Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/681-690

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Fascicules du tome 1
pages 671 à 680

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 681 à 690

pages 691 à 700


B


B



B s. m. Est la seconde lettre de l’Alphabet, dans notre langue, & dans plusieurs autres, comme l’Hébraïque, la Chaldaïque & la Syriaque, l’Arabique, la Grecque, la Latine, &c. C’est la neuvième dans l’Alphabet Ethiopien, tel que Ludolf l’a disposé ; la 26e dans l’Arménien, &c. Le B est la première des consonnes. La prononciation du B approche un peu du cri & du bêlement des moutons : il n’y a de différence que celle qui est entre bé & bê.

La figure de cette lettre est prise des Latins, qui l’avoient prise des Grecs. Le b majuscule est tout-à-fait semblable au grand Βῆτα des Grecs, & notre petit approche fort du petit βῆτα des Grecs. Ceux-ci l’avoient eu des Phéniciens, dont Cadmus apporta les caractères en Grèce. Le Beth Phénicien, ou le Beth de l’ancien Hébreu ; car les Phéniciens & les Hébreux, avant la captivité de Babylone, avoient le même caractère & la même langue : ce Beth, dis-je, étoit à peu-près la même chose que le Βῆτα des Grecs. Il a la pance d’en-haut & la moitié de celle d’en-bas ; les Grecs n’ont fait que la fermer. Nous la trouvons souvent sur les médailles Hébraïques presque fermée, & ayant quasi la forme de ce β des Grecs. Voyez la Dissertation du P. Souciet Jésuite, sur les médailles Hébraïques.

Pierius, dans ses Hiéroglifiques, Liv. XLVII, ch. 28, dit, que les Egyptiens exprimoient par la figure d’une brebis le son que nous exprimons par le caractère B, parce que la brebis exprime presque ce son en bêlant, comme nous disions tout à l’heure.

Le B est une des lettres que les Grammairiens Hébreux, Chaldaïcs, Syriacs & Arabes, appellent labiales, labiales, parce que les lèvres, labia, sont principalement employées dans la prononciation de cette lettre. Le B a beaucoup d’affinité avec d’autres lettres aussi labiales, qui sont le V consonne, le P & le Φ des Grecs, ou notre F, que nous tenons des Latins. De-là vient que dans les manuscrits le B & l’V sont souvent mis l’un pour l’autre ; que les Arméniens ont très-souvent mis le B pour le P, & le P pour B, & qu’ils disent, par exemple, Betrus au lieu de Petrus, Bolus au lieu de Paulus, & Aprahamui, pour Abraham. Ludolf a remarqué la même chose des Orientaux en général. Voyez encore sur ces changemens M. Spanheim le Médailliste, pag. 120 & 128. Le même changement est souvent arrivé en arabe & dans les autres langues. De-là vient encore que dans la prononciation latine on ne distinguoit pas fort le B & le V, comme Saint Augustin l’indique quelque part, & comme il paroît par les manuscrits, où nous trouvons amabit pour amavit, & amavit pour amabit, Berna pour Verna, ou autres semblables. C’est sur cela qu’étoit fondée l’équivoque d’Aurélien sur l’Empereur Bonose, grand buveur : Non ut vivat natus est, sed ut bibat. Les Espagnols & les François même, voisins d’Espagne, comme les Gascons, ont conservé cet usage, ne mettant guère de différence entre le B & le V consonne. Il en faut mettre cependant en françois pour bien parler. Le B a un son plus fort ; & pour le prononcer, il faut commencer par fermer entièrement les lèvres, & les presser même un peu l’une contre l’autre, au lieu que pour prononcer le V consonne, il ne faut pas même les fermer entièrement. Plutarque, dans ses questions grecques, dit que les Macédoniens changeoient le φ en Β, & prononçoient Bilippe, Balacre, & Béronice, pour Philippe, Phalacre, & Phéronice. Au contraire, ceux de Delphes à la place d’un π mettoient un B, disant βαθειν pour παθειν ; & βικρόν pour πικρόν, aussi-bien que les Æoliens, comme le même Auteur nous l’apprend, Symposiac, Lib. VI, quest. 8. Les Latins disoient suppono, oppono, au lieu de subpono, obpono, & prononçoient optinuit quoiqu’ils écrivissent obtinuit, comme l’a remarqué Quintilien. Ils faisoient aussi scripsi & scriptum de scribo, &c. Les Latins ont aussi fait quelquefois le changement non-seulement du B en P, & du P en B, mais encore du F, ou PH, en B. Ainsi on trouve Bruges pour Phryges, & dans l’ancienne inscription rapportée par Gruter, p. DCCCLXXXVI, n. 16. obrendario, pour ofrendario : ce qui montre que le son du B n’étoit pas fort différent du F & du V consonne.

La lettre B est une de celles que M. l’Abbé Dangeau, dans ses Essais de Grammaire, appelle foibles, lesquelles sont précédées par une petite émission de voix, ou d’un petit mouvement de bouche, & qui par conséquent ne peuvent être employées qu’au commencement des syllables, & ne peuvent jamais terminer un mot dans la prononciation. Desorte que, pour ne parler ici que du B, s’il est à la fin du mot, comme dans Aminadab, Joab, on le changera naturellement en la lettre forte qui lui répond, c’est-à-dire, en P, & l’on prononcera Aminadap, Joap, où si l’on veut s’efforcer à prononcer le B, on ajoutera nécessairement après, un petit e féminin, pour donner lieu à la prononciation du B ; Aminadabe, Joabe. C’est ce que les Hébreux appellent scheva, & qu’ils supposent se trouver sous toutes ces consonnes finales.

Les lettres foibles, & les lettres fortes, ont encore une propriété ; c’est que pour que deux de ces consonnes se prononcent l’une auprès de l’autre, il faut qu’elles soient de même force ; c’est-à-dire toutes deux fortes, ou toutes deux foibles ; en sorte que si l’une est forte & l’autre foible, il faut que l’une ou l’autre se change, & devienne forte ou foible, selon que l’autre l’est ; & c’est toujours la seconde qui fait changer la première. Ainsi, parce que le B est la lettre foible, & que le P est la lettre forte qui lui répond ; dans ces rencontres, le B se change en P, ou le P en B. C’est pourquoi, bien que nous écrivions observer, obtenir, absoudre, nous prononçons néanmoins opserver, optenir, apsoudre, comme s’il y avoit un P. Quintilien a remarqué que la même chose se faisoit en latin. Voyez son Liv. I, ch. 7. C’est encore pour cela que lorsque pour faire ἔβδομος, septieme, d’ἑπτα, sept, on a changé le Τ en Δ ou on a aussi changé le Π en Β.

Enfin le B, dit encore M. l’Abbé Dangeau, s’il est passé par le nez, devient un M. Ainsi un homme qui est fort enrhumé, qui a le nez embarrassé, qui est fort enchifrené, ne pouvant faire passer les lettres par le nez, met des b, où il faut prononcer des m, & il dit, par exemple, Je ne sçaurois banger de bouton, au lieu de dire, Je ne sçaurois manger de mouton. Le B, en passant par le nez, doit s’affoiblir, ou tout au moins sa prononciation ne sera pas si distincte qu’elle étoit. Si donc elle a à soutenir la prononciation d’une liquide, comme L & R, il faudra qu’elle reprenne sa nature de B. C’est pour cela que quand Tremulus est devenu François, & que dans le passage perdant le V, le M & le L se sont trouvées immédiatement l’une auprès de l’autre, le M s’est changé en B, trembler ; & de même dans similis, semblable ; camera, chambre ; cucumer, concombre ; rememorari, remembrer ; cumulus, comble, humilis, humble. J’ai dit que le M se change en B ; car le M qui s’écrit dans ces mots n’est pas le M des mots latins, ni proprement une consonne ; mais elle fait une voyelle avec celle qui précède, selon les principes de M. l’Abbé Dangeau, qui sont très-vrais, & dont nous parlerons en temps & lieu. Tout ceci est extrêmement à remarquer pour la connoissance de l’origine des mots, & des étymologies.

Le B en François se trouve au commencement & au milieu des mots après toutes les voyelles & toutes les diphtongues, comme dans battre, befroi, bille, bon, bulbe, courbaton, courbe, corbillon, jambon, courbure, oublier, aubeine, aubier, bouline, &c. mais il ne se trouve jamais à la fin des mots, s’il n’est suivi au moins d’un e muet, comme dans aube, bulbe, &c. Car dans les mots étrangers même, que l’usage a conservés tout entiers sans y faire aucun changement, & dans lesquels nous n’écrivons point d’e après le b final, tels que sont ceux-ci Aminadab, Caleb, Eliasib, Jacob, Béelsebub, nous ne laissons pas d’en prononcer un, ainsi qu’on vient de le dire.

B. Nom subst. qu’il faut prononcer . C’est le nom propre de cette seconde lettre de l’Alphabet.

B, chez les Anciens, étoit une lettre numérale qui signifioit 300, suivant ce vers.

Et B tercentum perse retinere videtur.

Quand on mettoit une ligne par-dessus, elle signifioit trois mille. Le B chez les Grecs ne signifie que deux. Il se trouve souvent sur les médailles pour marquer des époques. On s’en est servi aussi pour marquer 200, en ajoutant une espèce d’accent dessous. Chez les Hébreux il se prenoit aussi pour deux. C’est pour cela que dans les médailles hébraïques frappées du temps du Grand-Prêtre Simon, on trouve en ancien caractère hébreu שב ; c’est-à-dire, שנת השבי ; anno secundo.

On dit d’un homme ignorant, qu’il ne sait ni A ni B. Voyez la lettre A. On dit aussi d’un homme malin, qu’il est marqué au B ; pour dire, qu’il est borgne, ou bossu, ou boiteux ; parce que ceux qui sont tels, sont ordinairement malins. Mais cela se doit mettre au rang des proverbes.

B. En termes de Calendrier, la seconde des sept Lettres dominicales.

B sur les monnoies. C’est le caractère par lequel on distingue les monnoies fabriquées dans la ville de Rouen. Le double BB est la marque de la monnoie de Strasbourg.

B, dans l’Alphabet chimique, désigne le mercure suivant Raymond Lulle.

B quarre, & B mol, sont des termes & des marques de Musique. Voyez Bécarre & Bémol.

BAA.

☞ BA. Bourgade d’Afrique (qu’il plaît aux Vocabulistes de décorer du nom de ville) dans le royaume d’Arder, (& non pas d’Ardes) au dedans du pays. La Compagnie des Indes Occidentales, établie dans les provinces unies, y a un magasin.

BAAILLEMENT. s. m. Voyez Bâillement.

BAAILLER. Voyez Bâiller.

BAAL. s. m. Idole des Samaritains & des Moabites. Les Grecs croient que c’étoit leur Dieu Mars. C’est le sentiment de Jean d’Antioche, de Cedrenus & de Suidas. S. Augustin croit que c’étoit Jupiter. Lightfoot veut que Baal, & son pluriel Baalim, soient des noms communs à toutes les idoles, parce que Baal veut dire Seigneur : c’est apparemment pour cette raison que Saint Augustin, qui avoie quelque connoissance de la langue punique, qui étoit la même que la Phénicienne, ou qui en étoit un dialecte, a cru que Baal étoit Jupiter, c’est-à-dire, le maître des Dieux & des hommes, comme l’appeloient les Grecs & les Romains. Il y a plus : au IIIe Liv. des Rois, ch. XVI, v. 31, & au IVe, ch. X, v. 18 & 19, il est dit, qu’Achab avoit honoré Baal ; il lui avoit bâti un temple que Jehu détruisit. Achab ne l’avoit fait qu’en considération d’Ethbaal, Roi de Sidon, son beau-pere ; ainsi Baal étoit un Dieu des Sidoniens. Or le Dieu des Sidoniens, au rapport d’Hésichius, étoit Jupiter, auquel, à cause de leur situation & de leur port, ils donnoient l’épithète de θαλάσσιος, Marin, ou Maritime, ce qui montre que le Baal de l’Orient étoit appelé Jupiter en Occident. Quelques-uns ont cru que Baal étoit le même que Moloch, parce qu’il signifie Roi, ce qui est à peu-près la même chose que Baal, c’est-à-dire. Seigneur.

Les Chaldéens regardoient Baal comme le Créateur du monde. Ils appelèrent ensuite de ce nom le Soleil, que les Phéniciens regardoient comme le seul Dieu du ciel. Enfin, il est vraisemblable qu’ils donnèrent ce même nom à plusieurs astres, & à des Rois, ou des Héros, en les déifiant. C’est là probablement la cause du grand nombre de Baalim qu’il y avoit dans la Chaldée & aux environs ; car c’étoit aussi un Dieu des Samaritains, des Moabites & de plusieurs Chananéens, ou Phéniciens, comme il paroît par l’Ecriture, Nombres XXII, 41. Il le mena sur les hauts lieux de Baal, & il lui fit voir de-là l’extrémité de l’armée du peuple d’Israël. Saci. Liv. des Jug. VI, 25, 3. Liv. des Rois XVI, 31, 32. Liv. 4. des Rois X, 18, 19. C’est aussi dans S. Augustin un Dieu des Carthaginois, qui étoient une colonie des Phéniciens. Mais tous ces Baalim étoient différens ; le Baal des Phéniciens n’étoit point celui des Babyloniens, non plus que le Jupiter des Grecs n’étoit point le Jupiter Ammon de la Lybie ; l’un & l’autre sont des noms communs à plusieurs Divinités. Voyez Jérém. II, 28, & S. Paul 1. Cor. VIII.

Jean d’Antioche dit que le Baal des Babyloniens est le successeur de Ninus ; mais communément on le prend pour son père & son prédécesseur, c’est-à-dire, Nemrod. Voyez le P. Pétau, De Doctr. Temp. & Ration. Temp. P. 1, Lib. cap. 2, & le P. Kirker, Œdip. T. I. Syntagma IV, c. 4, p. 262 & suiv. Le Baal ou Bel d’Egypte, est Mitsraïm, selon le P. Kirker au même endroit ; & dans son Latium, p. 5, Il dit que Baal est Cham.

Ce nom vient de l’hébreu בעל, Baal, qui signifie dominer, être maître ; d’où se fait le nom בעל, Baal, Dominus. Les Phéniciens, dont la langue étoit la même que celle des Hébreux, prononçoient aussi Baal, comme eux. Les Chaldéens, si l’on en croit Servius & d’autres anciens, prononçoient Bel ; car il faut lire dans cet Auteur Bal, & Bel, & non pas hal, & hel, comme portoient quelques exemplaires corrompus, que Giraldus & d’autres ont suivis. C’est surr le premier Liv. de l’Enéide, v. 733, 734. De ce Bel des Chaldéens, les Grecs ont fait Βῆλος, Belus. Le P. Kirker, Œdip. Ægypt. T. I. Synt. 4, cap. 4, p. 264, prétend que ce nom donné aux deux premiers Auteurs de l’idolâtrie, & qui les premiers ont reçu des honneurs divins, Mitsraïm & Nemrod, signifie celui qui est si parfait, que l’homme ne peut rien concevoir de plus grand, ni de meilleur, c’est-à-dire, Dieu entant qu’il peut, & qu’il est prêt à secourir les hommes dans leurs nécessités. Si c’est là l’idée que les peuples y ont attachée dans la suite, ce n’est pas celle que fait ce mot, à raison de son origine.

Les Orientaux donnèrent à Baal différentes épithètes, comme les Grecs & les Romains en donnèrent à Jupiter qu’ils appelèrent Olympius, Capitolinus, Latialis, Pluvius, &c. On dit de même Baal Peor, ou Beel Phegor, Beel Sephon, Béelzebub, Beelberith, soit à cause des lieux où il étoit honoré, soit à cause des bienfaits dont on croyoit lui être redevable, soit pour quelqu’autre raison, que nous expliquerons sur ces mots, ou que nous ignorons, comme a remarqué Godwin, Liv. IV, ch. 3, de son Moses and Aaron ; soit pour distinguer ces faux Dieux les uns des autres.

Au pluriel nous ne disons point Baals, comme nous le devrions dire en suivant les règles de notre langue ; mais nous prenons le pluriel hébreu, comme en fait aussi en grec & en latin. Si vous revenez au Seigneur de tout votre cœur, ôtez du milieu de vous les Dieux étrangers, les Baalim & les Astaroth, 1. Liv. de R. VII, 3. Baal, ou Baalim au pluriel, & Astaroth marquent en général les Dieux & les Déesses des Païens. Saci, dans sa note sur cet endroit. Cependant le même Auteur a toujours évité d’employer le pluriel Baalim dans le texte de l’Ecriture, & il ne met jamais que le singulier Baal. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baal & Astaroth. Mais ce n’est pas parler assez exactement ; car comme nous avons dit, il y avoit plusieurs Dieux de ce nom tous différens les uns des autres. D’ailleurs, pourquoi ne pas retenir Baalim, comme Astaroth, qui est au pluriel, aussi-bien que Baalim ? Ou il falloit changer l’un & l’autre, ou il falloit retenir l’un & l’autre, comme ont très-bien fait les Lovanistes. C’est que M. de Saci ne savoit pas les langues originales. Les Traducteurs de Genève ont encore plus mal fait : car quelquefois ils ont aussi substitué le singulier Baal au pluriel Baalim ; mais quand ils ont conservé le pluriel, au lieu de Baalim, ils ont mis Bahalins, comme si on disoit Bahalin au singulier, ou qu’en françois le singulier Bahal pût jamais avoir Bahalins au pluriel ; c’est enter un pluriel françois sur un pluriel chaldéen, & faire un double pluriel. Les Lovanistes font aussi une faute à mon sens ; c’est qu’ils prennent Baalim pour un singulier, & ne lui joignent que l’article du singulier. Les enfans d’Israël firent donc mal en présence du Seigneur, & servirent à Baalim. Frison le change quelquefois en singulier, Baal, & quelquefois il met Baalim sans article, laissant à douter s’il en fait un singulier ou un pluriel. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baalim & Astaroth. Je crois que pour parler exactement, il faut le faire pluriel, & lui en donner l’article. Les Baalim, des Baalim, aux Baalim. Il est même mieux & plus élégant de dire, ôtez les Baalim, & les Astaroth, que de dire, ôtez Baalim & Astaroth, ou Baal & Astaroth. Voyez Vossius, de Idol. Lib. II, cap. 4, & dans d’Herbelot ce qu’en disent les Musulmans.

Baal, est aussi quelquefois un nom propre d’homme, comme l. Paral. VIII, 30, IX, 36. Et dans Josephe, Liv. III, contre Appion, un Roi de Tyr, successeur de Ithobal, ou Ethbaal, est appelé Baal, soit que ce fût un nom appellatif & général, comme celui de Pharaon, soit que ce fût son nom propre.

Baal, est aussi un nom de lieu au Liv. I, des Paralipomènes, ch. IV, v. 23, & v. 33. C’est le même que le Livre de Josué, ch. XV, 9, 10, 11 & XIX, 8, appelle Baalath, ou Baala. Ce lieu étoit aux confins de la Tribu de Siméon, du côté du midi. S. Jérôme l’appelle Ballath dans son Livre, de locis hebraicis.

☞ BAALA. Ancienne ville de la Palestine, dans la Tribu de Juda. Elle est autrement nommée Kirjathjearim, selon Reland, & Canathiarim, ou Cariath-Baal, ou simplement Baal, ou Baalim de Juda, selon D. Calmet. L’arche d’alliance y fut transportée lorsque les Philistins l’eurent rendue.

☞ BAALLATH. Ville de la Tribu de Dan, que Josephe nomme Baleth, près de Gazara.

Baalath. Ville d’abord de la Tribu de Juda, ensuite de la Tribu de Siméon, entre Azem, ou Azemon & Chazar-Sual.

☞ BAALAT-BEER. La même, à ce qu’on croit, que Ramath, sur les confins de la Tribu de Siméon.

BAAL-BERITH. s. m. Nom d’une Idole. Les Talmudistes prétendent que cette idole avoit une figure obscène. Ils se fondent sur la signification de son nom, qui veut dire maître de l’alliance, Dominus fœderis ; selon la remarque de Buxtorf, la Circoncision étoit la marque de l’alliance que Dieu avoit faite avec les hommes. Pfeiffer croit que Baal-Berith étoit le Dieu protecteur des traités & des alliances, tels à peu-près qu’étoit, selon Kippin, Jupiter vengeur des sermens violés, ζεὺς ὅρκιος. Baal-Berith, selon Bochart, dans son Phaleg. Liv. II, ch. 17, p. 859, est l’idole, ou le Dieu de Berith, ou Beryte, patrie de Sanchoniathon. L’Ecriture en parle dans le Livre des Juges en deux endroits, 1° Jud. VIII, 27, où elle dit que Gédéon étant mort, les Israëlites prirent Baal-Berith pour Dieu, & au même Livre, IX, 2, où elle dit que les Sichémites donnèrent à Abimélech soixante pièces a argent qu’ils tirèrent du temple de Baal-Berith : & parce qu’on ne trouve Baal-Berith en aucun endroit, Bochart conjecture que cette idolâtrie se communiqua aux Israëlites par le commerce fréquent qu’eut Gédéon avec quelque Bérytien considérable, ou de quelque alliance ou traité fait avec lui. Il y a cependant une difficulté, c’est que le nom de la ville de Béryte vient comme nous le disons, à sa place, de l’hébreu בארות qui signifie des puits, & très-différent de ברית, berith, que l’Ecriture met toujours à Baal-Berith, & qui signifie, traité, alliance, confédération, fœdus ; mais cela ne l’arrête point. Autre conjecture : Nonnius appelle la ville de Bérith, Beroé, & dit que ce nom lui fut donné en l’honneur de Beroé fille de Venus & d’Adonis, ou, selon d’autres, de Thétis & de l’Océan. De-là Bochart infère au même endroit que Béroé est la même que Bérith ; que Baal par conséquent, dans Baal-Berith, est féminin ; mais que cela n’est point extraordinaire, & que les Septante le font souvent de ce genre, comme I, Sam. XVII, 4. Jer. II, 28, XI, 13, XIX, 5, XXXII, 35. Os. II, 8. Sophon. II, 4, & S. Paul Rom. II, 4. Seldenus a remarqué la même chose dans son Traité des Dieux de Syrie, Synt. II. Ainsi, selon Bochart, Baal-Berith est une Déesse, & non pas un Dieu. Il confirme ce sentiment par Sanchoniathon, qui parle d’un Elioun, c’est-à-dire, Très-haut, & d’une femme nommée Beruth, qui demeuroient à Byblos, qui étoit entre Berite & Sydon. Pour ce qui est du Liv. des Juges qui, ch. VIII, v. 27, dit que les enfans d’Israël prirent Baal-Berith pour Dieu ראלחים, il répond que les Hébreux ne connoissant point de sexe entre les Dieux, ils ont dû parler ainsi. Quoiqu’il en soit, il ne satisfait point sur la différence de בארות, Bérite, & בריתdans Baal-Berith ; & il est plus probable que Baal-Berith étoit un Dieu des Phéniciens, ou des Syriens, ainsi nommé, parce qu’ils croyoient qu’il présidoit aux traités & aux alliances ; Baal-Berith, Dieu du traité ou de l’alliance.

D’autres veulent que ce soit un nom de lieu, ou de montagne, dans la tribu d’Ephraïm, non loin de Sichem, où les Israëlites bâtirent un temple à Baal,& où, selon d’autres, ils firent alliance avec Baal, d’où vient le nom du lieu. En ce cas Baal-Berith signifieroit Alliance de Baal ; métathèse qui n’est point du génie des langues hébraïque, syriaque ni phénicienne.

BAAL-GAD. s. m. Selon quelques Auteurs c’est une idole des Syriens, & ce nom est composé de Baal, Seigneur, ou Dieu ; & de Gad, fortune, comme qui diroit Dieu de la fortune. Ils prétendent que l’on a dit aussi Bagal, ou Begal, noms qui signifient, disent-ils, bonne fortune. Dans l’Allemagne, ajoutent-ils, les Juifs ont coutume de mettre au-dessus de la porte de leur maison Ba-gad, ou Mazaltob, c’est-à-dire, bonne fortune, ou bon génie, pour attirer, ce semble, la prospérité dans leur famille. Il en est parlé dans Josué XI, 17, XII, 7, XIII, 5, & c’est un nom de lieu qui étoit dans la plaine du Liban, au pied du mont Hermon. Quelques Interprètes grecs l’ont appelé Baelgad, & Galgal, & Baegga, ou Balgad ; mais tous le prennent pour un nom de lieu. Il pourroit avoir été ainsi nommé, à cause de quelque idole qui y étoit adorée.

Quant à ce qui est de Bagad, ou Begad, que ces Auteurs disent avoir été la même chose que Baal-gad, ce mot ne se trouve qu’une seule fois dans l’Ecriture, Gen. XXX, 10, où l’Auteur sacré rapporte ce que Zelpha dit en mettant Gad au monde, & ce qui le fit nommer Gad, בגד. Ce mot hébreu ne peut avoir que deux étymologies. Ou il est formé du verbe בא, venit, & du nom גד, qu’on interprete felicitas, fortuna, & qu’Aquila, qui suit ce sentiment, a tourné ζῶσις ; ou bien il est composé de la préposition ב, in, & du même mot Gad. De quelque manière qu’on le prenne, c’est une manière de parler adverbiale, que la Vulgate a très-bien rendue par feliciter, prosperè. Est-il vraisemblable que Zelpha ait reclamé, ou remercié une idole, & que quand elle l’eût fait, c’eût été de ce nom d’Idole qu’on eût pris celui de son fils ? La coutume des Juifs d’Allemagne est une preuve que ce n’est point un nom d’idole ; jamais ils ne furent plus éloignés de l’idolâtrie qu’ils le sont. Voyez Kirker, Tom. I, Synt. IV, cap. 8, Selden, de Diis Syriis Synt. I, cap. 1.

☞ BAAL-HAZOR, selon la Vulgate, BAAL-CHATZOR, selon l’hébreu. Ville de la tribu d’Ephraïm où Absalon avoit ses troupeaux. M. le Clerc n’en fait qu’un village.

☞ BAAL-HERMON. ville de la Terre Sainte, au-delà du Jourdain, au nord de la tribu de Manassé.

BAALIS. Voyez Baaltis.

BAALITE. s. m. & f. Celui ou celle qui reconnoît Baal pour Dieu, & lui rend un culte religieux. Baalis cultor. Quelques nouveaux Auteurs ont forgé ce nom pour le donner aux Israëlites qui adoroient Baal. Achab & Jézabel étoient l’un & l’autre baalites. C’étoient des baalites que ces Prophètes qu’Elie fit mettre en pièces, après que par le miracle du feu du ciel qu’il fit descendre sur son sacrifice, il les eut convaincus que Baal n’étoit qu’une idole & un faux Dieu. 3 des Rois, XVIII, 40. C’est Philastrius qui a fait ce nom de baalite ; il dit aussi bélite, belita, parce qu’il croit que les baalites descendent de Bélus. Il dit que Belus est ou nom propre, ou nom qui fut donné à ce Prince pour sa valeur dans la guerre, à fortitudine belli. Il écrit baalites. Il dit qu’ils adoroient les idoles dans des cavernes souterraines, & il distingue encore une autre secte d’hérétiques parmi les Juifs qui adoroient l’idole Baal, ou le faux Prophète Balaam. Ce sont autant d’erreurs. Au reste les baalites étoient plutôt idolâtres qu’hérétiques.

☞ BAAL-MÉON. Ville de la tribu de Ruben, qui fut prise par les Moabites : la même, à ce qu’on croit, que Beth Baal-Méon.

☞ BAAL-PHARASIM, ou BAAL-PERATZIM. Lieu de la Palestine, dans la tribu de Juda. C’est là que David mit en fuite les Philistins.

BAAL-PÉOR. s. m. Dieu qu’adoroient les Arabes, sur la montagne de Péor. On croit que c’est le Priape des Grecs. Voyez Baalphégor qui suit.

BAALPHÉGOR, ou BAALPÉOR. s. m. Idole des Ammonites & des Moabites. Selon S. Jean Chrysostôme il fut nommé du nom du lieu où il étoit adoré. Phégor, ou Péor avec un ע, aïn. S. Basile, S. Jean Chrysostôme, Théodoret disent que Baalphégor est le même que Saturne. D’autres en font le Soleil, Jupiter, ou Bacchus. Selon le P. Kirker, c’est le Priape des Grecs, divinité impure, que le Baal Atuch interprète פעור פה, Peorpe, c’est-à dire, selon le P. Kirker, os nuditatis ; de-là à ce qu’il prétend, s’est formé le nom Priape, qui n’est point grec. Origène & S. Jérôme conviennent que c’étoit une idole infâme, & S. Jérôme dit sur Osée, ch. IX, qu’on peut l’appeler Priape. Les Rabbins sont du même sentiment. Quelques-uns néanmoins, comme Salomon Jarchi & Maimonides, trouvent à ce nom une origine plutôt ridicule & impertinente, qu’elle n’est obscène. D’autres croient que son nom Péor lui vient de ce que cette idole avoit la bouche ouverte, ou béante. Certainement פעור פה, Péorpé, signifie apertum os, ou apertura oris, & non pas os nuditatis. Selden, De Diis Syriis Synt. I, c. 5, croit plutôt, avec S. Chrysostôme & Théodoret sur le Pseaume CV, v. 28, que c’est Baal, surnommé Péor, du nom de la montagne où il étoit adoré. Voyez Origène, hom. XX, sur les Nombres ; S. Jérôme sur Osée, ch. IV, & ch. IX. Maimonide More Nevokim. P. III, ch. 46. Jarchi sur les Nombres XXV, 3. Philon, Liv. des noms changés ; Selden De Diis Syr. Synt. I, c. 5, & Vossius De idol. Lib. II, cap. 7.

BAALSEMEN. s. m. Nom Carthaginois, ou Punique, & Phénicien, dont parlent Philo Biblius & Eusèbe. Le P. Kirker, Œdip. Ægypt. T. I, p. 263, prétend que c’est Nemrod, qui fut ainsi appelé, parce qu’il étoit grand Astronome. Baal signifie Dominus, Seigneur, Maître ; & Semen ou Samain, les Cieux. Ce qui fait un nom très-convenable à un habile Astronome. Vossius, De idol. Lib. II, C. 4, croit que c’est le Soleil, & le même que les Juifs appeloient Beelzebub.

☞ BAAL-THAMAR. Lieu de la Palestine où les Israëlites combattirent contre les Benjaminites. C’est aussi dans cet endroit que toutes les tribus s’assemblerent pour venger l’outrage fait à la femme d’un Lévite de la tribu d’Ephraïm.

BAALTIS, ou BAALIS. s. f. Divinité païenne. Baaldis, Baaltis. C’étoit une Déesse des Phéniciens, appelée autrement Beltis. Hésychius au mot Βηλϐῆς, dit que c’est, ou Junon, ou Venus. Eusèbe écrit Βήλτις, & l’appelle Reine ; d’autres disent que c’est la même que Diane, Venus, la Lune. Sanchoniathon dans Eusèbe, Liv. I, les distingue, & dit qu’Astharte & Baaltis sont sœurs, que la première est Venus, & l’autre Diane, que l’on prend pour Lucifer ; Sanchoniathon ajoute que Baaltis fut femme de Saturne, aussi-bien qu’Astharte, & qu’elle n’eut de lui que des filles. Voyez Kirker, T. I Œdip. Æg. p. 319, & Vossius, De Idol. Lib. II, cap. 21. Elle étoit honorée à Byblos, car Eusèbe dit que Saturne lui avoit donné cette ville.

BAANITE. s. m. & f. Baanita. Hérétique Sectateur de Baanes ; car c’est de ce Chef de leur hérésie que les Baanites prirent leur nom. Il parut au commencement du IXe siècle, & se disant disciple d’Epaphrodite, il fit une secte particulière de Manichéens. Pierre de Sicile en parle dans son Hist. du Manichéisme renaissant, & Baronius à l’an 810.

☞ BAAR. Landgraviat d’Allemagne, dans la Suabe, dans la principauté de Furstemberg. C’est l’ancien patrimoine de cette maison.

BAARRAS. s. m. Plante fabuleuse, dont parle Josephe, qui a une couleur de feu, étincelante comme une étoile, qui fuit sous terre, & qu’on ne peut arrêter qu’en l’arrosant d’urine de femme, ou de son flux menstruel. Elle fait mourir quiconque la touche : desorte que pour l’arracher on la déchausse tout à l’entour, & on y attache un chien qui meurt en l’arrachant, après quoi on la peut manier sans danger.

Baarras, est aussi le nom du lieu où cette plante croissoit. Ce lieu n’est point sur le mont Liban, comme on l’a dit dans le Moreri, mais dans une vallée. Josephe, de la guerre des Juifs, L. VII, c. 23.

BAAT en siamois, en chinois Tital. s. m. Poids tout ensemble & monnoie, qui ont cours, & dont on se sert dans ces deux Royaumes. Le Baat pèse environ demi-once, & vaut à-peu-près cinquante sous de France.

BAB.

☞ BABA. Fameux imposteur Turcoman de nation, qui parut dans le Musulmanisme dans la ville d’Amasie l’an 658 de l’hégire. Il avoit un disciple aussi fourbe que lui, nommé Isaac, qui faisoit faire à ses sectateurs cette profession de toi : il n’y a qu’un seul Dieu, & Baba est son envoyé. Les Musulmans indignés de ce que Baba dégradoit ainsi leur Prophète, se joignirent aux Francs qu’ils appelèrent à leur secours, & poursuivirent si vivement Baba, qu’il fut entièrement défait avec l’armée qui le suivoit, & sa secte dissipée l’an de J. C. 1240 Benschohna cité par Mor.

☞ BABA. Ville de la Turquie en Europe, dans la basse Bulgarie, avec un port sur la mer Noire. Balba, Baba.

BABAU, est je ne fais quel fantôme imaginaire, dont les nourrices de Languedoc & pays voisins se servent pour faire peur aux petits enfants, ou aux timides & imbécilles. Larva umbratilis. On appelle Babau généralement tout ce dont on fait peur, sans jamais pourtant faire de mal… c’est ainsi que l’explique le Sr de la Peyre dans son Anti-Babau, qui, selon lui, ne veut dire autre chose que chasse-frayeur. Baillet. Panurge lui fit le babau, en signe de dérision, dit Rabelais. Ce que M. Duchat interprète par grimaces de singe, en citant un passage, où une nourrice menace son enfant de la baboue & du marmot.

BABÉE, BABET. s. f. Nom populaire, que l’on donne aux jeunes filles qui se nomment Elisabeth. Elisabetha. C’est un diminutif de ce nom.

BABEL. Nom qui fut donné à la ville & à la tour que les hommes bâtirent dans une plaine nommée Sinar, ou Sennaar, quelque temps après le déluge, avant que de se séparer pour peupler la terre. Voyez dans la Génèse, chap. XI, v. 1 & suiv. Ce nom est purement hébreu, composé de ב b, preposition qui signifie, in, dans, & de בל, bal, confusion, de sorte que Babel, est la même chose que dans la confusion ; ou bien de בא, ba, verbe, qui signifie venir, & de בל, bal, confusion ; de בלל, balal, confondre ; desorte que בבל, Babel, signifie, la confusion vient, ou est venue. En effet, ce nom lui fut donné, ainsi que l’Ecriture le témoigne, parce que Dieu confondit là le langage des hommes, pour confondre leurs desseins. La confusion des langues arrivée à la tour de Babel vint premièrement de l’orgueil, & de la foiblesse des hommes, &c. Bossuet. La ville de Babel fut la capitale de l’Empire qu’établit Nemrod, à-peu-près dans le même temps. C’est celle qui dans la suite fut nommée Babylone par les Grecs. Voyez Babilone. On dit qu’il y a encore dans une plaine à quelques milles de Bagdad des restes de la tour de Babel. C’est une colline qui a environ 1150, ou, selon d’autres, trois mille pas de tour, dont la matière composée de terre, & d’une espèce de ciment mêlé de bitume, est devenue si dure, qu’on ne peut qu’à grand’peine en rompre un petit morceau. Voyez le Voyage de le Blanc, Liv. I, chap. 5.

Le P. Kirker a fait un ouvrage latin, intitulé la Tour de Babel, où il a fait graver la figure de ces restes, vrais ou prétendus de la tour de Babel, Liv. II, p. 92 & suiv.

Parce que la tour de Babel étoit forte haute, & que ceux qui la bâtirent vouloient l’élever jusqu’au ciel le peuple dit quelquefois d’une chose bien grande, ou bien haute, qu’elle est grande ou haute comme la tour de Babel. Cela n’est que du discours familier & populaire. ☞ On dit encore pour signifier une grande confusion d’opinions & de discours, cette assemblée est la tour de Babel. Acad. Fr.

Babel. s. m. Nom propre d’homme, corrompu du nom Babylas. On dit Baible. Voyez Babylas.

☞ BABEL-MANDEL. Babelmandelia insula. Île d’Afrique, au milieu du détroit de la mer rouge, où elle se joint à l’Océan. Elle a donné son nom au détroit de Babel-mandel. Babel-mandelium fretum.

☞ BABENHAUSEN. Bourg d’Allemagne, dans la Suabe, sur la rivière de Guntz.

Babenhausen, Bobenhausen, ou Bebenhausen, suivant différens Géographes. Bourg d’Allemagne, dans la Suabe, à deux lieues de Tubinge, dans le duché de Wirtemberg.

BABETTE. s. f. Terme de Danse. La babette est une danse de ville. Danser la babette. Les chassés sont usités dans la mariée, l’allemande, la babette & plusieurs autres. Rameau.

☞ BABEURRE. s. f. C’est ainsi qu’on appelle en termes d’économie rustique, la liqueur séreuse que laisse le lait, quand la partie grasse est convertie en beurre. Lac ex butyro residuum. C’est une boisson rafraîchissante.

BABIA. s. f. Babia. Déesse révérée en Syrie, & sur-tout à Damas. Photius rapporte dans sa bibliothèque, cod. 242, que les Syriens, & principalement ceux de Damas, appeloient les petits enfans en maillot babia ; il ajoute qu’ils donnoient même ce nom aux jeunes enfans qui avoient déjà quelque âge, & que ce nom étoit pris de celui de la Déesse Babia, qu’ils honoroient. De-là Seldenus, dans son Liv. sur les Dieux des Syriens, Synt. II, cap. 4, conjecture que chez les Syriens, Babia étoit la Déesse de la jeunesse. Quelques exemplaires grecs de Photius la nomment Βαϐαια, au lieu de Βαϐια.

BABICHE. s. f. Terme populaire & enfantin. Nom que l’on donne quelquefois aux petites filles qu’on appelle babée ou babet, qui est un diminutif de ce diminutif. Voyez Babée.

Babiche. s. f. Petite chienne. Catella, canicula. Vous perdez pour babiche des pleurs qui suffiroient pour racheter un Roi. Voit. C’est une espèce de nom propre que l’on donne à ces petits animaux.

BABIL. s. m. Abondance de paroles superflues : superfluité excessive de paroles. Multiloquium, garrulitas, loquacitas. Les femmes & les vieillards ont toujours trop de babil. ☞ Il nous étourdit par son babil. On dit d’un homme qui parle beaucoup, & qui n’a point d’esprit, qu’il n’a que du babil.

Dans le fond de ce monument
Une Dame est ensevelie,
Qui tant qu’elle eut un jour de vie,
Ne put se taire un seul moment :
Elle parlait à toute outrance,
Sa langue alloit comme un torrent ;
Et son babil étoit plus grand
Que n’est à présent son silence.

Imprudence, babil & sotte vanité,
Et vaine curiosité,
Ont ensemble étroit parentage :
Ce sont enfans tous d’un lignage.

La Fontaine.

Nicot dérive ce mot de babel, où se fit la confusion des langues. Ménage veut qu’il vienne de bambinare, qui a été fait de bambino, italien, diminutif de bambo, lequel est dérivé du syriac babion, qui signifie enfant, d’où on a fait aussi babiole & bimbelots, signifiant des poupées.

BABILLARD, ARDE. adj. & s. Qui parle beaucoup. Multiloquus, garrulus, loquax. C’est un franc babillard. Mol. Si un babillard écoute un peu, ce n’est que comme un reflux de babil qui prend haleine pour rebabiller puis après encore davantage. Amiot.

Tant que Barbiers seront au monde,
De barbiers babillards le monde aura foison ;
En babil indiscret cette race est féconde,
Et l’on n’en sait pas au juste la raison,
Suffit que le métier en exemples abonde.

☞ Il est plus ordinairement substantif. C’est un franc babillard.

Il se dit aussi d’un indiscret, qui ne sauroit garder un secret, qui répète tout ce qu’il a oui dire.

On appelle en terme de Chasse, un chien babillard, lorsqu’il crie par ardeur, ou lorsqu’il est hors des voies.

BABILLER, v. n. Parler sans cesse, & ne dire que des bagatelles, & des choses inutiles. Garrire.

C’est véritablement la tour de Babylone,
Car chacun y babille & tout du long de l’aune.

Molière.


J’irai pourtant bientôt voir quelqu’autre personne,
Car j’aime à babiller presqu’autant qu’une None.

Sanlecq.

On dit, qu’un homme ne fait que babiller, lorsqu’il parle & promet beaucoup, & qu’il n’exécute rien ; qu’il ne dit rien de solide, qui puisse terminer une affaire. Au reste, les mots de babillard & de babiller ne sont en usage que dans le style familier & comique.

On se sert encore de ce verbe pour exprimer la manière de crier de la corneille ; la corneille babille. ☞ On le dit aussi du chien qui donne de la voix. Ce limier babille trop. Il faut lui ôter le babil.

BABILLOIRE. Voyez Caquetoire. Babilloire ne se dit guère, ou point du tout. ☞ Il est tout-à-fait bas & digne de la place maubert. Caquetoire n’est pas plus noble.

☞ BABIN, terre en Pologne, dont le nom donna lieu à une badinerie qui divertit & réforma la cour de Sigismond Auguste. Le rapport qu’il y a entre ce nom & le mot baba, qui signifie vieille, donna lieu d’imaginer une république de Babin. Babinensis respublica. Ce lieu qu’on avoit négligé & laissé aller en décadence, donnoit souvent à rire aux passans, à cause de son nom. Les plaisanteries qu’on faisoit du lieu & du Seigneur à qui il appartenoit, firent naître la pensée d’en faire la capitale d’une république ridicule, qui ne subsistoit qu’en idée. On la forma sur le modèle de celle de Pologne, & on y établit les mêmes charges & les mêmes dignités. Si quelqu’un parloit de religion à contre-temps, on le créoit sur le champ Archevêque ou Evêque de Babin. Avoit-il parlé de les exploits militaires ou de jurisprudence ? On le faisoit Général ou Chancelier de la république de Babin. Les patentes en étoient expédiées en forme, & c’étoit un nouveau ridicule de les refuser. Ce badinage alla si loin, que le Roi en entendit parler ; & se fit rendre compte des détails de cette république déjà très-nombreuse. Il s’avisa de demander si, à l’imitation de la république de Pologne, ils avoient élu un Roi. Un des Officiers de Babin, homme à bons mots, lui répondit : à Dieu ne plaise, Sire, que du vivant de V. M. nous songions à avoir un autre Roi que vous. Le Roi prit cette hardiesse en bonne part, & se mit à en rire le premier. Un des plus sages règlemens de cette république, c’est qu’il n’y avoit que les plaisanteries innocentes qui conduisissent aux honneurs. On en privoit ceux qui railloient grossièrement & avec outrage. Ce jeu, auquel tout le royaume prit plaisir, fit un effet merveilleux pour corriger le ridicule de quantité de particuliers, & servit à polir la nation Polonoise. Voyez dans les annales de Sarnitius, les détails particuliers cette république de fantaisie.

BABINE. s. f. Lèvre de certains animaux, comme guenons, chats & chiens, &c. Labium, babellum. Ce chat a trouvé quelque chose à manger, il se lèche les babines. Ce singe remue les babines.

Or l’animal glouton,
D’un endroit assez proche entendait la harangue,
Et tirant un grand pied de langue
Rouge encor du sang d’un mouton,
S’en lécha la babine, & dit tout bas, bon bon.

Babine, se dit improprement & bassement de l’homme en ces phrases proverbiales. Il s’est donné de son bien par les babines. Il faut qu’il s’en torche les babines ; pour dire, qu’il n’en tâtera pas.

On dit aussi, d’un hypocrite, qu’il remue bien les babines ; quand il ne prie Dieu que des lèvres.

BABIOLE. s. f. Jouet des enfans. Crepundia. On amuse les enfans avec toutes sortes de babioles. On le dit figurément des choses puériles & de peu de valeur. Louis XI portoit ordinairement un chapeau de méchant drap, tout chargé de graisse & de babioles. Mascur. Ce livre n’a rien de solide, il n’y a que des choses puériles, des babioles.

Du Cange le dérive de baubella, mot de la basse latinité, qui signifioit petit joyau. Les Italiens appellent des poupées, bambale.

☞ BABOLZA, BABOLITZA, BABOLEZA & BABOLEHA. Ville de la basse Hongrie, dans le Comté de Sighet, sur le bord oriental de la Rynnia. Quelques-uns la prennent pour l’ancienne Mansuetinum, ou Pons Mansuetinus.

BABORD, & BAS-BORD. Terme de Marine. C’est le côté gauche du navire, quand on va de la poupe à la proue. Latus sinistrum. Bâbord est opposé à Stribord.

☞ On divise l’équipage d’un vaisseau en deux quarts qui servent alternativement, & on les distingue communément l’un quart de bâbord & l’autre quart de stribord.

☞ BABORDES, ou BASBORDES & BASBOURDIS. On nomme ainsi les hommes de l’équipage qui font le quart à bâbord.

BABOUCHE. s. f. Soulier des Turcs. Calceus Turcicus. Solea deposititia. Quelques autres peuples orientaux s’en servent aussi, comme les Siamois, ou plutôt on donne aussi ce nom à leurs souliers. Ils sont pointus, sans quartier ni talon. Ils les quittent aux portes, chez autrui & chez eux-mêmes, pour ne pas salir les lieux où ils entrent.

Ce mot vient, selon M. Huet, du Persan papos, qui signifie la même chose. D’autres prétendent que c’est un mot turc.

Babouche. Sorte de pantoufle ou de mule de chambre, qui a un quartier de derrière, faite de cuir du levant, & qui est venue d’abord du levant. Des babouches jaunes, une paire de babouches. Acad. Fr. Le roi d’Yémen avoit les jambes & les pieds nus, avec des babouches à la turque. IIe Voyage de l’Arab. Heur. p. 245.

BABOUIN. s. m. Gros singe. Simius. Il y a des babouins à longue queue & des babouins à courte queue. Rabelais cite un livre burlesque de Marmoretus, de Babouinis & Singis.

Babouin, signifie aussi un marmouset, ou figure ridicule barbouillée sur la muraille d’un corps de garde pour la faire baiser aux soldats qui ont fait une faute légère. Imago ridiculum in modum efformata. On dit figurément, faire baiser le babouin à quelqu’un ; pour dire, l’obliger à faire quelque soumission, quelque traité désavantageux malgré lui.

Babouin, ine. s. m. & f. Est aussi une injure qu’on dit aux jeunes enfans badins & étourdis. Pusiunculus. Vous êtes un petit babouin. Vous êtes une petite babouine. Pusiuncula. Ce terme est populaire.

Chorier le dérive de βαμϐαίνων, qui bégaye & ne peut s’expliquer que confusément.

Babouin, ine. adj. Marot a employé ce mot pour couard, lâche.

Si couard & si babouin.
De n’oser parler que de loin.

BABOUINER. v. n. Badiner, faire des singeries, niaiser, s’amuser à des bagatelles, jouer comme les enfans. Scurriliter jocari. Ce mot est du style bas. Il se trouve dans le Dict. Com. & dans Corgrave.

☞ BABUCO. Petite ville d’Italie, dans la campagne de Rome. Quelques-uns croient que c’est la Bovile de Tite-Live. Cluvier n’est pas de ce sentiment.

☞ BABUL. Grande ville des Indes orientales, dans une Ile du fleuve indus. Pattala.

BABYLAS. s. m. Nom d’homme. Babylas. S. Babylas dit quelquefois par corruption S. Babel & S. Baible, l’un des plus grands modèles que l’Église ait proposés à les Ministres pour la fermeté sacerdotale, fut mis sur le siège d’Antioche vers le commencement du règne de Gordien, & sur le douzième des Pasteurs de cette célèbre Eglise depuis S. Pierre. Baill.

BABYLONE. Babylon. Ville célèbre de l’Orient, située sur l’Euphrate, au-dessus de l’endroit où il se joint au Tigre. L’Ecriture, dans la langue originale, appelle toujours Babylone Babel, ce qui montre que c’est la même ville, & que le nom de Babylone s’est formé de Babel. Babylone est la capitale du plus ancien empire du monde. Cette ville fut beaucoup augmentée & embellie dans la suite par les successeurs de Nemrod, qui en fut le premier Roi. La plus ancienne description que nous en ayons, après ce que l’Ecriture en dit en divers endroits, est celle qu’Hérodote en a faite dans son premier livre. L’enceinte de Babylone étoit de 480 stades : elle étoit carrée, & elle avoit sur chaque côté 120 stades. Cela fait vingt lieues de tour. Quelques Auteurs ne lui donnent que 365 stades, & d’autres 385. Ceux qui lui en donnent le moins en mettent 360, c’est 15 lieues de tour. Tous les Anciens sans exception, disent que les murailles de Babylone étoient de brique. Voyez Hérodote, Liv. I, p. 81. Diodore de Sicile, Liv. II. Dion dans Trajan ; Justin, Liv. I, chap. 2. Q. Curce, Liv. V, chap. 1. Aristophane dans la Comédie des oiseaux ; Théocrite, Idyl. 16 ; Ovid. Met. Liv. IV, v. 58. Properce, Liv. III. Eleg. X, v. 21. Lucain, Liv. VI, v. 50. Mart. Liv. IX, epig. 77. Juven. Sat. X, v. 171. D’Herbelot, Bibl. Orient.

Que maintenant le Parthe, ou que l’Histoire antique,
Nous vante Babylone & ses remparts de brique.

Bréb.

Ses murs étoient si larges, que des chars à quatre chevaux y pouvoient passer de front sans s’incommoder. Ils avoient deux cens pieds de haut, & 32, ou selon d’autres, 50 pieds de large par en haut. Ses murailles étoient Hanquées de 250 ou 500 grosses tours qui avoient 50 coudées de hauteur.

Plusieurs Anciens disent qu’elle fut bâtie par Sémiramis, & d’autres par Belus. D’autres prétendent que ce ne fut pas Belus, mais Babylon son fils, de qui elle prit son nom. Ce sont des fables ; nous avons un témoignage plus sûr que tout cela dans ce que nous en dit l’Ecriture. Voyez Babel. Sémiramis accrut & embellit beaucoup Babylone. Les jardins qu’elle y éleva en terrasse sur des voûtes ou plates-formes de pierres énormes, passoient pour une merveille du monde. L’Euphrate passoit au milieu de la ville. Hérodote nous parle du pont que Nitocris y bâtit, comme d’une autre merveille. C’étoient de gros piliers de pierres liées ensemble par des barres de fer cramponées avec du plomb : sur ces piliers portoient des poutres & des planches : il avoit 625 pieds de long, & 30 de large. Babylone avoit cent portes d’airain, & un temple de Belus très-magnifique. Hérodote donne huit étages à la tour de Babylone. On dit qu’elle étoit haute de 416 coudées, & qu’elle avoit au rez de chaussée quatre ou cinq mille cent soixante pas de circuit. Cette ville fut d’abord la capitale de l’Empire Babylonien. Les Assyriens dans la suite réunirent les deux Empires, dont elle fut encore la capitale. Les Perses s’en rendirent maîtres sous la conduite de Cyrus ; Alexandre la prit, & enfin elle a été détruite, de sorte que selon les oracles des Prophètes, il ne reste plus rien de tant d’ouvrages si superbes, & on a même de la peine à trouver l’endroit où fut Babylone.

On a vu Babylone, après un sort si beau,
De tous ses habitans devenir le tombeau.

P. Chomel, Jés.

Car ce n’est point Bagdad, comme on le dit ordinairement. Séleucus Nicanor ayant bâti Séleucie sur le Tigre, à 300 stades de Babylone, Babylone déjà beaucoup diminuée par la négligence des Macédoniens, devint déserte & périt insensiblement. Séleucie fut appelée Babylone : & comme Bagdad est au même lieu que Séleucie, ou n’en est pas loin, Bochard a cru que c’étoit là ce qui avoit fait qu’on l’a prise pour Babylone. Les étoffes, les tapis, les broderies de Babylone, sont fort vantés dans l’antiquité, sur-tout par les Poètes.

On prétend que c’est dans Babylone que l’idolâtrie prit naissance. Les Israëlites du Royaume de Juda, c’est-à-dire, les deux Tribus de Juda & de Benjamin, furent emmenées captives en Babylone par Nabuchodonosor. C’est ce qu’on appelle la captivité de Babylone, qui dura 70 ans, jusqu’à la première année du règne de Cyrus à Babylone.

Babylone, est prise dans l’écriture pour un lieu de désordre & de crime. C’est de-là que nous disons aussi en françois dans le même sens, c’est une Babylone ; pour dire en général, un lieu plein de trouble, de désordre, de débauches, de crimes, de confusion.

En termes de spiritualité on appelle le monde, une Babylone. Ainsi Madame de la Vallière, dans ses Réflexions sur la miséricorde de Dieu, dit : Ces réflexions que vous m’inspirez pour retirer mon esprit & mon cœur de cette confuse Babylone, ou de malheureuses passions dominent les personnes les plus heureuses.

Babylone. La ville capitale de l’Egypte a porté autrefois ce nom. Babylon. Grégoire de Tours, Lib. I, Hist. Franc, l’appelle Babylone, Babylonia. Quelques-uns croient que ce nom lui vint de ce qu’elle fut bâtie par des Babyloniens de la Babylone de Chaldée qui se retirèrent là, & la bâtirent après les malheurs & la destruction de leur patrie. Le P. Kirker veut que la Babylone d’Egypte soit Héliopolis, & que celle-ci soit la Ramefsès dont parle l’Ecriture. Si cela est, ce sont les Israëlites qui l’ont bâtie. Voyz Exod. Ch. I, 11. Le Chevalier Marsham prétend que Cambyse ayant ravagé l’Egypte, & détruit Héliopolis, cette ville se bâtit, ce qu’il prouve par Josephe, Antiq. Livre II, ch. 5. Les ruines de cette Babylone se voient encore non loin du Kaire. On dit cependant communément que c’est le Kaire même, & le P. Mabillon l’a dit, Act. SS. Bened. Sæc. VI, Part. I, pag. 374, aussi bien que le P. Ruinart, dans ses Notes sur Grégoire de Tours, pag. 12, comme on dit que Bagdad est la Babylone de Chaldée ; & nos Poètes sur-tout ne font nulle difficulté de dire Babylone pour le Kaire : mais des Savans devroient parler plus juste.

Il y a une monnoie d’or de Louis XII, qui représente d’un côté ce Prince, & de l’autre les armes de Naples & de Sicile, avec ce mot, dit M. Thou, Liv. I, pag. 8. Perdam Babylonis nomen. Cet Historien prétend que par le mot de Babylone, Louis XII vouloit désigner Rome, & que ce Prince fit battre cette monnoie pour l’opposer aux menaces de Jules II, avec lequel il fut toujours mal. Mais le P. Hardouin, qui a fait une Dissertation sur cette monnoie, prétend que par Babylonis nomen, il faut entendre l’Egypte & l’Empire du Turc en Egypte ; que Babylone est le nom d’un village qui est en Egypte assez près du Kaire, & sur les ruines de la Babylone dont nous venons de parler, & que cette monnoie fut fabriquée avant que Louis XII fût brouillé avec Jules II. Il est bon d’avertir en passant que ni M. de Thou, ni le P. Hardouin, n’ont exactement rapporté l’inscription dont il s’agit. J’ai vu cette monnoie d’or, & il y a Perdam Babillonis nomen, & non pas Babylonis. Ce peut être une ouverture pour une autre explication. Le Blanc, dans son Traité des monnaies, met un peu mieux Babilonis, mais il y a deux ll sur la monnoie d’or que j’ai vue. Il n’y a encore que les armes de France, & non celles de Naples, comme l’assure M. de Thou. Du côté de la tête l’inscription est, Ludo. Franc. Regniq. Nea. avec la tête de Louis XII, qui a une couronne rayonnée.

BABYLONIE. Babylonia. Pays d’Asie, dont Babylone étoit la capitale. Elle comprenoit la Chaldée, & la partie de la Mésopotamie, qui est la plus près du confluent de l’Euphrate & du Tigre ; d’autres disent la Chaldée, & une partie de l’ancienne Assyrie. Solin prétend que l’on comprenoit sous ce nom la Mésopotamie & l’Assyrie entière ; mais il s’est trompé. Méla distingue la Babylonie de la Mésopotamie, & de l’Adiabène, ou Assyrie. La Babylonie dans le commencement se terminoit à la jonction du Tigre & de l’Euphrate. La contrée qui est au-dessous de cette jonction jusqu’au golphe Persique, est appelée Iraque par les Géographes Arabes, du nom d’Erec, qui fut avec Babylone, & d’autres lieux, le commencement du Royaume de Nemrod. Erec étoit une ville située le long du lit commun du Tigre & de l’Euphrate au-dessous de la jonction. Ces deux villes donnèrent le nom à deux Provinces. La Babylonie s’étendoit jusqu’à la jonction des fleuves ; & la Province d’Erec, ou d’Iraque, s’étendoit le long du lit commun de ces deux fleuves, à droite & à gauche depuis leur jonction jusqu’à la mer : le temps a changé ces choses. L’Iraque a empiété sur la Babylonie, sur l’Assyrie & sur la Médie, & leur a fait porter son nom. La Babylonie de son côté s’est mise en possession de toute l’ancienne Province d’Iraque. Huet. Il paroît par ceci que les Auteurs du Moreri se sont trompés, quand ils ont dit Babylonienne, au lieu de Babylonie.

BABYLONIEN, ENNE, s m. & f. & adj. Babylonius, a. Qui est de Babylone, ou de Babylonie ; qui appartient à Babylone, ou à la Babylonie. Les Babyloniens ont été les premiers Astronomes, & les premiers idolâtres du monde. L’armée Babylonienne, les troupes Babyloniennes saccagèrent Jérusalem. Les Babyloniens étoient fort adonnés à l’Astrologie, d’où vient que Tertullien appelle Babylonien, un Mathématicien, ou faiseur d’horoscopes. On a dit aussi un Chaldéen, & les Chaldéens, pour un Astronome, les Mathématiciens.

Heures Babyloniennes. C’est un terme de Gnomonique que l’on voit sur quelques cadrans solaires. Les Babyloniens, les Persans & les Syriens, divisent le jour naturel en vingt-quatre heures, & les comptent depuis le lever du soleil, jusqu’au soleil levant du jour qui suit. Les heures ainsi comptées, & ainsi disposées sur un cadran, s’appellent en Gnomonique, Heures Babyloniennes, horæ Babyloniæ. Harris.

BAC.

BAC. s. m. Grand bateau plat, qui n’a ni poupe, ni proue, & qui est ouvert par le devant & le derrière, que l’on abaisse sur le rivage, pour y faire entrer les charrettes & les carrosses. Ponto. Passer le bac, c’est passer la rivière dans un bac. Les bacs tiennent ordinairement par des anneaux ou des pieux, à de grandes cordes attachées aux deux bords de la rivière, pour la traverser. Le droit de bac est un droit seigneurial qui s’afferme : ce qu’on appelle en quelque lieux Pontenage, ou Pontonage. Ce droit se leve sur ceux qui passent une rivière dans le bac, ou bateau du Seigneur, qui seul a le droit d’en avoir pour faire passer l’eau à ceux qui le souhaitent, ce qui s’appelle passer le port, & se dit tant de celui qui conduit le bateau, que de ceux qu’il conduit à l’autre bord. Ce droit s’afferme à un Batelier, qui seul en joüit, & qui s’appelle Pontonier.

Ménage dérive ce mot de barca, ou barcus. Mais il vient plutôt de bach allemand, qui signifie vaisseau & rivière ; ou bien de bacci, dont Arrian a usé pour un pont. Le P. Papebrok, Act. SS. April. T. i, p. 262, croit que bacon, qui se trouve dans la vie de S. Benezet, est un diminutif du françois bac, & de l’allemand bach, qui signifie un vase de bois ; & qu’il servoit peut-être autrefois à porter quelque chose sur les épaules. Du Cange a dit qu’on a usé du mot de baccus, & de bacus, pour signifier un bac de rivière, d’où on a fait aussi bacula, pour signifier un baquet. Isidore dit que les Latins l’appeloient linter ; & que c’étoit un bateau creusé d’une seule poutre. Selon le P. Pezron bac est un mot celtique, d’où est venu le grec βάκη, & notre mot bac.

Les Fontainiers appellent aussi bac un petit bassin de fontaine. Distus aquarius, concha, labrum.

Bac. Espèce de vaisseau, ou grand bacquet de bois, dont les Brasseurs de bière se servent pour y préparer les grains, le houblon, & les autres drogues qu’il faut faire germer, macérer & fermenter, avant que de les mettre cuire dans la chaudière.

☞ BAC à formes, dans les raffineries de sucre. C’est une grande auge de bois, dans laquelle on met les formes en trempe.

☞ BAC à chaux. C’est un grand bassin en massif de brique & de ciment, dans lequel on éteint la chaux dont on a besoin dans les clarifications. On appelle bac à sucre, plusieurs espaces séparés par des cloisons de planches dans lesquels on jette les matières triées & sorties des barrils. Encyc.

☞ BAÇA, ou BAZA. Ville d’Espagne dans le Royaume de Grenade, sur le bord méridional du Guadalentin, entre Guadix & Huescar. On croit que c’est l’ancienne Basti.

☞ BAÇAIM. Ville du Royaume de Visapour, sur la côte de Malabar. Long. 90, 40. Lat. 19.

☞ BACALA. Ville de la presqu’île de l’Inde, au-delà Du Gange, sur la côte du Golfe de Bengale, dans le Royaume d’Arracan.

☞ BACALAOS. Terre de l’Amérique méridionale découverte l’an 1507.

BACALAS. s. m. Terme de Marine. Pièces de bois de quatre pieds de longueur, qui se clouent sur la couverture de la poupe, & se continuent jusqu’aux cordelettes. Transtra postica.

BACALIAU. s. m. C’est ainsi qu’on appelle la morue séche en provençal. Le Bacaliau fait une partie des provisions des vaisseaux de guerre & de marchands.

BACAR, ou BAKAR, Royaume ou pays de l’Indoustan, le long du Gange, faisant partie des Etats du Grand Mogol.

BACA-SARAI, ou BACASERAI, ou BACIO-SARAI. Ville de la Tartarie, dans la Crimée, sur la rivière de Karbata, capitale & résidence ordinaire du Cham, ou Prince des Tartares.

☞ BACASERAI. Voyez Bacasarai.

BACASSAS. s. m. Bateau presque fait comme la Pirogue. Le bacassas a 40 à 45 pieds de long, sur 7 ou 8 de large. Il a le devant pointu comme la pirogue ; mais il a l’arrière plat & coupé en poupe, & cette poupe a ordinairement un miroir ou tutelle, comme les plus grands navires. Voyez Le P. Labat, T. II, p. 29.

BACAUDES. s. m. plur. Bacauda. Il est parlé des Bacaudes dans Salvien, dans Euménius, dans Eutrope, &c. Les Bacaudes étoient des paysans révoltés dans les Gaules, qui prirent le nom de Bacaudes ; ils couroient le pays, & commettoient mille excès. Dioclétien associa à l’Empire Maximilien, qui avoit rétabli la paix dans les Gaules en défaisant les Bacaudes. On les appelle aussi Bagaudes, & en latin Bagaudæ, Bacaudæ ; Baogaudæ, Bagoaudæ, Bagandæ, Vagandæ. Voyez Orosius, Salvien, Loensis, Lacerda. Voyez Bagaude. Je crois que Bagandæ & Bagandæ sont des fautes, & que l’on a pris un u pour une n.

BACCALAURÉAT. s. m. Baccalaureatus. C’est le premier des degrés qu’on obtient dans les Universités pour parvenir au Doctorat. Voyez Bachelier.

☞ BACCARAC, BACARACH, BACHARACH. Ville d’Allemagne, dans le bas Palatinat, sur le Rhin, autrefois résidence des Electeurs Palatins.

☞ BACCARAT. Ville de France, en Lorraine, dans le territoire de l’Evêché de Metz, sur la Meurte.

BACCHANALES. s. f. Bacchanalia. Prononcez Baccanales. C’étoit autrefois une fête de Bacchus chez les Païens. Les Athéniens la solemnisoient avec beaucoup d’appareil, & ils comptoient même les années par la célébration de cette fête avant qu’ils les comptassent par les Olympiades. Il s’y commettoit beaucoup d’excès. Maintenant c’est une réjouissance ou mascarade qu’on fait au carnaval, où on se couronne de lierre, & où on imite ces anciennes fêtes. Je hais ces repas où la joie ressemble à la fureur, & qui tiennent un peu de la fête des Bacchanales. M. Scud. On appelle aussi la fête des Bacchanales, Orgie, du mot grec ὀργή, qui signifie fureur & emportement ; par rapport à ce qui se passoit dans ces solemnités. Auprès de Vitellius on ne voyoit que désordre & qu’yvrognerie, & son armée ressembloit mieux à des Bachanales, qu’à un camp bien discipliné, Harlay.

L’Origine des Bacchanales vient des Egyptiens. Un certain Mélampus les apporta d’Egypte en Grèce, selon Diodore de Sicile, Liv. I de ses Antiq. ch. 2. Plutarque, dans son Livre d’Isiris & d’Osiris, fait aussi venir d’Egypte les Bacchanales. La Cérès des Grecs est selon lui l’Isis des Egyptiens, & leur Osiris est le Bacchus des Grecs. La forme & la disposition des Bacchanales dépendoit chez les Athéniens de l’Archonte, ou premier Magistrat, comme nous l’apprenons de Pollux, Liv. 8, chap. 9. Elle étoit simple dans les commencemens, mais elle se fit dans la suite avec tant d’apparat, & avec des cérémonies si infâmes, que les Romains, qui en eurent honte, la défendirent dans toute l’Italie. Les anciens Pères ont fort reproché aux Païens les désordres & les abominations des Bacchanales parmi les Grecs. Ces sortes de divertissemens si contraires à la pureté & à la modestie chrétienne, furent défendus dans les Conciles. Pierre Castellan a traité à fond de cette fête dans son Livre intitulé Eortologion, qui a été imprimé in-8°. à Anvers, & qui est postérieur à celui que Meursius a écrit sur la même matière.

On appelle aussi Bacchanales, des tableaux ou bas-reliefs qui nous restent de l’Antiquité, où ces fêtes sont figurées ; & ce sont d’ordinaire des danses & des nudités. On voit encore des Bacchanales dans plusieurs frises anciennes. Il n’y a tien de plus plaisant & de plus gracieux, que des Bacchanales peintes par le Poussin. Félib.

Bacchanale se dit quelquefois d’une débauche faite avec grand bruit. Liberior luxuriandi, vel compotandi licentia. Ils ont fait une bacchanale qui a duré toute la nuit. Il est du style familier. Acad. Fr.

BACCHANALISER. v. n. Liberiùs luxuriari vel compotare. Terme bas, qui signifie faire la débauche, se divertir, se rejoüir, se donner du bon temps, s’adonner à la joie & aux plaissrs. Dict. com. & Cotgrave.

BACCHANTE. s. f. Prononcez Baccante. Femme qui célébroit autrefois les fêtes de Bacchus. Baccha. C’étoit d’abord le nom des femmes qui suivoient Bacchus à la conquête des Indes, portant à la main un thyrse, c’est-à-dire, une petite lance couverte de lierre & de pampre, & chantant par-tout les victoires & les triomphes. Ensuite elles instituerent en l’honneur de Bacchus des fêtes qu’on appela Bacchanales. Ces Bacchantes, ou ces Prêtresses du dieu du vin, pendant la cérémonie, couroient vêtues de peaux de tigres, toutes échevelées, avec leur thyrse, & avec des torches & des flambeaux, criant comme des furieuses, & avec des hurlemens effroyables, evohe Evan, evohe Bacche. Ce furent les Bacchantes qui déchirèrent Orphée.

Bacchante, Bacchans. Se dit figurément d’une femme en fureur, emportée de colère, de rage, ou d’amour.

BACCHARIS. s. f. Plante qui est fort commune aux environs de Montpellier, d’où vient qu’on l’appelle Baccharis de Montpellier. En latin, Coniza major vulgaris. C’est une espère de Conise. Voyez Conise.

BACCHAS. s. f. Lie qui se trouve au fond des tonneaux où l’on a mis reposer le suc ou jus de citron.

☞ BACCHE. s. m. Terme de Poësie grecque & latine. Voyez Bacchique, c’est la même chose.

☞ BACCHILIONE, ou BACCHIGLIONE. Meduacus, ou Medocus minor. Rivière d’Italie, dans l’Etat de la République de Venise. Elle passe dans le Vicentin, où elle arrose Vicenze, passe dans le Padouan, & se rend dans le Golfe de Venise.

BACCHIONITES. s. m. Bacchionitæ. Paschase Radbert dit que c’étoient des Philosophes, qui méprisoient tellement toutes les choses du monde, qu’ils ne gardoient que des vaisseaux pour boire : il rapporte aussi qu’un d’entr’eux ayant vu quelqu’un qui bûvoit dans le creux de sa main, jeta comme une chose inutile la tasse dont il s’étoit servi jusqu’alors. Quelques-uns prétendent que ce Philosophe étoit Diogène. On appelle quelquefois les Bacchionites du nom de Baccroperites, Baccroperitæ.

BACCHIQUE, ou comme il faut prononcer BACQUIQUE, ou BACCHE. s. m. Bacchius. Terme de Poësie grecque & latine. C’est le nom d’un pied de vers, qui est composé d’une brève & de deux longues, comme egestas. Il se nommoit ainsi du nom du dieu Bacchus, parce qu’il entroit souvent dans les hymnes que l’on faisoit à son honneur. M. Harris dit que le Bacquique est le contraire du Dactyle, parce qu’en effet l’un est composé d’une longue & de deux brèves, & l’autre d’une brève & de deux longues.

BACCHUS. s. m. Dieu du Paganisme. Bacchus. Bacchus étoit fils de Jupiter & de Proserpine, selon une hymne attribuée à Orphée : mais selon Homère, dans l’hymne qu’il a faite à l’honneur de Bacchus, selon Hésiode, Théogon, v. 941, selon une autre hymne attribuée à Orphée, & selon le sentiment général des Poëtes, il étoit fils de Jupiter & de Sémélé. Les Poëtes disent qu’il naquit deux fois, & qu’il eut deux mères, parce que Sémélé, qui vouloir voir Jupiter avec tout l’appareil de la Divinité, ayant été consumée par la foudre, on tira de son sein l’enfant qu’elle portoit, & Jupiter se fit ouvrir la cuisse par un certain Sabazius, & y fit enfermer Bacchus, afin qu’il achevât de s’y former jusqu’à ce que les neuf mois qu’il devoit être dans le sein de la mère fussent accomplis, auquel temps il naquit une seconde fois. C’est le Dieu de la vigne & du vin chez les Païens. Il étoit invoqué par les débauchés, à cause qu’on le croyoit inventeur du vin. On dit du moins qu’il en apprit l’usage aux Indiens. On distingue plusieurs Bacchus. Un Arabique, que Vossius, de Idol. Lib. I, cap. 30, croit être Moyse. Un Bacchus Indien, que le même croit être Noé. Ib. cap. 25, 19. Un autre, Thébain surnommé Denys. Dionysius. Un quatrième Egyptien plus ancien que le Thébain, selon Vossius, Ib. cap. 19. Bacchus, au sentiment du même Auteur n’est autre chose que le Soleil, & Osiris, Liv. II, ch. 14. Voyez encore le même Auteur, Liv. III, ch. 70 & 71. Bacchus étoit pris par les Egyptiens pour la vertu, la sève & la substance de tous les arbres, plantes & fruits, selon Phurnutus & Plutarque, Liv. V. Sympos. Tristan, qui dans ses Comment. hist. a remarqué bien des choses curieuses touchant ce Dieu.

Bacchus a plusieurs noms différens chez les Poëtes Grecs & Latins. Les principaux sont Dionysius, Bromius, Liæus, Lenæus, Evan, Evius, Evoë, Iachus, Eleutherius, ou Liber. Les peuples de Lucanie l’appeloient Pantheus, tout Dieu. Ses Sacrificateurs le nommoient Phanaces. On l’a quelquefois appelé Phleo. On ne l’a représenté d’abord que sous la figure d’une pierre brute. Voyez Clem. Alex. Strom. Lib. I. Ensuite on le représenta sous la forme d’un jeune homme fort délicat & fort beau. On lui donne un char tiré par des tigres, ou des panthères, & un thyrse en main. Quelques-uns disent que Bacchus est l’Osiris des Egyptiens. D’autres veulent que ce soit Noé. D’autres Nemrod fils de Chus. Bochart tâche de le prouver dans son Phaleg. Liv. 1, ch. 2, parce que 1°. Bacchus est la même chose que בר כוש, Barchus, fils de Chus, de même que Darmesek est la même chose que Dammesek, Damas, 2°. Bacchus est le fils de Jupiter ; & Nemrod, s’il n’est pas fils, est au moins petit-fils de Cham, qu’il croit être Jupiter. 3°. On donne des Tigres à Bacchus, & on le revêt d’une peau de Tigre. Tigre en Chaldéen, c’est נמרה, Nimra, nom approchant de celui de Nemrod. 4°. D’autres l’habillent d’une peau de Chevreau, appelé en grec νεϐρὶς, Nebride, & pour cela ils l’appellent lui-même Νεϐράδης, Nebrod, sans savoir que c’est le nom que les Septante donnent à Nemrod. 5°. On l’appelle Ζαγρεὺς, c’est-à-dire, Chasseur fort & robuste, comme l’Ecriture dit de Nemrod. 6°. Bacchus étoit né dans l’Arabie en un lieu nommé Nysa. Nemrod, fils de Chus, étoit de l’Arabie. 7°. On le fait Dieu des vignes ; Nemrod étoit le premier Roi de Babylone, où il croît d’excellens vins. 8°. Les victoires de Bacchus dans les Indes sont celles de Nemrod & de ses Successeurs.

Quinte-Curce, Liv. VIII, ch. 10, croit que la fable des Poëtes qui disent que Bacchus sortit de la cuisse de Jupiter, vient d’une montagne des Indes, sur laquelle Bacchus avoit bâti une ville, nommée Nysa. Le nom de la montagne étoit Μηρὸς, qui signifie cuisse.

Quant au nom Bacchus, Bochart, comme nous avons dit, croit qu’il est formé de Bar-Chus, qui veut dire, en chaldéen, fils de Chus. D’autres pensent qu’il vient des Bacchantes, femmes furieuses qui le suivirent aux Indes. D’autres le tirent de βακχεύειν, qui signifie vociferari, crier, hurler. Heinsius ne doute point que ce ne soit là son étymologie, & qu’il ne soit dérivé de בכה, baccha, qui signifie la même chose en hébreu.

Quoi qu’on prononce le s final dans Bacchus, comme dans tous les mots latins en us, nos Poëtes le retranchent quelquefois, comme on fait dans les mots françois, & font rimer Bacchus avec jus, vaincus, plus, &c.

On appelle enfans de Bacchus, des ivrognes, de bons buveurs.

Bacchus, se prend aussi pour le vin, comme Cérès, pour le blé. On dit en ce sens, que l’Amour languit sans Bacchus & Cérès, Des-Houl. Sine Cerere & Baccho friget Venus. Ce proverbe est pris des Anciens ; on le trouve dans Cicéron.

On dit aussi, que Bacchus & Vénus vont de compagnie ; pour dire, que la débauche du vin mène à celle de l’amour.

Saint Amant a appelé du fromage pourri, du cotignac de Bacchus, parce qu’il fait boire.

Bacchus. C’est encore une espère de poisson qui ne diffère point du mulet. Castelli cité par James.

BACCIFÈRE. Terme de Botanique. adj. Baccifer. C’est l’épithète que l’on donne aux arbres & aux arbrisseaux qui portent des baies, comme à la brioine, au chèvrefeuille, au lis des vallées, à l’asperge, au brusc, à la morelle, au sceau de Salomon, & a plusieurs autres plantes. Dict. de James.

BACELLE. s. m. Vieux mot, qui selon E. Guichard, s’est dit en quelques pays, pour signifier une jeune fille, une jeune servante, ou pucelle. Virgo, puella. Ce mot, à ce que croit le même Auteur, est venu de l’hébreu בתולה, bethula, vierge, en changeant le ת en c, ou s ; car il écrit basselle. Il paroît que c’est de bacelle qu’est venu le diminutif Bachelette, dont nous parlerons au mot Bachelier.

BACELLER. Vieux verbe neutre, à ce qu’il paroît, qui vient de bacelle, jeune fille, & qui au témoignage de Guichard s’est dit en quelque pays, au lieu de faire l’amour. Il écrit basseler, mais il est mieux d’écrire bacelle & baceller.

☞ BACH. Petite ville de la basse Hongrie, sur le Danube, au Comté de Toln. Elle étoit autrefois épiscopale.

BACHA, ou BASSA. s. m. On peut dire l’un ou l’autre. Bouh. Mén. Bacha est le plus usité. Terme de Relation. C’est un Officier en Turquie, qui a le commandement dans une province, ou qui en a le gouvernement. Rector, Moderator, Provinciæ Præfectus. Le Bacha d’Alep, du Casse, de Bude. Les Bachas rendent au Grand-Seigneur, un compte exact & fidèle de ce qui s’est passé au Divan, & n’osent pas déguiser la vérité des choses devant le Prince qui peut en avoir été témoin. Duloir. p. 86.

On appelle aussi Bacha de la Mer, celui qu’on appelle en France Amiral, qui commande les forces maritimes du Grand-Seigneur. Talassiarchus Turcicus, Maris Præfectus.

☞ BACHA à deux, à trois queues. C’est ainsi qu’on désigne les personnes considérables ou officiers, qui font porter devant eux deux ou trois queues de cheval.

Ce mot Bacha, ou Bassa est turc & vient de נאש, qui signifie la tête, le commencement, le sommet, l’extrémité d’une chose, & par métaphore, le principal d’un Corps, le Chef, le Commandant, le Général. Les Turcs prononcent indifféremment Pascha, ou Bascha ; cependant Pascha se donne plus ordinairement aux Grands Officiers de la Porte, comme aux Beglierbeys, à l’Amiral, &c. & Bacha, à de bas Officiers d’armée, & quelquefois même à de simples Janissaires. Les Turcs écrivent souvent le mot Pascha avec une h à la fin, comme si c’étoit un mot abrégé de Padischah. D’Herb. Padischah, signifie, Roi, Monarque, Prince, Empereur. Une personne née en Turquie, qui a vécu long-temps, & qui sait très-bien la langue, m’assure que Bacha est un terme d’honnêteté qu’on donne à tout le monde, & que la différence de Pascha & de Bascha, est très-petite quant à la prononciation, & ne vient que de ce que l’on appuie quelquefois plus sur cette lettre. Selon l’étymologie il faut écrire Bascha, mais l’usage en France est pour Bacha, ou Bassa. D’autres disent que Bascha est la prononciation des Arabes ; que la véritable prononciation est celle des Turcs, qui disent Pascha ; qu’en effet il vient du Persan, Pai Schats, pied du Roi ; les Souverains, ou les Rois, ont le pied, c’est-à dire, qu’ils sont présens dans leurs Provinces par les Gouverneurs. Chez les Anciens Persans il y avoit un des principaux Officiers de la Cour qui s’appeloit l’œil du Roi, Βασιλέως ὀφθαλμός. Voyez les Comédies d’Aristophane. M. d’Herbelot, interprète Bacha, un homme de commandement ; & Meninski, Conseiller, Gouverneur de Province, Vice-Roi, Prince, Seigneur.

☞ BACHARA. Ville de la grande Tartarie, en Asie, dans l’Usbek ; la même que Bochara, ou Bokara, capitale du Royaume de même nom, dont Maty, Corneille, & ceux qui les ont copié, ont fait deux villes différentes.

☞ BACHAT. Ville de Perse, sur la mer Caspienne, dont parle Vincent le Blanc dans ses Voyages, la même que Baku. Voyez ce mot.

BACHE. s. f. Grande couverture faite de grosse toile, que les Rouliers & Voituriers mettent par-dessus leurs charrettes, avec du foin dessous, pour couvrir les marchandises dont elles sont chargées. On l’appelle aussi banne.

☞ BACHE. s. m. La même chose que bachot. Voyez ce mot.

Bache, en Hydraulique, signifie aussi un coffre, ou une cuvette de bois qui reçoit l’eau d’une pompe aspirante à une certaine hauteur, où elle est reprise par d’autres corps de pompe foulante qui l’élèvent davantage. Encyc.

BACHELARD. s. m. Nom qui en Dauphiné signifie un jeune amoureux. Amasius. Chorier le dérive de Βάκηλος, qui signifie un homme de grande taille, de peu de jugement, & fort enclin à l’amour ; mais il est plus vraisemblable que c’est la même chose que Bachelier, qui signifioit autrefois un jeune Cavalier ; ou qu’il en est formé.

Un Bachelard jeune c’étoit
Pris à franchise les ales. Rom. de la Rose.

BACHELETTE. s. f. Jeune fille à marier, & dont l’Amant s’appeloit autrefois Bachelier. Ce mot n’est en usage que lorsque, soit en vers, soit en prose, on veut imiter la naïveté de nos pères ; dans le style marotique.

Adonc, me dit la Bachelette,
Que votre coq cherche poulette. La Font.

Ces statues sont bien faites ; mais les bachelettes de notre pays sont mille fois plus avenantes. Rabelais. Voyez Bacelle.

BACHELIER. s. m. Celui qui a le degré de Baccalauréat. Baccalaureus. Bachelier en Théologie, en Médecine, en Droit Civil & Canon. La Glose sur le Concordat §. I, de Coll. appelle Bachelier formé, celui qui n’a point pris les degrés avant le temps, mais selon la forme des statuts, & après le temps d’étude qui est de dix ans. On appelle au contraire Bachelier courant, celui qui a pris les degrés avant que d’avoir achevé son temps d’étude. Aujourd’hui pour avoir les degrés de Bachelier en Théologie dans une Université, il faut cinq ans d’étude ; savoir, deux ans de Philosophie, & trois ans de Théologie.

Le mot Bachelier vient de Baccalaureus, & Martinius croit que ce mot latin peut venir de Baccalaura. Baccalaurus dici possit tanquam qui baccalaurâ donatur. Avant qu’il y eut des chaires de Théologie fondées, ceux qui avoient étudié en Théologie pendant six années, étoient admis à faire leur cours, d’où ils étoient appelés Bacheliers faisant cours, Baccalarii cursores : & comme il y avoit deux cours, dont le premier consistoit à expliquer la bible pendant trois années consécutives, & le second à expliquer pendant une année les sentences de Pierre Lombard, ceux qui faisoient leur cours de la bible étoient appelés Baccalarii Biblici, Bacheliers de la bible ; ceux qui faisoient leur cours des sentences, Baccalarii Sententiarii, Bacheliers des Sentences ; & enfin ceux qui avoient achevé les deux cours, Baccalarii formati, Bacheliers formés ; & ces derniers avoient toujours employé dix ans à l’étude ; savoir, six avant que d’expliquer la Bible, trois à expliquer la Bible, & un à expliquer les Sentences. Ceci peut servir pour l’intelligence du Concordat, qui requiert que le Bachelier formé ait étudié pendant dix années en Théologie. De Laurière. Ces distinctions commencerent au XIIIe siècle, sur-tout en France. En Angleterre on ne les connoît point.

Rhenanus croit que ce nom vient de baculus, ou bacillus, qui signifie bâton, parce qu’on leur mettoit en main un bâton, ou pour symbole de l’autorité qu’on leur donnoit, ou plutôt pour marque de la liberté qu’on leur donnoit, & de la fin de leurs études.