de Théologie, c’est la véritable douleur que sent un pénitent dans le regret qu’il a d’avoir offensé Dieu, causé par un pur amour de Dieu, & par la seule considération de sa bonté, sans faire réflexion sur la crainte des supplices que le péché mérite. Summus animi dolor ob peccata adversùs Deum infinitè amabilem commissa, contritio. Les Docteurs tiennent que la contrition suffit pour obtenir de Dieu miséricorde, dans les occasions où l’on ne peut pas faire une confession sacramentale, & qu’en cela elle diffère de l’attrition. Il faut faite souvent des actes de contrition.

☞ Ce terme métaphorique vient du verbe conterere, briser, broyer.

☞ L’usage l’a consacré, pour marquer l’état d’une ame que le repentir déchire. Cette douleur en effet brise, pour ainsi dire, les cœurs, & amollit la dureté. Elle doit être intérieure, surnaturelle, souveraine & universelle. Il y en a de deux sortes, l’une parfaite, qu’on nomme simplement contrition, l’autre imparfaite, que les Théologiens nomment attrition. La première est une douleur & une détestation du péché, causée par le mouvement d’une charité parfaite. La seconde est une douleur & une détestation du péché, causée ordinairement par la considération de la difformité ou laideur du péché, ou par la crainte du châtiment, & qui a pour principe le Saint-Esprit qui n’habite pas encore dans un cœur, mais qui l’excite & le porte au bien, (& par conséquent un amour de Dieu encore foible.)

☞ La contrition parfaite réconcilie l’homme avec Dieu, avant même qu’il ait reçu le sacrement de Pénitence, en vertu du desir de recevoir ce sacrement.

☞ Si la douleur que cause l’attrition est accompagnée d’une volonté sincère de ne plus pécher & de l’espérance du pardon ; bien loin de rendre l’homme hypocrite & plus grand pécheur, elle le dispose à obtenir la grace de Dieu dans le sacrement de Pénitence.