Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/651-660

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Fascicules du tome 1
pages 641 à 650

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 651 à 660

pages 661 à 670



défend de vive voix, ou par écrit, le droit des parties qui ont besoin de son assistance. Advocatus, causidicus, causarum Actor. Un Avocat plaidant, celui qui s’applique à la plaidoirie. Causidicus, causarum Actor. Un Avocat consultant, celui qui se renferme dans la consultation, qui ne plaide plus, & donne seulement son avis & son conseil dans les affaires litigieuses. Patronus de jure respondens. Cette distinction entre les Avocats plaidans, & les Avocats consultans, le rapporte à celle que mettoient les Romains entre les Avocats & les Jurisconsultes. Il y avoit seulement cette différence, que la fonction des Jurisconsultes, qui donnoient simplement leurs conseils, étoit distincte, & séparée de celle des Avocats. Les Jurisconsultes ne plaidoient point ; c’étoit une espèce de magistrature privée, & perpétuelle, principalement sous les premiers Empereurs. D’autre côté les Avocats ne devenoient point Jurisconsultes : au lieu qu’en France les Avocats deviennent Jurisconsultes en ce sens-là ; c’est-à-dire, qu’ayant acquis de l’expérience, & de la capacité dans la plaidoirie, & ne pouvant plus en soutenir le tumulte, & la fatigue, ils deviennent Avocats consultans. C’est la récompense de leurs travaux, & la retraite d’honneur de leur vieillesse. C’est pourquoi à l’audience des Parlemens, ils se placent sur les sièges inférieurs couverts de fleurs de lys, avec les Juges des Juridictions subalternes. Dans les anciennes Ordonnances, ils sont nommés Avocats Conseillers ; Advocati consiliarii. Pour être reçu Avocat, il faut avoir pris ses licences dans une Faculté en Droit, après y avoir étudié trois ans, y avoir été examiné deux fois, & y avoir soutenu deux Thèses. Il faut prêter serment, & se faire immatriculer au Parlement où l’on veut plaider. Cicéron dit qu’un habile Avocat est comme l’Oracle que chacun va consulter. La Loi 14 du Code, Liv. 2, T.7, appelle le métier d’Avocat une milice ; parce que les Avocats combattent pour la vie, & pour la fortune de ceux qui implorent le secours de leur éloquence. Les Espagnols de Cuba ne voulurent plus qu’il passât d’Avocat dans leur île ; ils les appellent Letrados : & ils obtinrent que ceux qui y étoient déjà, ne plaideroient plus, disant qu’ils étoient cause de tous les débats & procès des Habitans. Herrera.

Dans les anciennes pratiques & styles des Cours, les Avocats, ont été appelés Parliers, ou Anparliers. Le mot de Parlier est encore en usage en quelques endroits de la Suisse, comme dans le Comté de Neuchatel. Ils ont été aussi appelés Conteurs & Plaideurs.

Les Romains avoient une opinion honorable de la profession d’Avocat. Les sièges du barreau de Rome étoient remplis de Consuls, & de Sénateurs, qui se tenoient honorés de la qualité d’Avocat. Les mêmes voix qui commandoient aux peuples, étoient aussi employées à les défendre. C’est pourquoi les Empereurs préférant la robe à l’épée, donnoient aux Avocats le titre de Comtes, & de Clarissimes ; & ils portoient si loin l’honneur qui étoit dû à l’excellence de cette profession, qu’on les désignoit par le nom d’Honorati. C’étoit encore parce même principe d’estime, qu’on les appelloit Patroni, comme si leurs cliens ne leur étoient pas moins obligés, que les affranchis à leurs maîtres, qui les avoient tirés de servitude. Enfin l’Empereur Théodose, après avoir réuni dans sa Novelle, de postulando, tous les éloges imaginables, conclut, que les privilèges qu’il leur accorde, sont peu de chose pour une fonction si noble, & si nécessaire. Cette profession s’avilit dans la suite. Car pendant le temps de la République florissante, ceux qui aspiroient aux charges, & aux honneurs, plaidoient gratuitement, pour s’acquérir la bienveillance du Peuple, & se faire des cliens. Alors les Sénateurs eussent eu honte de rendre leur éloquence vénale ; ils ne cherchoient que de la gloire, & de la réputation. Mais depuis que la faveur populaire ne servit plus à parvenir aux dignités, & que les Avocats ne furent plus récompensés par les charges, ils devinrent mercénaires. Le métier d’Avocat fut un métier lucratif ; & ils vendirent leur zèle, & leur colère, comme ils avoient fait dans les premiers temps. Les Avocats de Rome rançonnoient tellement leurs parties, que le Tribun Cincius fit une Loi qu’on appela de son nom, Cintia, afin de corriger cet abus ; elle défendoit aux Avocats de rien exiger de leurs cliens. Fredericus Brummerus a fait un ample Commentaire sur cette Loi. Il étoit d’abord défendu aux Avocats de prendre aucuns présens pour plaider une cause. L’Empereur Auguste y ajouta une peine ; & l’Empereur Claudius crut faire un grand coup, de les réduire à ne prendre pas plus de dix grands sesterces pour chaque cause, qui valoient 437 livres dix sous de notre monnoie. Ménage cite un titre de Charlemagne, tiré de Nauclerus, qui défend aux Avocats, quand ils viendront plaider, d’amener plus de trente chevaux. Autrefois en France les Avocats étoient élus dans chaque tribunal en présence du premier Magistrat, comme tous les autres Officiers. L’on y observoit les mêmes formalités, & l’on y prenoit les mêmes précautions que pour l’élection des Juges. Ils étoient choisis entre ceux des Citoyens qui avoient le plus d’érudition, & de probité, & faisoient corps avec tous les autres Officiers de la Juridiction. Comme eux aussi ils étoient sujets à suppression. Les Capitulaires & les anciennes Ordonnances de nos Rois sont pleins de Règlemens sur cela, Voyez sur les Avocats, Leg. 14, de Advoc. divers. Jud. M. Mackensi, Idea Elog. For. & M. Ménage dans l’Epître dedic. de ses Juris Civil. Amœnitates.

Il y a long-temps que Vaugelas a décidé qu’il faut dire Avocat au Parlement, & non pas Avocat en Parlement ; & sa décision a été confirmée dans les Observations de l’Académie Françoise, sur les remarques de ce célèbre Grammairien. On donne le nom d’Avocats en Parlement à ceux qui ont pris des degrés, qui n’ont point suivi le Palais, ni fait la profession d’Avocats.

Avocat Général, est un Officier de Cour Souveraine, à qui les Avocats des parties communiquent les causes, où le Roi, & le Public, l’Eglise, & les Mineurs ont intérêt, & qui en pleine audience en rend compte à Messieurs les Présidens & les Conseillers, & qui même donne ses conclusions, après avoir oui les plaidoyers des Avocats des parties. Advocatus regius in supremo Senatu.

Avocat du Roi, est celui qui est Substitut de l’Avocat Général, & qui est employé dans une Juridiction qui releve d’un Parlement. Advocatus regius in inferiore Curiâ. L’Avocat du Roi conclut toujours à l’Audience, pour le Roi, pour le Public, pour les Mineurs. Sous la première & seconde race de nos Rois, il n’est fait aucune mention d’Avocat du Roi, ou du Fisc en particulier ; mais il semble que tous les Avocats, en général en exerçoient les fonctions.

Avocat aux Conseils. Litis Ordinator in Consilio regio. C’est celui qui a acquis un Office qui lui donne le droit de faire toutes les instructions & procédures des affaires litigieuses qu’on discute au Conseil du Roi, & aux requêtes de l’Hôtel au Souverain. Ils font au Conseil ce que les Procureurs font dans les autres Tribunaux.

Avocat Fiscal, est un Officier qui a été institué par l’Empereur Adrien, comme remarque Budée, pour défendre la cause du Fisc, non-seulement en la Chambre, mais aussi en tous les autres Tribunaux. Fisci Advocatus.

Avocat Consistorial, est un Officier de Cour de Rome créé pour y plaider sur les oppositions qu’on forme aux provisions des Bénéfices, qui étoient fort communes du temps des élections. Ils sont dix en nombre. Advocatus in Pontificio Consilio.

L’Avocat d’une ville, c’est en Allemagne un Magistrat établi dans cette ville-là pour y rendre la Justice au nom de l’Empereur. Les Monastères y avoient autrefois leurs Avocats, pour soutenir leurs droits, & rendre la justice à leurs vassaux ; mais ces Avocats, plus attentifs à leurs intérêts qu’à leur devoir, pilloient souvent ceux qu’ils étoient obligés de protéger. Voyez Avoué.

Il y avoit autrefois des Avocats pour défendre les droits de l’Eglise, tant par armes qu’en justice, qu’on a appelés plus communément Avoués. Voyez Avoué.

On appelle proverbialement & ironiquement un Avocat qui manque de pratique, un Avocat à tort, & sans cause, u Avocat de causes perdues. Imperitus & iners Causidicus, Patronus sine patrocinio. On dit de même proverbialement, un Avocat de balle, un Avocat de Pilate, par allusion à ce mot, Non invenio causam. On dit, il est altéré comme la bourse d’un Avocat. De Roch.

Avocat, ate. se dit figurément de celui ou de celle qui prend nos intérêts en main, & qui les défend auprès de quelqu’un. Patronus. Patrona. Quelques-uns croient qu’en ce sens il faut dire Avocat, & non pas Avocate. Je veux prendre la vérité pour mon Avocat. Ablanc. Cependant l’usage veut que dans cette phrase on dise Avocate, & non pas Avocat. C’est pourquoi ceux qui ont eu le soin de la nouvelle édition de Lucien, après la mort d’Ablancourt, ont écrit : Je veux prendre la vérité pour mon Avocate. On dit pareillement : La Sainte Vierge est l’Avocate des pécheurs. Dans les prières que l’Eglise offre pour nous à Marie, elle l’appelle Mere de miséricorde, refuge des pécheurs, porte du Ciel, notre Avocate. P. d’Orl. Il y a long-temps que la passion dont vous me parlez, me fait mal au cœur. Son mari a de l’esprit pour le Palais ; mais d’ailleurs sa figure est Avocate, & plaide toujours contre lui. Bussy.

On appelle aussi Avocate, la femme d’un Avocat. Cependant on ne le dit ordinairement que de la femme d’un Avocat-Général, ou d’un Avocat du Roi, en y ajoutant le mot de Madame. Ainsi on dit Madame l’Avocate-Générale, Madame l’Avocate du Roi.

Avocat. s. m. Grand arbre des îles de l’Amérique. Son bois est grisâtre, aussi-bien que son écorce : sa feuille est longue, pointue, peu épaisse, & d’un assez beau vert. Ses fleurs sont par pelotons ou bouquets, dont les fleurons assez semblables à des étoiles, ont de petites feuilles d’un blanc sale ou jaunâtre, dont le milieu renferme neuf étamines ; six de ces étamines sont penchées de divers côtés, & les trois autres qui sont toutes droites, accolent des boutons jaunes, dont la queue est courte, & qui sont l’origine du fruit. Cette fleur a une odeur agréable, & qui se répand assez loin. Nouv. Voyag. du P. Labat.

Avocat. s. m. Fruit qui vient à l’arbre du même nom dont je viens de parler, & que les Espagnols appellent Pera d’Avocato, & les François absolument Avocat. Il est assez semblable, pour la forme & la grosseur, à une poire de Bon-Chrétien : mais sa chair se fond d’elle-même dans la bouche ; elle n’a aucune consistance : de sorte qu’on la peut manger dans une cueillier, comme si c’étoit de la gelée ou de la marmelade. Elle est d’un vert pâle, & son goût approche assez de celui d’une tourte de moelle de bœuf. Ce fruit a l’écorce mince, quoique fort liante ; elle est fort unie & d’un beau vert, qui ne jaunit que lorsqu’il est en maturité ; on le mange quelquefois sur l’assiette avec du sucre & un peu d’eau-rose, & de fleur d’orange ; on le mange aussi par tranches, avant qu’il soit mûr, avec du poivre & du sel, comme de petits artichaux, dont il a assez le goût. Il y a dans son milieu un noyau presque rond & raboteux ; ce noyau ne contient point d’amande, & n’a pas plus de dureté qu’un marron dépouillé de la peau. Il faut le planter à la sortie du fruit ; car une heure après il se sépare en deux ou trois morceaux : ce qui rompt ou évente son germe, & le rend incapable de produire.

AVOCATOIRE. adj. Terme de Jurisprudence. On appelle Lettres Avocatoires, des Lettres d’un Prince, par lesquelles il prétend revendiquer quelques-uns de les sujets qui sont passés dans d’autres États. C’est un très-grand abus, que de s’imaginer que le Souverain a droit de faire revenir dans son État par des Lettres avocatoires, ceux qui s’en seroient retirés, n’y pouvant vivre selon les règles de leur conscience. Le Clerc.

☞ AVOCETA. Voyez Avoseta.

☞ AVOGASIE. Province d’Asie, que quelques-uns confondent avec l’Abascie. L’Auteur du grand Dictionnaire Géographique n’auroit pas de peine à croire qu’Avogasie est un mot corrompu d’Abgassie, pays des Abcasses, peuple entre la mer noire, la Circassie & la Mingrelie, dans laquelle ce pays est compris.

AVOINE, (quelques-uns disent AVEINE.) f. f. Avena. Plante fromentacée, dont les racines sont chevelues & ramassées à leur collet, d’où s’éleve un chalumeau noueux par intervalles, revêtu de feuilles longues, étroites, dont une partie forme une gaine, ou chalumeau, qui est terminé par une panicule ou amas de plusieurs brins opposés le plus souvent, & qui portent des paquets de balles longues, pointues, & pendantes par leur propre poids, lesquelles servent d’enveloppe aux étamines de la fleur, & à la semence. L’enveloppe propre de la semence d’avoine sauvage est terminée d’une arrête roulée en tirre-bourre, & coudée par le haut. C’est de cette arrête qu’on fait des hygromètres.

Ce mot avoine vient du latin avena, & l’on croit qu’avena vient du verbe latin aveo, je souhaite, je désire, à cause que les animaux appètent beaucoup cet aliment.

On distingue l’avoine par la couleur de ses semences. Celle qui les a blanches est la plus estimée ; & celle qui les a noires est la plus commune. On estime encore que la plus pesante est la meilleure. L’avoine est rafraîchissante. On ordonne la crème d’avoine aux malades sujets aux coliques néphrétiques, & même aux poitrines foibles. On fait de la bière avec l’avoine. On dit, Du gruau d’avoine, de la paille d’avoine, qui n’est composée que des balles de la panicule d’avoine. Dans la disette on fait du pain avec de l’avoine ; il y a même bien des pays où le paysan ne mange assez communément que du pain d’avoine.

L’Avoine, fait partie des petits blés qu’on appelle les Mars : elle sert à nourrir les chevaux. Un bon Cavalier doit voir manger l’avoine à son cheval. Les chevaux vont plus vite le soir, quand ils sentent l’avoine. On appelle les gros chevaux, des coffres à avoine. Par l’Ordonnance du mois d’Octobre 1669, il est ordonné que l’avoine sera à l’avenir distribuée dans les mesures à blés, dont le septier est réglé à vingt-quatre boisseaux, qui n’étoit ci-devant que de vingt-deux, quoiqu’on donnât sept minots à blé, dont le dernier étoit comble, pour faire le septier d’avoine ; car il faut le double de la mesure d’avoine pour faire le même poids de blé.

On appelle folle-avoine, celle qui est stérile. Il y a aussi une avoine sauvage, qui croit parmi les blés. Elle est semblable à la Coquiole & à l’autre avoine, excepté que ses grains sont plus grands & plus noirs.

Avoine, est aussi un grain qui croît dans une terre de l’Amérique septentrionale, vers le Canada, & dans les petites rivières, dont le fond est de vase, au bout de la tige, d’une herbe qui s’élève de deux pieds au-dessus de l’eau. Ce grain se recueille en Juin, & est gros comme le nôtre ; mais il est une fois plus long, & il rend plus de farine. Il est aussi bon que le ris.

On dit proverbialement & figurément d’un homme qu’on a bien fait travailler tout le jour, qu’il a bien gagné son avoine ; pour dire, qu’il a bien gagné son souper. D’un homme avare, qui ne fait point part aux autres de ce qu’il a, qu’il mange son avoine dans son sac.

AVOINES. Au pluriel, se dit des plantes de l’avoine, quand elles sont encore sur pied. Avena. Les avoines sont belles cette année. Acad. Fr. Jamais on ne vit tant d’avoines. Voit. Faucher les avoines.

☞ AVOIR. v. a. Habere. Être le sujet à qui une chose appartient. Il n’est pas nécessaire de pouvoir disposer d’une chose, ni qu’elle soit actuellement entre nos mains pour l’avoir ; il suffit qu’elle nous appartienne. On n’est pas toujours le maître de ce qu’ont a ; on l’est de ce qu’on posséde. Un avare peut avoir des richesses dans ses coffres, mais il n’en est pas le maître ; ce sont elles qui possédent son cœur, & son esprit. M. l’Abbé Girard. Syn. Sa conjugaiso, est fort irrégulière. Il faut consulter la Grammaire. On mettra pourtant ici quelques uns de ses temps : J’ai, tu as, il a. Nous avons, vous avez, ils ont. J’avois, j’ai eu ne faisant qu’une seule syllabe, & non pas deux. J’Avois eu. J’aurai. Au subjonctif, que j’aie, que tu aies, qu’il ait, & non pas qu’il aie, ni en vers, ni en prose, J’aurois, ou que j’eusse pour l’imparfait. Que j’eusse eu, ou j’aurois eu pour le plusque parfait. J’aurai eu pour le futur. Ayant est toujours au gérondif ; il ne prend point un s au pluriel. T. corn. mais on écrit en termes de Barreau, lui, ses hoirs & ayans cause, parce qu’il est employé comme substantif.

☞ On dit l’avoir beau, l’avoir belle ; pour dire, avoir une occasion favorable de faire quelque chose.

Avoir, s’emploie souvent avec la particule à devant un infinitif ; & alors il sert à marquer la disposition & la volonté où l’on est de faire ce que le verbe, qui est à l’infinitf, signifie. J’ai à étudier. J’ai à travailler.

☞ A l’égard de ces façons de parler, il y avoit. Y a-t-il. voyez la lettre A considérée comme troisième personne du verbe avoir.

On dit proverbialement en menaçant, il en aura : on sous-entend, des coup. Je l’aurai, on sous-entend, en mon pouvoir. Il n’est que d’en avoir, on sous-entend, du bien.

Avoir & posséder, considérés comme synonymes. Voy.au mot Posséder, les nuances qui les distinguent.

Eu, eue. part. Il n’est d’usage qu’étant joint à quelque autre temps du verbe avoir. Les choses qu’il a eues. Le bien qu’il a eu. On dit dans le discours familier, dès qu’il a eu fait ; pour dire, si-tôt qu’il eut achevé. Dès qu’il a eu fait, il est parti.

AVOIR. s. m. Ce qu’on possede de bien. Opes, divitiæ, facultates. On lui prit tout son avoir & chevance. Ce mot en ce sens est venu de avera, ou averia, mot de la basse latinité, qu’on a dit de toutes sortes de biens, & sur-tout des meubles, des chevaux & des bestiaux qui servent au labourage. Les Espagnols disent en ce sens averias.Du Cange. Ce mot est du style familier.

 
La plus grand’part appéte grand avoir,
La moins part souhaitte grand savoir. Marot.

 
Un Bucheron perdit son gagne pain:
C’est sa cognée ; & la cherchant en vain,
Ce fut pitié là dessus de l’entendre.
Il n’avoit pas des outils à revendre.
Sur celui-ci rouloit tout son avoir.

La Fontaine
.

☞ AVOIR. s. m. Terme de Négoce. Un livre de compte doit représenter l’avoir d’un côté du feuillet, & le débet de l’autre; c’est-à-dire, les dettes actives d’un côté & les dettes passives de l’autre.

AVOIRS. Terme de Coutume. Ce mot signifie des animaux domestiques, commes moutons, &c. Voyez Avers.

AVOISIE. adj. f. Vieux mot. Avisée, fine, spirituelle. Poës. du Roi de Nav.

AVOISINEMENT. s. m. L’Abbé Richard, dit qu’on a donné le nom d’avoisinement aux projets, pour tâcher de réunir les diverses créances des Catholiques Romains & des Protestans. L’exposition de la Foi de M. Bossuet étoit une espèce d’avoisinement.

AVOISINER. v. a. Etre voisin, être situé auprès. Vicinum, propinquum esse. Cette Province avoisine l’Espagne, avoisine la mer. Sa Seigneurie avoisine ma terre. Il ne se dit que de la proximité de lieu.

Ce mot n’est guère bon en prose. Il est purement poëtique. On peut dire en faisant la description d’une montagne fort élevée, qu’elle avoisine les cieux. Charpentier ne l’exclut pourtant pas entièrement de la prose, puisqu’il dit que c’est par une mauvaise délicatesse que ce mot est consacré en poësie. Vaug. T. Corn.

AVOITRE. Vieux mot. Voyez Avoutre. C’est la même chose.

☞ AVOLA. Petite ville de Sicile, dans la vallée de Noto, sur une montagne, près de la côte de la mer.

AVOLÉ. adj. Vieux mot. Etourdi, qui ne prend conseil que de lui-même : du grec ἄϐουλος, qui est sans conseil.

AVON. Nom de plusieurs rivières d’Angleterre & d’Ecosse. Avon ou Avin en Angleterre. Avona, Avinus, Alaunius. Elle a sa source dans le comté de Wilt, traverse une partie de Hant, & dans la Manche à l’occident de l’île de Wight. Un autre Avon naît aussi dans le comté de Wilt, sépare ceux de Sommerset & de Glocester, passe à Bath & à Bristol, & se décharge dans le golfe de Saverne. Un troisième Avon part du comté de Leicester, arrose Warwich & son comté, et se joint à la Saverne a Tewkesbury, entre Wolchester & Colchter. Avona. Un autre petit Avon, en latin Avo, coule dans le comté de Montmouth, & tombe dans l’Ouske, vis-à-vis de Caerlion. Les Avons d’Ecosse sont 1°, celui qui sortant des confins de la Cluyderdale, traverse les pays de Sterling & de Linlinthque, & se décharge dans le golfe de Forth. Avona. 2°. Celui qui a sa source dans le comté d’Argile, traverse le lac d’Aw & le pays de Lorne, & tombe dans la mer d’Irlande à Dunstatag, vis-à-vis de l’île de Mul. Il y a plusieurs autres Avons en Ecosse, mais si peu considérables, qu’ils ne méritent pas qu’on en parle.

AVORTEMENT. s. m. Terme de Médecine. ☞ Accouchement avant terme d’un fœtus humain imparfait, soit vivant, soit mort. Abortis, abortuo. Degori dit que si l’avortement se fait avec le septième jour depuis la conception, on l’appelle perte de sang, ou faux germe. On le dit plus proprement dans le langage ordinaire, des animaux. A l’égard des femmes, on dit plutôt une fausse-couche, si ce n’est quand l’avortement est provoqué par des remèdes. Les Journaux de Médecine, imprimés à Paris en 1683, parlent d’un avortement par la bouche.

Les causes de l’avortement sont la grandeur du fœtus, sa pesanteur, l’irritation de la matrice, la foiblesse du fœtus, le défaut de nourriture, le relachement des ligamens du placenta, le mauvais air, l’excès dans le manger, les longs jeûnes, les mauvais alimens, les longues veilles, les mouvemens violens de l’ame & du corps, la course, les sauts, la danse, le grand travail, la chute du haut en bas, les efforts pour élever un fardeau trop pesant, les coups reçus au ventre, l’usage des busques pour se conserver la taille, les évacuation immodérées, les grandes sueurs, les grandes hémorragies, les mauvaises odeurs, les purgatifs violens, généralement tout ce qui peut provoquer les mois. Degori.

☞ AVORTER. v. n. Accoucher avant terme. Il ne se dit guère qu’en parlant d’un accouchement causé par un crime. Abortum pati, abortum facere. C’est un crime capital de faire avorter des femmes par des breuvages, ou autres moyens. Si c’est par quelque chute ou quelqu’autre accident de cette nature, qu’une femme accouche avant terme, on doit dire qu’elle a fait une fausse couche, ou qu’elle s’est blessée. Ablancourt a dit, l’Impératrice avorta; mais l’usage n’est pas pour lui. On dit avorter en parlant des femelles des animaux. Quand on fait trop travailler des cavales, cela est cause qu’elles avortent.

Avorter, se dit par extension, des fruits qui ne parviennent pas à la grosseur & à la maturité requise. Il y a des vents qui font avorter’les fruits. Acad. Fr. Les arbres qui sont battus du mauvais vent, sont sujets à avorter, & leurs fruits ne viennent point à maturité

Avorter, se dit figurément de tout ce qui n’a pas les qualités, la force & la perfection qu’il doit avoir.

 
L’un quand son front se ride, ayant un œil farouche ;
Pour la moindre syllabe ouvre toute la bouche,
Et craignant que sa voix n’avorte entre ses dents,
Lance de ses poumons des mots toujours tonnans.

Sanlec.

Avorter, se dit aussi figurément des desseins, des entreprises qui ne réussissent pas. Malè procedere. Quand on fait quelque entreprise au-delà de ses forces, elle est sujette à avorter. Souvent un Auteur croit faire une belle pièce, qui avorte, qui n’a pas le succès qu’il espéroit. Faire avorter les desseins de quelqu’un, les rendre inutiles. Discutere, dissolvere. Dieu fait quelquefois avorter nos desseins, de peur que nous n’attribuyons trop à la prudence humaine. Mont.

AVORTÉ, ÉE. part. Abortivus. L’ordonnance veut que les bois avortés soient resepés. Un fruit avorté. Lic. Il n’a guère d’usage que dans le figuré. Dessein avorté. Entreprise avortée.

AVORTIN. s. m. Abortivus. Ce mot a le même sens qu’avorton qui suit : il se dit par mépris, aussi-bien qu’avorton.

O ! le plaisant avortin
D’un fou gonflé de Latin.

AVORTON. s. m. Qui est né avant le temps, ou qui ne peut acquérir la perfection ordinaire. Abortivus.

Toi qui meurs avant que de naître,
Assemblage confus de l’être & du néant :
Triste avorton, informe enfant,
Rebut du néant & de l’être. Hesnault.

☞ On le dit en général par extension de tout ce qui vient avant le temps légitime, celui de sa maturité, ou de sa perfection, & de sa grandeur naturelle ; arbres, fruits, plantes, animaux.

Il y a un traité du P. Jérôme Florentinus sur le baptême des Avortons. Le but de cet Auteur est de montrer qu’en quelque temps qu’un avorton vienne au monde, on peut le baptiser, parce que le temps auquel le fœtus commence d’être animé, est incertain. Il y a plusieurs choses singulières dans ce Traité, dont le titre est, Homo dubius, five de haptifmo ahortivorum. Lugd. 1674 in-4°.

Avorton, est aussi un terme injurieux, dont on ne se sert que dans le style simple & comique. Ainsi on dit qu’un petit homme, qu’un pygmée est un avorton de nature. Quel petit avorton est ce là ? Ils périssent comme des avortons de vanité. Gomb.

Scaliger a dit aussi que la langue françoise est un avorton de la langue latine.

On l’applique aussi aux productions d’esprit trop précipitées, & auxquelles on n’a pas donné assez de loin & assez de temps. C’est un ouvrage plein de défauts & fait à la hâte, ce n’est qu’un avorton.

AVOSETA, ou SPINZAGO d’AQUA. Est un oiseau aquatique, gros comme un pigeon ; son bec est long de quatre ou cinq doigts, noir, relevé, pointu. Sa tête est noirâtre, son corps est blanc, ses pieds sont bleuâtres, & ont les doigts joints par des membranes, ses jambe longues ; son cri est crex, crex. Il est commun en Italie. Sa graille est résolutive & anodyne.

AVOUÉ. s. m. C’étoit autrefois un patron, un défenseur des droits d’une église. Bonorum Ecclesiæ Patronus. Charlemagne prenoit le titre d’avoué de S. Pierre, & protecteur de la ville de Rome ; & le Pape Léon III lui envoya une banniere & des clefs, en lui donnant cette qualité. Il y avoit aussi des avoués pour les Eglises Cathédrales, & pour les Abbayes, même pour celles des filles. Le Roi Hugues, au rapport d’Hariulphe, avoit éte avoué de S. Riquier, & son fils Angelram se contenta de la même dignité. Bollandus rapporte, dans la vie de S. Edouard Roi d’Angleterre, des lettres de Nicolas II, par lesquelles entr’autres privilèges il le fait, lui & ses successeurs, avoué & défenseur du Monastère de Westminster & de toutes les églises d’Angleterre. Sous Henri I, Roi de France, le comte d’Anjou avoit la bannière de Saint Martin dans son armée en qualité d’avoué ou de défenseur de l’Abbaye de Marmoustier, comme les Comtes du Vexin portoient l’oriflame de l’Abbaye de S. Denis avec un pareil titre. P. Dan. Les Vidâmes prenoient la qualité d’avoués, & même les Historiens du VIIIe siècle confondent ces deux qualités ; & de là vient que plusieurs séculiers d’Allemagne & grands Seigneurs portent des mitres en cimier sur leurs Ecus, parce qu’ils avoient des qualités d’avoués, ou d’Officiers des grandes Eglises. Ces avoués étoient d’abord des Avocats qui défendoient les causes des Eglises. On leur donne aussi le nom d’avoués des Moutiers ; c’est-à-dire, des Monastères. Ils étoient comme patrons, gardes, & administrateurs du temporel des Eglises, sous l’autorité desquels se faisoient tous les contrats qui concernoient les Monastères. Il paroit même, par les plus anciennes, chartes, que les donations qu’on faisoit aux Eglises se conféroient en la personne des avoués. C’étoient eux aussi qui se présencoient en jugement pour les Monastères dans toutes leurs causes, & qui rendoient la justice pour eux, dans les lieux où ils avoient la Juridiction. Ils conduisoient à la guerre les vassaux des Monastères obligés de fournir des soldats au Roi. Ils se battoient même quelquefois en duel pour les Monastères. On prétend que cette charge fut introduite dès le temps de Stilicon, dans le IVe siècle. Le Canon 99 du Concile d’Afrique semble le dire. Les Bénédictins n’en fixent l’origine qu’au VIIIe siècle. Voyez sur tout cela leurs Actæ Sanct. Benedict. Sæc. III, P. 1, prœf. pag. 91 & suiv. Ils reconnoissent néanmoins que cela avoit commencé longtemps avant ; mais on s’y étoit toujours opposé, témoin le Concile de Châlons en 664, ou environ. Mais enfin les grands Seigneurs prirent cette qualité, quand il les fallut défendre par les armes, ou les protéger par leur autorité. Dans quelques Monastères on les appeloit Conservateurs, Conservatores ; mais sans en avoir le nom, ils avoient toutes les mêmes fonctions que les avoués. Il y avoit aussi quelquefois plusieurs Sous-avoués, pour chaque Monastère, qui en faisoient les affaires à la place des avoués, ce qui ruinoit les Monastères. C’est pour cela que l’Empereur Othon, en faisant Lambert comte de Louvain, avoué du Monastère de Gemblours en 948, lui défend d’avoir jamais plus d’un sous-avoué, & ordonne que dans les métairies de ce Monastère ce sous-avoué n’ait jamais de droit par chaque année qu’un denier, une poule, & un setier d’avoine de chaque maison.

On appeloit aussi autrefois avoués, les maris, les tuteurs, & même ceux qui se battoient en combat singulier pour la querelle d’un autre, & généralement tous ceux qui entreprenoient la défense d’autrui.

Ce mot vient d’advocatus : & de-là vient que les Juges de Suisse s’appellent encore en Roman avoyers ; c’est-à-dire, défenseurs de la Justice, & du peuple opprimé. Chorier, dans son Histoire de Dauphiné, Tom. I, p. 521, se sert du terme d’Avocat, au lieu d’avoué. Il est mieux de dire avoué ; Avocat dans l’usage présent, signifie autre chose. Aussi, ajoute-t-il, nos Peres ont du mot avocat fait celui d’avoyer, & d’avoué en notre langue.

On trouve aussi des Avoués de Villes, de Pays, de Provinces. Ainsi dans une Charte de l’an 1187, & dans une autre de 1210, Berthold, Duc de Zeringhen, est appelé Avoué de Thurgie, Thuregici loci. Dans la Notice des Eglises Belgiques de Mirœus, ch. 109. Henri, Comte de Louvain, est appelé Comte & Avoué de Brabant. On trouve encore aux XIIe & XIIIe siècles des Avoués d’Alsace, de Suabe ; & Raymond de Agiles dit, qu’après la prise de Jérusalem, quand il fut question d’élire un Roi, les Evêques répondirent, qu’on ne devoit point élire de Roi dans un lieu où Dieu avoir souffert & avoit été couronné ; mais qu’il falloit seulement élire quelque Avoué qui gardât la ville, & qui eût soin de distribuer à la garnison les tributs qui se leveroient dans le pays. Et de vrai dans Dodechin, Abbé Allemand, qui écrivoit un voyage de la Terre-Sainte dans le XIIe siècle, Godefroi de Bouillon est appelé Avoué du S. Sépulcre. Au reste, d’habiles gens prétendent que les Villes & les Provinces n’ont jamais eû d’Avoués, mais seulement les Eglises ; & que les Seigneurs qui portent le titre d’Avoué de quelque pays, ne l’étoient que des Monastères & des Églises de ces pays-là, comme Albert, Marquis d’Autriche, fils aîné de Léopold, qui fut fait Avoué de tous les Monastères d’Autriche. Néanmoins, la réponse des Evêques pour la création d’un Avoué de Jérusalem, & non pas d’un Roi, paroit contraire. Non debere ibi eligi Regem, ubi Deus passus & coronatus est… Sed esset aliquis Advocatus, qui & civitatem custodiret, & custodibus civitatis tributa regionis divideret & reditus. Il ne s’agit point là d’Eglises, ni de Monastères, ni de leurs biens, mais de la ville, & des tributs & revenus du pays.

Les Empereurs ont nommé les Avoués des Provinces, ou des Villes. Berthold, dont nous avons parlé, est appelé, Par la grâce de Dieu & de l’Empereur, Avoué.

Spelman, savant Anglois, du dernier siècle, distingue deux sortes d’Avoués des Eglises. Les uns qu’il appelle Avoués des causes, ou des procès, Advocati causarum ; & les autres qu’il nomme Avoués du territoire, Advocati Soli. Ceux-ci étoient héréditaires, les autres se donnoient. Ceux-ci se donnoient par le Prince pour soutenir en Justice les droits des Eglises, comme il paroit par le Canon 99 du Concile de Carthage & par les Capitulaires de Charlemagne, Liv. V, ch. 31. Les autres étoient les fondateurs des Eglises, ou leurs héritiers, que nous appelons aujourd’hui Patrons. En ce sens les femmes étoient aussi Avouées, Advocatæ, ou Advocatissæ ; & l’on en trouve en effet dans le droit Canon qui ont ces titres, & elles avoient droit de présenter dans les Eglises dont elles étoient Avouées. On trouve dans la Chronique de Sens, Liv. II, ch. 17, des Avoués libres, Advocati liberi. Les Avoués matriculaires, Advocati matriculares, dont parle une vieille Charte rapportée par Vigul. Hondius dans la Métropole de Saltsbourg, Tom. II, pag. 254, étoient les Avoués de l’Eglise Cathédrale, appelée Eglise Matrice.

AVOUER. v. a. Reconnoître, confesser la vérité d’une chose qu’on a eu envie de cacher. Fateri, confiteri. Avouer le fait. Avouer ingénument son crime. Il faut avouer que la Providence divine est merveilleuse. Ce criminel a tout avoué à la question. La malignité des hommes a de la peine à convenir de nos bonnes qualités. Ils les avouent plutôt qu’ils ne les souhaitent. La Plac.

☞ La question fait avouer le crime, la repentance le fait confesser. C’est manquer d’esprit que d’avouer sa faute, sans être assuré que l’aveu en sera la satisfaction. C’est une sottise d’en faire la confession, sans espérance de pardon. Voyez Confession.

Avouer, signifie aussi, reconnoître quelqu’un pour son Seigneur : Clientem se profiteri erga, &c. Il s’est avoué vassal d’un tel Prince. Il a avoué tenir de lui un tel fief, tels héritages.

Avouer, signifie aussi, approuver ce qu’on a donné charge de faire. Approbare. Cet Ambassadeur a plein pouvoir, il sera bien avoué de tout ce qu’il fera. Il y a ici des personnes qui m’avoueront de tout ce que j’écrirai. Voit. Quelque chose qu’il fasse, il en fera avoué. Je n’en ai pas charge spéciale ; mais je m’en ferai bien avouer. Mez.

Avouer, signifie aussi, reconnoître pour sien, protéger. Suum agnoscere, tueri. Ce pere avoue cet enfant, s’en reconnoît le pere. Cet auteur a avoué un tel Ouvrage, s’en est reconnu l’auteur. Il est avoué de ce Prince pour son domestique, pour son vassal.

S’avouer de quelqu’un ; c’est se réclamer, s’autoriser de quelqu’un. Inclamare. Quand je serai là, je m’avouerai de vous.

S’avouer d’une telle Religion ; c’est confesser que l’on professe cette Religion. Profiteri. Il s’avoua franchement de la Religion chrétienne.

On dit proverbialement, avouer la dette ; pour dire, reconnoître qu’on a tort.

AVOUÉ, ÉE. part. Il a la signification de son verbe. Confessus.

AVOUÉRIE. s. f. La qualité, & la charge d’Avoué. Advocatia, en termes de la basse latinité, ou Advocatio. Il signifie, 1°.Protection. Dans la Chronique de Cambrai, L. I, ch. 10, implorer l’avouerie d’un Abbé, c’est implorer sa protection. 2°. La charge d’Avoué, qui n’étoit autre que le soin de protéger, comme il paroît par les lettres de Nicolas II à S. Edouard, où Advocatio & tuitio ; sont synonymes. 3°. Le droit de présenter à un Bénéfice, ou de Patronage. 4°. L’action de donner un Champion, ou Chevalier qui se batte en champ clos pour la défense de quelqu’un. 5°. Avouerie, advocaria, ou advocatia, est la pension qu’on faisoit à l’Avoué pour la protection qu’il donnoit. L’avouerie d’une Eglise se conféroit autrefois à celui qui l’avoit bâtie & fondée, après la consécration de cette Eglise, en mettant sur lui un morceau de drap, panno imposito. Chorier, dans son Histoire de Dauphiné, L. VIII. T. I, p. 522, se sert du terme d’Advocation, au lieu de celui d’Avouerie, mais mal. On a dit autrefois Avoueson pour Avouerie.

Avouerie, signifie aussi certain droit que les Sujets doivent à leur Seigneur, par lequel ils l’avouent & le reconnoissent pour Seigneur. Dans les comptes du Domaine du comté de Boulogne, de l’an 1474, on lit ces paroles : les Avoueries d’Estaples & Rombly que doivent les habitans d’icelles villes à la Toussaint. Et dans les comptes du Comté de Ponthieu, de la même année 1474, fol. I, cens, rentes, recognoissances, & Avoueries deues au Roi à cause de sa Comté de Ponthieu.

AVOUTRE, ou AVOUESTRE. Vieux terme de Coutume, qui signifioit, bâtard, illégitime. Spurius. On le trouve dans Rabelais. Beaumanoir donne une idée juste de ce que l’on entend parle mot avoutre, c’est au ch. 18, où il dit : li avoutres sont chil, qui sont engendrez en femmes mariées, d’autrui que de leurs Seigneurs, ou houmes mariez.

Jean de Meun emploie le mot avoutre dans son testament manuscrit.

Luxure confond tout, là où elle s’encontre :
Car maints héritiers deshérite & oultre,
Et hérite à grand tort maint bastard, maint avoutre.

Ce mot vient du latin adulter, car on disoit aussi avoutrie, ou avouterie, pour signifier adultère. Les Florentins disent avolterio. Voyez Adultère.

AVOUTRIE. s. f. Vieux mot. Adultère.

AVOYE. s. f. Nom de femme. Voyez Hédwige.

AVOYÉ. s. m. Avoué. Magistrat de quelques villes. Ce mot est en usage pour signifier un Magistrat des villes Suisses. Advocatus. C’est originairement la même chose qu’Avoué ; car c’est une rêverie de dire avec Gollut qu’Avoyé, ou comme il écrit, Avoyer, vient d’Ant-Voigat, nom celtique d’un ancien Roi des Gaulois, que les Romains prononcèrent Ambigat, & qui signifioit Magistrat de très-grande puissance.

AVOYER. v. a. Vieux mot. Mettre en bonne voie, en bon chemin. Dirigere.

Et de tous ceux de la très-claire voie,
Où Jupiter les dévoyés avoie. Marot.

Avoyer. Terme de Marine. Quelques Navigateurs se servent de ce terme ; pour dire, commencer à souffler, ou souffler d’un autre rumb. Il n’y a rien de plus commun dans le Journal des Flibustiers de l’Amérique, que le mot envoyer, qu’ils prononcent ainsi, au lieu d’avoyer, & qu’ils écrivent comme ils le prononcent.

{{PetitTitre|AUP.

AUPARAVANT. adv. Qui marque priorité de temps. Antè. Je l’avois averti longtemps auparavant Ne falloit-il pas auparavant parler avec moi de cette affaire ? Alexandre donna à Porus un Royaume plus grand que celui qu’il avoit auparavant. Vaug. Il y a des gens qui font suivre auparavant d’un que, & qui disent : il faut auparavant que de faire cela, auparavant que de dîner, bénir les viandes que l’on met sur la table : mais c’est fort mal parler. Ils confondent le mot auparavant, qui étant adverbe ne régit rien, avec celui d’avant. Voyez Avant. C’est encore blesser la pureté du langage, que d’en faire une préposition suivie d’un régime, & de dire, par exemple, il est arrivé auparavant moi. Il faut dire, avant moi. Restaut. Cet adverbe absolu n’admet aucune relation, aucun régime.

AU PIS ALLER. adv. Tout le pis qu’il puisse arriver. Ut res pessimè cedat, cadat. Au pis aller, il m’en reviendra un tel avantage.

AUPRÈS. Préposition qui marque un lieu proche, & qui régit le génitif. Propè, propter. Être auprès du feu. Il loge auprès du Pont-neuf. La boule est auprès du but. Elle sert quelquefois à marquer un attachement domestique. Il est auprès d’un grand Seigneur ; pour dire, il est attaché à son service. Elle sert encore à faire comprendre qu’on a les bonnes grâces de quelqu’un. Apud. Il est bien auprès du Prince. Il est bien auprès des Ministres. Il est bien auprès du sexe. Elle sert aussi à la comparaison. Ad. Les tableaux des Peintres modernes ne sont rien auprès de ceux de Raphaël ; c’est-à dire, au prix, en comparaison de ceux de Raphaël. Præ.

Auprès, est quelquefois adverbe. Propè, proximè. Je viens d’ici auprès. Il demeure tout auprès. On dit en proverbe, si vous n’en voulez point, couchez-vous auprès.

Par auprès, s’emploie aussi adverbialement, & signifie, un peu à côté. Il n’est pas besoin d’entrer dans la ville, il ne faut que passer par auprès. La balle n’a pas donné dans le but, elle a passé par auprès. Acad. Fr. Expression tout au plus populaire.

Ce mot vient de ad pressum, Ménage ; ou de ad & de propè. Nicot.

AUPS. Ville de France. Alpes, Alpium urbs, Castrum de Alpibus. Elle est en Provence, entre Riez & Draguignan, capitale d’une Viguerie. Elle est dans une branche des Alpes qui s’étend en Provence, & c’est sans doute de-là qu’elle a pris son nom, qui s’est formé d’Alpes, en changeant à l’ordinaire al en au. On écrit aussi Aulps, & cette orthographe est la plus ordinaire.

AUR.

AURA. s. m. Oiseau du Mexique. Il est grand comme une poule d’Egypte. Son plumage est noir, ☞ avec quelques teintes de rouge au cou, à la poitrine & aux ailes. On l’appelle autrement Gallinassa, & dans la nouvelle Espagne Cosquauth. Il a l’aile si forte qu’il vole contre le vent.

AURACH. Ville d’Allemagne, dans le duché de Wirtemberg, entre Tubinge & Ulm, capitale d’un comté qui porte son nom. Auracum, Uracum.

AURAIS. Montagne. Aurasius mons, anciennement Audus, en Afrique, dans le Royaume de Tunis, près de la côte.

AURAN. Autrement AURANITIDE. Contrée de Syrie. Auran, Auranitis. Elle étoit voisine de la Batanée & de la Trachonitide, de la Gaulanitide & de Panéade, ou Césarée de Philippe. Hérode le Grand la posséda. Après sa mort, Auguste la donna à Philippe le Tétrarque, son fils. Claude, dans la suite, en investit Agrippa II, fils du grand Agrippa. Elle s’appelle quelquefois Ausanitia ; si cependant ce n’est pas une faute de Copiste. Elle tiroir son nom d’Auran, sa capitale.

AVRANCHES. Abrinca, ou Abrincatæ, Abrincatum : Legedia, ou Jugena Abrincatuorum. Ville épiscopale de Normandie, située sur une petite colline, dont le pied est baigné parla rivière de Sec, Seva. Maty. En 1172, il se tint à Avranches un Concile au sujet du meurtre de S. Thomas de Cantorbéry.

AVRANCHIN. Abrincatinus pagus, Abrincensis ager, Abrincatus. Masson s’est trompé quand il a dit qu’on trouve ce dernier mot dans César ; mais il est dans Pline, L. IV, ch. 18. On trouve Abrincateni dans les Notices de l’Empire, & Abrincatæ, pour dire, Avranches. L’Avranchin est un petit pays qui a eu autrefois titre de Vicomté. Avranches en est la capitale. L’Avranchin a été possédé autrefois par les Abrancates, & auparavant par les Ambibariens, Maty. Pinet, dans sa traduction de Pline, prend Abrincatui pour Aurai, proche de Vannes, en Bretagne, que d’autres appellent Auraicum.

Ces mots, Avranches & Avranchin, se font formés du latin Abrinca, Abrincatui.

AURANITIDE. Contrée de Syrie. Auranitis. Ezéchiel, C. XLVII, v. 16, parle d’une ville nommée Auran, que l’on croit, avec raison, avoir donné le nom à ce pays. Il la joint à Emath, à Berotha, à Saburim, qui étoient en tirant vers les confins de Damas. Josephe la fait voisine de la Batanée, de la Trachonitide, de la Gaulanitide & de la Panéade, & elle faisoit avec ces contrées la Tétrarchie de Philippe. Elle fit d’abord partie du Royaume d’Hérode son père, Roi des Juifs ; à sa mort Auguste la donna à Philippe son fils. Dans la suite l’Empereur Claude la donna à Agrippa II. C’étoit un pays riche & fertile. Voyez Josephe, Antiq. L. XVII, C. XI, Paragr. 4. L.XX, C. VII. Paragr. 1. De Bello, L. I, C. XX, Paragr. 4. On la noisune aussi Ausanitide.

Les Auteurs du Journal des Savans disent Auranitide & Trachonitide, 1715, p. 594, & non pas Auranite & Trachonite ; & p. 595, la Gaulanitide & la Gileaditide.

AURATE. s. f. Sorte de poire d’été, du latin aurata, dorée. La poire aurate mérite d’être multipliée, parce qu’elle est aussi hâtive que le petit muscat, qu’elle égale en délicatesse, & qu’elle est sept ou huit fois plus grosse. Spect. de la Nat.

AURAY. Ville de Bretagne, en France. Auraicum. Elle est sur le golfe de Morbihan, à l’ouest de Vannes. ☞ Cette petite ville est remarquable par la bataille qui s’y donna le 24 Septembre 1364, entre Jean, Comte de Montfort, surnommé le Vaillant, & Charles de Blois, qui se disputoient la Bretagne. Ce dernier y périt, & sa mort assura le Duché de Bretagne au Comte de Montfort.

AURAZ. Montagnes que l’on nomme aussi Zeb. Aurasius, Aurasus, Zebes. Elles sont en Barbarie, en Afrique ; c’est une partie du mont Atlas, qui s’étend beaucoup aux confins du pays de Constantine & de Zeb, & plus encore dans celui de Bugie. Ce mot est le même qu’Aurais ; mais les montagnes sont différentes.

AURE, ou AURÉE. s. f. Nom de femme, Aurea. Sainte Aure fut Abbesse de Saint Martial à Paris au VIIe siècle. Baillet a donné sa vie au 4e d’Octobre.

Aure. Petite rivière de France. Aura, Arva. Elle coule aux confins du Perche & de la Normandie, & se décharge dans l’Eure.

Il y a une autre Aure en basse Normandie. Aura. Elle passe à Vaux sur Aure & à Bayeux, & peu après elle se joint à la Drome. Quelques-uns donnent aussi le nom d’Aure à l’Eure ; mais s’il s’est dit autrefois, depuis long-temps c’est l’usage de dire Eure.

☞ Aure, est encore le nom d’une vallée de France ; dans les Pyrénées, bornée au couchant par la Bigorre, au nord par le Nebazan, & par la Vicomté de la Barte ; à l’orient par les vallées de Luchon, d’Œil & de Loron ; & au midi par les montagnes des Pyrénées.

AUREA ALEXANDRINA. s. f. Opiat. C’est un véritable antidote. On l’appelle aurea, à cause de l’or qui entre dans sa composition ; & Alexandrina, à cause d’un Médecin nommé Alexandre qui l’a inventé. Il garantit de la colique & de l’apoplexie ceux qui en font un usage un peu continu.

☞ AUREC. Petite ville de France, dans le Vélai, sur la Loire, à huit lieues du Puy, selon Corneille. Selon l’Auteur du dénombrement de la France, ce n’est qu’une Paroisse de 157 feux.

AURECONE. s. m. & f. Nom de Peuple. Voyez Paradis, Ile du fleuve Paraguay.

☞ AUREGUE, ou AURE. Perite rivière de France, en Picardie, qui passe à Roye & se jette dans la Somme.

AUREIL, ou AUREILLE. Lieu nommé autrement Soviat. Il est dans le Limosin, à quelques lieues de Limoges. Saint Etienne de Muret, Instituteur de l’Ordre de Grammont, alla d’abord à Aureil, où il demeura quelque temps sous la conduite de S. Gaucher, qui y avoit bâti un Monastère, occupé maintenant par des Chanoines Réguliers, & que l’on appelle Saint Jean d’Aureille, T. VII, pag. 410. C’étoit sur la fin du XIe siècle.

☞ AUREILLON. s. m. Pièces d’un métier d’étoffes de soie, servant à tenir les ensuples sur lesquelles sont pliées les chaînes de soie. Il en faut deux pour chaque ensuple. Encyc.

AURÈLE. s. m. Nom propre d’homme. Aurelius. Il faut dire Marc-Aurèle-Antonin, dit le Philosophe, Luce-Aurèle-Vère mais pour les autres qui portent le même nom, on dit Aurelius. T. Ælius Aurelius, fils de Marc-Aurèle. Aurelius Victor. Marc-Aurèle étoit si bien instruit de la Philosophie, qu’il écrivoit des dialogues étant encore tout jeune. Tillem. Les médailles de Marc-Aurèle-Antonin sont très-communes ; mais celle de M. Aurelius Romulus qsont rares en or & en argent, & assez rares en bronze, grand & moyen.

AURÉLIE. s. f. Terme de Physique & d’Histoire naturelle, Aurelia, Chrysalis. On appelle du nom d’Aurélie, ou de Chrysalide cette espèce de fève, en laquelle se change un ver, par exemple, un ver à soie, qui doit ensuite prendre des ailes, & voler. Académie des Sc. 1703. Hist. p. 17. Les Pucerons, après avoir marché, viennent à voler, sans avoir passé, comme la plupart des autres insectes volans, par être Aurélie, ou Chrysalide. Ib. p. 16. Toutes les parties se développent ; de sorte que le ver se trouve converti en Aurélie, ou nymphe, qui est la mouche presque parfaite. Maraldi. Hist. de l’Acad. des Sc. 1712, p. 315.

{{corr|AURÉLIE|Aurélie. s.f. Nom de femme. Aurelia. Jules César étoit fils de L. César, & d’Aurélie fille de Cotta.

☞ AURENGABAD. Ville de l’Indoustan, dans la Province de Balagate, dont elle est capitale, marchande & bien peuplée.

AURÉOLE. s. f. Aureola. Couronne de gloire, cercle de lumière que les Peintres & les Sculpteurs mettent autour de la tête des Saints, des Vierges, des Martyrs, & des Docteurs, pour marque de la victoire qu’ils ont remportée. Le P. Sirmond dit que cette coutume est empruntée des Païens, qui environnoient de rayons la tête de leurs Dieux. Voyez S. Thomas au Supplément de sa somme, Question 116.

Auréole, s’est dit originairement de quelque joyau qu’on proposoit pour prix de quelque dispute, qu’on donnoit pour récompense au mérite. Du Cange.

Les Théologiens Scholastiques appellent Auréoles, les récompenses spéciales qui sont données aux Martyrs, aux Vierges, aux Docteurs, & aux autres Saints, à cause de leurs œuvres de surerogation. C’est le degré de gloire qui les distingue dans le Ciel ; & c’est ce que S. Augustin, dans son Livre de la Virginité, appelle prérogative de gloire. Le P. Séguenot de l’Oratoire, qui a traduit cet ouvrage de S. Augustin, dit dans la remarque sur cet endroit : « C’est-a-dire, quelque haut degré de gloire, au moyen de quoi ils seront vraiment plus heureux que les autres. Il ne faut pas penser que ce soit cette sorte de récompense que les derniers Scholastiques ont inventée, & qu’ils appellent Auréole : car les Peres n’en ont jamais parlé, ni même les premiers Docteurs de l’Ecole, & il n’y en a nul fondement en l’Ecriture. Mais le fondement, à mon avis, est en cette fausse imagination que l’on ne peut vaincre, que la grandeur & l’excellence de l’action contribuent quelque chose au mérite. » Cette proposition du P. Séguenot touchant l’Auréole, a été censurée par les Théologiens de la Faculté de Paris.

AURIBAT. Partie de la Gascogne, province de France, auprès de l’Adour & de la ville de Dax, ou d’Aqs, qui en est la capitale. Cette petite contrée fait partie de ce qu’on appelle les Landes. Elle a été autrefois habitée par les Tarbelliens.

AURICHYSAR. Aurichysara. C’est l’Oxylitgum des Anciens, aujourd’hui bourg de Bulgarie, aux confins de la Romanie, dans la Turquie d’Europe.

AURICULA JUDÆ, ou Oreille de Judas, est un Champignon approchant de la figure de l’oreille humaine, qui croit sur les vieux sureaux : arbre auquel on prétend que Judas se pendit. Ce champignon trempé dans l’eau rose, appliqué sur les yeux, en tire l’inflammation.

AURICULA LEPORIS, Oreille de Lièvre. C’est une herbe dont la feuille ressemble à l’oreille du lièvre : on l’appelle Bupleuron.

AURICULA URSI, Oreille d’Ours. C’est une herbe commune, dont la feuille ressemble à l’oreille d’un ours.

AURICULAIRE. adj. m. & f. Ce qui est relatif à l’oreille. Auricularis. La Confession auriculaire qui se fait secrétement à l’oreille d’un Prêtre. Un témoin oculaire est reçu en preuve ; mais le témoin auriculaire ; ou qui ne parle que par oui-dire, ne prouve rien. Plus valet testis oculatus unus quàm auriti centum. On appelle le petit doigt de la main, le doigt auriculaire, parce qu’il sert à nettoyer les oreilles. Médicamens auriculaires, sont ceux que l’on prend dans les maladies de l’oreille. Les vers auriculaires sont parmi les vers qui s’engendrent dans le corps humain, ceux qui se produisent dans les oreilles. Voyez le Traité de M. Andry, De la Génération des vers dans le corps de l’homme.

AURICULAIRES. s. m. pl. Si l’on en croit Bernardo Guistiniani, Historia di tutti gli Ordino militari e Cavallereschi, c’est le nom d’un Ordre de Chevalerie, institué dans le Pérou, par Montézuma, & ainsi appelé, parce que les Chevaliers portoient à l’oreille une figure de feuille d’arbre d’or, en guise de pendant d’oreille. Mais quoi qu’il en soit de l’existence & de l’institution de cet Ordre, il y a certainement du mécompte dans le nom de l’Instituteur, ou dans le lieu de l’institution. Les Montézuma ont été Rois du Mexique, & non point Incas du Pérou. Ainsi, ou ce n’est point un Montézuma qui est l’instituteur de cet Ordre, ou c’est au Mexique, & non au Pérou, qu’il a été institué. Voyez Miræus. Origines Ordinum Equestr. Lib. i, cap. 14, & Bernardo Giustiniani, Historia di tutti gli Ordini Militari, cap. 25.

AURIÉGE. Voyez Ariége.

AURIFIQUE. adj. Ce terme ne s’emploie guère qu’il ne soit précédé de vertu ; vertu aurifique, puissance de convertir quelque chose en or. Les Alchimistes prétendent que leur poudre de projection a la vertu aurifique. Midas faisoit ramasser les grains d’or que rouloit le Pactole ; c’est le fondement de la fiction qui porte qu’il avoit communiqué au Pactole sa vertu aurifique. L’Abbé Banier.

AURIGA. s. m. Mot latin. Espèce de bandage pour les côtés, dont Galien donne la description.

Auriga est aussi le nom latin de la constellation du Cocher. Voyez Cocher.

AURIK. Ville du comté d’Embden, dans le Cercle de Westphalie. Auricum. Elle est au nord d’Embden. Le territoire de cette ville, plein de marais & de bois, s’appelle Aurikerland, Aurikia, Auricanus ager, ou pagus.

AVRIL. s. m. Quatrième mois de l’année selon notre supputation, & le second suivant celle des Astronomes, pendant lequel le soleil parcourt le signe du Taureau. Aprilis.

Ce mot vient de aprilis, du verbe aperire, parce qu’en ce mois la terre semble ouvrir son sein pour la production des végétaux. Nicot. Les Turcs l’appellent Abrillai, & ils emploient ce nom dans leurs éphémérides, ou almanachs, quand ils se servent du Calendrier Italien, d’Herb. Varron dérive le mot Aprilis, d’où nous avons fait Avril, d’Αφροδιτη, Vénus, parce que ce mois étoit consacré à cette Déesse.

☞ C’étoit le second mois de l’ancienne année Romaine, qui commençoit par Mars avant Numa, & n’avoit que dix mois. Numa y ajouta les deux mois de Janvier & de Février.

On dit figurément, qu’un homme est en l’Avril de ses jours ; pour dire, qu’il est en la fleur de sa jeunesse, au printemps de son âge, à cause qu’Avril est toujours au printemps. Ce n’est qu’en vers qu’on parle de la sorte.

En l’Avril de mes jours
L’adorable Amarante
Eut toutes mes amours. Racin.

Rentrer en mon Avril désormais je ne puis ;
Aimez-moi, s’il vous plaît, grison comme je suis,
Et je vous aimerai quand vous serez de même.

Racin.

Dans sa verte jeunesse, en l’Avril de ses ans.

☞ On ne dit plus l’Avril, mais le printemps de nos jours, &c.

On appelle Poisson d’Avril, un poisson de figure longue & menue, dont on fait une pêche fort abondante en cette saison, qu’on nomme autrement Maquereau : & parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là Poissons d’Avril. Les Espagnols disent en proverbe Marco ventoso, y Abril lluviofo, sacan à Mayo hermoso. Mars venteux, Avril pluvieux, font Mai joyeux ; & en France on dit, Faire manger du poisson d’Avril, donner un poisson d’Avril, engager quelqu’un à faire quelque démarche inutile, pour avoir lieu de se moquer de lui. Cette mauvaise plaisanterie ne se fait que le premier jour d’Avril.

AURILLAC. Auriliacum, Meriolacum. Ville de France dans la haute Auvergne, sur la Jordane. Les dentelles d’Aurillac sont fort communes en France. On prétend que ce mot est formé du latin Aurum, or, lacus, lac, & qu’il a été donné à cette ville, parce qu’on trouvoit autrefois des grains d’or dans un lac voisin d’Aurillac. Cette ville est à 19° 58′, 35″, de longitude, & 44° 55′, 10″, de latitude. Cassini.

AURILLA (cheval.) Terme de Manége, qui se dit des chevaux qui ont de grandes oreilles, & qui les remuent souvent. Auritus.

AVRILLEUX. adj. Vieux mot que l’on trouve dans Borel. Temps avrilleux, c’est-à-dire, temps comme dans le mois d’Avril.

AURIOLE. Ville capitale d’un Royaume qui porte son nom. Auriola. Elle est dans le Malabar, contrée de la presqu’ile de l’Inde deçà le Gange, à l’orient de Calécut. ☞ Davity, Baudran & Maty se sont trompés en prenant ce nom pour nom de ville & de province. Dans le voyage de Pyrard d’où ils ont pris cet art. Auriole est le nom d’un Roi dont les Etats ont un autre nom. Le royaume d’Auriole est un royaume imaginaire, ainsi que sa capitale.

☞ Il étoit bien aisé aux Vocabulistes de relever cette erreur du Trévoux, ou plutôt des trois Géographes dont on vient de parler. Ils n’ont eu qu’à copier le grand Dict. Géographique.

AURIPEAU. Voyez Oripeau.

AURISLAGE, ou AURILLAGE. Terme de Coutume. Ce mot veut dire en quelques lieux le profit des ruches des mouches à miel qui appartient au Seigneur, ou au Roi, comme en Provence. Ragueau.

AURON. Rivière de Berri, province de France. Elle coule le long des murs de Bourges, du côté du couchant, & au-dessous de la ville, elle se joint à l’Eure, qui la baigne du côté du nord ; & elles vont ensemble à quatre lieues de-là grossir le Cher de leurs eaux à Vierzon, au milieu d’une prairie qui s’étend depuis Bourges jusque-là.

AURONNE, AURONE. s. f. Abrotonum. s. m. Plante qui approche fort de l’absinthe par son port. Ses feuilles sont dans la plupart des espèces découpées menu : ses fleurs & ses semences sont tout-à-fait semblables à celles de l’absinthe. On distinguoit autrefois cette plante en mâle & femelle, abrotanum mas & fœmina. La femelle, qui ne porte point ses fleurs disposées en épi, est appelée à présent santolina, garderobe, petit cyprès. L’auronne est apéritive. Sa décoction fait mourir les vers.

Ce mot vient du grec ἄϐροτος, inhumain ; ou de βρωτὸς, qui signifie une chose bonne à manger, & de la particule privative α, comme qui diroit une plante que l’on ne sauroit manger, à cause de son amertume, qui est plus grande que celle de l’absinthe. Cependant cette étymologie paroit difficile à accorder avec la quantité d’abrotonum, dont Horace & Lucain font la première syllabe brève, ce qui ne pourroit être, s’il venoit de βρωτὸς, qui s’écrit par un ω. Ne seroit-il pas raisonnable de tirer l’étymologie de ce mot de l’α privatif, & de βροτὸς, qui signifie mortalis, mortel ; & de dire que l’auronne est appelée abrotonum, parce que les Médecins la donnoient aux malades pour les préserver de la mort. C’est l’idée que nous donne Horace de l’abrotonum, lorsqu’il dit dans la première Epître du second Livre, abrotonum ægro non audet, nisi qui didicit, dare.

Vin d’aurone. Vinum abrotonites. C’est un vin fait avec l’aurone : comme on fait du vin d’absinthe. Il y a plusieurs espèces d’aurone.

AURORE. s. f. Crépuscule du matin, lumière foible qui paroît quand le soleil est à 18 degrés de l’horizon, & qui va en augmentant : jusqu’à son lever. Aurora. Il n’y a rien de plus agréable à voir que le lever de l’aurore ; ce sont les nuées éclairées des rayons du soleil. Les poètes en font une divinité, dont Céphale étoit amoureux. Ils lui donnent un char, & des doigts de roses. Ils disent qu’elle seme des roses, à cause que souvent ell colore les nuages d’un beau rouge.

Hélas ! si jeune encore,
Par quel crime ai~je pû mériter mon malheur ?
Ma vie à peine a commencé d’éclore :
Je tomberai comme une fleur,
Qui n’a vu qu’une Aurore. Racine.


Je disois à la nuit sombre :
O nuit ! tu vas dans ton ombre
M’ensevelir pour toujours.
Je redisois à l’Aurore :
Le jour que tu fais éclore
Est le dernier de mes jours. Rousseau.

Nicot dérive ce mot ab oriente sole, quia aer aurescit. Selon le P. Thomassin ce mot vient de l’hébreu אור, or, lumière.

On appelle Aurore Septentrionale, ou plus communément Aurore Boréale, une lumière qui paroît dans des nuées, venant du nord-est ou du septentrion, lesquelles paroissent éclairées, s’enflamment de temps en temps, s’étendent souvent de 60 & 80 degrés d’orient en occident, & vont au midi beaucoup au delà du Zénith. Elles sont vues souvent de pays fort éloignés en même temps ; ce qui prouveroit qu’elles sont très-hautes. M. Celsius, Suédois, & M. de Mayran, ont écrit sur l’aurore boréale. Celui-ci soutient que c’est l’atmosphère du soleil, qui s’étend jusqu’à celui de la terre. l’opinion vulgaire est que ce sont des nuées composées des matières qui font les éclairs & le tonnerre, mais qui sont trop claires & trop peu denses pour produire ces effets. C’est un tonnerre manqué. Gassendi a fait la description de ce phénomène qu’il observa exactement en 1621. On l’appelle aurore boréale, parce qu’elle paroît ordinairement vers le Nord, & que proche de l’horizon elle ressemble à l’aurore. Suivant la plus commune opinion, sa cause est la lumière zodiacale découverte en 1683, & décrite par feu M. de Cassini.

Ce que nous appelons ici aurore boréale, est bien plus fréquent, bien plus étendu, & bien plus varié dans le nord que dans ce pays-ci. Voyez le Discours de M. de Maupertuis sur la figure de la terre. On soupçonne que les aurores boréales sont produites par une nature semblable à celle qui forme la queue des comètes, & qui s’exhale de la terre, n’y ayant peut-être que le défaut de matière, qui puisse faire disparoître l’aurore boréale. Institut. Astron. p. 346.

☞ M. de Mairan paroît avoir démontre dans son Traité de l’Aurore Boréale, que les vapeurs & les exhalaisons ne s’élèvent guère au-dessus des plus hautes montagnes, qui n’ont pas plus de deux lieues de hauteur perpendiculaire, & que, quelque subtilisées, quelque volatilisées qu’on suppose les vapeurs & les exhalaisons, elles ne peuvent s’élever à plus de vingt lieues de hauteur perpendiculaire. Cependant on a quelquefois observé l’aurore boréale à la hauteur de plus de 200 lieues. Il est donc évident que cette lumière n’est pas produite par les vapeurs & les exhalaisons. Voyez Atmosphère terrestre. Cherchons une autre cause de ce phénomène. La terre a son tourbillon ; le soleil a son atmosphère. Cette atmosphère a à-peu-près la figure d’une lentille. Son grand diamètre s’étend des Gémeaux au Sagittaire : son petit diamètre de la Vierge aux Poissons. Cette atmosphère est composée de parties huileuses, qui par conséquent sont très-inflammables. Ainsi les parties de cette atmosphère venant à se mêler avec le tourbillon terrestre, pourroient recevoir par la fermentation quelques nouveaux degrés d’agitation. Quelques degrés d’agitation de plus dans une matière inflammable produisent le feu & la lumière. Voyons donc comment ces parties peuvent se mêler les unes avec les autres. La terre monte & descend avec son tourbillon pendant six mois de l’année. Elle monte pendant l’automne en parcourant le Bélier, le Taureau & les Gémeaux. Elle descend en parcourant la Balance, le Scorpion & le Sagittaire. Pendant que la terre monte avec son tourbillon, le pôle septentrional se plonge dans l’atmosphère du soleil, qui s’étend, comme nous l’avons dit, des Gémeaux au Sagittaire. Les parties huileuses de l’atmosphère du soleil mêlées avec le tourbillon terrestre reçoivent par le choc ces nouveaux degrés d’agitation, s’enflamment & produisent en automne ces fusées, ces pyramides, ces colonnes de feu, que l’on appelle aurore boréale ou lumière septentrionale. La même chose doit arriver dans le côté opposé lorsque la terre descend ; mais de l’endroit où nous sommes sur la terre, nous ne pouvons découvrir le pôle austral. L’endroit même d’où on pourroit le découvrir, sont des mers immenses, ou des îles désertes, ou tout au plus une partie de l’Amérique près du détroit de Magellan, habitée par des gens qui ne sont ni Physiciens ni Astronomes : il n’est donc pas étonnant que nous n’ayons point eu jusqu’ici d’observations sur l’aurore australe. Mais il y a apparence que cette lumière y paroît, comme vers le pôle septentrional. Au reste l’on doit remarquer une grande variété dans ces fusées, dans ces globes, dans ces cônes, dans ces colonnes, dans ces pyramides, suivant que la matière solaire est plus ou moins dense, plus ou moins légère, suivant qu’elle a telle ou telle direction, suivant que l’air qui transmet la lumière, est plus ou moins pur, plus ou moins grossier, suivant qu’il est plus ou moins élastique.

☞ Il est probable que la matière de l’atmosphère du soleil qui s’étend quelquefois jusqu’à plus de 30 millions de lieues, ne nous éclaire, dit M. de Mairan, que parce qu’elle consiste en des particules inflammables par les rayons du soleil, ou assez grossières pour réfléchir la lumière. Lorsque les dernières couches de l’atmosphère solaire ne sont pas éloignées de plus de 60 mille lieues de la terre, elles doivent, suivant les lois de la gravitation mutuelle des corps, tomber vers notre globe. Lorsque la matière de l’atmosphère solaire se précipite en assez grande quantité dans l’atmosphère terrestre, elle doit nécessairement y causer des aurores boréales.

☞ Enfin si les particules nitreuses, sulfureuses, salines, huileuses & bitumineuses, qui de la terre s’élevent dans l’atmosphère, sont la cause physique des aurores boréales, pourquoi ne sont-elles pas plus fréquentes ? Pourquoi paroissent-elles plus souvent en hiver qu’en été ? Pourquoi les voyons-nous constamment du côté du nord ? Le mouvement diurne de la terre sur son axe ne devroit-il pas, suivant les lois des forces centrifuges, porter vers l’équateur ces parties inflammables ? Pourquoi enfin ce phénomène est-il quelquefois élevé de plus de 260 lieues au-dessus de la terre ?

☞ Sur l’aurore boréale, Voyez ce qu’ont écrit Messieurs Musshembroek, de Mairan, le Monnier, Maupertuis.

Aurore, se dit aussi pour la partie du monde paroît l’aurore, qui est l’Orient. Les peuples de l’aurore ; pour dire, les Orientaux.

On nomme couleur d’aurore, un certain jaune doré & éclatant comme celui qui paroît souvent dans les nues, au lever du soleil. Les couleurs d’aurore se font étant alunées & gaudées fortement, & rabattues avec le raucour, dissout en cendre gravelée, potasse, ou soute.

On appelle figurément une beauté naissante, une jeune fille qui commence à paroître dans le monde, une aurore. Je souhaite que cette aurore soit suivie d’un aussi beau jour qu’elle le mérite. Voit.

Aurore, en Mythologie. Divinité des anciens, sœur du soleil & de la lune. Elle épousa Persée, dont elle eut les vents. D’un autre mariage avec Titon, elle eut Persée. On la représentoit sur un char lumineux, semé de rubis & de roses, pour exprimer les brillantes couleurs qui l’accompagnent. Les Poëtes disent que l’aurore aux doigts de roses vient ouvrir les portes de l’Orient.

Aurore. s. f. Terme de Fleuriste. C’est une renoncule jaune, panachée de nacarat par le dehors de la fleur, sur un fond jaune d’aurore.

Aurore naissante. s. f. Terme de Fleuriste. C’est le nom d’un œillet violet.

AURSPERG. Bourg de l’Autriche, en Allemagne. Aursperga. Il est aux confins de la Carniole, sur une montagne d’où le Gurck prend sa source.

Quelques Géographes croient qu’Aursperg est l’Arupius, ou Arupium, ou Arupenum castrum des anciens Japodes, que d’autres placent à Lipa, en Croatie.

Il y a un autre Aursperg, ou Ursperg dans la Souabe. Aursperga, Ursperga. C’est un bourg avec une Prévôté de l’Ordre de Prémontré, fondé en 1125 & en 1349, érigée en Abbaye. Elle est près de la rivière de Mindel, au midi de Burgaw.

AUS.

AUSANITIDE. Voyez Auranitide.

AUSBOURG. Augusta Vindelicorum. Ville d’Allemagne, dans la Suabe, au confluent du Lech & du Vertach, sur les confins de la Bavière. On dit que les Lycates, partie des Rhétiens, fonderent cette ville, & la nommèrent Damasia. Drusus la prit & la nomma Drusomagus. Après la défaite de Varus, l’an de Rome 739, Auguste la reprit, la rétablit, & y envoya une Colonie de 3000 Citoyens Romains. C’est de-là qu’elle prit le nom d’Auguste, Augusta, qu’elle retient encore ; car Ausbourg s’est fait d’Augustiburgum, composé d’Augusti, nom de l’Empereur Auguste, & de burgum, bourg, nom allemand qui signifie forteresse. Ainsi Ausbourg signifie ville d’Auguste, forteresse ou château d’Auguste. Sous Tibère elle fut nommée Tiberia Augusta. C’est aujourd’hui une des plus belles & des plus considérables villes d’Allemagne ; ville libre & impériale. L’Evêque & le Magistrat d’Ausbourg ont place aux Diètes de l’Empire. La confession d’Ausbourg, Confessio Augustana, sont les articles de la croyance que les Luthériens d’Allemagne, appelés de-là Confessionistes, présenterent à Charles V, le 8e Avril 1530, dans Ausbourg. La hgue d’Ausbourg, fœdus Augustanum, est une ligue faite en 1688, entre l’Empire, l’Espagne & la Hollande, contre la France. L’Evêché d’Ausbourg, Episcopatus Augustanus, un petit cercle de la Suabe renfermé presque entre le Lech & le Vertach, appartient à l’Evêque d’Ausbourg, avec le comté de Dillinghen. Maty. La longitude d’Ausbourg est de 33d, & sa latitude 48d 15′. Voyez Lymnæus, Liv. VII, ch. 4. Imhoff. Notitia Procer. Imp. L. III, c. 9. Le Moine Ardemar dans sa Chronique écrit Osburg.

AUSCH, ou AUCH, ou AUX. Prononcez AUCHE. Augusta Ausciorum, Ausci, Auscum. Ville de Gascogne, sur le Gers, dans le comté d’Armagnac. Elle a un archevêché. Son nom vient de celui des anciens peuples qui l’habitoient, nommés Ausci, & que César place entre les Garites & les Garonnes. Plusieurs savans. & entr’autres Vossius, dans ses Notes sur Méla, Liv. III, ch. 2. p. 234, disent que l’ancienne ville des Ausciens s’appeloit Climberris, ou Ciimberrum, dont parle l’Itinéraire d’Antonin, & que la Table de Peutinger appelle Cliberrum. Méla l’appelle Elusaberris, & sur son autorité quelques Auteurs disent qu’elle eut aussi ce nom ; mais Vossius prétend que c’est une erreur ; que tous les anciens manuscrits ont Eliumberrum, à la réserve de celui du Vatican, où il y a Cliumberrum ; sur quoi Vossius soutient avec assez de fondement, qu’il faut lire Climberrum. Cette ville a 21° 20′, 31″ de longitude, & 43°, 41′, 0″ de latitude. Acad. de Montpel.

AUSCOIS, OISE. s. m. & f. Qui est d’Auch, habitant d’Auch, ou Aux. M. de Marca se sert de ce mot, Hist. de Bearn. Liv. I, p. 35.

☞ AUSE. Rivière de France, en Auvergne, qui prend sa source dans les confins du Forez & de l’Auvergne, passe à saint Antheme, & se jette dans l’Allier. Coul. Riv. de France.

☞ AUSEN. Nom que les Goths donnoient à leurs Généraux, après qu’ils avoient remporté quelque victoire. Ce mot signifioit en leur langue, plus qu’homme, ou demi-Dieu. Mor. qui cite Gornandes.

AUSERON. s. m. Drogue très-rare, qui vient de Perse, & que les Européens tirent des Indes Orientales par Surate.

AUSIÉRE, ou HANSIÉRE. s. f. C’est une grosse corde à trois tourons. Voyez Aussière.

AUSITIDE. Contrée située entre l’Egypte & les Philistins. Ausitis. Quelques Auteurs placent une autre Ausitide à l’arient du Jourdain, dans la demi-tribu de Manassé, mais sans qu’on en voie la raison. Peut-être ont-ils confondu Ausanitide avec Ausitide.

AUSPICE. s. m. C’étoit chez les Anciens une espèce d’augure, de divination par le vol & le chant des oiseaux, pour savoir si quelque entreprise que l’on commençoit, devoit être heureuse, ou malheureuse. Auspicium. Pline en attribue l’origine à Tirésias, Thébain.

☞ Clément Alexandrin veut que les Phrygiens aient été les premiers qui observerent le vol des oiseaux, qu’on appeloit Præpetes, comme ceux dont on n’observoit que le chant & la manière de manger, s’appeloient Oscines.

☞ Les oiseaux de présage les plus considérables étoient le corbeau, la corneille & le hibou, l’aigle, le vautour, le milan. On appeloit Auspex, celui qui prenoit l’auspice par le vol des oiseaux. Voyez Augure.

Auspice, signifie maintenant un présage, ou des circonstances qui font espérer un heureux succès, ou en appréhender un mauvais. La fondation de Rome a été commencée sous d’heureux auspices, dans des temps & des lieux favorables pour son agrandissement.

Jamais hymen formé sous le plus noir auspice,
De l’hymen que je crains n’égala le supplice.

Racin.

On dit aussi, qu’un homme est venu sous les auspices d’un tel ; pour dire, soutenu par sa faveur, sous sa conduite & sous sa protection. Il ne faut désespérer de rien sous la conduite & sous les auspices de Teucer. Dacier. Teucro duce & auspice Teucro. Cette façon de parler est venue de ce qu’autrefois à Rome on ne faisoit aucune affaire, sans consulter les Dieux par le moyen des auspices, comme on voit dans Cicéron, en l’Oraison pro Cluentio. Ainsi, venir sous les auspices de quelqu’un, c’est marcher sous sa conduite, & assuré de sa faveur.

Ce mot vient ab avibus spectandis, aspiciendis, & n’a point de singulier en ce sens. Cela est trop naturel pour le P. Pezron, qui tient pour certain que ce mot vient du Celte Au, ou asu, & de spicio. Voyez Aruspice.

AUSPICINE. s. f. L’art de deviner par le moyen du chant & du vol, &c. des oiseaux. Auspicina. C’est l’art des augures fort en usage chez les Anciens. Voyez Augure.

☞ AUSSI. Conjonction qui signifie la même chose que pareillement, de même. Etiam, quoque, item. Vous voulez partir, & moi aussi.

Aussi, est quelquefois conjonction augmentative ou extensive, & signifie de plus. Il lui a donné une tabatière & une montre aussi.

Aussi, conjonction exprimant le motif, signifie la même chose que c’est pourquoi. Il dit des injures, à tout le monde ; aussi tout le monde l’évite. Quapropter, idcirco.

Aussi, servant à exprimer le rapport d’une proposition avec une autre qui précède. Il a bien joué son rôle, aussi l’avoit-il bien étudié. Un Philosophe disoit pour se consoler de sa chute, aussi-bien voulois-je descendre.

Aussi, conjonction comparative, ou terme de comparaison, signifie la même chose qu’autant. Tam. Il est aussi savant que lui. Aussi prudent que sage. Aussi clairvoyant qu’un autre.

☞ On supprime quelquefois le que par ellipse. Ce jeune homme a du mérite ; mais il y en a d’aussi estimables. On sous-entend que lui.

Il faut remarquer sur cette conjonction aussi, que quand il y a comparaison, & que la proposition est affirmative, il faut se servir toujours d’aussi. C’est une faute qui échappe souvent de mettre si pour aussi. Il avoit en révérence la misérable fortune d’une Princesse issue du sang royal, & un nom si fameux que celui d’Ochus. Vaug. A un malheur si grand que le mien, il ne falloit pas une moindre consolation. Voit. Dans ces deux exemples il falloit aussi au lieu de si. Mais lorsque la proposition est négative, on doit se servit de si, & non pas d’aussi. Rien ne la toucha si sensiblement que l’intérêt de la religion. Flech. On met toujours que après si, & aussi en ces sortes d’occasions, quoique Malherbe ait dit, il n’est rien de si beau, comme Caliste est belle. Ma foi est aussi pure, comme le sujet en est beau. Son exemple n’est point à suivre en cela.

Aussi, encore. Dans une signification synonyme. Encore, dit M. l’Abbé Girard, a plus de rapport au nombre & à la quantité. Sa propre énergie est d’ajouter & d’augmenter. Quand il n’y en a pas assez il en faut encore. L’amour est non-seulement libéral, mais encore prodigue. Aussi tient davantage de la similitude & de la comparaison : sa valeur particulière est de marquer de la conformité & de l’égalité dans les choses. Lorsque le corps est malade, l’esprit l’est aussi. Ce n’est pas seulement à Paris qu’il y a de la politesse, on en trouve aussi dans la province.

AUSSI BIEN QUE. Conjonction qui signifie, de même que. Eodem modo, pariter, tanquam. Les hommes les plus foibles, aussi-bien que les Héros, ont fait voir que la mort n’est pas un mal.

☞ Il sert encore à rendre raison d’une proposition précédente. Je ne partirai pas ce soir ; aussi-bien est-il trop tard. Voyez Aussi.

AUSSI PEU, sert à marquer une certaine égalité de privation, ou de modicité entre deux personnes. L’un est aussi peu nécessaire que l’autre. J’en ai aussi peu que vous.

AUSSI-TÔT. adv. Dans le même temps, dans le moment. Statim, illicò, continuò. Si vous me donnez vos ordres, je les exécuterai aussi-tôt. Il signifie encore, aussi aisément, aussi volontiers. Je prendrois aussi-tôt la lune avec les dents.

Quoi ! treize vers, huit en eau, cinq en ême.
Je lui ferois aussi-tôt un bateau. Voit.

On dit proverbialement, aussi-tôt dit, aussi-tôt fait, des commandemens qui sont promptement exécutés. Aussi-tôt meurt veau que vache. Aussi-tôt pris, aussi-tôt pendu.

AUSSI-TÔT QUE. Conjonction. Au même temps que. Simul ac, ubi primùm. Aussi-tôt qu’il m’invoquera, je l’exaucerai. Arn.

Aussi-tôt qu’au monde on veut plaire,
On commence à déplaire à Dieu. L’Abbé Tétu.

AUSSIÈRE. s. f. Terme de Marine. ☞ Cordages une fois commis, composés de trois ou quatre torons, & qui Servent à plusieurs usages. La plûpart des manœuvres courantes sont des aussières. Rudens. Le Manœuvier.

AUST, ou AUSTELIVE. Bourg d’Angleterre, appelé autrefois Trajectus, passage ; parce qu’on y passoit la Saverne. Austa, Austeliva. Il est sur la Saverne, dans le comté de Glocester, entre Bristol & Chepstow.

☞ AUSTÈRE. adj. m. & f. Dans le sens littéral & physique, se dit d’une saveur âpre & astringente, qui cause un resserrement dans la bouche. C’est une des neuf saveurs qui frappent l’organe du goût. Telle est celle du vitriol. Acer. Asper. Les fruits sauvages & les fruits verts sont la plupart d’un goût austère, sont austères au goût.

Austère, en Morale, relativement au traitement du corps, s’applique aux choses qui mortifient l’esprit & les sens. Austerus. Religion austère. Règle austère. Jeûne austère. Silence austère. Une morale peut être austère sans être déraisonnable. Dupin.

☞ On le dit dans le même sens des personnes qui